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18/05/2021

" L’avancée irrémédiable de Meloni qui devance le PD et talonne la Ligue."

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Italie. Revue de presse.

L'assouplissement des restrictions hier en Conseil des ministres fait les gros titres des médias italiens. Le gouvernement a décidé de mettre en place des réouvertures graduelles pour les activités de restauration, les salles de sport et sur le couvre-feu. La presse souligne également la nouvelle stratégie de Mario Draghi consistant à faire les annonces avant même la réunion du Conseil des ministres, ce qui a permis de recueillir l'unanimité lors de celle-ci. « Restaurants et sport, l'Italie rouvre » - Le couvre-feu, fixé à 23 heures, sera supprimé le 21 juin. Il sera possible de dîner à l'intérieur des restaurants à compter du 1er juin (Corriere della Sera), «L'Italie rouvre d'ici deux semaines » - Draghi choisit la méthode des réouvertures graduelles mais elles sont toujours trop lentes selon la Ligue. Le « pass vert » sera bientôt prolongé (La Repubblica), « Draghi, un autre pas vers la normalité » - Le gouvernement accélère sur les restaurants, les piscines et les salles de sport. Le 21 juin, le couvre-feu sera complètement supprimé (La Stampa), « L'Italie va vers la normalité » - Le gouvernement adopte à l'unanimité les mesures de Draghi. Les contagions et les décès baissent. 6 régions passent en zone blanche (Il Messaggero), « L'Italie rouvre par étapes » - Mais cela n'est pas encore suffisant pour Salvini (Il Fatto Quotidiano), « La disparition prochaine du couvre-feu» - Voici les nouvelles réouvertures (Il Giornale).

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni “Bars, salles de sport, mariages, le décret qui marque la réouverture du pays” : “Au Palais Chigi, on se félicite de la médiation menée par Mario Draghi qui a su renouer avec la Ligue après la rupture lors du précédent décret et mettre sur pied le nouveau, le tout en moins de 24h. Le couvre-feu est déplacé à 23 heures à partir de demain, puis à minuit à partir du 7 juin, avant d’être supprimé complètement après le 21 juin. Il sera possible dès ce week-end de retourner dans les centres commerciaux et à partir du 15 juin les fêtes, banquets et cérémonies tels que les mariages seront à nouveau permis pour les invités munis du pass sanitaire. A partir du 1er juin, les salles internes des bars et restaurants seront accessibles, y compris le soir. C’est sûr, ce n’est pas exactement la feuille de route qu’attendait Salvini et pourtant la Ligue a approuvé la ligne de Draghi. Lorsque le Président du Conseil est arrivé à la réunion de la task-force pour la gestion de l’épidémie, il avait déjà l’accord en poche, notamment grâce aux négociations menées par son équipe auprès des ministres. Il a su mettre d’accord tout le monde avec son calendrier, même Speranza qui se dit soulagé. Seul Giorgetti a regretté un excès de prudence du chef du gouvernement, notamment sur le couvre-feu qui aurait pu être levé plus rapidement selon lui. La discussion est encore ouverte au sujet du pass sanitaire qui pourrait être rendu nécessaire afin de prendre part aux activités les plus à risque. Il pourrait en outre inciter les plus jeunes à se faire vacciner, pour retourner danser par exemple. Les discothèques resteront en effet fermées tant que les jeunes n’auront pas le pass, ‘’autrement ce serait du suicide’’ dit le gouvernement qui craint particulièrement cette étape. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giancarlo Giorgetti, ministre du Développement économique (Ligue), « C’est la bonne direction ; Nous voulions plus mais nous nous sommes retrouvés seuls à soutenir cette position » : « ‘’Les données sont rassurantes et le décret fait passer le message d’une réouverture imminente ; de ce point de vue, c’est une bonne nouvelle. Mais nous avions aussi soulevé d’autres questions, notamment sur l’horaire du couvre-feu, et sincèrement je m’attendais à davantage de soutien de Forza Italia sur ces points. Nous sommes toutefois parvenus à obtenir la levée complète et immédiate du couvre-feu dans les régions en zone blanche.  Nous allons demander des dérogations spéciales pour la Coupe d’Italie et l’inauguration de la saison de l’opéra aux Arènes de Vérone. Avec le nouveau décret, des signaux positifs ont été envoyés à de nombreux secteurs touchés par la crise, mais pas pour les discothèques. En tant que ministre du Développement économique j’ai demandé au ministre des Finances Daniele Franco de travailler ensemble à des indemnités spécifiques. Mon rôle est de défendre ces catégories, Roberto Speranza lui, avec son inquiétude, joue son rôle ministre de la Santé ; il est juste que chacun fasse entendre sa voix en Conseil des ministres, sans pour autant tomber dans la peur perpétuelle. Nous aurions voulu que le gouvernement soit moins sur la réserve et aille un peu plus loin, mais somme toute la machine va dans le bon sens’’. » 

