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20/12/2021

"La réunion secrète entre Meloni et Moratti sur la course au Quirinal."

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Italie. Revue de presse. 

ARTICLE, La Repubblica, « La réunion secrète entre Meloni et Moratti sur la course au Quirinal » : « La rencontre a eu lieu il y a quelques jours dans la capitale. Un long face-à-face entre deux femmes : l'une, Giorgia Meloni, aspirante faiseuse de roi (plus précisément de reine) pour le Quirinal ; l'autre, Letizia Moratti, candidate potentielle au rôle de chef d'État, qui pour la première fois serait décliné au féminin. Une conversation confidentielle, qui intervient au plus fort des négociations pour le Quirinal, avec Matteo Salvini souhaitant jouer un rôle central dans la coalition en favorisant des consultations tous azimuts, et avec Berlusconi prêt à mesurer le niveau de confiance des alliés sur son dernier terrain, le plus difficile. Rien n'a filtré sur le contenu de la conversation mais la nouvelle a déjà filtré dans le cercle restreint de la présidente de Fratelli d’Italia.  Berlusconi lui-même, depuis quelques jours, n'est plus aussi convaincu du consensus en sa faveur de ses jeunes compagnons de route. En particulier Giorgia Meloni, qui a d'abord émis publiquement l'hypothèse que le Cavaliere ne soit plus intéressé par la présidence de la République, puis en rappelant qu’il y a un doute sur sa capacité à rassembler un nombre de votes suffisant. Et elle enfonce le clou avec sa rencontre avec Moratti, figure appréciée par Berlusconi mais qui représente - avec Maria Elisabetta Casellati et Marcello Pera - un adversaire interne pour le Quirinal. D'autre part, la coalition doit réfléchir à des alternatives à la candidature de Berlusconi, dont le PD et le M5S ont fait savoir qu'ils n'avaient pas l'intention de tenir compte. Ignazio La Russa, l'un des fondateurs de Fratelli d'Italia, a également laissé entendre : "Nous espérons que Berlusconi gagnera. Sinon, nous avons besoin des hypothèses B et C, mais elles sont encore prématurées“. Bien qu'elle ait toujours été proche de Fi, Moratti n'est pas membre du parti, Salvini l'apprécie, elle est une amie de Renzi et a généralement un profil qui plaît aux modérés. En outre, elle est appréciée par ceux qui attendent depuis des années l’arrivée d'une femme à la plus haute fonction de l'État. On dit qu'elle est aussi discrète que très active, pour l'instant, en tant que vice-présidente de la région Lombardie. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, « Les trois droites et le trône vacant » par Ezio Mauro : « Allons-nous mourir réactionnaires ou conservateurs ? L'alliance entre Fratelli d'Italia, Ligue et Forza Italia est en tête dans les sondages depuis un certain temps, mais il y a quelques grincements dans un électorat agité, à tel point qu'il a ramené le PD à la première place parmi les partis, laissant les jeux momentanément ouverts. La vérité est qu'il n'y a pas deux droites, comme on l'a toujours pensé, qui font la distinction entre l'oxymore libéral-césariste de Silvio Berlusconi et le populisme nationaliste de ses alliés. En réalité, il y en a trois, car on ne peut pas réunir Ligue et Fratelli d'Italia, alliés à Rome, mais adversaires au-delà. Comme toujours, c'est l'Europe, l'épreuve décisive de nos identités confuses et embrouillées, qui révèle la contradiction. Alors qu'ils demandent (Meloni au moins) de voter le plus tôt possible, et se préparent donc à se présenter unis devant les électeurs, à Strasbourg les deux partis de l'extrême droite italienne sont empêtrés dans des stratégies ouvertement divergentes. La Ligue et Fratelli appartiennent à deux groupes parlementaires distincts, "Identité et démocratie", qui avec Salvini réunit Marine Le Pen et les extrémistes allemands d’Afd, et "Conservateurs et réformistes", dirigé par la présidente Meloni elle-même, avec les Polonais du Pis et les Espagnols de Vox. L'idée que la Ligue se fait de la droite est celle d'un parti de l'ordre, qui est passé de la défense du Nord au nationalisme et du sécessionnisme à l'anti-européanisme, mais en transformant toujours l'identité politico-territoriale en une idéologie belliqueuse contre la gauche, contre les migrants, contre la bureaucratie du super-État de Bruxelles. Dans l'autre camp, Giorgia Meloni a été plus prompte à se dire conservatrice qu'à le devenir. Ce n'est pas un pas facile dans un pays qui, à droite, a été progressivement fasciste et berlusconien sans jamais connaître la culture moderne d'un parti conservateur à structure européenne et occidentale : et qui n'a donc pas de racines, de conventions, de langues et d'habitudes dans ce monde, capables de former une tradition de référence. En effet, le problème est encore plus compliqué car Fratelli d'Italia a une tradition, mais se rend compte que sur le marché politique actuel, elle est inutile, voire imprononçable. Nous vivons une expérience sans précédent à droite, d'une politique sans théorie d'elle-même, automatique et en campagne continue, où le geste compte plus que la pensée. Les alliés-concurrents, tout en se disputant la direction d'un gouvernement qu'ils n'ont pas encore gagné, n'ont pas compris que celui qui réussira à imposer l'hégémonie culturelle à la nouvelle droite aura gagné l'Opa sur tout le terrain. Vingt ans plus tard, rien n'a encore remplacé l'imagerie mythologique de Berlusconi, démultipliée par la télévision, garantie par l'omnipotence économique, souveraine par son excès même : et finalement si égocentrique qu'elle s'est révélée stérile, sans héritiers. C'est pourquoi le trône de droite est vacant. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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