16/08/2021
Giancarlo Giorgetti : "La révolution verte doit être soutenable pour les plus fragiles."
Italie. Revue de presse.
ENTRETIEN, La Repubblica du dimanche 15 août, de Beppe Sala, maire de Milan (indépendant, Parti Vert Européen), « il n’y aura pas d’entente avec le Mouvement 5 Etoiles au premier tour ; Bernardo insulte Milan » : « Il n’y aura finalement pas d’alliance au premier tour avec le M5S, ils représentent l’opposition depuis 5 ans, et les accords politiques ne peuvent pas être passés selon ce qui arrange sur le moment. La porte n’est cependant pas définitivement fermée au dialogue, à l’avenir, avec le mouvement dirigé par Giuseppe Conte. Il y a en effet certains points de convergence entre nos deux visions dans le domaine du développement durable, de l’emploi et des PME. Aucune ouverture possible en revanche vis-à-vis de Luca Bernardo qui représente le centre-droit et qui, à travers ses propos sur le fascisme, insulte les valeurs de notre ville. De même pour Durigon. Notre devoir est de ramener le centre-gauche à la tête de la région Lombardie après plus de 30 ans. Il faut pour cela trouver une nouvelle formule. A l’échelle nationale, le M5S doit clarifier ses positions sur plusieurs points et j’espère qu’il continuera à s’inscrire dans l’aire du centre-gauche car nous en avons besoin. A Milan, nous lions le futur de la ville à la transition écologique. Le droit du sol est également une priorité ; un enfant de parents étrangers allant à l’école ne représente aucune menace, mais en revanche l’exclusion de certains citoyens peut freiner le développement économique. J’apprécie le travail que mène Enrico Letta, mais le chemin vers le renouvellement du parti est encore long, laissons-le faire son travail. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, Dimanche 15 août, de Giancarlo Giorgetti, ministre du développement économique (Ligue) : « La révolution verte doit être soutenable pour les plus fragiles. Sur le plan de relance, il faut du concret » : « En Slovénie, lors de la réunion des ministres de l’industrie, j’ai dit clairement quelles sont mes inquiétudes sur le paquet « Fit for 55 ». Nous risquons de ralentir l’industrie européenne, tandis que d’autres grandes économies se fixent moins de limites et avancent. En réalité, sur la Chine, l’Inde ou la Turquie, s’il y aura une sorte de taxe aux importations des biens de productions polluants, la façon dont ces taxes sont conçues pèsera sur les importations et peut provoquer une guerre commerciale. Nous risquons de déplacer une partie importante des coûts de la transition écologique sur les petites et moyennes entreprises et sur les familles de revenus moyens et bas. Attention, car ces phénomènes peuvent diviser la société et provoquer des protestations. Une crise sociale pourrait entrainer à son tour une crise politique. J’ai à l’esprit qu’il faut maintenir le triangle entre soutenabilité économique, sociale et environnementale : si l’un des trois manque, les deux autres ne tiennent pas. J’ai découvert au ministère que nous n’avons pas de bureau à même de faire une analyse de la situation et de la capacité productive du pays. Le monde du travail risque en outre de se diviser davantage entre ceux qui seront capables de s’engager dans le smart working et les précaires des services. Il faudra aussi prévoir des milliers de spécialistes dans l’administration et la construction pour le déploiement des fonds du plan de relance. Les normes sont importantes, mais ce sont les personnes qui les traduisent en actes qui le sont plus encore ».
LETTRE, Corriere della Sera, Samedi 14.08, de Silvio Berlusconi, président de Forza Italia, “Actuellement, nous nous trouvons dans des circonstances exceptionnelles, mais le bipolarisme entre droite et gauche existe toujours" : « Sous la Première République, étant l’impossibilité de toute alliance alternative, nous avons connu 50 ans sans pratiquement aucun changement de classe dirigeante. C'est certainement l'une des causes de l'implosion de ce système. En 1994 - je vous le rappelle, grâce à mon entrée sur le terrain - deux partis ont été créés avec la légitimité de gouverner, l'un de centre-droit et l'autre de centre-gauche, qui depuis lors dirigent alternativement le pays. Non sans défauts, mais en Italie aussi, nous avons réalisé cette démocratie de l'alternance qui caractérise les modèles que j'aime regarder en tant que libéral, à commencer par les anglo-saxons. Même avec le gouvernement Draghi, qui a été créé dans des circonstances exceptionnelles et n'exprime pas une formule politique pour l'avenir, ce bipolarisme demeure : au Royaume-Uni, pendant la Seconde Guerre mondiale, les conservateurs et les travaillistes ont gouverné ensemble, mais pas pour cette raison, dès le jour où la guerre a pris fin, le système d'alternance bipolaire a échoué. La bipolarité ne signifie évidemment pas, à mon sens, une guerre tribale dans laquelle l'adversaire est délégitimé, diabolisé et si possible détruit. Au contraire, il s'agit d'un système mature dans lequel le sens de l'État et de la responsabilité institutionnelle commune unit les deux parties. C'est précisément le rôle que Forza Italia aspire à jouer au sein du groupement que nous avons fondé, le centre-droit. Un centre-droit auquel je revendique le mérite d'avoir toujours été loyal, au point de sacrifier souvent, lorsque je dirigeais le gouvernement, les raisons du parti à celles de la coalition. Forza Italia, je le répète souvent parce que je veux que ce soit clair pour tout le monde, est la seule force politique qui peut se définir de manière cohérente comme libérale, chrétienne, pro-européenne et fiable. Ces quatre adjectifs se complètent et s'additionnent pour définir notre identité et notre rôle. Une identité et un rôle qui ne peuvent être exercés, non seulement en Italie mais dans toutes les démocraties occidentales, que dans une coalition de centre-droit. Une coalition qui comprend naturellement des forces très différentes de nous, en termes de culture, de traditions et de style politique, mais cela n'est pas du tout en contradiction avec la bipolarité, ni avec le bipartisme, si un jour nous arrivons - comme je l'espère - au parti unique de centre-droit. Notre idée du "centre" n'est certainement pas le zentrum allemand de la République de Weimar, qui était en permanence au gouvernement parce qu'il était capable de s'allier indifféremment avec la droite et la gauche (d'ailleurs, ce schéma politique a abouti à la prise de pouvoir électorale d'Adolf Hitler). C'est au contraire le centre du Parti Populaire Européen, que nous représentons fièrement en Italie, une alternative à la gauche, comme le sont le Cdu en Allemagne, le Partido Popular en Espagne, et les Républicains en France. Mais contrairement à d'autres pays, en Italie, il n'y a pas de forces subversives ou irresponsables à notre droite, à l'exception de franges marginales ; il y a de grands partis démocratiques, différents de nous mais avec lesquels nous collaborons depuis 27 ans. Bien sûr, tout appel à consolider la vocation et l'identité de Forza Italia va exactement dans ce sens. Nous voulons renforcer le profil libéral et pro-européen d'un gouvernement de centre-droit, destiné à diriger le pays à partir de 2023, ce qui ne sera possible que dans ces conditions.
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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