03/02/2020
Umberto Bossi : "Salvini a tort, le nationalisme fera perdre la Ligue."
Italie. Revue de presse.
La réforme de la justice, et notamment les frictions entre le ministre de la justice Bonafede et le leader d’Italia Viva, M. Renzi, est également reportée : « Echanges durs entre Bonafede et Renzi sur la prescription » (Corriere della Sera), « Prescription, avis de crise » (La Repubblica), « Prescription, Renzi prêt à voter contre la réforme » (Il Messaggero), « Renzi fait le jeu de Salvini » (Il Fatto Quotidiano).
COMMENTAIRE, La Stampa, F. Geremicca : « Un effet Bonaccini sur le gouvernement » : « Après une semaine, la longue vague de la victoire de Bonaccini en Emilie Romagne continue de produire ses effets stabilisateurs. Même la première assemblée d’Italia Viva en a été la confirmation parce que Matteo Renzi, tout en soulignant son rejet de la réforme de la justice et de la prescription, avait quand même assuré, deux jours auparavant, son soutien total à l’action de gouvernement. Donc, on va de l’avant. La question est alors : commet et vers où ? Les indications restent, pour le moment, très vagues. Comme dans tous les moments difficiles, le contenu est remplacé par la forme et les manières par lesquelles on peut les réaliser. Nous assistons donc à beaucoup de déclarations sur la « saison des reformes », la « phase 2 », derrière lesquelles il est difficile d’entrevoir un parcours clair et partagé. D’ailleurs, si la victoire de Bonaccini a stabilisé le gouvernement, elle a en dans le même temps aggravé la crise du M5S, en créant une situation dans laquelle les deux partis de majorité, M5S et PD, affirment être à la veille d’une refondation. Situation pas vraiment idéale quand on est confrontés à des choix qui réclament des décisions rapides. Du point de vue de la cohésion politique, la majorité continue d’apparaître ébranlée et les choses pourraient se compliquer ultérieurement par rapport à l’évolution de la crise des Cinq Etoiles. La direction faible de Vito Crimi ne semble pas capable de proposer une ligne claire et partagée par les groupes parlementaires et si, pour la succession à Di Maio, un profil comme celui d’Alessandro Di Battista devait s’imposer, il est difficile de prévoir une amélioration de la situation. La victoire de Stefano Bonaccini a aidé mais n’a pas vraiment résolu les problèmes de Rome. Le gouvernement a seulement gagné du temps mais maintenant il doit décider quoi en faire. Avec les prochaines élections régionales et une situation pas facile, il n’y aura peut-être pas beaucoup d’occasions pour repartir. Pour cette raison, ne pas profiter de la nouvelle vie offerte au gouvernement par les électeurs de l’Emilie Romagne pourrait se révéler être une erreur irréparable ».
ARTICLE La Repubblica L. Milella « Renzi, avis de crise sur la prescription. Mur contre mur avec le M5S » : « Hier Matteo Renzi, en clôturant l’assemblée nationale de son nouveau parti Italia Viva, a lancé un appel au ministre de la Justice ‘’Que Bonafede s’arrête. Sans nous, il n’aura pas les voix nécessaires au Sénat’’. C’est alors Enrico Costa (Forza Italia) qui en profite pour s’allier à nouveau avec Italia Viva pour effacer la loi 5 Etoiles et mettre en crise la majorité. Le bras-de-fer Renzi-Bonafede éclate à nouveau, laissant entrevoir une crise pour le gouvernement Conte.
RETROSCENA La Repubblica, T. Ciriaco « Conte craint un plan d’Italia Viva pour le destituer » Giuseppe Conte commence à se poser des questions. Non pas parce qu’il craint vraiment que son gouvernement puisse tomber sur la justice. Mais c’est surtout cette parabole de Renzi, qui miserait sur une fusion avec Forza Italia, soit la décomposition et la recomposition du cadre politique. Une fois la fenêtre électorale printanière fermée, Renzi pourrait demander la tête de Conte pour avaler un autre exécutif. Du coup, le Palais Chigi étudie les contremesures : les ‘’responsables’’ de Carfagna, sortis de Forza Italia, pourraient alors remplacer les parlementaires d’Italia Viva. Mais c’est surtout la fronde interne au M5S qui préoccupe Conte. ‘’Je vois d’étranges mouvements’’ affirme Conte. Il n’a peut-être pas tort ».