ENTRETIEN, Libero, de Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue « C’est un début mais il faut plus de courage » : « ’’Depuis que j’ai décidé d’entrer dans ce gouvernement, j’ai adopté l’approche du pêcheur, c’est-à-dire de me doter d’un maximum de patience et de choisir la politique des petits pas. Aujourd’hui, par exemple, je savoure les messages et les appels des nombreuses catégories de professionnels qui, grâce à la Ligue, pourront voir redémarrer leur activité d’ici quelques semaines. Je pense aux centres commerciaux : avec le PD et le M5S, ils auraient été oubliés meme dans ce décret. Au contraire, ils pourront rouvrir et faire revenir au travail plus de 300 000 personnes. Nous avons réintroduit les zones blanches et d’ici une semaine un tiers de l’Italie sera libérée de ces restrictions pénibles. Si cela dépendait du ministre Speranza, les réouvertures n’auraient pas vu le jour avant juin ou juillet. Concernant les piscines et les discothèques, il n’y a pas de raisons scientifiques pouvant justifier ce choix d’attendre encore des semaines. La Ligue ne lâche pas et nous nous emploierons dans les prochains jours à demander plus de courage dans les choix et obtenir d’avancer les réouvertures. J’ai parlé avec le ministre Giorgetti et nous nous sommes accordés pour que ceux qui ne pourront pas rouvrir avec ce décret obtiennent des dédommagements adéquats. Je n’ai pas peur d’avancer les réouvertures car nous aurons, d’ici la fin de l’été, la plupart du pays vacciné. Les chiffres de ces jours nous le disent, malgré les prévisions catastrophiques des experts après les rassemblements des supporteurs dans les rues, trois semaines après les contagions avaient baissé. D’ici peu, la réforme de la justice, de l’administration et celle de la fiscalité arriveront au Parlement. Nous ne les laisserons pas entre les mains de l’extrême gauche constituée par le PD et le M5S. Nous serons présents pour jouer les gardiens de la démocratie. Vous vous imaginez leur réforme ? Les Italiens verraient arriver un tas d'impôts et de taxes. Sur la justice, nous sommes d’accord avec les propositions de la ministre Cartabia pour écourter les délais des procès. Nous continuerons aussi la campagne de signatures avec les radicaux pour un référendum sur la réforme de la justice, qui n'est pas une initiative contre le gouvernement mais, au contraire, une aide. Pour les élections municipales, il faut que le centre droit puisse identifier ses candidats d’ici la fin du mois de mai. J’ai tout essayé pour trouver des candidats communs mais j’ai entendu trop de refus. Il est encore possible de gagner à Milan comme à Rome, Turin ou Naples. Il suffit d’y croire’’. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, par Stefano Folli, « Le Quirinal, variable d’ajustement pour les partis faibles » : « La réouverture progressive mais maintenant décisive de l'Italie post-Covid marque un succès significatif du gouvernement Draghi. Le "risque calculé" s'est avéré être un pari gagnant, ce qui ne signifie pas qu'il y ait un accord général sur le calendrier proposé par le Premier ministre. Cela signifie toutefois qu'il n'a jamais perdu le fil de l'écheveau, guidant sa majorité rebelle vers une issue sans doute positive pour un pays épuisé par des mois de sacrifices. Bien sûr, il n'est pas illusoire de penser que ce passage, neutre en soi et pourtant plein de sous-entendus politiques, servira à ramener la sérénité dans la coalition droite-gauche. Les querelles entre les partis vont se poursuivre dans les mois à venir. Ce n'est pas une question à sous-estimer, car elle révèle une impatience mutuelle entre la Ligue et le PD capable de perturber le parcours de Draghi lors du semestre blanc, à partir d'août. En arrière-plan, il y a un élément qui n'est pas encore pris en compte par les forces politiques, occupées à se courir après sur des aspects souvent marginaux : c'est le retour lent et pas encore perçu de l'inflation. Aujourd'hui, personne ne se soucie de cette question, demain elle pourrait devenir cruciale dans une Italie dont le niveau d'endettement est très élevé. Lorsque nous nous chamaillons sur des scénarios d'avenir, il serait intéressant que quelqu'un explique comment il compte faire face à cette perspective, avec quel cadre politique. Pour le moment, la nation semi-unifiée, avec toutes ses limites, semble être la seule formule capable d'assurer la stabilité. C'est un équilibre, certes précaire, qui tourne nécessairement autour de Mario Draghi et qui permet d'envisager avec réalisme les inconnues économiques des prochaines années. Il est difficile de dire combien de temps cela va durer. De plus, l'avenir est écrit dans le sable : l'intersection avec le vote municipal de l'automne et surtout avec l'élection du chef de l'État en janvier autorise diverses questions sans réponse. Le système de partis est faible et malmené, à tel point qu'il a dû déléguer la plupart de ses prérogatives à Draghi. Par le passé, ce système a su se montrer suffisamment fort pour gérer l'élection présidentielle - toujours le moment politique le plus délicat -, réussissant peut-être à renouer in extremis les fils déchirés. Or, les coups échangés par Salvini et Letta ne sont pas de bon augure pour janvier. Tous deux tendent à radicaliser le débat, sans que cette stratégie ne produise un changement dans l'opinion publique. Il est vrai que la Ligue a perdu des points et que Fratelli d’Italia en a gagné, mais en substance le débat public est pauvre. Le Parlement apparaît vide, affecté par la coupe des députés et des sénateurs, sans rôle et voué à la simple survie. Un retour aux urnes serait logique, mais l'urgence sanitaire le déconseille. Le président sera donc élu sans avoir identifié un "faiseur d’élection" ou du moins un bloc de forces capable de guider les Chambres réunies. Proposer Draghi, comme le fait Salvini, relève plus d'un jeu tactique sans scrupules que d'une solution. Augmenter le niveau de controverse au sein de la majorité, comme le réplique Letta, sert à irriter Mattarella et le premier ministre lui-même, mais ne résout pas le problème. La seule solution serait d'appliquer la méthode de l'unité nationale - celle-là même sur laquelle repose l'exécutif - et de choisir ensemble un nom avant que la corrida parlementaire ne commence. Cependant, nous en sommes loin ».

