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31/03/2021

"Salvini, entre Orban et Meloni."

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Italie. Revue de presse.

ARTICLE, La Repubblica, Alitalia, Giorgetti (Ligue) contre l'UE : il est prêt à avancer, même sans l'accord de [Bruxelles] » : «  Un dernier crève-cœur, comme d'habitude pour la compagnie aérienne nationale qui ne parvient pas à décoller malgré trois mois de négociations serrés avec Bruxelles. Plus de 90 jours passés à échanger des documents confidentiels, des revenus, des informations sensibles : d'un côté le gouvernement avec Ita, la société en charge de la renaissance de la marque Alitalia. D'autre part, l'Europe et la commissaire Margrethe Vestager, que beaucoup en Italie accusent aujourd'hui de faire durer les négociations au-delà du raisonnable, favorisant indirectement d'autres entreprises européennes. Un mécontentement palpable en Italie et dans les trois ministères qui seraient prêts à passer en force. Et qui pourrait bientôt aboutir à la naissance de la nouvelle Alitalia, même sans l'aval de l'UE. C'est du moins ce qui ressort de la déclaration sèche du ministère du Développement envoyée à l'issue de la réunion entre le ministre Giorgetti et les commissaires : "On a évalué la situation d'Alitalia à la lumière de l'impasse dans laquelle se trouvent les négociations avec la Commission. Il apparaît nécessaire de convenir d'une nouvelle stratégie d'action avec le MEF et le MIMS afin de permettre à l'entreprise de continuer à fonctionner". Les obstacles concernent, par exemple, Linate, l'aéroport où le transporteur a aujourd'hui un quasi-monopole. Une grande partie des créneaux de décollage et d'atterrissage devront être cédés à des concurrents, dont Ryanair, Lufthansa et easyJet. Et passer 70% du total aujourd'hui aux mains d'Alitalia, à 35%. "L'UE - explique une source proche du dossier - affirme qu'avec moins d'avions, la nouvelle compagnie n'aura pas droit aux créneaux actuels. Il s'agit d'une erreur grossière et incompréhensible : c'est comme si Lufthansa ou Air France devait renoncer à leurs créneaux parce que  plus de la moitié de la flotte est clouée au sol à cause de la pandémie. Ce qui, bien sûr, n'arrivera pas et que l'Europe n'imposera jamais aux deux entreprises. Mais pour Alitalia - poursuit-il - le traitement réservé est complètement différent et soulève de forts doutes sur les négociations". Une autre question est celle des secteurs qui s'occupent de la maintenance et de la manutention, mises en vente. Ita peut participer en n'acquérant qu'une part minoritaire. Idem pour les programmes “MilleMiglia’’, auxquels la nouvelle Alitalia ne peut pas participer. Les retards dans l’autorisation pourraient coûter la saison d'été au nouveau transporteur, qui est prêt à décoller 40 jours après l'approbation de l'UE.  A cela s’ajoute la réduction des effectifs : pas plus de 2 800 employés, soit environ 7 700 de moins que les 10 500 actuellement dans le périmètre d'Alitalia. Hier, une manifestation massive des employés a eu lieu sous les fenêtres du Mise et Mef. Des centaines de travailleurs qui n'ont pas encore reçu leurs salaires pour le mois de mars. L'Anpac, le syndicat des pilotes et des hôtesses de l'air, lance un appel au ministre Franco car il "soutient le départ d'Ita à temps pour superviser la saison estivale". Alors que Cgil, Cisl, Uil, Ugl, Cub, Acc et Usb demandent d' "accélérer le temps de la renaissance". Et l'Association nationale des pilotes invite le gouvernement Draghi à "éviter le risque d'immobilisation de la flotte et à relancer le nouveau transporteur national"».

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Giancarlo Giorgetti (Ligue), ministre du développement économique

