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08/07/2021

David Engels : lettre de Varsovie - Un difficile exercice d'équilibre.

David Engels : 

Le moulin à rumeurs est en ébullition. Y aura-t-il un remaniement des forces conservatrices au Parlement européen après le départ de Viktor Orban du Parti populaire européen ? Les informations s'accumulent déjà sur les discussions intensives entre Orbán, Jaroslaw Kaczyński et Matteo Salvini. Ces trois-là et leurs partis respectifs formeront-ils le noyau d'un nouveau groupe européen - et laisseront-ils éventuellement de nombreux populistes anti-européens à gauche (ou à droite) ?

Il est probablement trop tôt pour faire des prédictions, mais une chose est d'ores et déjà claire : le fossé entre les libéraux nationaux populistes et les patriotes conservateurs occidentaux (un terme qui ne désigne malheureusement guère le PPE) se creuse. Les pays d'Europe centrale et orientale ont le mérite d'avoir réussi à trouver un équilibre parfois difficile entre la défense de l'Occident et la critique de l'UE. Ils ont démontré avec succès que le conservatisme des valeurs et le nationalisme ne sont pas nécessairement synonymes et que l'on peut défendre ses propres traditions chrétiennes, être fier de son passé national et continuer à soutenir une coopération étroite entre les peuples européens.

Ce message est de plus en plus entendu dans le reste de l'Europe et partagé par le Vox espagnol ou la Lega de Salvini, qui s'éloigne progressivement de ses partenaires eurosceptiques du groupe Identité et démocratie (ID) du PE. Même Marine Le Pen comprend désormais que sa demande de "Frexit" - aussi compréhensible qu'elle ait pu être sur le plan factuel ou psychologique - lui a coûté l'élection présidentielle et n'a aucune perspective d'avenir. Ne devrait-il pas être possible de résoudre la difficile question du penchant des conservateurs européens pour l'Ouest ou l'Est dans l'esprit d'une doctrine de l'Europe d'abord ? Surtout pour les Européens qui ont dû vivre sous l'occupation russe pendant un demi-siècle, c'est la question centrale qui fait encore obstacle à une alliance conservatrice paneuropéenne, de Madrid à Varsovie.

Mais il existe une faille délicate au milieu de cette alliance possible. Au milieu des négociations entre l'Italie, la Hongrie et la Pologne, on a appris la décision de l'AfD d'inclure dans son manifeste électoral la demande d'un "Dexit" et de remplacer l'UE tout au plus par une alliance économique lâche. En ce qui concerne cette décision stratégiquement et politiquement erronée, il faut seulement dire ici que dans d'autres parties de l'Europe, surtout à l'Est, elle n'a en rien amélioré l'impression déjà au mieux ambivalente que fait l'AfD avec sa discorde interne, sa rhétorique historico-politique souvent douteuse et son orientation plus libérale que conservatrice sur le plan des valeurs. Surtout aujourd'hui, alors que la conférence sur l'avenir de l'Europe devrait réunir toutes les forces, c'est un développement regrettable.

Source : Twitter

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