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27/03/2020

"Salvini et Renzi au travail pour un gouvernement dirigé par Mario Draghi."

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Italie. Revue de presse.

Les médias italiens titrent aujourd’hui sur le Conseil européen d’hier. Les médias italiens soulignent les divisions au sein d’une Union européenne « incapable de décider alors que le virus se répand ». Les commentateurs critiquent la «mauvaise Europe » qui abandonne l’Italie à son sort et soulignent le rôle joué par G. Conte : «Bras-de-fer en Europe sur les aides » - " Rome et Madrid menacent de ne pas signer '' (Corriere della Sera),  « La mauvaise Europe » - "L'UE divisée reporte les décisions'' (La Repubblica), « L'UE se dispute » - ''Les entreprises demandent des fonds nationaux'' (La Stampa), « UE : menace de l'Italie puis l'accord » - ''Deux semaines pour trouver un accord'' (Sole 24 Ore), « Le virus se répand, l'Europe ne décide pas » - ''L'Italie menace de faire toute seule, les résistances des "faucons'' demeurent'' (Il Messaggero),  «L'UE en morceaux, l'Italie abandonnée » (Il Mattino),  « Appelez Draghi  » - '' L'UE ne décide pas et la politique italienne pense à Super Mario '' (Il Giornale), « Conte envoie paitre l'Europe » (Fatto Quotidiano).

Les JT ouvrent sur le Conseil européen et sur la hausse des cas positifs enregistrés hier malgré une accalmie, ces derniers jours.

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Iossa: « Le nombre de contaminés remonte. Le cas des chiffres de la Lombardie » : « Hier c'est la Lombardie qui a pesé le plus sur la remontée inattendue du pourcentage de croissance de la courbe de la contagion. Mercredi, elle était à 7,5 %, avec une réduction de moitié par rapport au 14,9% du 19 mars. Hier, elle est remontée aux valeurs du début de semaine : 8,3%. En Lombardie, les malades ont augmenté de 2 543 personnes en une seule journée, les décès ont été de 387 pour un total de 4 861. Dans toute l'Italie les nouveaux malades sont 4 492. Mais pourquoi la courbe remonte-t-elle dans la région qui est déjà la plus touchée ? '' L'accès aux urgences est stable par rapport aux jours précédents. Une explication pourrait venir de la croissance des tests effectués au cours de ces derniers jours » explique le conseiller régional à la Santé, Giulio Gallera. Il n'y a pas d'alarmisme, surtout si on regarde les chiffres des autres régions mais la situation de la Lombardie fait répéter au directeur adjoint de l'OMS Ranieri Guerra '' qu'il est impensable d'assouplir les mesures restrictives tant que la courbe ne sera pas drastiquement en baisse ''. Hier soir ont atterri à Bergame les premiers médecins qui ont répondu à l'appel du gouvernement pour créer une task force pour les régions les plus touchées. »

EDITORIAL, Repubblica, S. Folli : « Le scénario de Draghi et les jeux de palais » : « Comme souvent dans les moments historiques, tout va très vite. Conte, il y a quelques jours, souhaitait le MES, sans conditions drastiques, mais il le voulait. Hier, il a refusé les conclusions du Conseil européen qui ne prévoyaient pas une mise à jour du MES et a demandé avec l’Espagne “une série d’instruments innovants”, sans lesquels “nous nous débrouillerons seuls”, sans expliquer ce que cela signifie. Les choses se sont ensuite calmées mais le sommet a échoué. En d’autres termes, nous avons confirmation que l’Union européenne est au beau milieu d’une crise destructrice, tandis que Conte, à travers l’énième transformation, a été prompt à cueillir l’occasion de se montrer comme un protagoniste du défi aux nordiques. Une audace calculée, vu que l’Europe est divisée comme jamais sur la façon de faire face à l’urgence économique, comme l’est également la coalition PD-M5S-Leu sur le MES, avec les 5 étoiles et la gauche qui y sont opposés, et le PD qui est pour sur le papier. Tout change très vite. Le matin au Sénat, personne n’aurait misé sur une convergence gauche-droite : au lieu d’un gouvernement de santé publique, on arrivait au maximum à un mécanisme de consultation entre majorité et opposition. Et pourtant, le thème du jour était l’intervention de Draghi au FT. L’ex-président de la BCE y a lancé un avertissement sans précédent à l’Europe pour la sauver du précipice de la récession qui est en train de s’ouvrir sous ses pieds. Cette intervention de grand européen, et de fait très politique, a été commentée au Parlement de manière toute domestique : elle a été vue comme un signe que Draghi serait disponible pour remplacer Conte à la tête d’un gouvernement de solidarité nationale. Lecture légitime mais totalement erronée. Avant de parler à l’Italie, Draghi s’est adressé à l’Europe où ressortent les fermetures nationales, mais sans leadership adéquat. A. Merkel a perdu une grande partie de sa force. Quant au gouvernement d’unité nationale en Italie, s’il semble prématuré, il pourrait devenir inéluctable au cours des prochains mois. Un éventuel gouvernement Draghi devrait naître en dehors de toute négociation avec les partis, avec une autorité ou des marges de manœuvre sans précédent. Et avec un appui extraordinaire et permanent, en coulisses, du Président de la République, pour lui garantir l’autonomie et l’appui du Parlement. Une histoire futuriste pour le moment”.

