03/03/2021
"L’axe Salvini-Zingaretti pour un système électoral majoritaire."
Italie. Revue de presse.
Le nouveau décret sur les mesures applicables dans le cadre de l’urgence sanitaire, en vigueur du 6 mars au 6 avril, qui prévoit notamment la fermeture des écoles dans les zones rouges, fait les gros titres des médias italiens. « Ecole et vie nocturne, voici les nouvelles règles » (Corriere della Sera), « Les écoles fermées dans la moitié de l'Italie» - La propagation du virus pourrait conduire à fermer les écoles également dans les zones oranges ou jaunes (La Repubblica), « Draghi : 12 milliards d’euros d'aides » - Le nouveau décret prévoit des aides pour les entreprises et les travailleurs indépendants (La Stampa), « Covid, les écoles fermées dans les zones rouges » (Sole 24 Ore), « Les régions décideront s’il faut ou non fermer les écoles » (Il Messaggero), « Nouveau décret, l'école sacrifiée (encore une fois !)» (Il Fatto Quotidiano), « Draghi aussi décide de fermer » - Le nouveau décret instaure la rigueur jusqu'à Pâques (Il Giornale).
ARTICLE, La Repubblica, de T. Ciriaco « La transformation du banquier au politicien : Draghi va très vite et bouscule les habitudes des partis » - Même méthode, mais des décisions plus rapides. Hier, seuls les ministres ont tenu une conférence de presse pour "faire équipe", mais le Président du Conseil confirme qu'il va bientôt s’adresser au pays : - « Le Draghi politique n'est pas exactement le même que le Draghi technocrate et banquier central. Nous constatons la même méthode, mais aussi un timing différent pour les décisions. Le calendrier du Président du Conseil est devenu beaucoup plus rapide, et pas seulement en raison de la situation d'urgence sanitaire et économique que nous connaissons. Depuis l'Eurotower de Francfort, siège de la Banque centrale européenne, Draghi prenait ses décisions quand il savait qu'il disposait d'un large consensus qui réduisait la marge de manœuvre de ses adversaires. Depuis le Palais Chigi, où il dirige la politique italienne, Draghi prend très rapidement ses décisions - en n'impliquant que ses collaborateurs les plus proches, à commencer par le secrétaire d’Etat Roberto Garofoli - et en exploitant l'absence d’opposition. Il est prêt aussi à défier les mécontents de la majorité, après que le Président du Conseil a confié aux ministres Roberto Speranza (Santé) et Mariastella Gelmini (Affaires régionales) le projet de premier décret de la Présidence du Conseil des ministres. Un décret qui, comme on peut le deviner à sa lecture, porte la marque personnelle de Mario Draghi. Les nominations de Curcio à la Protection civile et de Figliuolo à commissaire extraordinaire pour la pandémie sont cohérentes avec l’objectif de vacciner le plus grand nombre de citoyens en peu de temps. Il faut voir aussi si la relance de l’« autonomie stratégique » européenne parviendra à favoriser un nouveau leadership construit selon un axe Rome-Paris. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de Massimo Franco «La mutation du M5S n’empêchera pas son implosion» : « : L’impression est qu’une partie du Mouvement est en train de passer dans l’opposition. Ni les promesses de pardonner aux exclus du mouvement ni les gesticulations de Beppe Grillo ou le leadership virtuel de Giuseppe Conte ne sont en mesure de freiner cette tendance. Jusque-là, le choix de la cohérence et de la fidélité aux idéaux originels du mouvement avaient provoqué la fragmentation. Du coup, une dizaine des 5 Etoiles se retrouvera dans l’opposition aux côtés de Giorgia Meloni et Fratelli d’Italia. La décision de nommer Conte comme nouveau chef politique avec un tout nouveau statut ‘’à la carte’’ du Mouvement est significatif. Cela n'arrêtera pas l’hémorragie des élus ni celle des électeurs. L’aile qui se laisse attirer par la version othodoxe de Di Battista a déjà refusé l’hypothèse d’un retour dans le Mouvement. Certains se préparent déjà à la bataille devant les tribunaux. Les vrais problèmes de Grillo ne sont pas les rebelles. Les propos de l’ancien ministre Spadafora sont révélateurs ‘’cela ne peut pas se réduire en une opération de communication pour cacher nos contradictions’’. C’est un message adressé au fondateur du M5S mais aussi à Conte. Derrière Spadafora il est possible d’entrevoir la silhouette de Luigi Di Maio, représentant de la fidélité à tout prix au gouvernement. Ces contradictions pourraient compliquer le rapport avec Draghi. Il y a le doute que Conte puisse devenir l’instrument de l’aile la plus hostile à la nouvelle majorité : celle qui voudrait déverser sur le Palais Chigi tous les problèmes du M5S, alimentant le mythe du bon vieux temps où il était Président du Conseil. On assiste à une “opération nostalgie” qui est le fruit du regret d’avoir perdu le pouvoir.»
