13/01/2021
"Si Conte a les voix suffisantes au Parlement il restera en charge."
Italie. Revue de presse.
Le vote sur le Plan de relance national à hauteur de 223 milliards d’euros, mardi soir en Conseil des ministres, et la crise au sein du gouvernement, avec la probable démission aujourd’hui des ministres d’Italia Viva, parti de Matteo Renzi, remettant en cause la majorité – se partagent les gros titres des médias italiens. Les observateurs évoquent plusieurs scénarii possibles (un gouvernement « Conte III » soutenu par un groupe parlementaire de « responsables » remplaçant les ministres d’Italia Viva, un gouvernement « provisoire » gérant les dossiers les plus urgents ou encore des élections anticipées : « Le jour du règlement de comptes » - Renzi décidera aujourd’hui s’il fait démissionner ses ministres (Corriere della Sera), « La majorité n’est plus là » - Le Plan de relance approuvé pour la santé, l’environnement et le numérique. Renzi annoncera aujourd’hui si son parti quitte le gouvernement. Conte tente de le remplacer par un groupe de « bonnes volontés » (La Repubblica), « Conte et Renzi, acte final » - Mattarella demande un « sursaut de responsabilité » (La Stampa), « Le Plan de relance adopté et augmenté de 144 milliards » - Mais Renzi vers la sortie du gouvernement (Sole 24 Ore), « Le Quirinal : le pays aura du mal à comprendre cette crise » - Rappel du Président de la République face au bras-de-fer entre Conte et Renzi (Il Messaggero), « Renzi va-t-il retirer ses ministres ? » (Fatto Quotidiano), « Adieu Conte » - Aujourd’hui Renzi retirera ses ministres, déclenchant la fin du gouvernement. La crise inquiète l’Europe et fait monter le Spread (Il Giornale).
ARTICLE, La Repubblica, de C. Vecchio « L’irritation du Quirinal. Toutefois, si Conte a les voix suffisantes au Parlement il restera en charge » : « Tout va exactement dans la direction opposée à celle souhaitée par Sergio Mattarella dans son discours de fin d’année : une crise aux issues imprévisibles au lieu d’une saison de ‘’bâtisseurs’’ au moment où la pandémie fait rage. Le Quirinal suit le tout de près avec de l’inquiétude mais aussi de l’irritation, face aux paris risqués qui s’annoncent. Mattarella considère l’hypothèse d’un apport de parlementaires ‘’responsables’’ une possibilité qu’il faudra entièrement vérifier. Il continue à prétendre une majorité solide, unie et homogène. Toutefois, si Conte devait l’emporter dans l’Hémicycle et obtenir la confiance du Parlement, même avec la défection des renziens, rien ne pourrait lui empêcher de continuer son chemin. Il y a un précédent en automne 2010 : Fini avait retiré sa confiance à Berlusconi et le Président Napolitano, en présence d’une crise économique grave, n’avait pas voulu prendre des risques. Berlusconi obtint alors la confiance de la part de parlementaires responsables et continua son expérience de gouvernement. Que se passerait-il si Conte devait ne pas l’emporter ? Il y a trop de chantiers en cours et il y a une campagne de vaccination à poursuivre. Il est alors davantage probable d’avoir des élections en été, une fois les écoles fermées et juste avant le semestre blanc. Mais la sensation est qu’alors, ce ne serait pas nécessairement Conte qui guidera l’Italie vers les urnes ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, de C. Tito « Si la politique ignore le pays » : « La déchirure de ces derniers jours augmente les probabilités d’un naufrage. Le modèle des partis italiens sera à nouveau contraint de s’immerger dans les eaux de la transition éternelle. Le bipolarisme est envoyé aux oubliettes et la solution simple d’un retour au système électoral proportionnel ressurgit. Un système où chacun fait ses calculs et où personne n’assume ses responsabilités. Entretemps, l’occasion historique du Plan de relance est mis en péril ».
