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20/12/2019

"La Ligue annonce l’arrivée de 7 sénateurs du M5S."

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Italie. Revue de presse.

La politique intérieure fait les gros titres des médias transalpins. La presse relève notamment l’annonce du passage de 7 sénateurs du M5S au groupe de la Ligue, pouvant potentiellement mettre en difficulté le gouvernement : « Zingaretti : si le gouvernement tombe, élections anticipées » - ‘’Le secrétaire du PD prévient ses alliés’’ (Corriere della Sera), « ‘’Plus jamais en boîte’’ » - ‘’Lettre des 4 fondateurs du mouvement des « Sardines »’’ (La Repubblica), « Tentative de crise au Sénat » - ‘’La Ligue annonce l’arrivée de 7 sénateurs du M5S’’ (Il Messaggero, Il Mattino).

L’enquête sur M. Salvini pour séquestration (dans l’affaire Gregoretti) et abus de pouvoir en relation à l’affaire du navire Gregoretti, l’attentat à Moscou et le coup de filet contre la mafia calabraise font l’ouverture des journaux télévisés.

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Nicola Zingaretti, secrétaire du Parti démocrate : « ‘’Nous voulons aller de l’avant mais si le gouvernement tombe, élections anticipées » : « Les élections anticipées seront inévitables si ce gouvernement, que nous avons heureusement fait naitre, devait tomber. Je suis sûr qu’il y a toutes les conditions pour aller de l’avant. Mais il faut une volonté politique commune. La première mission est accomplie : nous avons évité la hausse des impôts et la banqueroute, nous avons permis l’adoption d’une bonne loi de finances. Maintenant il faut définir les priorités, un plan d’action concerté et de longue haleine. La priorité est de faire redémarrer l’économie, l’engagement à mettre au centre de nos préoccupations, l’emploi et la justice sociale et environnementale. Un rendez-vous qui a été fixé par Conte en janvier. Italia Viva (de Renzi) doit décider s’il veut rester ou non dans le camp progressiste. Quant à Conte, je savais qu’il faisait partie de la famille démocratique, bien entendu avec son originalité et autonomie, ce qui est une richesse. Il faut maintenant se concentrer sur les prochaines élections régionales en Emilie-Romagne et en Calabre. Chez les 5 Etoiles, c’est une confrontation qui est en cours et il faut la respecter. Une partie est persuadée de la nécessité d’une relation loyale avec la gauche, en partant de Grillo, me semble-t-il, qui ne tolère pas l’arrogance de Salvini. Conte s’est illustré comme un bon chef de gouvernement, il a de l’autorité, il est cultivé et aussi tactiquement rapide. L’avenir dépendra des choix que chacun d’entre nous fera dans les prochains mois. Quant à la réforme électorale, nous sommes partis pour un système majoritaire mais il peut y avoir une confrontation sur un système proportionnel « non pur » pouvant garantir la simplification et l’ambition au bipolarisme ».

ARTICLE Corriere della Sera P. Di Caro « Berlusconi ouvre à un gouvernement technique ‘’Draghi serait un bon Président du Conseil’’ » : « A l’occasion de la 26e présentation du livre de Bruno Vespa, Silvio Berlusconi a salué un possible ‘’gouvernement technique’’ dirigé par Mario Draghi. ‘’J’accepterais un gouvernement technique avec Draghi, qui pourrait être un Président du Conseil compétent en mesure d’intervenir sur les urgences de l’Italie’’. Par conséquence, c’est un ‘’oui’’ convaincu à l’hypothèse soulevée par Salvini. Un allié qu’il pique ‘’je n’ai pas l’impression qu’il a les idées claires sur le système électoral. Moi je suis en revanche favorable pour garder l’actuel système car le système proportionnel nous conduirait à « l’ingouvernabilité ». Et au sujet des élections ‘’il serait bien d’aller voter d’ici 6 mois’’ car ‘’beaucoup de parlementaires de Forza Italia ont voté pour le référendum contre la coupe des parlementaires’’ »

