16/11/2021
"La crainte que la question du Quirinal se transforme en un imbroglio se fait de plus en plus grande."
Italie. Revue de presse.
Le plan du gouvernement pour contrer la hausse des contaminations de Covid fait toujours les gros titres de la presse italienne : « Quatre régions pourraient basculer en zone à risque » - Le taux de contagion s’élève à 2,4%. Le Frioul-Vénétie-Julienne, la Ligurie, la Val d’Aoste et le territoire de Bolzano pourraient passer en zone jaune. L’étau se resserre sur les contrôles du pass sanitaire dans les transports (Corriere della Sera), « La preuve d’une intention de violence de la part des antivax » (Enquête) - Des perquisitions à l’encontre de militants extrémistes ont été effectuées dans toute l’Italie. Ils incitaient à la violence sur les réseaux sociaux (La Repubblica), « La troisième dose après 5 mois » - Le conseiller sanitaire pour la région Latium, A. D’Amato, lance un appel pour avancer les délais de rappel en raison de la hausse des cas. L’étau se resserre sur les transports : un maximum de 2 personnes dans les taxis et un contrôle du pass sanitaire avant la montée dans les trains (Il Messaggero), « Le Frioul pourrait basculer en zone jaune. Durcissement des contrôles sur les transports » (Il Giornale).
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giuseppe Conte, président du Mouvement 5 Etoiles « Je dis oui à la proposition d’un accord proposé par Enrico Letta mais il faut aussi une nouvelle Constitution avec la contribution de Berlusconi » : « J’estime qu’il est utile de se rencontrer entre leaders politiques afin d’assurer une adoption plus rapide de la loi de finances. Je suggère toutefois d’inclure, lors de ces rencontres, aussi les chefs de groupe. Cas cela pourrait être perçu autrement comme un geste d’impolitesse institutionnelle envers le Parlement qui a pour mission d’adopter la loi de finances. Je suis donc favorable à la proposition d’Enrico Letta mais je profite de l’occasion pour lancer un dialogue aussi avec les partis d’opposition pour se pencher sur les réformes constitutionnelles. Il n’y a rien de plus important que de mettre les gouvernements en condition de travailler et de pouvoir programmer les réformes nécessaires. Le système, tel qu’il fonctionne actuellement, ne va pas. Nous ne pouvons pas être compétitifs au niveau international avec le problème historique de l’instabilité politique due au chantage des petits partis. Il y a maintenant un plan d’investissements du Plan de relance qu’il faut réaliser d’ici 2026. Si nous continuons avec une « espérance de vie » des gouvernements italiens d’une année en moyenne, nous n’y arriverons jamais. Avant moi, parmi les leaders des partis, il y a d’anciens Présidents du Conseil, comme Enrico Letta et Silvio Berlusconi : ils ont eux aussi subi l’instabilité de l’exécutif. Le moment est parfait : quels meilleurs interlocuteurs pour aborder la réforme constitutionnelle ?’’»
PREMIER PLAN, La Repubblica, de T. Ciriaco, « La prudence de Draghi sur la proposition d’un accord avec les leaders de la majorité pour le vote de la Loi de Finances » : « Mario Draghi n’a pas encore décidé, faisant preuve d’une prudence qui se mêle au doute. Il attend d’abord de voir si les six leaders de la majorité adhéreront à la proposition de Letta pour un accord garantissant le vote de la Loi de Finances. Or Matteo Renzi s’est limité à demander à Ettore Rosato de se prononcer au nom d’Italia Viva et Giuseppe Conte n’a pas encore répondu. Mario Draghi tend à voir d’un bon œil toute tentative de dialogue au sein de sa majorité. Toutefois la ‘’méthode Draghi’’ repose habituellement sur deux axes : les problèmes concernant l’action parlementaire sont résolus à travers le dialogue au Parlement. Les problèmes d’ordre politique sont quant à eux résolus en mobilisant l’exécutif, en organisant des réunions au gouvernement et en impliquant les ministres représentant les différents partis. Draghi n’a donc pas de raison d’abandonner cette méthode qui fonctionne. Les partis s’attendent à ce que le Président du Conseil n’ait aucune envie de se compliquer la vie en convoquant une réunion qui pourrait comporter de nombreux risques et peu d’avantages. Le principal risque est dû au fait de réunir quatre anciens Présidents du Conseil – Letta, Conte, Renzi, et peut-être Silvio Berlusconi- plus un ancien vice-président, Salvini, et de s’exposer à leurs rivalités et tensions à l’approche du vote pour la Présidence de la République. Mais Letta insiste sur le fait qu’il s’agit pour sa part d’une proposition ouverte. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Le Quirinal et la leçon de De Gasperi » : « Les jours passent et la crainte que la question du Quirinal se transforme en un imbroglio inimaginable pouvant mettre en danger à la fois S. Mattarella et M. Draghi se fait de plus en plus grande. Jamais auparavant le système politique n’avait été aussi divisé. Qu’on le veuille ou non, la stabilité du système repose sur l’actuel Chef de l’Etat et sur le Président du Conseil. Quand Enrico Letta propose une sorte de pacte entre les partis de la majorité pour identifier ensemble la solution la plus juste pour le Quirinal, il va dans la bonne direction. Toutefois, le scepticisme demeure car Letta n’a pas la force politique qu’avait par exemple De Mita en 1985 quand il avait imposé le nom de Cossiga au premier scrutin. Encore plus loin dans le passé, en 1948, Alcide De Gasperi n’aurait eu aucun mal à se faire élire Chef de l’Etat. Toutefois, il était bien conscient du fait que le grand défi de la reconstruction de l’Italie ne pouvait passer que par le Palais Chigi. Par ailleurs, il n’est pas dit que celui qui prendra le Quirinal est celui qui s’y porte candidat. Il suffit de voir l’expérience amère de Benedetto Croce. Si l’enjeu est la stabilité politique comme condition pour une reprise économique et sociale, le bon sens suggère d’altérer le moins possible l’équilibre atteint aujourd’hui. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « La recherche éperdue d’une entente pour le Quirinal » : « Plus on s’approche de la date pour élire le Chef de l’Etat, plus l’absence de stratégie politique capable de réunir une majorité et d’arriver à une candidature devient évidente. La proposition d’Enrico Letta a suscité un consensus large mais devra faire face aux stratégies et aux intérêts divergents, voire opposés, des partis. A bien y réfléchir, le problème n’est pas de savoir jusqu’à quand il est possible de voir dans le Président du Conseil ce garant du pays face aux marchés financiers et à l’Europe. Mais plutôt à quel point sa position institutionnelle donnera de la force à son action et aux structures mises en place pour gérer les fonds européens. Sur ce point, les certitudes vacillent déjà. Penser que l’horizon de l’exécutif et de sa majorité atypique puisse arriver jusqu’au terme naturel de la mandature en 2023 dépend du résultat des élections à la Présidence de la République. Cette incertitude est aussi caractérisée par la crainte au sein du parti de majorité relative, le M5S, qui est bien conscient d’avoir gaspillé un tiers de son consensus. L’influence de Di Maio sur une bonne partie de ses groupes parlementaires nait d’un instinct de survie et de la méfiance à l’idée de voir Draghi élu au Quirinal. Le danger est réel que la crise persiste après le scrutin de janvier censé redessiner les équilibres de l’Italie »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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