24/12/2019
"Les "faux-amis" du PD et M5S finissent l’année comme ils le peuvent."
Italie. Revue de presse.
L’adoption hier de la loi de finances fait les Unes de la presse et l’ouverture des journaux télévisés. Les commentateurs relèvent que le budget a été adopté par la chambre des députés avec 334 votes (232 votes contre et 7 abstentions) et notent que 4 députés M5S et 3 députés d’Italia Viva se sont abstenus : « La loi de finances a été adoptée ‘’ » (La Stampa), « Loi de finances adoptée, vote de confiance à la Chambre » (Il Fatto Quotidiano), « Loi de finances, la réduction des impôts reportée » (Il Messaggero), « Feu vert pour la loi de finances, 47 milliards à désamorcer » (Sole 24 Ore).
ENTRETIEN de Giuseppe Conte, président du Conseil, Il Messaggero : « ‘’ Autoroutes, révocation à décider ‘’ » : « La révocation des concessions autoroutières est à décider, par le décret « Milleproroghe », nous devions intervenir pour un système plus transparent et pour retirer des privilèges. Les changements ne seront pas faits pour frapper les sociétés de gestion mais pour adopter les mêmes règles pour tout le monde et pour souligner le droit commun des contrats publics. La solution ne sera pas du tout punitive et nous déciderons en janvier. La loi de finances a été adoptée, nous avons pu « stériliser » les clauses de sauvegarde de la TVA et nous sommes satisfaits, cette loi est sérieuse et responsable. L’année prochaine, nous ferons encore mieux. Le gouvernement doit travailler pour une réforme des impôts, en considérant toutes les priorités pour pouvoir réduire les impôts des citoyens. En janvier, il y aura une discussion entre les forces politiques de la majorité pour discuter des objectifs prioritaires de l’agenda du gouvernement. En ce qui concerne l’affaire ILVA de Tarente, nous avons trouvé un accord pour avoir davantage de temps pour mettre en place un plan industriel, dans lequel on prévoit une participation publique. Pour le réseau 5G, l’Italie a déjà des instruments règlementaires qui nous donnent le pouvoir de protéger la sécurité nationale et ne pas accorder les autorisations qui peuvent la mettre en danger. Il faudra travailler pour maintenir les engagements pris au Parlement envers les citoyens, nous avons un programme précis et un agenda articulé qui nous aident à identifier les priorités. J’ai été heureux que Zingaretti m’ait présenté comme un point de référence des forces progressistes, j’ai beaucoup travaillé à l’élaboration des points programmatiques de cet exécutif, qui est en accord à ma vision réformatrice du pays. Le reste ne compte pas. Parler d’un groupe à mon nom au Parlement me paraît négatif et n’est d’aucune aide pour consolider l’unité de la majorité. A propos du vote du 20 janvier sur Salvini et l’affaire du navire Gregoretti, je me prononcerai en temps voulu, mais le Secrétariat de Palais Chigi s’est déjà exprimé, en soulignant que cette question n’a jamais été discutée lors du Conseil des ministres. En ce qui concerne Rome, nous reviendrons bientôt sur le sujet avec les partis de la majorité. Rome a besoin d’une loi ad hoc, parce que la Capitale ne peut pas avoir un statut ordinaire ».
ENTRETIEN de Roberto Gualtieri (Parti Démocrate), Ministre de l’Économie, La Repubblica, F. Manacorda, R. Petrini : « ‘’Assez de tabous. L’État actionnaire fait du bien au marché ‘’ : « La logique de marché et l’action de l’État peuvent parfaitement coexister, précisément parce qu’il existe les failles de marché dans lesquelles l’État peut et doit intervenir. Nous sommes dans l’Union bancaire et il y a une vigilance commune européenne. J’ai beaucoup de confiance dans le travail de Bankitalia. Nous interviendrons dans un secteur stratégique pour l’industrie italienne comme celui de l’acier pour soutenir une transition écologique et énergétique de l’Ilva. Sur Alitalia, l’objectif est de relancer la compagnie dans le cadre d’une solution de marché et d’une discussion avec les opérateurs internationaux. Il est évident que nous devons rester dans le cadre des règles européennes. Même à Bruxelles, il y a un intérêt croissant sur le rôle des politiques publiques. L’État et le marché peuvent coexister pour mieux faire fonctionner le marché. Il faut une nouvelle politique industrielle pour faire face aux défis de l’innovation continue. Le public ne peut pas seulement faire les règles, il doit aussi agir. Les contraintes des finances publiques nous rendent attentifs et prudents dans nos choix d’interventions. Luciana Lamorgese est en train de faire un grand travail au Ministère de l’Intérieur, si on le compare avec les alarmes anxiogènes sur les flux migratoires et les soi-disant problèmes d’ordre public lancés par celui qui occupait sa place avant. Nous avons hérité d’un système de concessions des autoroutes qui est déséquilibré, qui donnait des privilèges à certains et pas à d’autres, cela n’est plus soutenable. Nous souhaiter arriver à 60% de personnes qui travaillent, en incluant en particulier les femmes. En Janvier nous ferons un décret pour la première tranche de réduction des impôts, il y aura une réduction pour tous ce qui gagnent jusqu’à 26 mille euros ‘’ ».
