10/02/2020
"Les préoccupations de Salvini par rapport à la montée de Meloni."
Italie. Revue de presse.
ARTICLE La Repubblica, « Affaire Gregoretti, Salvini fait marche arrière, la Ligue désertera les votes au Sénat » : « L’avocate et sénatrice Giulia Bongiorno a réussi à convaincre tout le monde qu’un vote de la Ligue en faveur du procès pour séquestration serait une reconnaissance de responsabilité. Ainsi, Salvini a fait marche arrière et l’a fait savoir au chef de groupe de la Ligue au Sénat : les 60 sénateurs sortiront de l’hémicycle au moment du vote, laissant aux collègues du PD, d’Italia Viva, du M5S et de Leu la responsabilité du feu vert au procès. Dans la discussion qui s’ouvrira ce mercredi, Salvini prendra sans doute la parole. Il se défendra en tentant de démontrer l’implication du gouvernement et du Président du Conseil dans la décision de laisser au large les 131 migrants à bord du navire de la Garde côtière « Gregoretti ». En tout cas, Salvini sera jugé. Et le 27 février, la commission du Sénat devra se prononcer sur un fait analogue pour l’affaire Open Arms. Le cauchemar qui est en train de planer chez la Ligue est celui d’une série de condamnations pouvant faire déclencher le couperet de la loi Severino [l’inéligibilité, ndt.] sur le leader qui rêvait d’aller au Palais Chigi ».
ANALYSE La Repubblica I. Diamanti « La Ligue entre le Nord et le chef » : « En une dizaine d’année, la Ligue n’a pas seulement changé de leadership mais a également changé de stratégie et de message. Le « chef » a remplacé la référence au territoire. La Ligue se présente désormais comme un parti personnel : il a le visage et les mots de Salvini, qui retentissent sur tous les médias, des écrans aux réseaux sociaux. Mais même si elle s’est nationalisée, la Ligue a encore ses racines au Nord. Une autre chose a changé : son orientation politique. Elle est désormais nationale et de droite. Par ailleurs, le principal allié de Salvini en Europe est le Rassemblement National de Marine Le Pen. Il faut toutefois expliquer que Salvini récupère principalement les électeurs modérés de la droite. 37% des électeurs de la Ligue se placent au centre droit (sondage Demos de décembre 2019) et cela s’explique par le déclin de Berlusconi. La Ligue de Salvini a délaissé le territoire, la « Padanie » et a perdu ainsi l’identité. Le fédéralisme a été abandonné. Toutefois, Salvini a oublié que la « saison des chefs » a une durée limitée par rapport à l’histoire du territoire ».
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, A. La Mattina : « Les préoccupations de Salvini par rapport à la montée de Meloni : ‘’ Elle risque le syndrome Fini ‘’ » : « Depuis longtemps, Giorgia Meloni a compris qu’autour d’elle, l’opération ‘’ Fini en jupe ‘’ s’est mise en marche : être flattée par la télévision et la presse pour l’opposer à Salvini. La compétition pour le leadership est dans la nature de la politique et le leader de la Ligue voit le danger : ‘’ Le risque existe ‘’ a-t- il affirmé et il a ajouté avoir lu des entretiens dans l’Avvenire (quotidien proche des évêques et très critique à l’égard de l’ancien ministre de l’Intérieur) et dans certains journaux de gauche qui en font une femme d’Etat internationale. Salvini espère que le ‘’syndrome Fini‘’ n’atteindra pas Meloni et il met en évidence une série d’indices d’une évolution du leader de Fratelli d’Italia vers des formes excessives de compétition. Après les bons résultats de l’Emilie Romagne et de la Calabre, FdI veut atteindre, d’ici l’été, 15 % qu’AN (Alleanza Nazionale) avait en 1996. Salvini veut éviter l’affrontement frontal avec Meloni, il veut maintenir l’unité de la coalition et mise sur les voix modérées qui, jusqu’à ce moment, lui échappent dans les grandes villes. Le problème est que Meloni aussi va dans cette direction. Mais qu’est-ce qu’elle dit, Giorgia Meloni, du risque du ‘’syndrome Fini‘’ ? Elle a rassuré ses amis de la Ligue, en soulignant qu’elle ne se montera pas la tête, qu’elle ne fera pas la même erreur et tombera pas dans le piège. Elle a ajouté que Fini avait été manipulé par une certaine gauche sans le comprendre et que les femmes sont tout à fait différentes des hommes parce qu’elles ont les pieds sur terre ».
COMMENTAIRE, La Stampa, F. Perina : « Le défi inhabituel entre deux droites solides » : « La compétition entre Giorgia Meloni et Matteo Salvini est un inédit absolu dans l’histoire italienne qui n’a jamais eu deux droites assez solides pour rivaliser entre elles. Mais la considérer comme un duel pour remporter la primauté dans la coalition ce serait une erreur. Le véritable problème est tout autre et se réfère à la prochaine réforme proportionnelle dont une chose est parfaitement claire : quand on se présente aux élections seuls et on négocie les accords après le vote, il est possible (en fait c’est arrivé plusieurs fois) que le parti le plus petit gagne le poste de Premier ministre. La force électorale, dans le monde du système proportionnel, pèse. C’est l’origine de cet affrontement frontal et des craintes de Salvini : courir tout seul pour atteindre une majorité relative et devoir, après, laisser le gouvernement à quelqu’un d’autre. C’est le cauchemar de Salvini sans lequel il pourrait remporter une victoire totale au Nord en laissant le Sud à Meloni. Les alliances nécessaires du système majoritaire ont permis, jusqu’à maintenant, les accords mais, si l’on change de système, le vassal peut devenir souverain. Et c’est pour cette raison que le terrain de compétition entre les deux a soudainement changé et le défi entre Meloni et Salvini a maintenant pris des termes différents, en devenant un jeu d’intelligence qui les poussent vers un repositionnement au centre, pour récupérer les modérés. C’est un jeu que les deux doivent forcement jouer, même s’ils ne l’aiment pas ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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