ANALYSE, Il Foglio, C. Cerasa : « ‘’ Nous avons un peu exagéré ‘’.  Des gilets jaunes aux Sardines : Grillo aligné contre le ‘’ grillismo ‘’ est le spectacle le plus beau de 2019 » : « L’année qui va se terminer – ‘’ 2019, l’année très belle ‘’, comme le président du Conseil Conte l’avait définie, oubliant de préciser que 2019 aurait été une année très belle surement pour lui et un peu moins pour le reste des Italiens – s’en va en emportant une quantité infinie d’images significatives. Choisir les plus importantes n’est pas un exercice facile. On pourrait en choisir deux, très fortes, de deux mouvements dans les rues : d’un côté, les gilets jaunes, de l’autre les Sardines. Heureusement, les gilets jaunes ne sont pas un phénomène né en Italie, même si les électeurs italiens les ont presque envoyés directement au gouvernement. Mais ces images sont représentatives de l’évolution de la politique italienne, en considérant ce que Beppe Grillo a dit aux sardines il y a deux jours. Il y a un an, le mouvement de Grillo, arrivé premier aux élections politiques de 2018, était partisans d’un mouvement violent qui utilisait les rues pour détruire les villes françaises et tenter d’assommer le Président Macron. Un an après, le parti fondé par Grillo est dans une autre dimension, au gouvernement avec le PD, et Grillo a peut-être découvert que sa présence sur la scène politique peut avoir un sens seulement à condition de nier tout ce que le ‘’ grillisme ‘’ a fait et a été jusqu’à présent. Grillo a identifié comme points forts des Sardines toutes les caractéristiques qui les rendent différentes du M5S. « C’est vrai, par le passé le M5S a-t-il un peu exagéré, mais maintenant il a changé ». Ceci est sans doute le spectacle le plus intéressant qui illustre non seulement le roman de la formation du populisme italien mais aussi celle de la conversion du fondateur du Mouvement ».

LETTRE des quatre fondateurs du mouvement des Sardines, La Repubblica : « ‘’ Nous, les Sardines, et la liberté de ne pas faire un parti ’’ » : « ‘ Cher directeur, le 14 novembre nous étions quatre jeunes de 30 ans, comme beaucoup d’autres jeunes, et nous étions, à la veille de notre première manifestation à Bologne, en train de continuer dans nos activités habituelles. Après quelques heures, la Place Maggiore de Bologne aurait été envahie par les Sardines, aucun de nous ne l’aurait imaginé, mais le mouvement était déjà un phénomène médiatique international.  Nous avions déchaîné un tsunami sans le savoir.  Les journalistes ont commencé à nous suivre et nous étions même embêtés, en considérant que la rue n’a pas besoin de héros. Trois jours après, à Modène, il y avait douze caméras, à Rome, un mois après, une centaine.  Nous sommes une révolution pacifique, notre force a été celle de lier le virtuel au réel, de favoriser un phénomène social formé par de vraies personnes. Notre but est de préserver et de protéger le dialogue qui nous a permis de vivre et de partager ces semaines. Les Sardines n’existent pas, n’ont jamais existé, elles auraient pu être des saumons ou des bouquetins, elles ont été seulement un prétexte parce que la cocotte-minute aller exploser et nous lui avons simplement donné la possibilité de faire sortir la vapeur. Nous ne voulons pas faire un parti, donner un cadre à notre mouvement serait comme mettre des frontières à la mer. La seule certitude que nous avons est que nous avons été allongés trop longtemps et que maintenant nous avons besoin de nager ‘’».