RETROSCENA Il Messaggero M. Conti « Le décret ‘’mille prorogations’’ vers la motion de confiance et le PD aussi bloque Bonafede » : « Pour comprendre la situation au sein de la majorité, il suffit d’attendre la réunion d’aujourd’hui sur le décret ‘’mille prorogations’’. Le décret doit être converti en loi d’ici un mois. Or, le nombre d’amendements met en doute les délais à disposition. Le Président du Conseil ne veut pas intervenir sur le bras-de-fer Renzi-Bonafede, sachant que les voix à la Commission budget et affaires constitutionnelles permettront le rejet des amendements voire leur renvoi à la Chambre. Le fait que le Palais Chigi soit en train de songer à demander la motion de confiance sur le décret ‘’mille prorogation’’ en dit beaucoup sur les marges de médiations. Du coup, la motion de confiance pousse tous à renoncer à leurs propres amendements. Même celle d’Annibali (Italia Viva) sur la prescription. Reste toutefois en calendrier le décret de loi d’Enrico Costa (Forza Italia) qui propose d’effacer la réforme de la prescription et de revenir à l’ancienne réforme Orlando. Costa a demandé une votation secrète sur le texte. Du coup, cela pourrait fédérer une majorité parlementaire favorable à l’effacement de la réforme Bonafede ».
ENTRETIEN, La Repubblica, d’Umberto Bossi, fondateur de la Ligue du Nord « Salvini a tort, le nationalisme fera perdre la Ligue » : « ‘’Le problème de l’autonomie du Nord demeure ouvert plus que jamais. M’inscrire dans la nouvelle Ligue et avoir une carte nationaliste n’est pas fait pour moi. Plusieurs militants s’y opposeraient. Plusieurs sont partis, attiré par le Mouvement du Grand Nord de Romberto Bernardelli. Mais on peut encore inverser la tendance. Peut-être en changeant de leadership. Il y a une chose qui est claire : si tu transfères la Ligue au Sud, il est plus difficile ensuite de demander des voix à la Lombardie, à la Vénétie et à l’Emilie. Il faut du bon sens. Les gens se demandent : La ligue fait-elle encore les intérêts du Nord ? Environ la moitié des Italiens vit au-dessus du Pô. Si nous perdons ces voix, c’est la fin. Tes alliés te servent pour gouverner. Mais si tu choisis l’extrême droite, après il est difficile de trouver quelqu’un disposé à faire des accords avec toi. Et puis, laissez-moi vous rappeler que mon grand-père était socialiste et moi je suis et je reste antifasciste. Sur ce point, il faut être clair. C’est vrai, on m’a mis en marge du parti. Mais je peux et je veux revenir. Je me battrai. La base du Nord est en effervescence. Il faut que quelqu’un trouve le courage de lui donner de la voix, sinon beaucoup de gens quitteront la Ligue. Mais ils peuvent compter sur moi’’ ».
ARTICLE Corriere della Sera, P. Valentino « Avec ou sans Orban. Le dilemme du PPE qui craint de céder un as aux souverainistes » : « Aujourd’hui et demain à Bruxelles, les dirigeants du Parti populaire européen devraient décider le sort de Viktor Orban et de son parti, Fidesz. Pendant les mêmes heures, le Premier ministre hongrois arrive à Rome, où il y a beaucoup d’attente pour son intervention à la National Conservatism Conference, le sommet international de la droite conservatrice et nationaliste, qui sera ouvert par Giorgia Meloni et auquel participent Matteo Salvini et Marion Maréchal Le Pen. Le PPE reste divisé sur le choix de faire rester le parti hongrois dans la famille européenne ou s’il doit l’expulser. Pendant des années les politiques autoritaires d’Orban ont été tolérées. Les populaires ont toujours choisi la voie du dialogue avec le hongrois en essayant de couvrir les différences internes. La ligne de désaccord passe grosso modo sur l’axe Nord-Sud, avec les partis des démocraties du Nord Europe décidés à se débarrasser d’une présence aussi encombrante. À Rome, demain au déjeuner, Orban verra aussi Silvio Berlusconi. Lequel devrait lui renouveler l’invitation à lancer des signaux apaisants à l’adresse du PPE »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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