ARTICLE/SONDAGE, La Stampa, « L’avancée irrémédiable de Meloni qui devance le PD et talonne la Ligue » : « L’avancée de Giorgia Meloni continue, du moins selon les sondages. Le plus récent est celui de Swg pour Tg La7 : Fratelli d'Italia dépasse le Parti Démocrate et se trouve juste derrière la Ligue. C'est un transfert de voix qui semble imparable au sein du centre-droit, au détriment de Matteo Salvini qui se trouve dans la position inconfortable en raison de son soutien au gouvernement Draghi. Le ‘’Carroccio’’ (la ligue) reste le premier parti avec 21% des intentions de vote mais perd 0,3 points, tandis que le FdI en gagne 0,4, passant ainsi à 19,5%, et dépassant le PD qui passe de 19,5% à 19,2%. La stratégie de Letta ne semble pas trop relancer les démocrates, tandis que la présence de Meloni dans l'opposition la récompense et la lance dans une perspective pouvant être embarrassante pour l'équilibre du futur centre-droit. En effet, la coalition conservatrice est destinée à se rassembler à l'automne pour le rendez-vous des élections municipales et surtout en vue des élections législatives. L’avancée du parti de Giorgia Meloni est embarrassante pour les membres de cette coalition qui avaient établi une règle bien précise : celui qui a une voix de plus par rapport aux autres a le droit de proposer le candidat à la Présidence du Conseil de toute la coalition. C’est une règle que Salvini avait créée au lendemain de son succès aux élections européennes de 2019 et qui avait été suivie depuis. Or, maintenant, si la tendance devait continuer ainsi, d’ici quelques mois Fratelli d’Italia pourrait devancer la Ligue et Meloni pourrait ainsi revendiquer sa candidature pour le Palais Chigi.»

