16/07/2020
"Autostrade, Conte fait plier les 5 Etoiles."
Italie. Revue de presse.
La décision du groupe Atlantia (famille Benetton) de céder sa part dans Autostrade per l’Italia (Aspi), évitant ainsi la révocation des concessions pour l’exploitation des autoroutes fait les gros titres des médias. Les observateurs relèvent l’entrée de l’Etat dans Autostrade par le biais de la Caisse de Dépôts et de Prêts (CDP). Les oppositions dénoncent, pour leur part, le ‘’cadeau’’ du Gouvernement au groupe Atlantia, qui évite la révocation des concessions et qui a vu son action grimper (+25%) à la Bourse de Milan : « Autostrade, le tournant et les doutes » - Benetton promet le pas en arrière, satisfaction de Conte, doutes de Di Maio’’ (Corriere della Sera), « Autostrade, le contrôle passe à la CDP » (La Repubblica), « Autostrade, De Micheli : ‘’aucune expropriation pour les Benetton’’ » (La Stampa, Sole 24 Ore), « Autostrade, Conte fait plier les 5 Etoiles » - ‘’ Conte satisfait, les « grillini » mécontents’’ (Il Messaggero, Il Mattino), « Pas d’expropriation » - ‘’L’Etat paiera cher les parts de Benetton’’ (Il Giornale).
ARTICLE, La Repubblica, G. Pons : « Autostrade, le contrôle passe à la CDP qui met quatre milliards » : « L’accord entre le gouvernement Conte et les dirigeants d’Autostrade per l’Italia (Aspi) et Atlantia est enfin conclu. Le gouvernement a donc rejeté l’idée de la révocation des concessions pour l’exploitation des autoroutes et a décidé d’accepter l'offre de dédommagement de 3,4 milliards pour l'effondrement du pont Morandi et la possibilité pour la CDP de devenir un actionnaire de référence. CDP, de propriété publique, aura 33% d'augmentation de capital et la famille Benetton a promis un pas en arrière et descendra au quota de 10 % dans Autostrade. L’accord prévoit aussi une réduction des péages autoroutiers de 5 %. Dans le plan élaboré par le gouvernement, il y aura 14,5 milliards d'investissements et 7 milliards pour l'entretien. La Bourse de Milan a bien accueilli cette décision et a vu les actions du groupe Atlantia grimper à + 25 % ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, L. Salvia, de Luigi Di Maio, ministre des Affaires étrangères : « Résultat très positif. J’exclus que le gouvernement puisse tomber. Maintenant il faut baisser les péages » : « Je suis très satisfait du résultat atteint sur l’accord Autostrade. L’Etat a fait l’Etat, il a travaillé pour défendre l’intérêt commun. Maintenant il faut baisser les tarifs autoroutiers et les péages, améliorer notre système d’infrastructures. Avoir menacé la révocation a permis sans doute d’obtenir dans la négociation les conditions pour atteindre le point final : exclure la famille Benetton d’Autostrade. J’exclus qu’un résultat satisfaisant, tel l’accord sur Autostrade, puisse être une raison pour faire tomber le gouvernement ».
ENTRETIEN, La Repubblica, d’Alfonso Bonafede, ministre de la Justice : « "Maintenant le gouvernement est plus uni, aucun remaniement n'est nécessaire" » : «" Les Italiens peuvent être fiers d'un gouvernement qui a atteint un résultat objectivement historique et tout le monde a compris que l'exécutif ne travaille que pour l'intérêt public. Notre but n'était pas la révocation mais plutôt d'amener la famille Benetton à accepter nos conditions. L’Etat entre dans Autostrade par le biais de la Caisse de Dépôts et de Prêts (CDP) qui deviendra l’actionnaire de référence. Nous transformons ainsi ASPI en une société publique avec l'État comme partenaire public important. Le gouvernement est uni et compact et a été capable de prendre des décisions très difficiles à un moment très délicat de la crise du coronavirus. Il est normal qu'il y ait des positions contradictoires et des divergences ; nous sommes unis et nous trouvons toujours une synthèse qui n'est jamais un compromis au rabais ‘’».
EDITORIAL, Corriere della Sera, M. Franco : « Le risque de statisme » : « La question est épineuse mais inévitable : c’est l’Etat ou le statisme qui l’a emporté ? Les réactions de triomphe des 5 Etoiles cachent l’insatisfaction pour le pourcentage de participation qui reste encore dans les mains de la famille Benetton et pour la révocation des concessions évitée sur laquelle ils comptaient. Le Président du Conseil a répondu en disant vouloir voir la substance et en qualifiant tout le reste de ‘’slogans’’, ce qui est un message adressé surtout à l’intérieur du M5S. Quant au ‘’tournant historique’’ évoqué par le Palais Chigi, il est facile d’y voir le soulagement d’avoir clôturé l’un des dossiers que le gouvernement laisse trainer depuis des mois. Reste à savoir s’il s’agit là d’une volonté systématique de récupérer les industries en perte, (une sorte d’assistanat destiné à se heurter aux règles européennes), ou d’une exception qui n’ouvrira pas les portes au statisme ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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