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23/09/2020

"Meloni récupère les électeurs perdus par Berlusconi."

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Italie. Revue de presse.

Le débat au sein de la coalition au lendemain des élections régionales, qui ont vu un renforcement du PD au détriment de son allié, le M5S, fait les gros titres des médias italiens. Les observateurs relèvent les revendications des démocrates voulant maintenant dicter l’agenda des réformes sur lesquelles les 5 Etoiles ont longtemps temporisé (décrets sécurité, utilisation du MES, le droit du sol, etc.). Entretemps, le Président du Conseil exclut un remaniement et ouvre aux demandes du PD de revoir les décrets de sécurité adoptés par le précédent gouvernement Ligue-M5S : « Gouvernement, le PD demande la relance » - ‘’Zingaretti : nous sommes le premier parti, maintenant les réformes et le MES. Conte exclut un remaniement’’ (Corriere della Sera), « M5S, le règlement de comptes » - ‘’Di Battista contre le leadership du Mouvement. Zingaretti ‘’maintenant les réformes et les décrets sécurité’’ (La Repubblica), « Conte fait virer le gouvernement à gauche » - ‘’Ouverture de Conte sur le droit du sol et sur les décrets sécurité. La défaite provoque la guerre au sein du M5S’’ (La Stampa), « Conte exclut un remaniement et se concentre sur la relance » (Sole 24 Ore), « Les électeurs ont choisi l’alliance M5S-PD » (Fatto Quotidiano) , « Le plan du M5S : se débarrasser de Raggi » - ‘’les 5 Etoiles proposent Zingaretti comme vice-président du Conseil et un candidat partagé pour la mairie de Rome’’ (Il Messaggero), « Conte se plie au PD et les 5 Etoiles implosent » (Il Giornale).

Politique intérieure/élections régionales et référendum sur la réduction du nombre des parlementaire

  • Le PD demande à influencer l’agenda politique :

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Perrone, « Zingaretti dicte son agenda ‘’et maintenant il faut plus d’esprit d’équipe’’ » : « Hier soir, Zingaretti avait demandé aux parlementaires et à ses collaborateurs de la ‘’sobriété’’, car ‘’les résultats sont parlants’’. En conférence de presse au siège du PD, il a proposé au gouvernement un ‘’un nouvel agenda’’ car ‘’c’est une nouvelle phase qui commence’’. Zingaretti a lancé un message précis à Conte : ‘’nous espérons que l’esprit d’équipe se renforcera’’ (même en vue de l’élection du Président de la République). Ce qui se traduit par éviter des sorties « solitaires » du Président du Conseil et privilégier les décisions collégiales. Le dirigeant du PD demande à ce qu’il y ait des ‘’modifications des décrets de sécurité dès le premier Conseil des ministres’’ car il faudra ensuite ‘’se concentrer sur le Recovery Fund’’, décider de comment dépenser l’argent communautaire, qui doit servir aussi à offrir ‘’un grand plan d’emploi pour les jeunes et les femmes’’. Sur le Recovery Fund, une ‘’collaboration avec les oppositions sera utile’’. Enfin, sur le MES (mécanisme européen de stabilité), Zingaretti demande à ce qu’il n’y ait pas d’ ‘’approches idéologiques’’, afin d’éviter l’opposition du M5S. Pour cette raison, il a demandé au ministre Speranza de ‘’présenter un grand plan pour la santé publique’’. Dans cette liste, le remaniement ne figure pas car ‘’c’est un point que le président du Conseil évaluera en toute indépendance ». Zingaretti demande à ce que s’ouvre ‘’une nouvelle phase 2’’ et propose aussi ‘’le dépassement du modèle du bicaméralisme parfait’’, pour contenter Italia Viva de Renzi et avoir en échange le feu vert à la réforme électorale ».

