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27/01/2020

"L’Emilie impose un ‘’stop’’ à Salvini."

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Italie. Revue de presse.

Les résultats des élections régionales en Emilie-Romagne et en Calabre – font les gros titres des médias italiens. La presse écrite évoque notamment la « défaite » de M. Salvini (Ligue), ce dernier ayant voulu donner à ce test électoral en Emilie-Romagne une valeur décisive pour le sort du gouvernement, ainsi que l’effondrement du M5S. Selon les observateurs, le gouvernement Conte II est maintenant « plus soudé » (Corriere) malgré les « ombres » (Repubblica) d’un M5S amoindri: « Bonaccini gagne, le PD freine Salvini » - ‘’Grande affluence, le gouvernement va de l’avant’’ (Corriere della Sera), « La première défaite de Salvini » - ‘’Zingaretti : un grand merci aux ‘’Sardines’’ ‘’ (La Repubblica), « Emilie, Bonaccini bat la Ligue » - ‘’Conte mise sur une alliance PD-M5S plus stable’’ (La Stampa), « L’Emilie impose un ‘’stop’’ à Salvini » - ‘’Bonaccini gagne ; Calabre, Santelli (FI) s’impose’’ (Il Messaggero), « Emilie, Bonaccini freine Salvini » (Il Mattino), « L’Emilie reste ‘’rouge’’ » - ‘’Bonaccini en tête, les ‘’grillini’’ en forte baisse, les Sardines exultent’’ (Il Resto del Carlino).

EDITORIAL, Repubblica, S. Folli, « Mais le gouvernement souffrira encore » : « Ce matin personne ne sonnera à l’interphone du Quirinal pour réclamer des élections anticipées. Qui a fait cette promesse, dans le centre droit mené par Salvini, a fait preuve d’une certaine arrogance. Ce vote donne certaines leçons impossibles à ignorer, pour les deux pôles.  Deux pôles car le M5S a été réduit à une entité sans importance par les élections en Emilie-Romagne, ce qui, à Rome, fait s’ouvrir une phase d’interrogation : la dissolution du ‘’grillisme’’ (à 33% des élections législatives il y a moins de deux ans) peut-elle advenir sans répercussions sur le gouvernement ? Avec le M5S pratiquement réduit à néant dans le pays, mais encore important au Parlement, que compte faire le PD ? Le parti de Zingaretti est désormais en mesure d’absorber une partie considérable du Mouvement. Mais ce serait étrange si cela devait se produire à travers des concessions progressifs sur le programme et donc, en définitive, sur le profil réformiste d’une force qui aspire à revenir à plus de 20% de manière stable. Sur la justice (la réforme de la prescription) que feront les Démocrates ? Cèderont-ils au M5S ? Tous unis dans le désir de faire durer la législature. Le protagoniste numéro un de cet après-élections est cependant Salvini : il a fait peur à ses adversaires, qui ont su se mobiliser, et il a appris à ses dépens la leçon de Machiavel : se moquer ou blesser ses adversaires sans avoir la force de les dépasser expose celui qui les défie à d’amères conséquences.  Son insuccès confirme l’urgence pour Salvini de changer son message médiatique et sa manière d’envisager la politique. Surtout si, en l’absence d’élections législatives à court terme, nous aurons le nouveau système électoral proportionnel. Un modèle qui change les règles et affaiblit le leadership salvinien sur Berlusconi ou Meloni».

