28/10/2021
"Une défaite et ses leçons."
Italie. Revue de presse.
Le blocage au Sénat du projet de loi contre la trans-homophobie, dit « Legge Zan », dont la discussion était suspendue depuis six mois, fait les gros titres de la presse italienne : « Homophobie, la loi a été torpillée » - Le blocage du texte, demandé par la Ligue et Fratelli d’Italia, a fonctionné. Des frondeurs ont conduit à ce que le projet de loi soit rejeté. Le PD accuse Italia Viva ; Salvini exulte (Corriere della Sera), « Scrutin à bulletin secret, adieu à la loi Zan » - Les droits peuvent attendre, la loi contre la transhomophobie a été rejetée avec 154 voix contre 131 (La Repubblica), « Zan, le Parlement des droits non reconnus » - Le projet de loi est finalement bloqué par un vote à bulletin secret (La Stampa), « Fin du délire du genre» - Le Sénat bloque une loi liberticide (Il Giornale). La réforme des retraites et le débat autour d’une prorogation de l’obligation de présentation du pass sanitaire sur les lieux de travail sont également cités.
COMMENTAIRE, Repubblica, de S. Folli, « Une défaite et ses leçons » : « Le centre-droit a certes gagné sa bataille, mais quelle idée des institutions transmet-il a ses électeurs avec cette bruyante exultation digne d’un stade? Quant au Pd, quelle était la véritable stratégie d’Enrico Letta ? Ce qui est certain, c’est que le passage du texte par un vote à bulletin secret n’a pas aidé. Dans tous les cas, même avant l’été, on avait compris que le nombre de voix favorables serait maigre et qu’il fallait trouver un compromis. La défaite du projet de loi anticipe les rendez-vous politiques des prochains mois, surtout la grande bataille pour le Quirinal. Après la journée d’hier, il est difficile de rester optimiste quant à la possibilité de trouver un accord transversal. La probabilité qu’en janvier on assiste à un duel entre deux ou plusieurs candidats de tel ou tel front, a beaucoup grandi. Pour revenir à ce qui s’est passé hier, la chasse aux traîtres est inévitable mais peu fructueuse. Pour l’instant, tous les regards sont pointés vers les sénateurs de Renzi. En réalité, il est nécessaire d’élargir le champ de vision : les désaccords étaient également présents au sein du Pd mais surtout chez le M5S : personne ne se rappelle d’un véritable geste de Conte en faveur de la loi Zan. Du texte de la loi, il reste une idée, le souvenir d’une bataille perdue, un drapeau politique à brandir si besoin. »
ENTRETIEN, Corriere della sera, d’Alessandro Zan, sénateur du PD et porteur du projet de loi contre la transhomophobie « Italia Viva avait voté de façon unie à la Chambre. Désormais ils flirtent avec la Ligue. » : « ‘’Je ne m’attendais pas à une défaite si lourde parce que le Pd avait calculé que nous avions un avantage de 8 ou 10 voix. Avec le vote secret nous ne saurons jamais rien avec certitude. Mais dans tous les cas, les chiffres comptent peu car le cadre politique est évident : cela fait des mois qu’IV flirte avec le centre-droit. Avec l’arrivée de Draghi, Renzi s’est mis en tête de devenir le parti décisif au Sénat. Mais ils se sont ainsi rapprochés d’un parti ami d’Orban. Vous vous rendez compte ? Celui qui a voté pour des lois homophobes et transphobes, qui censure la presse et qui a fermé les universités. Quand on entend David Faraone (président de IV au Sénat), on croirait entendre Salvini. IV dit qu’il fallait trouver des compromis avec la Ligue mais comment entamer une discussion avec un parti qui a fait de tout pour enterrer la loi ? Pourtant, il y a un an, IV avait voté avec nous à la Chambre. Cette fois-ci, la loi a clairement été soumise à des logiques de stratégies utiles à d’autres batailles et notamment aux élections du Quirinal. C’est sûrement le cas de Forza Italia mais je ne me résous pas à l’idée qu’aussi IV ait pu le faire au détriment d’une avancée en matière de droits. Ainsi, deux années de travail ont été balayées, et l’Italie reste un des rares pays européens à ne pas avoir de loi sur les droits et libertés. Je reste cependant optimiste. Ces deux années de travail ont renforcé la conscience collective sur l’importance des droits. Heureusement, notre pays est bien en avance sur sa classe dirigeante’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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