  • Un Mouvement 5 Etoiles déchiré qui chercherait un nouveau leadership :

ARTICLE, Corriere della Sera, A. Trocino « Le M5S organise son au congrès en pleine polémique. Di Battista déplore ‘’la pire des défaites’’» : « Il aura fallu 24 heures pour attendre le séisme inévitable qui devait frapper le M5S. C’est-à-dire le conflit entre Di Maio (qui tente de revenir à la direction) et Di Battista (qui cherche à rester dans le jeu). Entre les deux, R. Fico déplore une ‘’guerre entre bandes’’ afin de l’éviter. Di Maio continue de se présenter comme le leader de fait, s’attribuant la paternité de la victoire du oui au référendum et revendiquant la nécessité de bâtir des alliances. Di Battista entre lourdement dans le débat en critiquant ‘’un excès de jubilation face à la pire des défaites dans l’histoire du M5S’’ et en lançant une pique : ‘’nous avons fait l’expérience d’un leadership fort et nous avons vu les votes en notre faveur divisés par deux avec entretemps une défaite impressionnante aux élections européennes’’. Pour sa part, Fico déplore ‘’les personnalismes et les égoïsmes’’. Seule la mise en place rapide des « Etats généraux » semble faire consensus entre ces trois figures du parti. Entretemps, lCrimi ne cache pas son agacement d’être critiqué par tous et Casaleggio pourrait bientôt préparer une surprise, comme plusieurs le craignent ».

COULISSES, La Repubblica, T. Ciriaco « Conte craint maintenant les votes au Sénat et demande un peu de temps au PD » : « Avec un peu d’embarras, le président du Conseil demande au secrétaire du Parti démocrate d’avoir un peu de ‘’patience’’ jusqu’aux Etats généraux du M5S. Une crise politique est possible car le Mouvement 5 Etoiles est ‘’hors de contrôle’’. Au Sénat, le risque d’une scission pourrait attendre au tournant, car une dizaine de défections suffirait à être fatale. Conte admet qu’au Sénat, il n’y a pas de majorité « jaune-rouge » sûre permettant d’adopter le MES ou la réforme du droit du sol. Dans l’immédiat, le défi le moins compliqué serait celui de revoir les décrets de sécurité. Ce regain de réalisme au Palais Chigi s’explique par la gravité de l’implosion du M5S. L’adoption du MES n’est pas écartée mais juste reportée, permettant ainsi au M5S de calmer la guérilla interne, éviter des scissions immédiates et aller aux Etats généraux pour réparer les désastres électoraux de ces deux dernières années ».

ENTRETIEN, La Stampa, d’Alfonso Bonafede, ministre de la Justice et chef de la délégation M5S au gouvernement, « Il est urgent d’organiser les Etats Généraux du parti portant sur des valeurs et non sur des étiquettes » : « ″concentrons-nous sur le Plan de Relance, comme l’a dit le Premier ministre Conte. Pour le bâtir, nous mettrons en place un comité chargé de plancher sur l’annulation des arriérés, la digitalisation, les bâtiments judiciaires et pénitentiaires. Ces sujets seront ceux vers lesquels nous nous concentrerons″. Sur les ″décrets sécurité″, le ministre affirme : ″La majorité a déjà travaillé sur diverses améliorations et modifications en partant du périmètre indiqué par le président Mattarella″.

  • Le centre droit revoit sa stratégie :

ENTRETIEN Corriere della Sera, de Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue : « De mauvais choix de candidatures dans le Sud. Il faut des candidats provenant du monde des entreprises et des professions libérales » : « ‘’Au Sud, notamment dans les Pouilles et en Campanie, la proposition de candidats de la part du centre-droit n’a pas été à la hauteur. Aujourd’hui je réunirai les coordinateurs régionaux et nous réfléchirons ensemble sur les erreurs que nous avons faites et où. En Toscane, Susanna a fait une très belle campagne électorale, dans une région qui est un fief de la gauche depuis l’après-guerre : on est passé de 20 à 40% en 5 ans. La modération [que l’on me prête] pendant la campagne électorale s’explique par le fait qu’après le virus, les gens veulent voir des faits et peu de polémiques. L’impact des enquêtes en cours [sur les finances de la ligue, ndlr] ? Stop, je ne parlerai pas de cela, je respecte le travail des juges. Le bon score de Fratelli d’Italia ? S’il y a plus de voix pour notre coalition, c’est une bonne nouvelle. Si une équipe gagne, c’est toute l’équipe qui gagne. Sil elle perd, elle perd avec les choix de tous. En tout cas, je ne ferai pas de commentaire sur les erreurs des autres, encore moins sur celles de nos alliés. Conte doit nous écouter, il ne peut pas gouverner avec un parti qui s’évapore et contre une coalition qui a désormais 15 présidents régionaux sur 20’’ ».

