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14/02/2020

"Conte-Renzi, vents de crise."

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Italie. Revue de presse. 

Les tensions au sein de la majorité font les gros titres des médias transalpins. La presse relève les frictions entre le Président du Conseil G. Conte et le leader d’Italia Viva, M. Renzi. Les observateurs évoquent le « danger de la stratégie des ultimatums » pour la pérennité de l’exécutif : « Haute tension entre Renzi et Conte » - ‘’Dur échange d’accusations. Conte : je n’accepte pas de chantages’’ (Corriere della Sera), « Tout s’écroule » - ‘’Conte songe à remplacer Italia Viva par des parlementaires responsables venant de l’opposition’’ (La Repubblica), « Conte-Renzi, le gouvernement vacille » (La Stampa), « Renzi-Conte, défi sur la crise » (Il Messaggero), « Conte-Renzi, vents de crise » (Il Mattino), « Conte au terminus » (Il Giornale).

EDITORIAL, Stampa, M. Sorgi, « L’ancien président du Conseil ne s’arrête pas, mais les alliés relancent » : « Les parlementaires d’Italia Viva ont voté pour la troisième fois avec l’opposition sur la réforme de la justice. La réaction, au Conseil des ministres, a été l’accord à la décision de Conte sur la prescription, en l’absence - polémique – des ministres renziens, précédée de déclarations très dures de Conte et Zingaretti contre le leader d’Italia viva. La rupture de la majorité est évidente. Il faut voir ce qui se passera au Sénat lors du vote. Renzi est isolé mais le gouvernement n’a plus la majorité au Sénat. On pourrait croire que la situation est celle d’une pré-crise. Quoi qu’il en dise, Renzi semble avoir l’intention d’en ouvrir une, convaincu qu’avec le référendum constitutionnel sur la réduction du nombre de parlementaires fixé au 29 mars, il aura tout le temps de liquider le gouvernement Conte II et de former un nouveau gouvernement. Même les dirigeants du PD sont convaincus que le danger existe sérieusement : Zingaretti et Orlando ne cessent de dire que les élections seraient la seule voie possible en cas de chute du gouvernement, menace que Renzi considère nulle et non avenue car ni PD, ni 5 étoiles ne voudraient se retrouver avec une droite probable victorieuse. Conte assiste au bras de fer sans rien pouvoir faire, alors que sa tête est en jeu ».

COULISSES, Corriere della Sera, M. Guerzoni : « Le Président du Conseil appelle le Quirinal. En cas de crise pas d’élections avant l’automne » : « Les craintes du chef du gouvernement existent. Il admet qu’une ‘’question politique est désormais ouverte‘’ et que ‘’cette fois-ci la rupture est plus proche’’. Si le gouvernement Conte tombe, est-ce que Mattarella va dissoudre le Parlement ? Fin mars, il y a le référendum sur la réduction du nombre de parlementaires et des élections avant l’automne semblent impossibles. Conte semble avoir une certitude : ‘’ Je ne me ferais pas user, je ne l’ai pas permis à Salvini, je ne le permettrais pas à Renzi ‘’. Le président du Conseil est exaspéré et n’exclut pas d’avoir recours à un vote de confiance au Parlement.  Avec le soutien du PD, il essaye de sauver le gouvernement et Franceschini joue un rôle de négociateur. Au Sénat sans les représentants d’Italia Viva, le gouvernement n’a pas la majorité. »

COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « La réaction de Conte mais la crise est bien là » : « L’absence des deux représentants d’Italia Viva au conseil des ministres a représenté le gant du défi lancé par Renzi au gouvernement et à Conte. Le Président du Conseil, jusque-là silencieux, a montré son agacement, accusant Renzi de se comporter comme s’il était dans l’opposition. Il a appelé le chef de l’Etat pour lui faire part de sa volonté de voir si Renzi bluffait ou pas. Nul ne sait jusqu’où ira Renzi. Les deux chaises vides au conseil des ministres expriment à quel point nous nous retrouvons au sein d’une crise qui ne dit pas son nom. C’est une véritable guérilla qui sert à Renzi à créer une crise dans un moment du calendrier où il n’est pas possible d’aller aux élections anticipées. Il y a en effet le référendum constitutionnel de fin mars puis la délégation pour redessiner les collèges, nécessitant encore deux mois pour arriver à la fin de l’été. Bref, on parviendrait au « chef d’œuvre » de Renzi de sortir du gouvernement sans mettre fin à la législature. Les députés d’Italia Viva sont les premiers à ne pas vouloir les élections. Entretemps, le nom de Draghi est évoqué et cela n’est qu’une hypothèse ».

RETROSCENA (coulisses) Il Messaggero M. Conti « Un gouvernement accompagnant aux urnes, la ligne du Quirinal si tout devait sauter » : « En attendant que les événements se déroulent, le chef de l’Etat suit de loin les actions des partis. La préoccupation de Mattarella au sujet des frictions internes à la majorité est liée aux difficultés de faire naître un nouvel exécutif. D’où le fait qu’au Quirinal on aurait commencé à réfléchir sur une issue possible, permettant de réduire les délais de l’entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle réduisant le nombre de parlementaires. Il serait alors possible de créer un exécutif de quelques semaines, peut-être même dirigé par la ministre de l’Intérieur Luciana Lamorgese, pour redessiner les collèges électoraux. Il serait alors possible d’aller aux élections en été ou en septembre et permettre au nouvel exécutif d’adopter la loi de finances ».

