12/01/2022
"Salvini sait qu’il joue gros dans cette épreuve."
Italie. Revue de presse.
La disparition du président du Parlement européen David Sassoli occupe largement les Unes de la presse italienne ce matin : « Ciao David », Sassoli s’est éteint, l’Italie et Bruxelles pleurent un patriote européen qui se battait pour les droits pour un monde plus juste » (La Repubblica) ; « Sassoli, l’Européen gentil et tenace » ; « Le journaliste qui croyait à la politique » par Walter Veltroni (Corriere della Sera) ; « Ciao David ; pour Charles Michel, un amoureux de la démocratie » (La Stampa), « L’âme gentille de l’Europe » (Il Messaggero).
Les discussions entre les partis en vue de l'élection du Président de la République sont aussi citées : « Berlusconi cherche des voix pour le Quirinal » - Le chef de Forza Italia arrive à Rome pour tisser sa toile auprès des parlementaires. Draghi choisit la stratégie du silence, Salvini est favorable à un gouvernement composé de chefs de parti avec Draghi (La Repubblica).
ARTICLE, Corriere della Sera, de F. Verderami, “Le chef de la Ligue et la crainte que le centre-droit ne fasse un faux-pas » : « Salvini est en plein doute, entre le désir de présidence de Berlusconi et le fait que Letta l’invite à abandonner l’allié de centre-droit, lui proposant un pacte avec le M5S afin de choisir ensemble un candidat pour la Présidence de la République italienne. Renzi lui suggère discrètement de miser sur Draghi comme prochain Président de la République afin de mettre sur pied un ‘gouvernement des secrétaires de parti’. Salvini sait qu’il joue gros dans cette épreuve : un faux-pas et ce sera la fin. Le leader de la Ligue, dont la priorité est de préserver la cohésion de la coalition, ne peut affronter seul ses adversaires, il doit rendre des comptes à ses alliés. En plein marasme, chacun mise sur un candidat différent, et Salvini est désorienté. Il cherche donc à prendre son temps, ce à quoi devrait aussi être utile la réunion entre les leaders des forces politiques qu’il a proposée. Mais Giorgia Meloni se montre quant à elle plus pressée, invoquant l’urgence politique et la pandémie qui fait rage. Le Covid est en effet l’inconnue que Salvini est contraint d’intégrer malgré lui dans une équation déjà bien compliquée. A ce stade, il est clair que le leader de la Ligue devra suivre la ligne de Berlusconi, il attend donc que ce dernier se déclare officiellement pour le Quirinal. Avec Giorgia Meloni, ils sont au moins d’accord sur ce point. Si Berlusconi devait se rendre compte qu’il n’a pas ses chances dans la course présidentielle, il pourrait décider de proposer lui-même un autre candidat, mais il ne désignera aucun membre du centre-droit : ‘c’est lui ou rien’. Or, puisqu’il n’apprécie ni Casini ni Amato, il ne resterait plus que Draghi et Mattarella. C’est pourquoi Salvini s’abstient pour le moment de tout propos trop définitifs concernant les futurs présidents de la République et du Conseil. Mais Salvini se méfie de Draghi au Quirinal tandis que Meloni se méfie de ses alliés. Le centre-droit peut sembler dans une position avantageuse, mais s’il se trompe de stratégie, il risque de disparaitre de la scène dès le quatrième scrutin : c’est le cauchemar de Salvini. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de Maria Teresa Meli, « Enrico Letta veut un accord politique jusqu’en 2023, pour lui ‘’l’idéal serait un second mandat de Sergio Mattarella’’ » : « Enrico Letta demandera samedi un chèque en blanc à la direction et aux parlementaires démocrates pour négocier en vue des prochaines élections présidentielles. La réunion n’aura finalement pas lieu demain, et les députés et sénateurs démocrates n’invoquent qu’une seule condition : ‘que la continuité de la législature soit assurée’. Enrico Letta a insisté hier sur la nécessité d’identifier au plus vite une figure impartiale et au-dessus des partis, notamment pour éviter de retomber dans une phase de forte instabilité politique. ‘Un candidat aux caractéristiques semblables à Mattarella’ dit-il, ajoutant que ‘Mattarella lui-même serait l’idéal’. Une phrase qui enthousiasme les parlementaires démocrates, favorables à un second mandat de l’actuel Président, ‘l’unique solution permettant de préserver la stabilité dans un moment si délicat’ insiste Matteo Orfini. Veltroni lui-même n’exclue pas totalement cette option en cas d’impasse. Mais Letta dit également vouloir respecter la volonté du président qui a refusé à plusieurs reprises. Il se dit surtout inquiet de la candidature de Berlusconi qui aurait appelé des parlementaires du PD : ‘de cette façon il bloque tout et empêche le dialogue. ‘S’il ne se met pas en retrait, nous