ARTICLE, La Repubblica « La Vallée d’Aoste : la Ligue déstabilisée, l’alliance autonomistes-PD s’étoffe » : « La Ligue est le premier parti dans cette région mais cela ne lui suffira pas pour gouverner, le centre droit étant absent (tout comme le M5S). La ligue risque alors de passer à l’opposition car l’Union Valdotaine et les démocrates seraient prêts à s’allier. Du coup, dans la bataille des régions, la victoire finale de 4 contre 3 pourrait être remportée par le centre gauche ».

ENTRETIEN, La Stampa, de Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d’Italia« Fratelli d’Italia a fait sa part, alors que d’autres non. Il faut que le centre-droit joue plus collectivement » : « ″Nous sommes le seul parti qui monte partout par rapport aux européennes et aux dernières régionales.″ Sur le Plan de Relance : ″ Nous sommes toujours prêts à coopérer pour le bien du pays mais jusqu’à maintenant, le gouvernement n’a pas voulu travailler avec nous. La majorité actuelle ne voudra utiliser les fonds arrivant de Bruxelles que pour créer du consensus. De plus, ce Parlement est délégitimé et n’a pas la possibilité de faire les réformes constitutionnelles nécessaires, notamment sur la loi électorale. Je suis convaincue que les deux chambres devraient être dissoutes.″ »

ARTICLE, Il Giornale A. M. Greco « Berlusconi évalue la relance : ‘’le souverainisme n’a pas accompli l’exploit’’ » : « Depuis sa résidence milanaise, S. Berlusconi est encore en train de digérer les résultats des élections et ne fait pas de commentaire. Il a parlé avec tous les barons de Forza Italia par téléphone (Tajani, Giacomoni, G. Fontana et Gasparri) puis a félicité les nouveaux présidents régionaux de centre droit (Marches, Ligurie, Vénétie). Dans ce contexte difficile et dans la perspective de la réduction du nombre de parlementaires, Berlusconi montre la voie à ses hommes : il faut chercher l’intérêt du pays avant tout et le dialogue avec le gouvernement pour bâtir ensemble des projets pour le Recovery Plan et les réformes constitutionnelles ».

  • Analyses sur les élections

ARTICLE, La Stampa, A. Ghisleri, « La coalition PD-M5S à deux points du centre-droit. Meloni récupère les électeurs perdus par Berlusconi » : « La première donnée qui ressort nettement de ces élections est l’importance des ″indécis″, qui représentent 36,9% de l’électorat, surtout des jeunes et des retraités recherchant sans cesse de nouveaux repères dans le paysage politique. En ce qui concerne les partis du gouvernement, PD et M5S, ils sortent renforcés des élections en ayant obtenu des résultats qui se rapprochent de ceux du centre-droit : alors que la distance qui sépare les deux coalitions était de 6-7 % il y a quelques mois, elle se rapproche désormais des 2%. Le PD, particulièrement, a eu de belles performances dans toutes les régions, sauf en Vénétie. Forza Italia, le parti de Silvio Berlusconi, s’est lui montré très fragile. Le nombre de voix qu’il a perdues est presque équivalent à celles gagnées par Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni. La Ligue de Salvini s’érode de manière significative par rapport aux élections européennes de 2019, en perdant presque 2 millions de voix. »

ARTICLE, La Repubblica E. Lauria « L’effondrement des populistes qui perdent 3,2 millions de voix en un an » : « La perte brusque de confiance pour le M5S et la Ligue a marqué une tendance qui se manifestait déjà ses dernières années. Certains évoquent un « effet Covid » qui a fait passer à l’arrière-plan des sujets souvent exploités par la droite et qui ne marchent plus comme avant ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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