Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

05/05/2020

"Les villes se repeuplent mais sans chaos."

M5S.jpg

Ligue.jpg

FI-AN.jpg

Italie. Revue de presse.

La ''phase 2'', et notamment le bilan du premier jour de réouverture de l'Italie après un confinement de deux mois fait les gros titres des médias italiens : « L'Italie redémarre sans chaos » - " Circulation, bus à moitié vides, parcs ouverts. Les malades sous la barre des 10 000 '' (Corriere della Sera), « L'Italie en masque redémarre avec un peu de peur » (La Repubblica), « Phase 2, chaos sur les tests et l'application » (Sole 24 Ore), « L'Italie rouvre, peu de sanctions » - '' L'Intérieur choisit la souplesse dans les contrôles'' (Il Messaggero), « Virus, l'Italie rouvre doucement » - ''Les villes se repeuplent mais sans chaos'' (Il Mattino), « L'Italie rouvre sans chaos mais pas l'économie » (Il Giornale).

Les critiques du Pentagone sur les aides de la part de la Chine et de la Russie à l'Italie sont rapportées par le quotidien turinois « Conte : ''Je ne change pas de politique étrangère''» - ''Le Président du Conseil répond aux alarmes du Pentagone'' (La Stampa).

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Caccia : « Phase 2 : un début ordonné, les enfants dans les parcs et peu de queues » : « La phase 2 a commencée sans confusion, un peu plus de circulation dans les villes mais pas d'assaut sur les bus ni les trains. Presque 5 millions d'Italiens sont retournés au travail, les parcs ont été rouverts et les chiffres de la contagion et des malades ont descendu en dessous de 100 000. Le soulagement et la colère sont les deux côtés d'un nouveau début, les familles ont pu se promener et se rencontrer après deux mois. Mais il y a aussi la colère de tous ceux qui n'ont pas pu rouvrir : les bars, les restaurants, les coiffeurs, les établissements balnéaires, qui voient leur saison de travail encore loin et difficile, et toutes les activités qui sont encore en attente. Donc, les réactions de joie pour la reprise des activités se sont mêlées à l'inquiétude de tous ceux qui n'ont pas pu rouvrir et qui attendent le 18 mai ou le 1er juin pour voir si la contagion reste sous contrôle. Partout le silence est terminé, c'est l'euphorie du redémarrage et la circulation des voitures et quelques embouteillages ont fait comprendre que nous sommes un peu plus libres. Mais hier, la découverte la plus belle a été le sens de responsabilité montré par tous les citoyens qui ont eu beaucoup de patience, ont porté des masques et des gants et ont respecté, le maximum possible, les mesures de distanciation sociale et d'attention parce que le virus est encore là et il faut le craindre ».

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giovanni Rezza, Institut Supérieur de la Santé : « Nous prenons des risques et immédiatement les zones rouges si les cas augmentent » : « Nous devons considérer la phase 2 comme une expérimentation et la réouverture doit absolument être progressive. Notre préoccupation est de donner des règles pour la reprise de toutes les activités mais il faut faire attention aux mesures de distanciation sociale qui pourraient provoquer un retour au confinementLa crise sanitaire n'est pas du tout terminée et nous sommes toujours dans une situation sérieuse d'épidémie. Nous attendons ­ après deux mois d'un confinement très dur, pas comparable à celui de la France et de l'Espagne, beaucoup plus souples. ­Nous prenons nos risques mais nous sommes prêts à créer immédiatement d'autres zones rouges si la contagion et les cas devaient augmenter ». 

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Zatterin: « L’obligation d'agir vite » : « Si le décret d'avril devient le décret de mai, cela veut dire qu'il y a un problème. Mais, si finalement, le décret sera ‘'de juin'’, ça ne serait pas si surprenant. Il y a 55 milliards sur la table, la sagesse imposerait de les semer dans un terrain où puissent fleurir les emplois et non pas dans le marécage où les partis vont chercher les votes. Le virus a fait sauter toutes les contraintes budgétaires, le gouvernement s'est trouvé une dot digne des mille et une nuits. C'est une occasion d'or qui ne devrait pas être gâchée, car il n'y en aura pas d’autre. L'action du gouvernement devrait être un plan d’ensemble équilibré entre protection des travailleurs, soutien à la formation, mesures de garanties et de sûreté pour les entreprises. Ça ira, comme toujours. Mais le risque qu'on puisse revenir tellement en arrière, au point de n’être jamais allé de l'avant, semble une certitude plus qu'une interrogation légitime. »