refuserons la discussion avec les autres forces politiques’ prévient-il, ‘or ce n’est pas vrai que la balle est dans le camp du centre-droit, il nous faut dialoguer pour trouver un accord le plus large possible et sceller un pacte pour le maintien de ce gouvernement jusqu’en 2023, avec une large majorité car je ne pense pas qu’une ‘majorité Ursula’ soit viable’’. En tous cas, le Parti démocrate, le M5S et LeU semblent prêts à ne pas participer au quatrième scrutin si le leader de Forza Italia confirme sa candidature. Si Letta n’a pas l’intention de proposer de candidat particulier pour le moment, il estime que le PD ne pourra entraver la candidature de Draghi si son nom émerge des discussions. Il faudra toutefois trouver une solution afin d’éviter une nouvelle crise gouvernementale. Selon lui, Giuseppe Conte pourrait même se rallier à l’actuel Président du Conseil, ‘Si Draghi est évincé pour une raison ou une autre, ce sera un désastre pour le pays’. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « L’hypothèse d’une prorogation du mandat est sur la table du Quirinal » : « Que pourrait-il se passer si d’ici le 3 février, date à laquelle prend fin le septennat, il ne devait toujours pas y avoir de fumée blanche pour l’élection du Président de la République ? Au vu des difficultés politiques et de la hausse des cas positifs pouvant ralentir le scrutin, on en discute de plus en plus. Les experts de la Constitution indiquent alors deux scénarii : la suppléance par la deuxième personnalité dans l’ordre protocolaire (à savoir la Présidente du Sénat) ou bien la prorogation des pouvoirs de Mattarella afin de permettre aux Chambres d’arriver à élire son successeur. La qustion est examinée par la Présidence de la République, comme l’a confirmé l’entourage de Mattarella. Aucune décision n’a encore été prise. Toutefois, la préférence des constitutionnalistes (Elia, Paladino, Rescigno, Mortati) irait à la prorogation des pouvoirs avec un critère d'exceptionnalité absolue. Même si les précédents de cette prorogation concernaient respectivement la démission du Président (Leone) et un empêchement pour des raisons de santé (Segni). Il y aurait enfin la possibilité que Mattarella démissionne, faisant ainsi commencer la suppléance. Scenario plutôt improbable car cela représenterait un véritable affront à l’égard d’un Parlement déjà à bout de souffle. »
ARTICLE, La Repubblica, S. Folli « Quel binôme possible pour le Quirinal et le Palais Chigi ?» : « Le chemin qui mène au Quirinal n’a jamais été aussi difficile. On n’avait jamais vu un système politique aussi déconnecté, malgré les apparences, et des partis derrière lesquels se cachent les clans et les factions en conflit. Quand Mattarella avait appelé Draghi, il y a désormais un an, il pensait que les partis auraient profité de la saison de l’urgence pour réaliser une rénovation de la classe dirigeante, de la culture politique et des programmes. Rien de tout cela ne s’est passé. Le prestige de Mario Draghi a pu éviter que les tensions n’explosent. Aujourd’hui, il est clair que l’élection de Draghi au Quirinal créerait une autre situation sans points de repère. Raison pour laquelle ceux qui souhaitent son élection doivent se poser en même temps le problème d’un gouvernement à mettre en place pour cette année pré-électorale. Par ailleurs, n’oublions pas le rebus de la réforme électorale qui est désormais nécessaire après l’adoption de celle qui prévoit la réduction du nombre des parlementaires. L’entente sur le Chef de l’Etat offrirait alors une occasion unique pour inclure dans l’accord cette réforme. En 2021, l’équilibre a été trouvé grâce au binôme Mattarella-Draghi. Maintenant, l’idée de se débarrasser de cette bonne solution semble néfaste : il y a une pandémie en cours, un plan national de relance à mettre en place et des réformes qui sont en attente, dont celle de la loi électorale. L’équilibre Quirinal-Palais Chigi est indispensable face à l’urgence. Le briser signifierait créer d’autres risques. Le maintien de Draghi à la tête de l’Exécutif permettrait en revanche de continuer le travail. Mais il faut alors trouver le bon candidat pour le Quirinal pouvant protéger Draghi et le conseiller s’il le faut. Parmi les noms évoqués, peu d’entre eux ont ce profil. Voilà pourquoi l’Italie aurait encore besoin de Mattarella, malgré le souhait de ce dernier de se retirer de la scène politique. Sans Mattarella, le binôme devrait reposer sur un profil de grande expérience et de prestige, afin de créer une harmonie immédiate avec le Président du Conseil. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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