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19/01/2021

"Gouvernement, la bataille finale au Sénat."

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Italie. Revue de presse.

Le vote de confiance à la Chambre en soutien à Conte hier et le nouveau vote au Sénat aujourd’hui domine les unes de la presse. On parle d’un vote difficile, à l’issue incertaine, qui décidera du sort politique de G. Conte et de sa majorité. Le regard est rivé sur les modérés du centre pouvant faire basculer le vote dans un sens ou dans l’autre : « Premier oui (à la Chambre), Conte face au défi final » - Conte obtient la majorité absolue à la Chambre. Aujourd'hui l'épreuve la plus difficile se tiendra au Sénat (Corriere della Sera), « Conte, une confiance fragile » (La Repubblica), « L'appel de Conte : Aidez-nous » - Le Président du Conseil demande le soutien politique aux « hommes de bonne volonté » (La Stampa), « Gouvernement, la bataille finale au Sénat » (Sole 24 Ore), « Conte, une majorité faible » (Il Messaggero), « Renzi? Mais qui est-ce ? » - Conte l'ignore et obtient une large confiance à la Chambre (Il Fatto Quotidiano), « Le troc des voix » - Conte promet de l'argent aux Italiens et des sièges aux transfuges (Il Giornale).  

COMMENTAIRE, La Repubblica, Stefano Folli, « Dans le viseur de l’Europe » : « Dans son discours hier à la Chambre, le président du Conseil a accusé ceux qui ont ouvert la crise d’être des « irresponsables », sans jamais nommer Renzi. Cette crise aurait non seulement fait monter le spread, mais aurait « attiré l’attention des chancelleries européennes sur l’Italie ». Comme pour dire que Renzi, en réclamant des clarifications et des améliorations sur le plan de relance, avait attiré l’attention de l’Europe. Il a surtout attiré l’attention sur la façon dont ce gouvernement M5S-PD-LeU a géré le plan, sous le manteau. On aurait préféré un plan préparé dans l’ombre ? C’est surtout que Renzi a su percevoir mieux que d’autres l’impression que l’on avait en Europe (sur ce plan), en cherchant à en faire un avantage politique. Conte ne pouvait pourtant ignorer les appels qui avaient été lancés avant. Il n’avait pas pu manquer l’appel de Gentiloni dans la Repubblica, ou le fait que le ministre français de l’économie Bruno Le Maire s’était rendu à Rome. Aucun des deux n’a eu besoin de Renzi pour exprimer leur inquiétude, partagée par Angela Merkel. Un plan qui aurait besoin de vraies réformes pour être à la hauteur. A partir de demain, une fois la crise politique passée, le chemin que suivra Conte sera difficile et étroit. L’attention de la commission sera plus que jamais tournée vers l’Italie, et pas en raison des manœuvres renziennes ».

RETROSCENA, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Le Président du Conseil garde des places libres pour les centristes et exclut une possible démission suite au vote du Sénat » : « Le chef du gouvernement n’envisage pas de démissionner ni de se résoudre à un gouvernement Conte ter, il veut dépasser cette crise. ‘’A la Chambre, nous avons fait mieux que les prévisions et si au Sénat nous obtenons la majorité, même relative, ce gouvernement ne tombera pas. La résolution de la crise demandera un peu de temps, mais nous pourrons élargir la majorité et nous remettre au travail’’ expliquait, optimiste, Giuseppe Conte à ses ministres. Pourtant, pour le Parti démocrate, l’opération sera délicate. À la suite des propos de Zingaretti (Pd) dans l’après-midi, expliquant ne pas être disposé ‘’à tout accepter’’, il a fallu que Bettini téléphone pour rassurer Conte quant à la loyauté du Parti démocrate. La crainte d’une nouvelle ‘’mauvaise plaisanterie’’ de la part de Renzi ne s’est pas encore dissipée. Le sénateur Luigi Cesaro de Forza Italia aurait offert son soutien au Président du Conseil mais ce dernier aurait décliné. Une cinquantaine de nouveaux sièges est en jeu, qui seraient liés à l’éventuelle création d’un nouveau parti réunissant diverses forces centristes [en soutien à Conte]. Le Président du Conseil a également cédé face au Pd et déléguera à un tiers de confiance la nouvelle autorité supervisant les services secrets. »

