19/10/2021
" Le front Ligue-FdI-Forza Italia pense être majoritaire dans le pays mais il a connu son jour le plus noir. Parmi les vaincus figurent aussi les 5 Etoiles."
Italie. Revue de presse.
Les résultats du second tour des élections municipales, et notamment la victoire des partis de centre gauche dans plusieurs villes dont Rome et Turin, font la Une de la presse italienne : « Le Pd reconquiert Rome et Turin » - Le centre droit garde Trieste. Chute du taux de participation. Letta exulte. Meloni demande une rencontre avec Salvini et Berlusconi (Corriere della Sera), « L’Italie du centre gauche » - Le second tour complète la victoire des démocrates : Rome et Turin après Milan, Naples et Bologne. Le centre droit perd partout sauf à Trieste (La Repubblica), « Le centre gauche reprend les villes » - Le taux d’abstention atteint un record : 56,1% (La Stampa), « Gualtieri maire de Rome, un défi capital » - Entretien du nouveau maire : Rome sera un modèle pour l’Italie (Il Messaggero), « Le centre droit marque contre son propre camp » - De Rome à Turin, le centre gauche remporte le match 8 à 2. L’abstention a été déterminante. Il faut maintenant une réunion de coalition (Il Giornale), « Centre gauche, un triomphe sans le M5S » (Il Mattino). Enfin, les accrochages à Trieste entre la police et les manifestants anti-pass sanitaire sont aussi largement cités.
Les JT couvrent essentiellement les résultats du second tour des élections municipales, avec les déclarations des dirigeants politiques, les accrochages à Trieste entre la police et les manifestants anti-pass sanitaire, et l’enquête sur l’achat de masques en Chine en 2020 par l’ancien commissaire pour la pandémie, D. Arcuri.
COMMENTAIRE, La Repubblica, de S. Folli « Beaucoup de questions et une certitude » : « Ce résultat électoral nous a offert quelques indications claires et des questions qu’il faudra éclaircir. Parmi les points clairs, bien entendu, il y a la victoire du PD et de ses candidats, et le désastre du centre droit : pratiquement généralisé sauf à Trieste, qui a été le théâtre de la protestation des travailleurs portuaires, terminée grâce à l’intervention de la police. Le front Ligue-FdI-Forza Italia pense être majoritaire dans le pays mais il a connu son jour le plus noir. Parmi les vaincus figurent aussi les 5 Etoiles, les compagnons de route rebelles du PD, qui se sont révélés être complètement inconsistants. Pourtant, le groupe parlementaire M5S est encore là et jouera un rôle important lors des prochaines échéances, à commencer par l’élection du Chef de l’Etat. Si le centre droit se consolera en pensant que les élections politiques sont toute une autre histoire, il pourrait perdre l’occasion d’affronter une refonte sur des bases qui soient nouvelles, voire libérales, notamment dans ses programmes. Le PD, qui représente le principal soutien de Draghi, a peut-être intérêt à continuer son appui sans se laisser tenter par l’idée d’élections anticipées. Par ailleurs, Letta a maintenant une priorité : absorber les restes de l’armée 5 Etoiles en tentant de les transformer en une sorte de courant externe. Aucun des vaincus n’a l’intérêt ni la force de provoquer une crise au sein de l’exécutif. Ce dernier peut maintenir son cap, conscient du fait que les choix de politique économique seront cruciaux dans les prochains mois afin de consolider la croissance.»