RETROSCENA (coulisses), Il Messaggero A : Gentile « Salvini et Renzi au travail pour un gouvernement dirigé par Mario Draghi » : « A l’issue du débat au Sénat, Matteo Renzi réunit les siens et affirme ‘’A ce stade un gouvernement de reconstruction dirigé par Draghi est une hypothèse, une suggestion, mais il est clair que l’exécutif de Conte a dû mal à tenir debout…’’. L’intervention de Mario Draghi au FT a rencontré la faveur bipartisane de tous les partis à deux exceptions près : celle de G. Meloni de Fratelli d’Italia et du Mouvement 5 Etoiles. Ces derniers sont terrorisés à l’idée de devoir quitter le Palais Chigi [Palais du Premier ministre]. Au sein du Parti Démocrate, Franceschini avoue ‘’un gouvernement d’unité dirigé par Draghi et soutenu par la Ligue est une hypothèse inexistante’’. Il est clair qu’avec le désastre lié à l’épidémie, il n’y aura pas d’élections politiques avant 2023. Et la possibilité d’un passage de témoin Conte-Draghi est une hypothèse séduisante pour une grande partie du Parlement. C’est surtout la Ligue qui fait pression. Dans ce match, Salvini aurait comme allié non seulement Renzi mais aussi Di Maio. Pour le leader d’Italia Viva, Conte demeure un adversaire dans la conquête des voix modérées. Quant à Di Maio, il n’a jamais digéré le mariage avec le PD et imagine un avenir à côté de la Ligue. Et puis, ses relations avec Conte sont critiques. Il est vrai aussi que Draghi, avec son expérience et son autorité, est la personne idéale pour aller en guerre contre les pays du Nord de l’Europe qui sont opposés aux obligations communautaires et à l’utilisation du MES sans conditionnalités. Et puis pour lui il y aurait aussi une place prestigieuse : le Quirinal. Reste toutefois la grande popularité de Conte. Du coup, le drôle de duo Salvini-Renzi espère sur d’autres faux pas de ce dernier pouvant l’amoindrir ».

ENTRETIEN de Teresa Bellanova, ministre des Politiques agricoles, Repubblica : « Les récoltes sont en danger. La situation des travailleurs étrangers doit être légalisée immédiatement” » : « “Les baraquements des travailleurs étrangers qui font les récoltes doivent être nettoyées et ils doivent être régularisés. Il faut un décret urgent”. “Les récoltes sont par ailleurs en danger avec le manque d’employés étrangers, rentrés chez eux avec l’urgence coronavirus”. “Le choix de la Ministre Lamorgese (Intérieur) de prolonger les permis de séjour est un premier pas”. “Il y a des fonds pour le secteur agricole dans le décret “Pour soigner l’Italie” mais il faut des ressources supplémentaires”. “Italia viva pense que ce pays a besoin d’une classe dirigeante à la hauteur. Draghi a un regard à la portée lointaine, du courage et de la clarté’ ».

RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, I. Lombardo : « Le plan B de Conte passe par CDP» : « Giuseppe Conte a participé en vidéoconférence à la réunion d'hier à Bruxelles avec le poids d'un pays au bord du krach. La pression est très forte exactement comme les préoccupations de Mario Draghi, ancien numéro un de la BCE, et celles des entreprises. Il faut sauver rapidement l'Italie d'une crise économique sans précédent et il y a peu de temps pour le faire. Le président de la Confindustria Boccia a calculé que les pertes potentielles pourraient s’élever à 100 Mds par mois et a demandé une action sur les lignes de crédit à brève et longue échéance. C'est pour cette raison que Conte a été conseillé de ne pas s'arrêter sur la question des eurobonds qui pourrait demander des mois de travail. Il a donc menacé de faire tout seul et que le pays dépensera tout ce qui est nécessaire pour sortir de la crise avec l'aide de CDP (Caisse de Dépôts et Prêts) qui pourrait libérer les ressources de liquidité demandées en temps rapides, même s'il faut surmonter les résistances des fonctionnaires de la vieille garde du ministère de l'Economie ».  

ARTICLE, Repubblica, T. Ciriaco-A. D’Argenio : « Les négociations pour l’Eurobond n’aboutissent pas. Ultimatum à l’Union européenne de Rome, Paris et Madrid » : « G. Conte donne un ultimatum de dix jours à l’Europe et demande “une solution adaptée à la grave urgence que les pays sont en train de vivre”. Au cours de cette vidéoconférence, le président du Conseil italien est soutenu par Sanchez, Macron, et les leaders portugais, irlandais, luxembourgeois, belge, slovène et grec, pour demander la mise en place d’Eurobonds afin de réagir à la récession créée par le Covid-19. Sur l’autre front, soutenus par A. Merkel : l’autrichien Kurz, le hollandais Rutte et les autres faucons du Nord. Le sommet se termine sur un compromis : un plan européen arrivera dans deux semaines, en attendant c’est la lutte sur son contenu. Il est clair dès le matin que ce sera une journée de bataille, quand les ambassadeurs s’affronteront sur le projet de conclusions à mettre sur les tables des leaders : aucune référence à l’Eurobond, un report sans date précise, poussé par les nordiques. La discussion passe sur l’objectif le plus important : l’Eurobond, et Conte, Macron et Sanchez y mettent tout leur poids politique laissant à part le MES, qui servirait juste à faire tampon pour la crise. Les positions demeurent identiques des deux côtés et c’est mur contre mur. Aucun instrument précis ne sera finalement cité et les leaders se fient de C. Michel qui, avec von der Leyen, Sassoli, Lagarde et Centeno, portera dans quatorze jours un “plan européen pour la reprise”. On verra ce qu’il y a dedans. Et la bataille entretemps se poursuit ».

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo : « De Cuba à Moscou. À quoi visent les 'étranges' amis loués par Rome » : « Les médecins russes se sont installés à Bergame, d'autres personnels et d'autre matériel sanitaire arriveront de Moscou dans les prochains jours. De même pour la Chine qui en est déjà au troisième pont aérien avec l'Italie et en fera d'autres. On l'appelle la 'diplomatie des masques'. Josep Borrell l'a définie étant la diplomatie agressive de la solidarité. Et même si personne ne l'admet, elle a créé des incompréhensions entre le Palais Chigi [Premier ministre] et la Farnesina (Ministère des Affaires étrangères). L'espace laissé incontrôlé par Washington, occupé par des Pays désireux d'alimenter des divisions, de s'insinuer dans la crise des relations transatlantiques, a fini par créer un cas silencieux dans la politique intérieure : avons-nous laissé trop d'espace à Poutine qui a rebaptisé l'opération « De Russie avec amour » ? Et que dire de l'opération de la Croix-Rouge chinoise que les ministres des Affaires étrangères des deux pays ont revendiqué comme une opération qui renforce les relations, et qui permet à la Chine d'abord de donner, et puis de recommencer à vendre, du matériel sanitaire essentiel pour l'économie des pays de l'UE en crise pour l'urgence du coronavirus. Évidemment la Chine essaye de faire oublier le fait qu'elle est le pays d’origine de la pandémie. Une stratégie pour sauvegarder son image mais surtout pour affirmer son soft power. Il s'agit d'une action diplomatique forte et imprévue qui surprend un peu tout le monde, tandis qu'au cours de ces heures une centaine de médecins militaires russe sont employés dans les hôpitaux de Bergame et que des milliers de combinaisons chinoises sont distribués en Toscane et en Lombardie. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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