COULISSES, La Stampa, de I. Lombardo, « Le plan : voici le nouveau [parti] « Populaire ». Une équipe de ministres d'ici le 30 janvier» : « Samedi matin, avant que l'opération ''bâtisseurs'' ne subisse un coup d’arrêt, dans les pourparlers entre le Palais Chigi et le Sénat il était question de réfléchir au nom à donner au groupe des « responsables ». ''Populaires européens'' ou ''Populaires d'Europe''. L'idée serait celle de créer un label rappelant la grande famille européenne du PPE. Par ailleurs, la création d’un groupe au Sénat pourrait constituer les prémisses d'une nouvelle force politique européenne - libérale et modérée pouvant accueillir les élus de droite lassés de se plier aux souverainistes. Il s’agit d’un projet politique que Conte aurait l'intention de poursuivre même après le vote d'aujourd'hui au Sénat. Si Conte parvient à obtenir la majorité au Sénat - même si celle-ci n’est pas absolue, comme à la Chambre hier, mais relative - la seconde phase, délicate, des pourparlers pour rassembler une coalition plus large au Parlement commencera à partir de demain. Il est vrai que l'UDC a dit ne pas vouloir voter la confiance. Toutefois, les hommes de Conte continuent de négocier sans relâche, confiants de pouvoir convaincre les centristes de rejoindre la majorité dans un deuxième temps. Par ailleurs, le dirigeant de l'UDC, Lorenzo Cesa, l'a clairement dit à Riccardo Fraccaro, le secrétaire d'Etat chargé des négociations : ''je fais de la politique depuis des années. Il ne suffit pas de venir me proposer un ministère''. Pour Cesa, le ministère de l'Agriculture laissé vacant par Italia Viva est une tentation mais il a besoin de recevoir des assurances sur ses chances d’être élu après cette mandature. Deux contidions pourraient alors être nécessaires : a) un parti centriste, membre de la coalition pro-européenne, engagé en faveur du développement durable (avec le PD, le M5S et la gauche écologiste) que le Président du Conseil veut garder uni à l'instar de ce qu'avait fait Romano Prodi. b) une loi électorale proportionnelle qui a été explicitement citée lors du discours d'hier à la Chambre. Ce mode de scrutin proportionnel est aussi un appât pour les indécis qui se trouvent à la marge du centre droit. Le départ de Renata Polverini de Forza Italia pourrait ne pas être un fait isolé et d'autres représentants du parti de Berlusconi seraient disposés à voter la confiance au Sénat : Andrea Causin, Anna Carlena Minuto et Barbara Masini. Tous potentiellement recrutables dans le nouveau groupe des libéraux-populaires. »

RETROSCENA, La Repubblica, de C. Lopapa « ’’Oui au système proportionnel’’, l’offre du Président du Conseil qui tente Berlusconi » : « Cette nouvelle proposition sur la loi électorale est trop tentante pour les élus de Forza Italia et pour les centristes. C’est le dernier coup des stratèges démocrates et du Palais Chigi qui cherchent ainsi à libérer une bonne fois pour toutes le « Cavaliere » (Berlusconi) des griffes des souverainistes en brouillant le jeu des alliances. Même si ça ne changera rien pour le vote d’aujourd’hui, à terme cela pourrait bien rebattre les cartes au centre. L’irritation de Matteo Salvini et de Giorgia Meloni est palpable et la droite se montre déterminée à profiter de toute faiblesse de Conte pour exiger les élections. L’Union de Centre (UDC) vacille elle aussi, après que Conte ait proposé à son chef de file, Lorenzo Cesa, un ministère. Peut-être celui de l’Agriculture, laissé vacant la semaine dernière. Mais le projet aurait été abandonné après que le M5S s’y soit fermement opposé et l’UDC serait moins encline à rejoindre les « constructeurs ». »