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Les slogans erronés des deux leaders de la droite » : « La clé de lecture de ces élections municipales par des deux leaders de droite a été erronée, notamment sur le choix des candidats et des slogans. Les erreurs ont été commises par Meloni, qui est la grande perdante à Rome, mais aussi par Salvini qui a perdu des voix. L’erreur principale des deux dirigeants a été celui de suivre la vague des anti-pass sanitaire, juste pour déclencher une compétition entre eux deux, insouciants de l’humeur des électeurs et de ce monde productif qui regarde attentivement cette reprise prévue à 6% du PIB. Reprise sur laquelle la droite n’a fait aucun commentaire, contrairement à Letta (PD), qui a défendu la ligne de ceux qui veulent travailler, rouvrir et respecter les règles. Bref, la liste des erreurs des deux dirigeants de droite est bien longue, à commencer par une absence d’analyse du moment et d’un manque de classe dirigeante, avec une coalition incapable de s’ouvrir aux modérés.».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de N. Pagnoncelli, « Le chiffre surprenant de ces citoyens devenus ‘’spectateurs’’ » : « Le second tour des élections municipales n’a fait que confirmer l’alerte concernant le taux de participation, qui est passé de 52,7% à 43,9%. Mais la baisse est forte surtout par rapport à 2016 : la participation a chuté de 9,5% à Rome et de 12,3% à Turin. Dans d’autres villes au contraire, la participation a connu un rebond : +10,4% à Cosenza par exemple. Ces chiffres sont surprenants à plusieurs titres, notamment parce qu’après le Covid l’affluence aux urnes avait été plus importante aux régionales de 2020. Dans les grandes villes, on observe que ce sont surtout les électeurs des périphéries qui s’abstiennent, les citoyens semblent s’y sentir en marge, pas représentés ou ne voulant pas l’être. En général, l’appartenance politique semble avoir une importance moindre et le désintérêt est diffus, de même que la désillusion, le manque d’attractivité des candidats et de leurs propositions mais aussi une forme de fatalisme quant à une peu probable victoire. On observe une prise de distance de la part des citoyens qui ont de plus en plus une posture de ‘’spectateurs’’ plutôt que de protagonistes. Pour atténuer le phénomène, le vote électronique ou par voie postale est envisagé. Mais il faudra surtout mener une profonde réflexion sur les formes et l’exercice de la citoyenneté par chacun. »
COULISSES, Corriere della sera, de F. Vederami, « Les contacts entre la Ligue et le Pd. Les tractations pour le Quirinal et la date du vote ont débuté » : «Puisque les tractations pour le Quirinal font partie d’un ‘paquet’ qui comprend à la fois la loi électorale et la date des élections, Letta a déjà commencé à négocier avec les autres forces politiques. Calderoli, venu de la part de Salvini, a d’emblée posé la question de la modification de la loi électorale actuellement en vigueur Or, Letta s’est davantage concentré sur la réforme des règlements parlementaires pour éviter les traditionnelles transhumances de députés et sénateurs. À la fin de la rencontre, Calderoli aurait dit à Salvini que, selon lui, ‘ça ne mènera à rien’. Reste la question de trouver une entente bipartisane sur le ‘paquet’, bien que, si l’on en croit Rosato (IV) : ‘si Draghi formalise sa candidature au Quirinal, personne n’aura la force de s’opposer à lui’. Les municipales révèlent un centre-droit dénué de guide et de ligne politique, usé par la compétition entre Salvini et Meloni. Voilà pourquoi les démocrates commencent à caresser l’idée d’exploiter l’actuelle loi électorale pour conquérir autant les collèges du Nord que ceux du Sud avec le soutien des 5 étoiles. Conte pourrait bien céder à la tentation. S’il déclare souhaiter une modification de la loi électorale, il dit ne pas vouloir ‘rompre avec Letta’. Hier, le secrétaire du Pd a formellement exclu l’éventualité du vote anticipé, stratégie efficace pour maintenir unis les groupes parlementaires et pour temporiser, dans l’espoir de conquérir les centristes particulièrement hostiles aux souverainistes. Or, les centristes demandent un système proportionnel et c’est ainsi que l’on en revient à la case départ. Quant aux 5 étoiles, s’ils savent qu’ils ne sont que spectateurs de cette partie, une source révèle que Di Maio rencontre très régulièrement de nombreuses personnalités du Pd »
COMMENTAIRE, La Repubblica, de Claudio Tito, « L’UE défie la Pologne, ‘’ceux qui bafouent les lois verront leurs fonds coupés’’ » : « Le Premier ministre polonais a adressé une lettre à tous les dirigeants des pays de l’UE soulignant que les traités doivent être observés à la virgule près ‘’pas une de moins et pas une de plus’’. Le geste a été perçu comme un signal d’ouverture à la discussion, notamment par Bruxelles, mais avant de revoir la récente sentence de la Cour Constitutionnelle vis-à-vis de Varsovie, il faudra plus de la part de la Pologne. Aujourd’hui, une discussion aura lieu au Parlement européen à Strasbourg, entre le Premier ministre polonais et Ursula von der Leyen. Le chef du gouvernement polonais semble vouloir éviter la confrontation finale, et même s’il le fait à sa façon et en employant un ton souverainiste qui relève de sa ligne politique habituelle, il reconnait le principe de la suprématie de la loi européenne et surtout la nécessité de continuer à travailler ensemble. On peut s’attendre aujourd’hui à des mots durs de la Présidente de la Commission européenne à son égard. Un recours à l’article 7 qui prévoit une sorte de suspension du statut du membre de plein droit est possible, mais aussi la suspension des fonds, y compris ceux du Plan de relance. Toutefois, il n’existe pas de véritable procédure d’exclusion de l’UE, il faut une initiative du pays en question, ce qu’a exclu le Premier ministre. Il évitera probablement d’aborder le sujet aujourd’hui, notamment compte tenu du soutien très limité dont il disposerait, les ‘grands’ de l’UE – dont Angela Merkel – étant opposés à a ligne. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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