ARTICLE, La Repubblica, A. Ziniti « Salvini, pour le procureur le classement de l’enquête est désormais impossible » : « Le Procureur de Catane Carmelo Zuccaro attend de recevoir les dossiers sur l’affaire Gregoretti avec une certitude. Malgré sa conviction sur ‘’l’inexistence du délit de séquestration de personne’’, il ne pourra pas demander le classement de l’enquête. C’est un paradoxe que ce procureur, qui n’a jamais caché qu’il partageait l’action de Salvini ‘’en défense des frontières italiennes’’ soit obligé de soutenir l’accusation contre l’ancien ministre de l’Intérieur. Après l’autorisation du Sénat, la Constitution l’oblige à demander au juge de fixer une première convocation. Salvini, qui espère encore pouvoir éviter le procès, devra jouer toutes ses cartes et demander éventuellement le procès abrégé et obtenir une remise de peine au cas où il devait être condamné. Entre temps, il devra se défendre d’une autre accusation, cette fois-ci liée à l’affaire du Navire Open Arms »

EDITORIAL, La Repubblica, E. Mauro : « La victimisation de l’homme fort dans le pays sans conscience » : « Dans l’effondrement subtil mais continu d’un pays qui s’éloigne progressivement d’un ensemble de valeurs, de principes, de règles et de mesures, un leader politique peut désormais attaquer un journal au Parlement, comme si c’était normal dans la situation démocratique déformée dans laquelle nous vivons. Matteo Salvini, engagé à défendre les « frontières d’Italie » a trouvé le temps d’attaquer La Repubblica au Sénat, cadre solennel dans lequel on devait donner le feu vert à son procès dans l’affaire des 131 migrants du navire Gregoretti. En homme d’Etat, il aurait dû se défendre, défendre ses idées et ses choix politiques, c’est ce qu’un leader sûr de lui fait. C’est exactement le contraire qui est arrivé. Nous avons assisté à la victimisation de l’homme fort, qui ne change jamais d’avis et, au contraire, se déclare prêt à répéter ses comportements mis en accusation. Ce sont les deux ingrédients fixes du populisme, qui, dans des moments de difficulté, demande aux émotions de corriger les situations défavorables, présentées comme des manipulations de la réalité. Habitué à demander un soutien quand il va à l’attaque, le leader populiste se réfugie dans la recherche du consensus compatissant quand il doit se protéger. Pour cela, il faut avoir des ennemis et non des adversaires politiques et ainsi le leader populiste montre son intolérance au contrôle démocratique des lois, de la magistrature, de la Cour Constitutionnelle, du parlement et même des instruments d’information. Voilà, l’attaque à La Repubblica c’est précisément cela. Bien sûr, les journaux se défendent tous seuls, avec leur histoire, leurs idées et leurs lecteurs mais le pays est en train de devenir insensible et inconscient comme si rien ne valait la peine ».

ENTRETIEN de Giancarlo Giorgetti, député et responsable des relations étrangères pour la Ligue, Corriere della Sera, A. Polito : « ‘’Nous resterons dans l’Euro. Collaborons sur les migrants, maintenant Bruxelles a compris ‘’ » : « Q : Salvini est inquiet de l’image internationale de la Ligue ? Veut-il la changer ? Est-ce la raison pour laquelle il vous en a chargé ?  : La politique étrangère ne peut pas s’improviser. Il faut être concret. Il m’a choisi car j’ai une image fiable. Nous ne voulons pas sortir de la zone euro mais il faut changer. Pour deux raisons : les traités ont été écrit à une époque géologique ; l’époque de Merkel est proche de sa conclusion. Comment peut-on concurrencer les colosses chinois avec les règles que nous avons sur les aides de l’État. Je suis le responsable des Affaires Etrangères de la Ligue. Si je dis que nous ne sortirons pas de l’euro, nous ne sortirons pas. Point. En Europe nous connaissions peu les Allemands mais aucun mariage n’est indissoluble. Nous devons être « comestible » ; je veux que l’Europe nous connaisse pour ce que nous sommes et non pas pour ce qu’on nous attribue. Mais la Russie est un pays important, tant pour le commerce que pour son poids stratégique. Nous avons toujours été pro-américains ; bien sur Trump fait l’intérêt des États-Unis. Je ne conteste pas la défense des intérêts nationaux mais nous voulons que les nôtres soient aussi sur la table de l’Europe. La Chine est tactiquement un partenaire de l’Italie mais stratégiquement un concurrent. Nous n’aurons jamais aucun doute entre la Chine et les Usa. Di Maio essaye d’œuvrer mais il n’a pas d’armes et la politique étrangère ne se fait pas avec de bons sentiments. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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