ARTICLE, Corriere della Sera, « La colère de Renzi : ils veulent ma tête, mais nous auront du poids dans les commissions ». « Nous ne devons pas avoir peur d’être dans l’opposition, aussi parce que ce gouvernement ne va pas durer longtemps. » C’est avec ces mots que Renzi a cherché à rassurer ses troupes. « Il a même récupéré le soutien de Polverini (députée Forza Italia), il serait prêt à bâtir une majorité avec n’importe qui pourvu de rester accroché à son fauteuil. Il a pris à la chambre un gros risque avec ces soutiens ». Et les députés d’Italia viva sont épuisés, après avoir reçu ces derniers jours des dizaines de coups de fil. « Je n’en peux plus » confesse Donatella Conzatti, tandis que Volo indique « qu’au moins à présent, le téléphone ne sonne plus ». Pour le leader d’Italia Viva, il faut observer le « fait nouveau » apparu ces derniers jours, « le courage qui a manqué au parti démocrate, et dont nous avons su faire preuve » et à présent, « le PD est plus proche que jamais des 5 étoiles, un rapprochement qui ouvre un nouvel espace à Italia Viva ». Un espace politique certes, mais qui jouera aussi en commission, où Italia viva pourrait avoir plus de poids. Même si Renzi promet de ne pas être dans l’opposition « à la manière du centre-droit », il pourrait avoir un poids important en commission des affaires constitutionnelles, où, s’il votait avec le centre droit, il y aurait un équilibre parfait des voix avec la majorité. Une commission qui valide des textes importants, et notamment la future réforme électorale promise par Conte, introduisant davantage de proportionnelle ». 

ENTRETIEN, La Stampa, d’Antonio Tajani, vice-président de Forza Italia et du Parti Populaire Européen, « En cas de consultations [au Quirinal], nous nous y rendrons seuls, pas avec Salvini et Meloni » : « Des élections me semblent très peu probables, examinons d’abord les autres alternatives que nous pourrions suivre. Voyons le nombre de voix qu’obtiendra Conte au Sénat. Mais avec une majorité relative, il me semble que ce sera difficile de continuer. S’il n’obtient pas l’appui nécessaire, il devra démissionner et tout sera alors possible au Quirinal. Pour notre part, nous avons émis la possibilité d’un gouvernement de centre-droit. Si nous devions nous présenter au Quirinal pour des consultations, notre délégation s’y rendrait seule, pas avec la Ligue ou Fratelli d’Italia. Nous tenons à garder notre identité, bien distincte : Forza Italia se veut le cœur d’un centre-droit pro-européen. Par ailleurs, la possibilité d’un gouvernement d’unité nationale a déjà été exclue par les forces de gauche. Je n’ai rien contre Conte, mais il dirige actuellement un gouvernement de gauche, ce qui ne correspond en rien à notre position politique. Il me semble peu probable que l’UDC passe du côté de la majorité. Le problème n’est pas constitutionnel mais politique : on peut confirmer un gouvernement avec une majorité relative, mais il sera compliqué de gouverner au quotidien. »

ENTRETIEN, La Stampa, de David Faraone, chef de groupe au Sénat d’Italia Viva « Conte nous offre des ministères mais nous sommes forts et unis » : « ’’Nous nous réunirons après avoir écouté le discours du Président du Conseil et nous déciderons comment agir. Très certainement, nous ne voterons pas la confiance. Nous ne sommes pas des irresponsables, nous disons qu'il faut un nouveau gouvernement qui puisse agir rapidement. Si on veut discuter de vaccins, d'emplois, d'école, nous serons là. Tout le reste ne nous intéresse pas. Notre groupe est uni : personne ne parviendra à nous convaincre que l'Italie a besoin de n'importe quel gouvernement. l'Italie a besoin d'un gouvernement fort, qui ait de l'autorité et prêt à faire les réformes. Si j'étais à la place du Président du Conseil, je lui conseillerais de prendre davantage de hauteur. ’’ »

ENTRETIEN Il Foglio, de Ivan Scalfarotto, parlementaire d’Italia Viva « Aucune opposition de fait à un gouvernement avec Conte » : «‘’Nous avons présenté nos démissions car ce gouvernement avait besoin d’une rupture. C'est un gouvernement qui n’est pas en mesure de savoir gérer une situation exceptionnelle. il faut une envergure et une approche totalement différentes. Conte pourrait y arriver. Nous avons déjà voté une fois la confiance, nous pourrions le faire encore une fois. Mais si sa réponse est ''je veux former un gouvernement avec Mastella’’, je ne peux alors que lui souhaiter bonne chance. Si les conditions sont réunies pour offrir à l'Italie un véritable gouvernement, Italia Viva est disposée à le soutenir. Je reproche à Conte le fait qu'il n'ait pas pu y avoir de pacte de gouvernement et qu'il n'y a jamais eu de discussion sur la composition du celui-ci. La négociation et le travail politique n'ont jamais avancé. Le problème est que Conte n'écoute pas les partis de sa coalition’’».

(Traduction : ambassade de France à Rome)