22/09/2020
"Salvini perd à nouveau et Meloni lui prend des voix."
Italie. Revue de presse.
Les résultats des élections régionales et du référendum sur la réduction du nombre de parlementaires font les gros titres des médias italiens. Dans l’ensemble, les observateurs relèvent un résultat qui « renforce » le gouvernement, le PD ayant tenu dans les régions-clé (Toscane et Pouilles) et la réforme constitutionnelle (fortement voulue par le M5S) ayant été approuvée par une large majorité d’électeurs (69,6%). Le dirigeant du PD, N. Zingaretti, est considéré comme le grand gagnant de ce scrutin, alors que l’image de M. Salvini semble se ternir : « Le vote donne de l’oxygène au gouvernement » (Corriere della Sera), « Aux régionales, le PD donne un coup de frein à Salvini » - ‘’Les démocrates gardent la Toscane, les Pouilles et la Campanie. Les Marches passent au centre-droit. Zingaretti demande maintenant la mobilisation du Mécanisme Européen de Stabilité’’ (La Repubblica), « Le « Oui » s’impose, le vote met le gouvernement à l’abri» - ‘’Bonne affluence malgré la Covid, la réduction du nombre de parlementaires l’emporte’’ (La Stampa), « La Toscane et les Pouilles gagnés par le PD, 3 partout, le « oui » l’emporte : le gouvernement et la majorité se renforcent » (Sole 24 Ore), « Le vote renforce le gouvernement » - ‘’Le match sur les régions se termine ex-aequo. Exploit de Zaia en Vénétie, crise à la Ligue’’ (Il Messaggero), « Le raz-de-marée De Luca, flop de la Ligue au Sud » (Il Mattino), « Oui, vous avez perdu » - ‘’Le Oui s’impose (70%), le gouvernement se renforce, Salvini et les vieux barons battus’’ (Fatto Quotidiano), « La tentative de faire tomber le gouvernement échoue » - ‘’Salvini n’accomplit pas d’exploit. Di Maio exulte sur le référendum mais sort mal en point des élections’’ (Il Giornale).
Politique intérieure/élections régionales (Toscane, Pouilles, Marches, Campanie et Vallée d’Aoste)
- Le PD et le gouvernement en sortent renforcés mais doivent s’attendre à de nouveaux défis :
ARTICLE, Sole, M. Perrone, « Pour Conte une coalition plus forte, mise à l’épreuve sans délai par le calendrier et le Mes » : « Du Palais Chigi transparaît uniquement la ‘’satisfaction’’ de Conte ‘’suite à des élections qui se sont déroulées correctement’’, ce qui n’apparaissait pas évident ‘’étant donné le contexte covid’’, mais ce sera à lui de se faire le garant des nouveaux équilibres avec la mise en œuvre du Recovery fund et une ‘’saison de réformes’’ » : « Derrière les formules d’usage, il est clair que le soulagement est grand au Palais Chigi. L’association entre le président du Conseil, le secrétaire général du PD Zingaretti et les membres du M5S convaincus de la pertinence de l’axe avec le PD - auquel s’est ajouté Di Maio, en qualité de metteur en scène d’une trêve entre courants du gouvernement- s’est révélée gagnante. Cela ne signifie pas que l’hypothèse d’un remaniement, dont Conte n’est pas friand, soit mise de côté. Mais, en conséquence de la pression exercée par les partis, il pourrait ne s’agir que de petites retouches. Par exemple, pour ‘’récompenser’’ les vainqueurs symboliques, Di Maio et Zingaretti, on pourrait réintroduire le rôle de vice-président du Conseil. Deux thèmes restent particulièrement épineux. D’abord, le MES. Hier, Zingaretti l’a souligné sur La7 : le PD demandera que ‘’le financement du MES pour la Santé soit inclus dans le paquet pour la relance’’. Le second est la sécurité, sur lequel le PD a demandé au M5S de respecter ses engagements et de modifier les décrets Salvini. Difficile à digérer pour les 5 étoiles, mais les dossiers qui devront être résolus sans que l’alibi des élections ne soit plus utilisable sont nombreux, par exemple le destin des banques Popolare de Bari et Mps, Autostrade, ex-Ilva. »