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco, « La partie qui s’ouvre maintenant » : « L’Emilie Romagne a  repoussé l’attaque de Matteo Salvini contre le gouvernement. La gauche a perdu en Calabre mais a remporté le défi le plus difficile, tandis que le M5S s’est effondré. La ‘’défaite’’ du leader de la Ligue est très lourde, après deux ans de triomphes, d’autant plus que c’est lui qui a voulu donner à ce test électoral régional une valeur décisive pour le sort du gouvernement. Ces élections, qui se transformaient en un référendum sur l’exécutif, n’ont pas permis à Salvini de reconquérir le pouvoir. Les résultats ont été légitimés par une participation populaire très élevée et les analyses expliqueront si tous ces électeurs ont été convaincus par la campagne électorale exagérée de Salvini ou plutôt par la mobilisation des jeunes ‘’ Sardines ‘’ de Mattia Santori, avec leur alerte contre la stratégie de la Ligue. Le résultat est de toute façon positif et a été plus notable qu’en Calabre, où il y a eu la victoire nette du centre droit de Berlusconi et où la sensation la plus forte est que la région a été ignorée au niveau national. Et Salvini même, obsédé par la perspective de s’emparer de la forteresse historique de la gauche au Nord, a traité les élections en Calabre comme une affaire secondaire. A l’arrière-plan, la place de la Ligue en Europe reste à décider parce que, pour aller au Palais Chigi, la droite d’aujourd’hui a besoin d’un fort soutien continental. Et, pour le moment, uniquement Berlusconi avec le PPE et Giorgia Meloni avec les Conservateurs ont ce soutien. Salvini sera sans doute obligé de revoir non seulement sa stratégie italienne mais aussi ses alliances ‘’souverainistes’’ imprésentables au sein des chancelleries européennes et le faire après ce vote n’augmentera pas son pouvoir ».

EDITORIAL La Stampa M. Sorgi « Un succès construit sans les partis » : « La victoire de Bonaccini et du centre gauche en Emilie-Romagne représente de l’oxygène pour le gouvernement, qui a maintenant plus d’arguments pour résister. Quant au président de la région, reconfirmé, il a eu le mérite d’avoir gardé les partis qui le soutenaient, à commencer par le PD, loin de sa campagne électorale et de se faire entourer par des listes civiques. Il a eu le mérite d’avoir renforcé, d’une part le PD, qui n’aurait pas survécu à la défaite, ainsi que le chancelant exécutif national guidé par Conte. Ce qui n’est pas peu. La défaite de Salvini n’est pas un bon signal pour le ‘’Capitaine’’, qui s’était investi entièrement dans cette campagne d’Emilie-Romagne. L’objectif qu’il s’était fixé était ambitieux, peut-être trop. La faiblesse de la candidate Borgonzoni explique cette défaite mais Salvini ne s’est pas aperçu qu’il a exagéré, en attirant en permanence l’attention sur lui. Il a fini par mobiliser une partie de l’opinion publique qui était contre lui, la renforçant ainsi jour après jour. Salvini devra maintenant réfléchir sur la concurrence pressante de Meloni (FdI) au sein de sa coalition et de l’effondrement de Berlusconi en Emilie-Romagne. Mais le fera-t-il, maintenant qu’une autre saison s’ouvre, avec le Sénat qui accélérera pour autoriser son procès pour séquestration des migrants du navire « Gregoretti » ? Le gouvernement tiendra. Même si sa majorité reste chancelante, le risque d’élections anticipées s’éloigne ».

ARTICLE La Stampa I. Lombardo « Conte mise sur l’alliance stable entre le PD et le M5S » : « Le Mouvement 5 Etoiles liquéfié dans la région qui était devenu le dernier rempart dans la défense contre la Ligue est également le signe d’une tendance qui, selon Conte, devrait être ‘’irréversible’’. Une polarisation aussi extrême devrait pousser à des choix à compter des prochaines élections. Les résultats du M5S en Emilie-Romagne et en Calabre sont la preuve, selon le Président du Conseil, que le projet d’une ‘’alliance organique’’ doit être poursuivi, comme le souhaite la direction du PD mais aussi une grande partie, de plus en plus grandissante, du M5S. ‘’Nous devons accélérer’’, assure Conte et confirmer l’agenda jusqu’en 2023. Les premiers chantiers qui devront être ouverts sont la réforme fiscale, la débureaucratisation et le green new deal. Mais il faudra avant tout surmonter les premiers écueils de la majorité : la réforme de la justice, la révocation d’Autostrade et la réforme du revenu d’impôt en faveur des classes moins privilégiées. Renzi est sur sa position ; le PD et le M5S sur une autre. Conte souhaiterait fixer une rencontre avec les Sardines : ‘’ce résultat, c’est aussi grâce à eux’’ ».