ARTICLE, La Stampa, de C. Bertini « L’axe Salvini-Zingaretti pour un système électoral majoritaire » : « Le tournant qui pourrait marquer une nouvelle fois la politique italienne, une réforme du système électoral pouvant restaurer la bipolarité entre le centre-droit et le centre-gauche, a été annoncé par le chef du PD aux cadres locaux de son parti. Le secrétaire en a parlé avec Matteo Salvini, qui a tout intérêt à ce que la loi électorale permette de préserver l’unité des coalitions en évitant la fuite de Forza Italia. "Et maintenant qu'il est au gouvernement, il oppose son veto à la réforme proportionnelle qui avait été proposée à l'époque de Conte." C'est pourquoi les sherpas de gauche et de droite réfléchissent déjà à la manière de s'en sortir. Une nouvelle loi électorale se profile qui éliminerait les contestations dans les circonscriptions prévues par l'actuel mode de scrutin, le “Rosatellum’’ (un tiers majoritaire et deux tiers proportionnel), mais avec un correctif décisif : une prime de 55% des sièges à celui qui arrive en tête dans les urnes. Cela conduit à une concentration presque obligatoire des partis dans des coalitions, afin d'arracher une voix de plus à leurs concurrents. Cela évite également le risque - craint par la gauche - que le centre-droit unifié puisse plus facilement remporter des scrutins dans les circonscriptions contre une coalition peu consolidée telle que l’alliance Pd-M5S-Leu. "En supprimant les circonscriptions et en ayant la prime fixe, vous avez un gagnant mais pas un super-gagnant", est l'argument des techniciens du parti démocrate favorables à cette réforme. Si Zingaretti ne convoque pas le congrès et les primaires lors de l'assemblée du 13 mars, les anciens Renziens quitteront le secrétariat unifié du parti. Mais si une nouvelle loi électorale majoritaire devait voir le jour, la dynamique dans les partis pourrait changer. D’une part Renzi aurait du mal à faire une alliance et d’autre part, Calenda a déjà compris la nouvelle donne et se pose comme un allié possible. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giorgia Meloni, cheffe de file de Fratelli d’Italia, « Les récentes nominations renvoient un signal positif ; mais maintenant je demande au gouvernement de marquer concrètement la rupture » : « Je salue la décision, enfin, de remplacer Domenico Arcuri ; c’est l’une des premières choses que nous avions demandé. Nous restons à disposition pour collaborer avec les figures récemment nommées. Puissent-ils rompre définitivement avec leurs prédécesseurs. Mais pour le moment, sur le contenu, ce que fait Draghi me paraît encore trop semblable à ce que faisait Conte. Finissons-en avec les décrets d’urgence de la présidence du conseil des ministres et retournons enfin aux procédures démocratiques normales en impliquant à nouveau le Parlement. Pour notre part, nous souhaitons en finir avec la politique surréaliste des fermetures de bars et restaurants le soir alors que les personnes âgées s’entassent et font la queue pour se faire vacciner plutôt que de recevoir l’injection chez elles. Il en va de même pour le problème des transports publics surchargés. Nous demandons davantage de transparence autour des données du comité technique et scientifique qui limitent nos libertés individuelles. Enfin, le mode de calcul des aides compensatoires de l’Etat (ristori) doit être revu ; Draghi, en grand économiste, le sait bien. Sur toutes ces questions, j’attends une vraie rupture. Il faut que le centre-droit se coordonne, j’ai d’ailleurs proposé la formation d’un intergroupe. Mais certaines positions de la Ligue et de Forza Italia m’ont frappé, je ne voudrais pas qu’au final ils subissent la ligne des autres. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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