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18/01/2021

"Le sort de Conte se joue au Parlement."

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Italie. Revue de presse.

La crise politique et les tractations pour permettre au gouvernement d’obtenir un  soutien suffisant de la part des parlementaires pour se maintenir, ce lundi à la Chambre et mardi au Sénat, fait les gros titres des médias italiens. Selon les observateurs, Conte pourrait soit se maintenir sans majorité absolue, soit devoir admettre l'impossibilité de rester au Palais Chigi et tenter alors de former un nouveau gouvernement : « Le destin de Conte se décide au Parlement » (Corriere della Sera), « Conte jouera la carte anti-souverainiste» - Un appel pro-européen pour tenter de trouver une majorité (La Repubblica), « Conte, 4 voix pour ne pas tomber » - L'éxécutif tente d'obtenir une majorité simple en s'adressant aux pro-européens et aux libéraux (La Stampa),  « Conte pret à continuer avec une seule voix d'écart. Le PD et le M5S sont dubitatifs » (Il Messaggero),  « Liliana Segre : j'irai à Rome pour voter la confiance à Conte » (Il Fatto Quotidiano), « L'intrigue finale» - Les services secrets et les généraux à la recherche de voix pour sauver Conte (Il Giornale). 

ANALYSE, Corriere della Sera, de M. Franco : « Des ambitions de reprise frustrées par le manque de voix » :  « Le piège tendu par Matteo Renzi avait eu pour effet premier de la part de la majorité de proposer un pacte de gouvernement entre M5S et PD : une réaction forte, « prenant de la hauteur », qui s’est avérée compliquée à mettre en œuvre dans les faits. La deuxième réaction a été celle de faire le choix, pour Conte, d’aller défier Renzi au parlement, et de parvenir à 161 voix pour montrer que ce dernier n’est pas indispensable et peut-être même porter un coup à son groupe parlementaire. Mais les dernières heures ont montré que les ambitions (du Premier ministre) doivent être revues à la baisse. On va au parlement, et on recueille plus de voix que l’opposition. Puis, dans un deuxième temps, doté de ce résultat à minima, on commence à négocier avec ceux qui ont voté pour (Conte). La trame de ce qui est en train de se jouer semble favoriser une sorte d’inertie structurelle, résultat de l’ « impossibilité » d’une élection anticipée et d’une improvisation qui s’appuie sur très peu de points d’appui solides. Le premier ministre est considéré par les 5 étoiles et une partie du PD comme une sorte de point d’équilibre irremplaçable. Renzi, qui veut se débarrasser de Conte, semble avoir réussi l’exploit de rassembler les 5 étoiles autour de Conte, après des mois de manigances pour essayer de le remplacer. Et du côté de Renzi, le fait qu’il annonce une abstention et pas un vote contre vise sûrement à éviter des défections parmi les membres d’Italia viva. Il faudra toutefois à un certain moment reprendre la négociation, une fois cette « paix carthaginoise » passée. On a conscience de l’urgence à ne pas perdre de temps : un gouvernement faible, et dépourvu de crédibilité internationale, légitimé par seulement la moitié du parlement, sera la meilleure cible pour les adversaires de l’Italie en Europe ».

ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Galluzzi « Le sort de Conte se joue au Parlement. Au Sénat on mise sur 157 voix » : « Ces lundi et mardi seront des jours cruciaux pour comprendre quel  sera l’avenir du gouvernement. En 24 heures, le Président du Conseil cherchera d’abord à la Chambre puis au Sénat, la confiance des partis pour continuer à gouverner. Dans son discours, Conte évitera d’employer un ton trop dur et lancera un appel aux libéraux – les anciens d’Italia Viva et du M5S -  allant ainsi  à la recherche de ces ‘’bâtisseurs’’ utiles pour surmonter la crise voulue par Renzi. C’est un passage délicat, notamment au Sénat où une majorité relative (157 voix) suffirait pour sortir de l’impasse. Entretemps, les signaux de la part du parti de Renzi pour se réconcilier avec la majorité n’ont pas manqué. Ettore Rosato, président d’Italia Viva, l’a dit hier : ‘’Si Conte le veut, la solution peut être trouvée en deux heures’’. Or, ce sont des mots qui semblent plutôt vouloir justifier la crise et ne sont pas fondés sur une conviction réelle. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de T. Ciriaco et A. Cuzzocrea « Conte joue la carte anti-souverainistes » : « Le dernier appel de G. Conte est prêt. Plutôt que d’attaquer Renzi, il tentera de rassurer ceux qui veulent construire un groupe ‘’centriste, catholique et libéral’’ afin d’éviter que l’Italie tombe entre les mains des souverainistes de Salvini et Meloni. L’avocat demandera ainsi de croire dans le gouvernement même si ‘’quelques erreurs ont été commises’’, il invoquera une ‘’unité’’ pour verrouiller le choix pro-européen et anti-souverainiste. Il ne parlera pas de son parti. Il est trop tôt pour le faire. Il fera toutefois un clin d’œil à ceux qui le souhaitent, en leur demandant de s’engager pour structurer cette ‘’réalité’’ dont l’Italie a besoin. Le tout a été concerté avec les alliés, à condition de trouver les voix nécessaires au Parlement. C’est au Sénat que la situation est difficile. On compte à ce stade 154 voix sûres. Certains, les plus optimistes, tablent sur 158. En tout cas, ce sera en dessous de la majorité absolue. Il y a un mot clé qui sera peut-être prononcé : le système électoral proportionnel. Cela servira à indiquer une perspective aux centristes et à en garantir la survie, à donner un sens à cette fin de législature qui semble se consommer à toute allure. Il proposera cela en parallèle avec un pacte jusqu’aux élections en 2023. C’est ce que plusieurs souhaitent entendre de sa part. Les négociations avec l’UDC vont de l’avant. Si Paola Binetti veut entrer dans le nouveau groupe parlementaire, Lorenzo Cesa freine et on sent dans son attitude la volonté d’avoir des garanties dans le nouveau projet politique centriste, catholique et proche de Conte, et la volonté d’avoir un rôle dans l’exécutif (peut-etre le ministère de l’Agriculture).  Un discours de démocrate chrétien qui devra aussi être attentif à l’aile socialiste. Pour convaincre Riccardo Nencini de quitter Renzi et de voter oui pour rentrer à nouveau dans la majorité ».