COULISSES, Il Messaggero, M. Conti : « Conte se sent plus fort : je serai le médiateur entre Pd et M5S » : « ‘’Le résultat de l’Émilie-Romagne ne change pas l’agenda du gouvernement ‘’. Giuseppe Conte l’a souvent dit et il le répète encore. Le dire maintenant, avec un grand sourire, donne le sentiment du péril échappé mais aussi de la volonté d’éviter que la partie gagnante de la majorité, Pd et Italia viva, puisse se faire maintenant la part du lion. Le fait que la course de son ancien vice-président se soit arrêtée enlève la sensation de siège qui a été vécue au Palais Chigi depuis le début du Conte 2. Maintenant que le centre droit pourrait avoir ses problèmes et l’avancée de Salvini montre ses limites, semblables à celles de Marine Le Pen en France, Conte se prépare à ouvrir la ‘’vérification’’ de gouvernement qu’il a annoncé plusieurs fois et qui devrait représenter un rendez-vous décisif, et en même temps très délicat, pour mener à bien la législature. À cette table arrivera un Pd considérablement renforcé par le résultat électoral et qui doit se confronter avec le mouvement des Sardines. Du côté des vainqueurs, il y a aussi Matteo Renzi et son Italia Viva qui a peut-être contribué à recueillir le vote modéré de ceux qui se sont sentis effrayés par Salvini. L’inconnue plus compliquée s’appelle M5S. Le Mouvement traverse sa phase la plus difficile depuis qu’il existe. Il est aussi probable que l’opposition résiduelle à une loi électorale proportionnelle puisse finir sous les décombres du vote d’hier, mais pour Conte il est important de construire, d’ici 2023, une action de gouvernement capable de bloquer le centre droit à traction de Salvini. »

ARTICLE, La Stampa F. Capurso « Le retour du bipolarisme qui risque de rendre les 5 Etoiles insignifiants » : « Les résultats du Mouvement en Emilie-Romagne, là où Grillo avait préparé son ‘’Woodstock 5 Etoiles’’ en 2010, sont préoccupants : 3,8%. En Calabre les choses vont un peu mieux : 7,2%. Mais c’est surtout la polarisation de l’électorat en Italie qui fait peur. Les ténors du Mouvement craignent maintenant des répercussions sur le gouvernement et sur les équilibres internes avec le PD. Les Etats généraux sont désormais la dernière chance. Maintenant, Di Maio sent la pression de ses adversaires internes, le poussant (avec Conte) à ouvrir un dialogue intense avec le PD et à entrer de manière stable dans une alliance structurelle pouvant freiner la poussée du centre droit ».

ARTICLE, Repubblica, B. Giovara : « Bibbiano, saucissons et interphones. Le pari perdu du souverainiste » : « Que n’a pas fait Matteo Salvini pour tenter de gagner ces élections régionales ? Soixante jours vécus dangereusement, à faire des allers-retours le long de l’autoroute, des routes nationales et des petites routes, en couvrant toutes les provinces, avec la ténacité d’un missionnaire et le métier d’un démarcheur à domicile. Il faut lui reconnaître qu’il a travaillé comme une mule, talonné par le gouverneur sortant Bonaccini, qui, à un certain moment, a commencé lui aussi à fixer huit, neuf, dix rendez-vous par jour. Partout il a été contesté, la dernière fois au marché de Bologne. Il avait défié la ville le 14 novembre au Paladozza, avec cinq mille personnes. Mais Piazza Maggiore, il y avait la surprise des Sardines qui étaient douze mille. »

ARTICLE La Stampa, F. Schianchi, « Le pari gagnant des Sardines : ‘’la grande affluence c’est aussi grâce à nous’’ » : « ‘’Quel que soit le résultat, notre victoire est d’avoir réussi à pousser les gens à voter’’. Avant même les résultats, ce taux de participation de 67,7% est une victoire pour les fondateurs du mouvement des Sardines. Le but était de sensibiliser les habitants de leur région, de les pousser à voter puisque la fois précédente le taux de participation avait été de 37%. Les quatre fondateurs se sont réunis avec leurs amis et leurs parents pour suivre les résultats. Le soir, l’annonce arrive par les réseaux sociaux ‘’pour nous stop aux télévisions et aux journaux, il est temps de tirer les rideaux’’. La prochaine étape est déjà fixée : à mi-mars à Scampia (Naples). Ce ne sera pas un congrès, mais ce sera l’occasion de se donner une structure plus organisée, pour écrire un document programmatique qui soit clair ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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