RETROSCENA, Il Messaggero, A. Conti : « L’économie inquiète le Quirinal et l’hypothèse d’un gouvernement de cohésion ressurgit » : « Mattarella observe le coup d’envoi de la phase 2 : la crainte est que le retour des contagions ne freine le redémarrage économique. L’économie de l’après-virus doit ainsi saisir, selon Mattarella, les opportunités qu’offrent les moments de crise. L’actuelle majorité le saura-t-elle ? Cela demeure la principale inconnue. Il est difficile d’exclure apriori la composition de nouvelles majorités au Parlement. La crise économique qui est prévue en automne risque d’avoir des conséquences dévastatrices surtout dans les zones les plus frappées par le virus (Lombardie et Vénétie) et pourrait ainsi transformer cette cohésion nationale en une solution politiquement plus unie, en une majorité en mesure d’assimiler les préoccupations de Mattarella et de planifier une stratégie de développement innovant en mesure de remettre le pays debout. Si cela devait se concrétiser, le Président ne pourrait qu’en prendre acte. Et les élections anticipées, grande menace de cette législature, disparaitraient ». 

ARTICLE, La Stampa, F. Grignetti, I. Lombardo : « Bonafede (M5S) rattrapé par l'affaire Di Matteo. " Moi, lié aux chefs de la mafia ? Infamant " » : « Le ministre de la Justice Bonafede est plein d'amertume, vexé et préoccupé par les prochains développements. Il n'arrive pas du tout à comprendre l'attaque de Nino Di Matteo. Ce magistrat anti-mafia, icône du M5S, a frappé le ministre, en direct à la télé en quelques phrases critiques, déclarant qu'il avait été choisi par le ministre en tant que directeur des prisons ou des affaires criminelles au ministère mais que le ministre avait changé d'avis 24 heures après, selon lui en raison de pressions inavouables, à la suite des réactions de grands chefs mafieux. Bonafede s'est défendu des accusations du magistrat mais cette affaire risque d'être un grave scandale et d'embarrasser le Palais Chigi ». 

ENTRETIEN La Stampa, de Giuseppe Conte, Président du Conseil : « ‘’L’Italie ne change pas de politique étrangère, les alliés étaient au courant des aides russes’’ » : « Si l’entretien d’hier de Mark Esper était un avertissement à ne pas donner d’espace aux Russes et aux Chinois, notre gouvernement affronte cela avec un calme olympique. ‘’L’Italie, dans un moment de grande nécessité, a demandé et reçu de l’aide par plusieurs pays. Parmi ceux-là, il y a eu aussi la Chine et la Russie. Nous avons géré ces aides avec la plus grande transparence envers l’opinion publique et nos alliés. Ce que je peux dire est que parmi ces aides reçues, pour lesquelles nous avons remercié publiquement chacun, j’aime citer le mémorandum de soutien à l’Italie signé par le Président Trump à hauteur de 100 millions de dollars que Trump lui-même m’a nnoncé lors d’un entretien téléphonique particulièrement chaleureux. Je ne veux pas m’attarder sur la supposée géopolitique de l’aide et je peux confirmer que notre ligne en politique étrangère aujourd’hui est identique à celle d’hier’’. Mais l’entretien d’Esper n’était pas ambigu et deux messages sont passés : tout d’abord, l’administration américaine n’a pas apprécié la récupération en matière de propagande que les Russes ont fait de leur aide humanitaire en Italie. Sur ce point, il y a du nouveau : le 10 mai, sauf coups de théâtre, la mission russe quittera l’Italie. Deuxièmement, attention de ne pas sous-estimer l’enjeu stratégique du nouveau réseau de communication 5G, à ne pas confier aux sociétés chinoise comme Huawei ».

