05/01/2021
"Bras de fer sur une démission de Conte."
Italie. Revue de presse.
La remise en cause de la réouverture des écoles, prévue le 7 janvier, et les mesures restrictives décidées en conseil des ministres hier soir font les gros titres des journaux italiens : « Conseil des ministres dans la nuit pour le décret sur les restrictions : week-ends oranges. Londres referme tout. » - « École, le chaos de la réouverture ; oppositions au sein du gouvernement, hypothèse d’un report au 15 janvier. Les régions procèdent chacune de leur côté. » (Corriere della Sera), « École, le gouvernement fait volte-face. Dans la nuit le CdM, suite aux pressions du PD, reporte au 11 janvier les cours en présence dans les lycées. Maintenant, c’est aux régions de décider. » (La Repubblica), « Virus, Les nouvelles restrictions enclenchées » (La Stampa), « École, report suite à la dispute ; Restriction sur les déplacements » (Il Messaggero), « Au nord, écoles fermées et pistes de ski ouvertes » (Il Fatto Quotidiano).
L'hypothèse, entre autres, d'un remaniement au sein du gouvernement, suite aux demandes de M. Renzi (IV), est largement évoquée : « ‘’Je suis prêt à renforcer mon équipe’’ : les tentatives de Conte » (Corriere della Sera), « Bras de fer sur une démission de Conte » (La Repubblica), « Conte, dernier piège, Renzi exige le MES » (La Stampa), « Hypothèse d’un Conte-III et MES à hauteur de 12 milliards » (Il Sole 24 Ore).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Le Premier ministre dit oui à un remaniement, non à d’autres opérations » : « Le scénario de la crise de gouvernement n’est pas exclu, mais celle-ci serait « pilotée » afin d’éviter les risques. Giuseppe Conte a fait tout son possible afin d’engager le dialogue et trouver une entente, souhaitée également par Zingaretti et le Parti démocrate, afin d’éviter une crise gouvernementale dans le contexte actuel. Mais pour le chef de file d’Italia Viva, les retouches ne suffisent pas : Renzi veut obliger Conte à se présenter au Quirinal pour une révision complète de l’exécutif et l'avènement d'un Conte ter, au sein duquel Italia Viva aurait davantage de poids, voire un rôle à la vice-présidence du Conseil. Les partis de la coalition devraient renouveler auprès du Chef de l’Etat leur volonté de conserver Giuseppe Conte comme Président du Conseil des ministres, le seul actuellement à même de pouvoir garantir l’unité des 5 étoiles et un pacte avec le Parti démocrate. Mais Conte n’est pas serein, redoutant les pièges et les incidents de parcours ainsi que l’incompréhension des Italiens. Il veut donc prendre son temps et attend avant de fixer la date du Conseil des ministres où sera abordé le plan de Relance, dans lequel il a par ailleurs tenté d’intégrer les propositions et critiques des différents partis, dont Italia Viva. Pour autant, il ne veut pas fléchir face à Renzi. La marge de manœuvre est donc très étroite et la partie très serrée pour les partisans de la médiation, comme Di Maio. Ceux qui veulent éviter la crise gouvernementale craignent de perdre le contrôle de la situation et au fond tous redoutent les élections. »
COULISSES, La Repubblica, de T. Ciriaco, "Conte travaille sur la réforme mais Renzi veut d'abord sa démission. Conte est prêt à un remaniement, mais il ne fait pas confiance au leader d'Italia Viva qui dit n'avoir rien obtenu jusqu'à présent. Le Quirinal très inquiet sur le risque d’une crise" : « Pendant une journée entière, la crise a fait les montagnes russes. Le matin, le remaniement semble à portée de main, l'après-midi, l'optimisme retombe : Matteo Renzi exige la démission de Giuseppe Conte. Le Quirinal craint qu'une crise ne s'ouvre dans le brouillard le plus total. Le président du Conseil envisagerait, à supposer qu'on le laisse faire, que le 7 janvier, le texte sur le Recovery fund soit envoyé aux Chambres après avoir été adopté (éventuellement sans vote) par le Conseil des ministres. Puis, le dimanche 10 ou le lundi 11 janvier, un remaniement. Des changements ciblés sont suggérés : Renzi comme ministre des Affaires étrangères et Luigi Di Maio au Viminale à la place de Luciana Lamorgese [ministre de l’Intérieur] (mais Di Maio rejette cette idée). Autres suggestions, Ettore Rosato à la Défense et Lorenzo Guerini à l'Intérieur ou encore, Andrea Orlando en tant que vice-premier ministre ou secrétaire d'Etat au plan de Relance et Maria Elena Boschi aux Infrastructures ou au sport. Sans crise ouverte, il semble complexe d'obtenir la démission des ministres. On en revient donc toujours à la démission de Conte, inévitablement. Malgré des sondages peu convaincants, la décision est principalement entre les mains de Renzi. C'est la guerre des nerfs mais si personne ne l'arrête, cela finira mal pour tout le monde. Zingaretti défend donc Conte, mais n’évoque pas les élections. Di Maio reste prudent, il estime que changer de président du Conseil est une folie, tout comme voter. Renzi dit, en fait, que même un "Conte ter" le convaincrait, mais sans plus. Et le président du Conseil ne semble pas non plus avoir complètement mis de côté le plan C, en cas d'échec du remaniement et de la crise pilotée : la même majorité mais sans Renzi, soutenu par quelques "responsables". Il en manquerait six, car trois ou quatre sénateurs d'Italia Viva semblent enclins à ne pas passer à l'opposition. Et dire que des mains ont été tendues : le quota d'investissements prévu dans le cadre du Recovery, par exemple, a augmenté. Et même sur le Mes, des signes laissent penser que l'exécutif pourrait en demander au moins une part, peut-être un tiers des 36 milliards. Mais le fond a une importance relative dans ce jeu. Au fond, la crise submerge l'exécutif juste au moment où la pandémie contraint la moitié de l'Europe à un confinement total ».
COULISSES, Fatto Quotidiano, G. Salvini, « ‘’Il s'est calmé ?’’, la terreur visible dans les échanges privés entre les renziens » : « "Que fait Matteo (Renzi) aujourd'hui ? Il est un peu plus tranquille ?". Dans les appels et messages des parlementaires d'Italia Viva on sent la terreur qui agite le parti de Renzi. La crainte est toujours la même : que Matteo aille jusqu'au bout, ne serait-ce que pour voir l'effet produit. Certains, comme cela se murmure du côté du sénateur Scandicci, estiment que "désormais Renzi ne peut plus voir Conte, et agit parfois de façon impulsive, sans savoir ce qu'il se passera après". Traduction : des élections, puis Renzi et Italia Viva qui disparaissent du Parlement. Mais surtout 48 députés et sénateurs non réélus. Il suffit que ce mot "élections" surgisse et les soldats de Renzi commencent à se raidir et à être plus aimables avec leurs collègues du PD et même du M5S. Si certains pensent que "Matteo finira par accepter le remaniement et la délégation aux services secrets", d'autres commencent à bouger, dans deux directions. D'abord avec leur chef lui demandant de bien réfléchir, puis de les protéger. Les renziens vivent donc au jour le jour : la négociation pour un Conte ter ou un mini-remaniement hier leur a donné de l'espoir, puis dans la soirée, nouvelle interrogation : ‘’A qui s'en prendra Matteo demain ?’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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