ARTICLE, La Repubblica, « La droite essaie encore : un texte anti-Zan pour saborder la loi [contre l’homophobie] » : « La discussion sur la loi Zan (contre l’homophobie) est débattue actuellement au Sénat. Il y a deux semaines, les M5S et le PD avaient remporté une victoire au sein de la commission « justice » du Sénat, en s'assurant que la discussion reprenne bien à partir du texte déjà approuvé à la chambre, et portant le nom du député démocrate et militant LGBT, Alessandro Zan. Mais aujourd'hui, une proposition nouvelle a été déposée, émanant de la Forzista Licia Ronzulli, du leader de la Ligue Matteo Salvini et des centristes Paola Binetti et Gaetano Quagliariello. Une sorte de projet de loi "anti-Zan", en trois articles, qui durcit les peines pour les discriminations "fondées sur l'ethnie, les convictions religieuses, la nationalité, le sexe, l'orientation sexuelle, l'âge et le handicap". Cependant, il supprime le terme de "genre", fait référence à l'article 61 du code pénal (ignorant la loi Mancino), et étend le champ d'action à l'âge. Le projet de loi Zan risque donc de se retrouver dans une impasse. La droite demande que les deux propositions soient combinées, pour faire disparaitre le projet de loi Zan. "On pourrait peut-être en faire un seul texte", argumente Ronzulli. "Certes, conformément au règlement du Sénat, c’est possible", affirme la léghiste Simone Pillon. A ceux qui font remarquer que même les électeurs de la Ligue sont largement (60%, selon les sondages) favorables à la loi Zan, Pillon répond vertement : « Ce sont des conneries". Dans un post sur Facebook, Salvini a réitéré : "Oui à une loi qui introduit des sanctions plus sévères pour la discrimination comme celle présentée par la Ligue et le centre-droit... mais non à une loi qui introduit un bâillon et la prison pour les idées". Même les plus sceptiques parmi les démocrates sont convaincus qu'il n'y a pas de temps à perdre pour assurer la protection de ceux qui, en raison de leur orientation sexuelle, sont victimes de menaces et d'agressions. Les cas d'homophobie ont augmenté. La loi est attendue depuis plus de 20 ans. Le secrétaire du Parti démocrate, Enrico Letta, à l'occasion de la Journée mondiale contre l’homophobie hier, a déclaré dans un tweet : " Nous célébrons cette journée avec un engagement concret pour les droits en approuvant immédiatement le projet de loi Zan au Sénat“. Mais la balle est dans le camp du président de la commission, Andrea Ostellari, qui s'autoproclame rapporteur et se fixe pour objectif de fusionner les deux projets de loi. Dans le cadre de la discussion, pas moins de 200 demandes d'audition d'associations et d'experts ont été présentée, dont 9 par le PD et 70 par la Ligue, sans compter les amendements : le front léguiste a menacé d’en déposer des millions. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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