ARTICLE La Repubblica, G. Vitale « Zingaretti exulte, le PD est le premier parti : ‘’Mécanisme Européen de stabilité et décrets Salvini, il n’y a plus d’alibi’’ » : « Les démocrates conservent 3 régions sur 4. Hier soir, N. Zingaretti a rencontré D. Franceschini et P. Provenzano pour faire le point de la situation. Il est possible de revendiquer la victoire du « oui » au référendum, grâce auquel il est possible d’ouvrir ‘’le chantier des réformes’’ et surtout d’exprimer la grande ‘’satisfaction’’ pour un test électoral où personne ne pouvait prévoir un tel score. Toutes les régions ont été confirmées, à part celle des Marches à cause du M5S, qui n’a pas voulu d’alliance électorale pour ce scrutin. A partir de maintenant, ce sera le PD qui va rebattre les cartes : ‘’du MES aux décrets Salvini, nous devons accélérer car aujourd’hui nous sommes beaucoup plus forts’’ a déclaré le dirigeant Zingaretti devant la petite foule de parlementaires réunis au QG pour fêter les résultats. La ligne est tracée, les équilibres au sein de l’exécutif ont changé, le verdict des bureaux de vote a parlé et il est clair que les alliés devront en prendre acte. ‘’Le gouvernement va de l’avant s’il fait les choses, s’il transforme l’essai » est le nouveau mantra de Zingaretti. Ce dernier souligne qu’il ne faut pas « tomb[er] dans le piège du remaniement, ce sera le Président du Conseil qui en décidera le cas échéant. Restons plutôt concentrés sur les thématiques car nous devons bien dépenser les milliards du Recovery Fund’’».
- Un Mouvement 5 Etoiles en difficulté, qui peut juste revendiquer le succès du référendum :
COULISSES, Il Messaggero, E. Pucci, « Règlement de comptes au M5S : Casaleggio et Dibba battus, Di Maio veut prendre la tête du Mouvement » : « Di Maio s’adresse en tant que chef devant les caméras : ‘’Le « non » à la réduction du nombre de parlementaires devait nous porter un coup, à moi et au gouvernement. La victoire du « oui » appartient aux citoyens, c’est l’issue d’une bataille historique, cela ne serait jamais arrivé sans nous’’. Il appelle à un rassemblement des barons du M5S à Montecitorio. La ligne suivie est celle du renforcement de l’exécutif, tout en pressant Conte sur l’agenda, pour pousser sur le non au MES et s’organiser face à la demande du PD de remaniement. L’objectif est de renforcer l’axe avec les démocrates et d’engager un travail commun sur le Plan de relance. ‘’Je suis très fier du résultat du référendum. Les régionales en revanche auraient pu être organisées autrement, y compris au sein du Mouvement avec une autre stratégie. Que ceux qui ne sont pas d’accord se mettent en retrait d’eux-mêmes’’. D’ici quelques jours, la date des Etats généraux sera fixée. Le ministre des Affaires étrangères aspire à être le « primus inter pares », celui qui devra dialoguer avec Conte et Zingaretti. Mais la formation d’un comité élargi reste très risquée. L’accord déjà trouvé par les ténors du parti doit encore passer l’épreuve des députés et des sénateurs. La fébrilité actuelle est vouée à durer malgré la victoire au referendum. Si le conflit devait perdurer, les députés et sénateurs qui ont signé un manifeste pour « l’évolution » du Mouvement sont prêts à (…) former un réseau alternatif à celui de Casaleggio. Et transformer le M5S en un véritable parti, possédant son siège à Rome, des secrétaires régionaux et provinciaux. Quoiqu’il en soit, le but est d’éviter toute scission : ‘’ça suffit avec les fuites en avant et les attaques contre le Mouvement, il existe un groupe dirigeant qui décidera ensemble’’. Un affrontement se profile donc entre Di Maio e Dibba, Grillo soutenant le premier puisqu’il demande depuis longtemps que l’axe M5S-DP soit ressoudé. L’agenda politique – comme l’explique le 5 étoiles Silvestri – comprend la réduction des indemnités des parlementaires et la loi sur les conflits d’intérêt, en plus de la réforme électorale. Il est probable que le PD présentera l’addition à ses alliés ».
