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13/02/2020

"Salvini : j’irai au procès mais le peuple me jugera et après je prendrai l’Italie."

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Italie. Revue de presse.

La décision du Sénat d’autoriser le procès de Matteo Salvini pour la séquestration des 131 migrants à bord du navire Gregoretti fait les gros titres des médias transalpins : « Procès Salvini, le oui l’emporte » - ‘’152 sénateurs favorables, les députés de la Ligue choisissent de quitter l’hémicycle pendant le scrutin’’ (Corriere della Sera), « Un juge pour Salvini » (La Repubblica), « Salvini : j’irai au procès mais le peuple me jugera et après je prendrai l’Italie » (La Stampa), « Salvini, les risques du procès » - ‘’La parole passe aux juges’’ (Il Messaggero), « Sénat, Salvini sera jugé » (Il Mattino).

Sur Twitter, le hashtag #Salviniaprocesso (en référence au vote au Sénat autorisant l’enquête sur M. Salvini pour séquestration) domine.

ARTICLE, Corriere della Sera, P. Di Caro : « 152 oui pour le procès contre Salvini. Tensions au Sénat, la Ligue sort » : « Cela s’est terminé comme tout le monde l’imaginait : le Sénat a confirmé la levée de l’immunité parlementaire de M. Salvini avec 152 voix contre 76, pour avoir pris en otage pendant trois jours, 131 migrants sauvés en Méditerranée sur le navire Gregoretti. La Ligue n’a pas participé au vote, même si Salvini avait dit qu’il aurait voulu affronter le procès ‘’ sans fuir ‘’ car ‘’ c’est tout le peuple italien qui y sera jugé ‘’. Il a accusé ses adversaires d’utiliser la magistrature parce qu’ils ne sont pas capables de le battre politiquement. Maintenant la parole passe aux magistrats, qui devront décider s’il faut juger ou non le chef de la Ligue. Ce sera un précédent important pour définir les limites dans lesquelles peut agir un Ministre dans l’exercice de ses fonctions. C’est une décision qui pèsera sur le futur du leader de la droite.»

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Salvini, plus rien ne sera comme avant » : « La journée d’hier met fin à une phase politique. Au-delà des aspects grotesques de l’affaire Gregoretti (le fait que les migrants à bord soient sur un navire militaire italien), le Parlement a décidé de faire juger l’ancien ministre de l’Intérieur et chef de l’opposition de la droite pour un délit grave : la séquestration de personne. Si Salvini devait être condamné, toute candidature serait empêchée en raison des effets de la loi Severino. Hier, les sénateurs 5 Etoiles, silencieux pendant les faits de 2019, ont voté tous ensemble pour l’autorisation, contre cet ancien ministre qu’ils soutenaient. On dira qu’aujourd’hui Salvini est plus fort auprès de son électorat et plus faible dans les palais du pouvoir. Cela devrait amener à une réflexion, que le leader de la Ligue pourrait faire, sur les choix faits jusqu’à présent, sur les erreurs faits, y compris l’éphémère alliance entre les deux populismes ».