ANALYSE, Il Foglio, C. Cerasa : « Comment combattre l’Italie à deux vitesses » : « Il y a une Italie qui monte, et c’est celle que l’on ne voit pas, et il y a une Italie qui descend, et c’est celle que l’on voit le plus. « L’année très belle » qui va se terminer pourrait se résumer par deux images du monde économique qui, l’une à côté de l’autre, nous indiquent clairement où les problèmes et les opportunités se cachent dans notre pays. La première est celle qui se réfère aux problèmes et qui dérive d’une phrase très significative prononcée hier par Ignazio Visco, président de la Banque d’Italie, qui a souligné une donnée souvent sous-estimée : La confiance est mesurée, aujourd’hui, par le spread et il est absurde que l’Italie ait un spread qui est le double par rapport à l’Espagne et au Portugal, même s’il est passé de 257 en 2018 à 167 en 2019. Cela signifie que, même si le pays n’est plus perçu comme « anti-européen », il est quand même toujours perçu comme un danger pour l’Europe. Mais si notre regard s’éloigne un peu de la politique et se rapproche du tissu économique et productif, les choses changent. La Bourse italienne a été, en 2019, la meilleure en Europe, la balance commerciale, selon les données d l’ISTAT, est forte, les exportations italiennes aussi, les banques les plus importantes aussi, surtout quand elles sont capables d’accepter les défis de la mondialisation, notre position financière à l’étranger est en parité. Un gouvernement désireux de rapprocher les deux vitesses du pays devrait choisir de quel côté rester, et rester du côté de l’Italie qui parie sur la concurrence, sur la productivité, sur le développement industriel et qui s’ouvre et court, plutôt que l’inverse ».
ENTRETIEN de Paola De Micheli (Parti Démocrate), Ministre des Infrastructures, Corriere della Sera : « ‘’ Nous ne ferons pas d’expropriations prolétaires, mais les règles doivent être les mêmes pour tout le monde ‘’ » : « Nous n’avons aucune intention de faire des expropriations, ni des vengeances pour les concessions des autoroutes mais nous voulons que les règles soient les mêmes pour tout le monde, c’est normal dans une démocratie libérale. Il y a des concessions qui sont plus avantageuses que d’autres et en janvier, après une évaluation attentive de tous les différents aspects, nous serons en mesure de prendre une décision sur la révocation. Le gouvernement doit avoir le droit de réviser tout ce qui est arrivé en quinze ans de concessions ‘’ ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, M. Giannini : « Maintenant le Pays mérite une alliance forte » : « C’est déjà un demi-miracle qu’un gouvernement qui est né en course, et qui est mal né, mange le panettone sans avoir causé de dégâts au pays. Un gouvernement entre deux forces politiques fatiguées et aigries, qui se sont unies pour éviter les élections anticipées et le probable triomphe de l’ultra droite de Salvini. Les ‘faux-amis’ du Pd et M5S finissent l’année comme ils le peuvent. Ils devaient oser plus. Mais pour l’instant il était important franchir la ligne d’arrivée de cette phase. Ils savent que de cette façon il est impossible de continuer. Entre des fumeuses réunions nocturnes et des marathons exténuants en Conseil des Ministres. La sensation est que l’année qui commence ne sera pas non plus très belle. Si nous ne changeons pas de cap, la croissance sera de 0.6%. Si nous ne changeons pas de stratégie la dette publique rejoindra 2.500 milliards. L’Italie mérite mieux. M5S et PD doivent se donner une mission : transformer la coalition en alliance, et le contrat en politique. Au moment de la reprise, avec le vote en Émilie-Romagne, on comprendra tout de suite s’ils s’en sortiront ou si au contraire s’ouvrira la crise. Et qu’ils cherchent une nouvelle mer où naviguer aussi avec les ‘sardines’. Ainsi, nous aurons peut-être un 2020 décent. Cela serait suffisant ».
ENTRETIEN de Luigi Di Maio (M5S), Ministre des Affaires Etrangères, La Stampa, F. Bei : « ‘’ Aucune alternative pour Autostrade. Il faut révoquer la concession » : « ‘’ Comment voulez-vous que ça se termine ? Nous avons 43 victimes, des familles qui pleurent encore, des enquêtes et des expertises qui nous disent qu’Autostrade n’a pas fait de maintenance même s’ils connaissent les risques. Il me semble évident que la seule solution est la révocation. Le gouvernement est uni et si quelqu’un n’est pas d’accord je suis curieux d’en connaitre les raisons. Tous nos prochains pas iront dans la direction d’une ultérieure réduction des impôts, au bénéfice des petites et moyennes entreprises. L’Italie a toujours été au côté de la Libye et pour l’Italie la solution à la crise libyenne ne peut qu’être politique et non militaire. L’Union Européenne doit se montrer unie, c’est pour cela que je travaille à une mission européenne en Libye. L’Italie doit récupérer son rôle naturel de Pays de référence en Méditerranée et elle doit le faire en dialoguant avec tout le monde. La Turquie est un membre de l’Otan et un partenaire clé. Entre alliés, on doit se parler franchement comme nous l’avons fait pour la Syrie. J’ai parlé à Pompeo et nous avons partagé nos préoccupations. Sur le 5G, la sécurité de nos infrastructures stratégiques est prioritaire pour nous ‘’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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