ENTRETIEN, Il Fatto Quotidiano, de Luigi di Maio, ancien dirigeant du Mouvement 5 Etoiles : « “ Le schéma tripolaire ne fonctionne pas, mais le gouvernement en sort renforcé” » : « Je vois la réponse au referendum comme une porte ouverte vers un nouveau départ. Nous pouvons désormais entamer une saison de réformes qui marquera les trois prochaines années de ce gouvernement. Et je ne pense pas seulement à la loi électorale et à la nécessité d’empêcher que les élus soient parachutés dans les partis. Je parle aussi de la réduction des salaires des parlementaires, en les indexant éventuellement sur leur présence effective, et de règles pour dissuader les changements d’affiliation. L’exécutif est plus fort. L’assaut de l’opposition sur le Recovery Fund a échoué. J’ai déjà proposé au PD des concertations en vue des élections municipales de 2021. N’oublions pas que là où nous formons une coalition nous obtenons souvent de meilleurs résultats dans les urnes. Je ne crois pas que le PD demandera un remaniement. Les Etats généraux du M5S ? Ce n’est pas à moi de les organiser, c’est à notre chef politique Vito Crimi de le faire. J’espère cependant qu’il le fera le plus tôt possible. Il faut un secrétaire commun, il y a beaucoup de problèmes à régler et à définir, la collégialité est donc nécessaire. »
ENTRETIEN, La Stampa, de Riccardo Fraccaro, secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil des ministres, « Maintenant s’ouvre une ère de réformes. Nous appuierons le vote préférentiel. Oui à la motion de censure constructive. » : « ″Ils ont raconté pendant des années que le M5S était le parti du Non, alors que grâce à nous le peuple italien a voté Oui. C’est la preuve que nous portons des projets pour construire et non pour défaire. Je suis par ailleurs heureux que la participation ait dépassé les 50%. Ceci montre que les italiens ont voulu s’exprimer malgré la peur du virus. Avec ce résultat s’ouvre une importante ère de réformes. Aux votants du Non, je dis que nous montrerons que cette réforme, loin d’affaiblir le Parlement, le renforce.″ »
- La Ligue, amoindrie après le test électoral, risque de se voir doublée par Fratelli d’Italia :
ARTICLE La Repubblica, E. Ferrara « En Toscane, Florence est un fief démocrate. Un effondrement des voix pour la Ligue » : « A Florence, le nouveau président de la Région Toscane, E. Giani, remporte une victoire écrasante sur son adversaire Ceccanti (60% contre 30%). Le PD atteint les 35% alors que la Ligue perd10 points de pourcentage par rapport aux élections européennes de 2019. Le score d’Italia Viva de Renzi est cependant assez décevant : 4,5% ».
