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26/01/2021

"Conte sait qu’il doit jouer son va-tout et lance un appel aux pro-Européens."

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Italie. Revue de presse.

La démission du Président du Conseil G. Conte prévue pour ce matin fait les gros titres des médias italiens. Les observateurs évoquent la possibilité d'un nouvel exécutif, un gouvernement Conte III, pouvant compter sur une majorité plus large, ou bien le saut dans l’inconnu, le président de la République pouvant décider de ne pas lui confier la direction du nouvel exécutif : « Conte démissionne et espère être reconduit » (Corriere della Sera), « Conte démissionne. C'est la crise dans le brouillard » - Conte espère se voir confier à nouveau la conduite du gouvernement avec le soutien des centristes (La Repubblica), « Conte se rend. Divisions sur une reconduction » (La Stampa), « Conte démissionne pour tenter de former un troisième gouvernement » - Bonomi : il y peu d’engagement dans les réformes (Sole 24 Ore), « Conte, le jour de la démission » (Il Messaggero), « Conte rentre chez lui et Berlusconi va au Quirinal » - Le chef-d'oeuvre de Renzi. Le dernier mot sera pour Mattarella  (Il Fatto Quotidiano), «Conte démissionne aujourd'hui » (Il Giornale).

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Conte sait qu’il doit jouer son va-tout et lance un appel aux pro-Européens »  : « Conte s’est résigné, conscient du fait que le risque de quitter pour de bon le Palais Chigi n’a jamais été aussi élevé. Il se rendra au Quirinal avec encore plusieurs doutes et un état d'âme plein d'amertume pour une crise qu’il considère injuste, attristé de devoir stopper l’action du gouvernement alors que celui-ci est occupé par plusieurs dossiers très importants, allant de la crise sanitaire au Plan de relance. ‘’C’est le moment de vérité’’ selon Conte, d’après des sources gouvernementales, ‘’nous allons voir maintenant si ceux qui ont déclenché la crise l’ont fait pour des raisons valables ou s’ils voulaient autre chose’’ : qu’il se mette en retrait et qu’il soit remplacé en tant que Président du Conseil. L’objectif est désormais d’élargir la majorité, construire un groupe politique s’engageant à soutenir un gouvernement Conte III avec un esprit qui se rapproche de celui du ‘’salut national’’, sans la droite souverainiste mais avec l’apport de parlementaires centristes, voire de Forza Italia. A ce stade, les voix ne sont pas suffisantes. D’après le centriste Quagliariello, sénateur de Cambiamo! ,‘’le salut de Conte ne dépend pas uniquement des voix mais aussi de la qualité du discours d’unité nationale’’. Conte a travaillé jusqu’à tard sur son discours qui sera un appel ‘’à toutes les forces modérées et libérales qui tiennent au destin de l’Italie’’ et la proposition d’aller au bout de la mandature sur un projet fondé sur un ensemble de réformes, ouvert également aux oppositions : système électoral proportionnel, pilotage gouvernemental, Plan de Relance partagé. L’objectif est d’obtenir l’aval de 175 sénateurs grâce à un groupe parlementaire formé avec une quinzaine de personnalités politiques, sous le label ‘’Maie’’ en mesure de contrebalancer Italia Viva, de sorte que les renziens ne soient pas déterminants. Sans pour autant opposer de vétos à Renzi. Conte veut une résolution de la crise en pleine lumière pour que les Italiens comprennent si Italia Viva a voulu la crise pour gagner des points et du temps sur le Plan de Relance ou pour se débarrasser de lui. ‘’Dans ce cas, ils devront expliquer cela au pays’’ »