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « vents de crise, le leader de la Ligue regarde maintenant Renzi » : « La journée d’hier peut être vue comme un arrêt pour Salvini. Mais de quel point de vue ? Sans doute pour son objectif de vouloir faire tomber le gouvernement. Un peu moins du point de vue du consensus électoral. La décision du Sénat affaiblit le projet de faire sauter la majorité. Seul Renzi pourrait le faire. Raison pour laquelle la Ligue a les yeux rivés sur lui (et l’intérêt semblerait partagé). Bref, Italia Viva pourrait donner au « Capitaine » ce que ce dernier n’a pas réussi à obtenir. Toutefois, les chemins des deux leaders se séparent sur un point : le premier veut les élections, l’autre pas. L’avantage de ce scrutin autorisant le procès redonne toutefois à Salvini un argument avec lequel s’adresser aux Italiens : la défense des frontières. Or, en cas de condamnation, la loi Severino pourrait le déchoir de son statut de sénateur et impliquer son inéligibilité. Ce serait alors un handicap pour Salvini et pour la Ligue qui devrait alors revoir son candidat au sommet des institutions ». 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, F. Sarzanini : « Acrobaties bipartisanes » : « Ce qui s’est passé hier au Sénat prouve encore une fois que les affaires judiciaires sont désormais devenues un instrument de bataille politique pour les ministres et les parlementaires. Cela n’a rien à voir avec la vérification des faits et la recherche de la vérité. Au cours des derniers mois, certains changements de position ont été embarrassants. Quand Salvini a été mis sous enquête pour séquestration de personne dans le cas du navire Diciotti, les ministres du gouvernement jaune-vert qui étaient en charge à l’époque, Luigi Di Maio et Danilo Toninelli, mais aussi le Président du Conseil Giuseppe Conte, s’auto-dénoncèrent afin de démontrer l’unité de l’équipe gouvernementale et que chaque choix avait été partagé. Avec le changement de majorité, le M5S a accusé Salvini d’avoir agi seul dans le cas de la Gregoretti. Le 20 janvier dernier, à une semaine des élections régionales, Salvini exhorta les parlementaires de la Ligue à voter en faveur de son procès. Il pensait probablement plus aux urnes qu’au débat parlementaire. Passées les régionales, il a changé d’avis et hier les sénateurs de la Ligue étaient absents au moment du vote. Dans quelques semaines, il y aura une autre occasion : Salvini fait l’objet d’accusations similaires dans le cas de la gestion du navire Open Arms et le Sénat devra se prononcer à nouveau. Qui sait si le spectacle qui a été mis en scène hier réussira à convaincre les politiques d’abandonner la propagande, pour qu’ils se concentrent sur l’examen des documents du procès. »

ARTICLE, Messaggero, M. Ajello, « ‘’J’amènerai Conte au tribunal ‘’ – Et l’offensive régionales démarre » : «’’Je n’ai absolument pas peur, je suis très tranquille. Je me sens libre de démontrer que je ne suis pas un criminel mais un patriote’’. C’est le rôle que jouera Matteo Salvini, avec le procès autour de l’Open Arms dans les semaines et les mois à venir, qui seront aussi ceux de la campagne électorale pour les régionales de mai. Même s’il y a un risque qu’il soit condamné, il joue le défi. Il est tenté de transformer en « super-show » le procès pour le Gregoretti. Il en a profité pour dire qu’il appréciait le soutien de Giorgia Meloni avec laquelle ‘’il n’y a aucune friction’’ ».

ARTICLE, Messaggero, M. Conti, « Le président du Conseil met les dossiers justice aux archives » - « Le PD avertit Italia Viva : ‘’s’il tombe, élections’’ » : « Ce soir en Conseil des ministres, on ne parlera pas de prescription. L’accord du nouveau procès pénal est également l’objet d’un équilibre précaire. Italia viva accepte la trêve pour le moment mais, une fois ratifié la coupe des parlementaires, devrait attaquer Conte ».

ENTRETIEN, Repubblica, de Maria Elena Boschi, cheffe de groupe d’Italia Viva à la Chambre : « Si le gouvernement devient justicialiste, nous ne pourrions l’accepter » : « La loi dite « Bonafede » reste en vigueur pour responsabilité explicite du PD. Entre une loi du PD et une M5S-Ligue, Zingaretti a décidé de rester avec les populistes. Pour moi, c’est une blessure mais je ne suis pas surprise. Ce PD est de plus en plus populiste. Nous ne voulons pas faire tomber le gouvernement, mais nous ne voulons pas non plus effacer la tradition juridique de ce pays. Nous voulons faire partie de ce gouvernement. Mais si Conte et le PD veulent nous en chasser, ils en seront responsables. Un axe Renzi-Salvini ? J’aimerais bien qu’on puisse discuter de faits et pas de conjectures : Renzi a voté pour que Salvini soit jugé. Ce sont plutôt les 5 Etoiles qui avaient, la fois dernière, voté contre’’ ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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