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de P. Di Caro, « Le centre-droit reste uni : aucune aide ne sera concédée. Mais le plan B est un ‘’gouvernement sur objectif’’ » : « Au centre-droit, certains disent que s’il fallait, on trouverait bien les 20 « responsables » pour éviter des élections anticipées. Mais si l’on va chercher, au sein de l’opposition, ceux qui se disent, même hors micro, effectivement prêts à voter pour Conte, on ne trouve plus personne. Ni Salvini, ni Meloni (qui souhaite, au contraire, les élections), ni même Berlusconi. Aucune main ne sera donc tendue au gouvernement. Sur le long terme, deux scénarii se dessinent. Giancarlo Giorgetti (Ligue) évoque la possible formation d’un groupe hétéroclite spécialement dans le but de remplacer Italia Viva au Parlement. Mais Silvio Berlusconi désapprouve et avance une piste ‘’qu’aucun membre du centre-droit ne pourrait refuser’’ : la formation provisoire d’un « gouvernement sur objectif », d’urgence, nommé directement par le Président de la République. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Teresa Bellanova, Présidente d’Italia Viva et ministre des affaires agricoles « Le Plan de relance est encore insuffisant. Nous en tirerons les conclusions » : « ‘’Ce n’est pas nous qui ouvrons cette crise. Au contraire, cette crise a été ouverte par celui qui a tenté de forcer la main sur les fonds européens et qui a choisi de laisser bloquer plusieurs dossiers urgents pour l’Italie. Le plan de relance a fait des progrès par rapport à la première ébauche mais est absolument insuffisant. Et il n’y a aucune référence à la gouvernance de ce plan. Nous en tirerons les conclusions et nous le ferons ce mercredi en conférence de presse. Des élections anticipées ? J’en doute fort : les parlementaires ne le veulent pas et je n’ai jamais douté de la sagesse du Président Mattarella. La communication de Conte a peu de sens de responsabilité : nous offrons des propositions et au Palais Chigi on dit vouloir nous ‘’ensevelir’’ ».
ENTRETIEN, La Repubblica, d’Antonio Tajani, Président de Forza Italia « Nous nous opposons à l’idée d’un soutien. Les élections sont la seule solution possible » : « ‘’ L’hypothèse que FI entre dans l’exécutif est de la pure fantaisie, tout comme un gouvernement d’unité nationale. Comme l’a répété ces derniers temps Silvio Berlusconi, nous ne participerons à aucun gouvernement avec les partis de la gauche dont nous ne partageons ni les programmes ni les valeurs. Les élections anticipées sont la seule issue possible. Nous sommes aux côtés des Italiens qui ont le droit et la nécessité d’avoir des réponses rapide sur la crise sanitaire et économique. Or, ce n’est pas le cas.’’ ».
SONDAGE, La Stampa, « Colère, inquiétude et désarroi : 7 Italiens sur 10 ne veulent pas voter » : « La crise politique déstabilise les électeurs et seulement 27% souhaitent se rendre aux urnes. Pour la plupart des sondés, le Plan de relance doit servir en priorité à créer de l’emploi et à relancer l’économie mais aussi à réorganiser le système de santé. L’intérêt pour la transition numérique, l’innovation, la compétitivité et la culture a augmenté de 4,4% en un mois alors que la question de l’immigration n’est presque plus mentionnée parmi les priorités (1,4%). L’électorat du MS5 souhaite dans l’ensemble continuer avec le gouvernement actuel tel quel, alors que celui du PD est favorable à la figure de Giuseppe Conte mais reste ouvert à un possible remaniement. L’électorat d’Italia Viva se range largement derrière son leader, remettant en cause l’actuel Président du Conseil. Les partisans du centre-droit, à l’exception de Forza Italia, souhaitent des élections au plus tôt. 50% des électeurs de Forza Italia sont convaincus d’un affaiblissement du « souverainisme » italien suite aux récents événements de Washington et au départ de Trump. »
SONDAGE, Corriere della Sera, « Un Italien sur deux ne comprend pas les raisons de la crise politique ; 55% de soutien à Conte contre 10% pour Renzi. » : « L’actuelle crise politique divise l’Italie en deux, la perplexité étant accentuée par la criticité de la période. En revanche, l’opinion s’accorde à nouveau pour condamner la stratégie politique du chef de file d’Italia Viva, Matteo Renzi. Pour 73% des sondés, Renzi ne fait que poursuivre ses propres intérêts, contre seulement 13% considérant qu’il privilégie au contraire l’intérêt national. Le Président du Conseil quant à lui continue à jouir d’un ample consensus, bien que moins large que lors de la première vague, par rapport à ses rivaux politiques, y compris face au premier secrétaire de la Ligue, Matteo Salvini. Au sein du centre-droit, l’ascension de Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia) semble implacable, elle est même passée devant Salvini (30% contre 23%). Enfin, 19% inculpe le gouvernement de Conte pour le retard dans la lutte contre la Covid, seulement 7% les régions. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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