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Luigi Di Maio, ministre des Affaires étrangères et figure de proue du Mouvement 5 Etoiles, « ‘’La majorité absolue est un miroir aux alouettes ; quand elle sera utile, nous l’aurons’’ » : « Le M5S ne souhaite pas de gouvernement de large coalition, ni de gouvernement technique. Italia Viva n’est plus crédible, nous ne suivrons pas Matteo Renzi dans ses petits jeux. Mieux vaudrait des élections, même si ce n’est vraiment pas le moment. Au Sénat, nous distinguerons les « constructeurs » des « destructeurs ». Nous ne tombons pas dans le piège de Renzi, la majorité relative suffit. Nous ne sommes pas non plus en contact avec Mastella. Nous cherchons plutôt à nous adresser à la part du pays qui veut construire, y compris au niveau européen, à ceux qui sont en mesure d’ouvrir un Pacte de Relance pour le pays. Mais tant que nous ne sortons pas de la crise, nous sommes bloqués, nous ne pouvons pas travailler à l’amélioration du Plan de relance, ni même faire passer un quelconque décret ristori [aides financières aux activités ralenties par les mesures sanitaires]. Le M5S est plus soudé que jamais, nous sommes un gage de stabilité pour l’Italie, nous continuerons à soutenir le gouvernement. »

ENTRETIEN, La Repubblica, de Maria Elena Boschi, chef de groupe d’Italia Viva à la Chambre « Nous n’avons jamais arrêté le dialogue mais Conte, le Pd et le M5S préfèrent les ‘’responsables’’ » : « ’’ Nous n’avons jamais dit ‘’plus jamais’’ dans la coalition mais j’ai l’impression que le PD, les 5 Etoiles et LeU préfèrent remettre leur sort entre les mains de Clemente Mastella pour rechercher des « responsables » alors que nous ne savons même pas s’ils existent vraiment. A ce stade, notre position est celle de nous abstenir lors de la motion sur la communication de Conte. Puis, bien sûr, nous attendons de voir ce que le Président du Conseil dira. Nous sommes favorables à un échange d'idées, pas à un échange de ministères. Nous sommes prêts à le soutenir si la majorité comprend que l’immobilisme ne signifie pas stabilité mais plutôt une perte  d’opportunités. Nous voterons favorablement au décret sur les aides aux secteurs commerciaux les plus touchés, au plan de vaccination pour aider les médecins et voter sur le rôle de l’Italie en Europe. Nous ne mettons pas de véto sur des noms au Palais Chigi, nous soutiendrons n’importe quel exécutif à condition que celui-ci ait les idées claires sur ce qu’il faut faire pour le pays. Si la majorité veut résoudre les problèmes avec nous, nous sommes disposés à l’aider. S’ils préfèrent faire gagner Salvini pour la simple raison de nous attaquer, qu’ils assument leurs responsabilités’’».

ENTRETIEN, Il Messaggero, de Clemente Mastella, maire de Benevento et fondateur de plusieurs partis d’inspiration centriste et démochrétienne « Je travaille à un projet centriste et j’y inclus également Renzi» : «’’Je ne sais pas si Conte formera son parti ou pas, au vu des jalousies du Pd et du M5S qui s’y opposent. Il est toutefois possible ensuite de mettre ensemble les différentes formations politiques existantes. Il faut mettre ensemble tous ceux qui ont construit quelque chose, allant de la famille socialiste à la famille démo-chrétienne et laïque. Tout ce qui se trouve au centre, car si les 4 principaux partis de gouvernement se présentent maintenant aux élections, ils perdront tous dans les collèges uninominaux. Oui, il faut qu’il y ait aussi le parti de Renzi. Cette réalité dépasse largement le 3% dont dispose Italia Viva. Tous ensemble, en revanche, nous pouvons rivaliser dans tous les collèges électoraux’’.»   

COULISSES, Il Messaggero,  « Le réseau discret des cardinaux pour éviter les élections anticipées » : « Afin d’éviter d’aller trop tôt aux élections, des paroles de soutien à Conte seraient venues du cercle magique du Pape François, mais aussi peut-être du réseau du cardinal Parolin. De l’autre côté du Tibre, on sait que  des élections ne donneraient pas plus de force au gouvernement mais ouvriraient plutôt la voie à la droite souverainiste, qui a été au moins deux fois la cible des reproches du pape. La semaine dernière, le pape François a donné une interview à Mediaset dans laquelle il a parlé du gouvernement et du droit qu’il avait à exprimer une opinion différente de celui-ci, bien que l’on soit en période de pandémie et de crise économique, « qui ne donne pas le droit de s’éloigner de l’unité ». Et qu’en ce moment, la politique n’a pas le droit de dire « moi » mais seulement « nous ».  Les franciscains d’Assise, Sant’Egidio et les jésuites ont souligné ce message, qui a aussi été repris par la conférence épiscopale italienne (CEI). »

(Traduction : ambassade de France à Rome)