ENTRETIEN, Repubblica, de Lorenzo Guerini, ministre de la Défense : « L'UE et l'Otan sont nos piliers. Transparence sur l'origine du virus » : « '’La pandémie soulève aussi des thématiques géopolitiques. Le partage et la circulation des informations sont essentiels afin que le monde puisse réagir contre la pandémie. Nous dialoguons avec tout le monde, mais les piliers de notre sûreté sont l'Otan et l'Union européenne. Au cours de l'urgence sanitaire la communauté internationale (UE, Usa, Chine, Russie et d'autre pays) a aidé l'Italie mais cela ne change pas notre cadre de référence international. Nous remercions tous pour les aides, mais cela n'a rien à voir avec les piliers de notre positionnement. La défense de nos industries et de nos infrastructures est essentielle, c'est pourquoi le gouvernement a renforcé le golden power. Sur le 5G notre sûreté est plus importante que les critères économiques. L'Italie continuera de maintenir le contrôle de ses ports, qui sont stratégiques.’' »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Raffaele Volpi (Ligue), président de la Commission parlementaire pour la sécurité de la République (Copasir, qui assure le contrôle parlementaire des services de renseignement) : « ‘’L’Italie doit choisir, c’est le pacte avec les Etats-Unis qui est en jeu » : « ‘’Le gouvernement est en retard, il doit rapidement faire un choix stratégique de politique internationale. Nous ne pouvons pas compromettre nos relations avec les Américains. Il ne fait pas de doute que les Chinois et les Russes, surtout les Chinois, diffusent de fausses nouvelles et ils sont clairement en train d’exploiter cette crise pour tenter de s’emparer des avoirs stratégiques de chaque pays. Les Chinois font des affaires, pas la guerre, ils ont une stratégie précise. Sur les accords de ‘’la route de la Soie’’, selon certaines études, il semblerait que l’Italie donne plus qu’elle ne reçoit et cela aussi est un risque. Nous devons choisir de quel côté être, nous ne pouvons pas rester entre deux superpuissances. Il faut planifier une stratégie. Sur les préoccupations du Pentagone, je crois que cela doit être une préoccupation de toute l’Italie. Sur Huawei, le message américain est un conseil et nous, nous avons présenté un rapport très clair où nous disions de laisser tomber cette société. Nous ne pouvons pas révéler des données sensibles mais croyez le Copasir. Le rapport a été voté par tous les partis politiques. Le gouvernement a renforcé le Golden Power’’ »

COMMENTAIRE, La Stampa, G. Riotta « Si l’enjeu est l’Occident » : « Giuseppe Conte, même dans les jours compliqués de l’après-urgence du Covid-19, ferait bien à réfléchir sur le message politique formidable qui lui ont fait parvenir la Maison Blanche et le Pentagone. Les tons d’Esper sont déterminés par deux contextes différents : la rivalité croissante entre Washington et Pékin. La Chine, pour cacher, même en partie, sa débâcle initiale, a lancé une campagne humanitaire globale accompagnée d’une désinformation diffuse, irritant encore plus les Etats-Unis. Et Esper prévient l’Italie sur un deuxième enjeu, le 5G : si nous ne changeons pas de cap par rapport à celui malheureux de l’ancien exécutif M5S-Ligue, nous nous isolerons de nos alliés, du G7 à l’Otan, dans la défense et le commerce. C’est maintenant à Conte de prononcer le mot clé : l’Italie veut rester en Occident ou pas ? Les temps de l’équilibrisme entre le Conte I et le Conte II sont révolus et l’Italie doit réaffirmer, sans d’autres hésitations, vouloir rester parmi les démocraties que, à l’aube de la guerre froide, nos pères ont décidé de rejoindre ».

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « La droite se divise sur le problème de la Russie » : « Malgré la conviction de Conte sur la solidité de sa majorité, la Phase 2 représente une inconnue pour le gouvernement. A partir d’aujourd’hui la donne change. Le cadre économique se détériore avec des retombées sociales préoccupantes. Si la majorité ne se divise pas, c’est en raison de l’absence d’alternative possible. C’est la seule carte dont dispose le Président du Conseil mais ce n’est pas une assurance vie. Pendant des mois, avant la crise du Coronavirus, on se divisait entre ceux qui prônaient des élections anticipées et ceux qui s’y refusaient par crainte de remettre le pouvoir entre les mains de Salvini. Or, dans tous les sondages, le dirigeant de la Ligue perd des points, il semble avoir perdu de sa superbe et il est devancé par la popularité médiatique de l’homme du moment, le Vénitien Zaia. Certes, la Ligue a déçu son électorat du Nord et Berlusconi a regagné de l’espace au centre de la scène grâce à sa position européenne. Et puis il y a Giorgia Meloni avec sa popularité grandissante qui vient d’une approche vue comme concrète et non-idéologique avec laquelle elle affronte tout problème. Mais le rocher sur lequel Salvini peut échouer demeure celui des relations jamais éclaircies avec la Russie de Poutine. Sur cela, le secrétaire de la Ligue pourrait échouer de manière définitive. Les Etats-Unis ont confiance en Berlusconi et Meloni. Ils ont beaucoup moins de confiance en Salvini. Voici la contradiction de la droite ». 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.