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Breda « Le chef de l’Etat veut des garanties avant de décider à qui confier la responsabilité de former le gouvernement » : « Face à l’option d’un gouvernement Conte III, Mattarella exigera des garanties sur le nombre de voix pouvant le soutenir mais aussi sur le fait que le nom du Président du Conseil soit approuvé par tous les alliés. Mattarella compte commencer son travail dès mercredi et terminer ses consultations dans de brefs délais. C’est une question d’heures, désormais. Depuis ce matin, la gestion de la crise est entre les mains du Chef de l’Etat, qui auditionnera tous les groupes parlementaires. C’est alors que le piège  pourrait se refermer sur Conte, le risque étant que l’un de ses nouveaux soutiens théoriques ne le défende plus [comme chef du nouveau gouvernement] une fois qu’il se retrouvera face au Président de la République. Certains pourraient en effet citer un autre nom comme futur président du Conseil. Cela pourrait être le cas par exemple pour le nouveau groupe centriste, qui pourrait souhaiter donner un signal de rupture en défendant une autre personnalité pour guider le gouvernement. Ce sera peut-être Renzi lui-même qui le fera - c’est ce que craint le Palais Chigi -  mais ce serait là un pari vraiment osé. C’est donc Mattarela qui, une fois les consultations achevées, s’assurera que les conditions pour confier un  nouveau mandat à  Conte sont bien réunies.  »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de C. Tito « Les paris sont lancés sur le gouvernement III mais les obstacles se multiplient et un changement de Premier ministre reste possible » : « Cette fois, Conte devra obtenir la majorité absolue au Sénat aussi. D’un changement de locataire au Palais Chigi, aux gouvernements techniques, plusieurs hypothèses sont sur la table. Le premier rôle de Mattarella sera donc d’établir laquelle de ces hypothèses pourrait effectivement bénéficier d’une majorité stable, aussi bien à la Chambre qu’au Sénat. La première hypothèse reste celle d’un gouvernement Conte III, à condition que Conte réussisse à garantir cette fois la même solidité au Sénat qu’il avait obtenue au Parlement. Mais pour le projet dit de « Sauvetage national » il faudra clore le contentieux avec Matteo Renzi et attirer une partie des centristes et des « responsables » de Forza Italia. Pour l’un comme pour l’autre, ce ne sera pas évident et c’est ce sur quoi vont jouer les courants au sein du Pd et du M5S qui préféreraient remplacer Conte. Et si véritablement ce dernier devait sortir du cadre, la seule perspective serait celle des élections. Entre-temps, il y aurait un gouvernement technique qui guiderait le pays en attendant les élections de fin juin 2021. Trois étapes intermédiaires sont possibles. L’objectif du Pd est de préserver le projet de nouveau centre-gauche et donc de ne pas rompre l’entente avec les 5 Etoiles, mais ces derniers sont plus divisés sur le maintien à tout prix de la figure de Conte. Il se pourrait bien que la première condition soit celle de la recherche d’un remplaçant à Conte dans les rangs des 5 Etoiles (Di Maio, Patuamelli…). Mais alors, le Pd pourrait lui aussi revendiquer le poste (Zingaretti ou Franceschini par exemple) : cela donnerait naissance à un géant aux pieds d’argile aux Chambres, vue la fragile cohésion du M5S. Un autre cas de figure pourrait être celui d’un gouvernement technique avec un chef « à la Mario Draghi », accompagné d’une majorité politique et de ministres politiques. Enfin, si cette voie intermédiaire ne pouvait pas fonctionner, il y aurait un véritable gouvernement technique, dirigé par un économiste ou spécialiste de finances, avec un soutien large et concentré sur des objectifs bien précis. A voir si un tel gouvernement permettrait d’aller jusqu’aux élections présidentielles de 2022 ou s’il faudra organiser des élections anticipées en juin prochain. En tous cas, le Quirinal [Présidence de la République] fera tout son possible pour éviter des élections juste avant le « semestre blanc » [période précédant les élections présidentielles durant laquelle les chambres ne peuvent être dissoutes].»

ENTRETIEN, Il Giornale, de Silvio Berlusconi, fondateur de Forza Italia « Un gouvernement d’unité nationale ou des élections anticipées » : «’’ Il était logique que le gouvernement Conte tombe, car il se fondait sur une majorité qui n’était pas l’expression de la volonté du pays ni d’un projet partagé. Malheureusement, cela arrive en pleine crise sanitaire et économique. Par esprit de responsabilité, je n’ai pas soulevé de polémiques mais il est clair que ce gouvernement n’aurait pas survécu. Reproposer le gouvernement actuel, avec juste un remaniement, provoquera les mêmes problèmes, raison pour laquelle nous ne pourrons jamais le soutenir. Par politesse institutionnelle envers le Chef de l’Etat, que nous devons encore rencontrer, je ne révèlerai pas à l’avance ce que Forza Italia dira. Le président Mattarella a l’autorité et l’équilibre nécessaires pour cet exercice difficile. Il n’y a que deux possibilités : un gouvernement pouvant garantir l’unité du pays ou aller au voter pour redonner la parole aux électeurs. La situation est trop grave pour se permettre des jeux et des formules.  La création d’un gouvernement d’urgence pour quelques mois, sans bloquer l’Italie, serait préférable. ‘’»

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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