ARTICLE, Domani, par G. Faggionato « Nouvelles technologies, Giorgetti soutient la coopération avec la France et l’Allemagne» : «Le mot d’ordre qui est en train de circuler à Bruxelles depuis désormais deux années, est arrivé en Italie et figure même dans l’agenda du gouvernement. Hier, le ministre du Développement économique, G. Giorgetti, celui de l’Innovation, V. Colao et le Secrétaire d’Etat aux affaires européennes, V. Amendola, ont participé à une conférence sur la souveraineté technologique organisée par le Centre pour l’autonomie numérique (Ced) de l’Université La Sapienza. A cette occasion, Giorgetti a reconnu que sur les vaccins ‘’L’Europe s’est retrouvée dans une position  absolument pas autonome sur des décisions affectant la vie et la mort de ses citoyens’’. Le Ced a fourni toute une série de chiffres mesurant la production italienne de brevets, concernant non seulement les vaccins mais aussi ceux liés aux technologies fondamentales comme le 5G ou l’élaboration des données non centralisée (edge computing). Selon le Ced, sur le 5G la Chine a atteint tous ses objectifs, (100%) alors que l’Italie tout juste 7,3 % des siens. Les Etats-Unis sont à 31%. Les autres partenaires européens, comme la France et l’Allemagne, nous devancent. Giorgetti, qui a rencontré il y a quelques jours le défenseur de la théorie de la souveraineté technologique européenne, M. Thierry Breton, n’a pas résisté à faire un jeu de mots : ‘’non pas parce que je suis souverainiste, mais parce qu’il nous faut une autonomie stratégique’’. Ainsi, le plus démocrate-chrétien de la Ligue souverainiste de Salvini, a dit que l’Italie ‘’doit avoir l’ambition de construire avec l’Allemagne et la France le triangle qui est à la base de la structure européenne’’. Toujours selon le rapport du Ced, l’Italie se caractérise par ‘’une forte dispersion des capacités technologiques’’. Les choix de filières sont ceux qui peuvent faire la différence dans le Plan de Relance. La mission de Giorgetti est claire : il faut passer du souverainisme à l’autonomie, du moins du point de vue technologique ».

COMMENTAIRE, La Repubblica, Stefano Folli : « Salvini, entre Orban et Meloni » : « Plus que pour l'avenir de l'Europe, le voyage de Salvini à Budapest pour rencontrer le Premier ministre Orbán et le chef du gouvernement polonais, Morawiecki, semble avoir été conçu en pensant à l'avenir de la droite italienne. Et donc à la rivalité de plus en plus évidente avec Giorgia Meloni. S'il n'en était pas ainsi, si l'on prenait au sérieux l'initiative du leader de la Ligue italienne, on devrait s'interroger sur sa lucidité politique. "Construisons ensemble l'avenir de l'Europe" est en effet une phrase qui, dans la bouche d'Orbán, peut avoir un sens, même s'il n'est pas agréable, servant à montrer à l'opinion publique hongroise que le premier ministre n'est pas isolé et snobé par les étrangers. Mais le point de vue d'Orbán ne peut être celui de la Ligue, si Salvini veut vraiment retrouver un rôle de premier plan en Italie. Au contraire, à l'heure où le Hongrois quitte le Parti populaire, la logique voudrait que la Ligue noue de meilleures relations avec l'Europe qui compte : au prix de ne pas être bien accepté au départ, puisque jusqu'à avant-hier il était allié à l'extrême droite allemande AfD. Par ailleurs, une force qui entend légitimement rester ancrée dans le camp de la droite, mais qui veut éviter de se retrouver parmi les extrémistes, a surtout deux choix. Soit se rapprocher du PPE, ou plutôt de la partie conservatrice du groupe, en premier lieu la CSU bavaroise, laquelle mettra du temps à l’accepter. Soit rejoindre le groupe des conservateurs et réformistes, présidé par Giorgia Meloni. Et c'est sans doute la raison pour laquelle Salvini évitera cette solution, préférant peut-être suivre Orbán dans une aventure où la Ligue ne sera qu'un porteur d'eau, même avec son bagage considérable de sièges au Parlement de Strasbourg. Il est clair que seule la première option (renforcer l'aile droite du PPE) peut être conciliée sans trop d'ambiguïté avec le soutien à Draghi. Le groupe des conservateurs, des eurosceptiques, convient à un parti d'opposition comme Fratelli d'Italia. Mais au-delà de cet horizon, il n'y a que des idées confuses et autant d'inconnues. Telle serait l'aventure qu'Orbán et son collègue polonais ont en tête. Bien sûr, il reste difficile d'imaginer qu'avec le temps le soutien à Draghi, d'une part, et le militantisme aux côtés des droites de l'Est, d'autre part, puissent suivre deux voies parallèles sans créer tôt ou tard un court-circuit. Salvini croit sans doute qu'il se "couvre" à droite, coupant la route au dynamisme de Meloni. Cependant, la croissance électorale du FdI a dû être prise en compte lorsqu'il a choisi d'entrer dans le gouvernement. Il est maintenant trop tôt pour remettre en question cette décision. Il serait plus absurde encore qu’après les futures élections, il soit le premier parti mais complètement isolé et rejeté par le reste de l'Europe, c'est-à-dire surtout l'Allemagne et la France. Après tout, Salvini doit encore prouver qu'il a une stature européenne. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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