ARTICLE La Repubblica, C. Lopapa « Salvini perd à nouveau et Meloni lui prend des voix. Le mécontentement au sein de la Ligue augmente » : « Le dirigeant de la Ligue se retrouve dans l’étau, entre la concurrence de Fratelli d’Italia et l’exploit impressionnant de la liste personnelle de Luca Zaia en Vénétie qui multiplie par trois le score par rapport à la liste officielle du « Carroccio ». Salvini avait répété dans tous ses meetings qu’il serait revenu en tant que Président du Conseil, or, il est le grand perdant de ce test électoral sur lequel il avait tout misé. Quand les journalistes l’interrogent sur la montée en puissance de Giorgia Meloni, il refroidit immédiatement les ambitions de son alliée : ‘’je n’ai pas de rivaux au sein de la coalition, ce sont les citoyens qui décident. Et puis la Ligue est le premier parti de droite dans toutes les régions intéressées par le vote’’ ».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Cremonesi « La Ligue recule et freine au Sud » : « Les scores importants en Vénétie et la brillante épreuve, même perdante, en Toscane n’arrivent pas à maintenir le moral au sein de la Ligue. Dans le Sud, le projet de parti national est stoppé brusquement : 5% en Campanie, 9% dans les Pouilles. Le vice-secrétaire de la Ligue, L. Fontana, reconnait que ‘’les attentes étaient différentes, je m’attendais à quelque chose de mieux’’. En Toscane, par rapport aux élections européennes de 2019, la Ligue a perdu 10 points. Même en Ligurie, la Ligue a connu une baisse de 4 points. Quant aux succès personnel du président de la Région Vénétie, L. Zaia peut en effet revendiquer un rôle et une vision dans le parti ».
- Forza Italia appelée à revoir sa stratégie :
ARTICLE, La Stampa, A. Di Matteo, « Le réveil brutal de Forza Italia : ″Ligne politique mauvaise, c’est la fin″ » : « Le parti est sous le choc après les résultats décevants aux élections régionales. Un membre du parti explique : ″les parlementaires demanderont à Berlusconi un changement net dans la ligne politique. Sinon je ne sais pas ce qu’il se passera″. De son côté, le chef de Forza Italia minimise : ″Le parti a tenu. Un sondage Tecné nous donne à 7,5% dans une coalition qui dépasse à peine les 50%. Nous sommes donc indispensables, et sans nous il n’y a pas de victoire possible.″ »
Référendum constitutionnel sur la réduction du nombre des parlementaires
ARTICLE, La Repubblica, E. Lauria « Le « Oui » l’emporte, 343 parlementaires disparaitront. Le « non » provient surtout des électeurs du PD » : « La réforme constitutionnelle l’emporte avec environ 70% des préférences de vote. C’est un raz-de-marée qui est constaté surtout dans les régions du Sud, notamment au Molise et en Calabre ou le taux arrive à 80%. En revanche, le « non » a été plus choisi dans les centres historiques des grandes métropoles. A la grande surprise, le « Oui » est arrivé à son score le plus bas en Vénétie, (59,5%). Ce sont des résultats qui ont plusieurs lectures. Il est vrai aussi que presque tous les dirigeants avaient exprimé leur choix pour le « oui », à part Berlusconi et Renzi. Et puis, des fissures ont pu être constatées à l’intérieur d’un bon nombre de partis ».
ARTICLE, La Repubblica « Collèges électoraux, loi électorale et élection du Président de la République : voici toutes les énigmes à résoudre après le oui à la réforme » : « La réforme s’appliquera aux prochaines élections, soit en 2023 sauf surprise. Il faudra néanmoins redessiner les collèges électoraux sur la base du nouveau nombre d’élus. Car, selon des experts, il y a un risque de sous-représentativité des régions moins peuplées (comme la Basilicate et l’Ombrie). La réforme n’implique pas automatiquement une modification du mode de scrutin. Une nouvelle proposition pour un système proportionnel avec seuil de barrage à 5%, soutenue par le PD et le M5S, est actuellement déposée à la Chambre. L’élection du nouveau Président de la République est prévue début 2022. Si la législature tient, ce seront 945 élus qui voteront. Mais si la législature devait se terminer avant, la parole irait alors aux 600 parlementaires. Il faudra toutefois réduire d’un tiers le nombre de délégués régionaux ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
"Frères d'Italie. Le seul parti qui croît dans toutes les régions."
12:58 | Lien permanent | Commentaires (0)
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