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Matteo Salvini, secrétaire de la Ligue : « ‘’Le procès ? J’ai des millions d’Italiens avec moi. Di Maio et Conte ont perdu leur honneur’’ » : « ‘’J’ai de la peine quand les personnes perdent leur honneur. Di Maio ? Je crois que toute sa dignité il l’a mise dans le décret de 2018. En ce moment je suis en train de voir le double visage de Conte et Di Maio. S’ils pensent que je suis un délinquant et que je mérite 15 ans de prison... mais je les attends au tournant. Sur le décret sécurité. Le Parlement avait enlevé les conditions atténuantes pour la ‘’légèreté du fait’’ en cas d’agression contre un agent public. On me dit que maintenant ils veulent la réintroduire. Mais s’ils tentent de redonner de l’espace aux malfaiteurs ou aux violents, à ce moment-là le pays réagira. La décision des 5 Etoiles de voter pour autoriser l’enquête contre moi ? C’est irréel. Je serais presque curieux d’aller au barreau, même si mes avocats me suggèrent le contraire. Di Maio a changé d’avis sur mes procès comme sur tant d’autres choses. Est-il normal de gaspiller de l’argent parce que j’ai défendu les frontières ? Je serais pire qu’un violeur : pour ce délit il est prévu 12 ans de prison, pour la séquestration c’est 15 ans. Au terme de ces 5 jours de séquestration présumée, nous avons obtenu le partage des immigrants dans 5 pays européens. Et si les Italiens le veulent, je le referai. A moins de bizarreries de la loi Severino [loi déterminant l’inéligibilité d’un candidat en cas de condamnation, ndt.]. Avec le congrès de demain, la Ligue devient un unique acteur national et en 2020 il y aura les élections. Nous sommes encore un parti de participation où le peuple compte, alors que le M5S se fie au click de Rousseau et le PD évapore’’ ».

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Salvini imite Trump, mais il risque davantage » : « Salvini comme Trump ? C’est le leader de la Ligue qui le suggère lui-même. On ne peut pas nier qu’une certaine analogie existe. Sur le fond, les accusations ne sont pas comparables mais les aspects politiques sont plus intéressants. Les accusations au président américain sont fortes, graves, mais ce sont seulement les démocrates qui les soutiennent. Les accusations contre l’ancien ministre de l’Intérieur ne devraient être prises à la légère, par rapport au grand spectacle politique-judiciaire aux Etats-Unis. Et Trump pourrait bénéficier d’un ‘’impeachment ‘’ tenté mais pas réussi, qui serait le symbole de la faiblesse des démocrates. Mais en Italie les choses sont différentes, quelqu’un peut arriver à penser qu’une autorisation de poursuites contre Salvini pour la séquestration du navire Gregoretti pourrait lui donner la possibilité de remporter les élections régionales en Emilie-Romagne et en Calabre, c’est-à-dire un mini Trump qui profite d’un but contre son camp de ses adversaires. Il est possible que cela arrive, mais pour le moment l’affaire du navire semble être surtout un  règlement de comptes entre la Ligue et le M5S. Il est rare d’assister à un exercice si banal de petit cynisme, une realpolitik en version ‘’ discount ‘’. La vérité est plus simple : Di Maio tente de se sauver et d’éviter que le leader de la Ligue ne démonte son mouvement. Le navire Gregoretti est l’instrument de duel entre un M5S en déclin une Ligue qui dispose toujours d’une majorité relative dans le pays ».

ARTICLE La Stampa A. Di Matteo « Conte abandonne Salvini ‘’sujet jamais discuté au sein du gouvernement’’ » : « La nouvelle demande de procéder juridiquement contre le leader de la Ligue pourrait montrer un film à l’opposé de celui de mars dernier, quand le tribunal des ministres s’était opposé au sujet du navire ‘’Diciotti’’. Mais cette fois-ci c’est un autre navire, le ‘’Gregoretti’’, un navire de la Garde Côtière qui avait à bord 131 migrants sauvés en mer et que Salvini garda bloqué pendant 3 jours dans le port d’Augusta. En mars dernier Salvini avait pu compter sur la position de Conte et sur les voix du M5S. Ce front n’existe plus. L’affrontement est ouvert avec Conte et Di Maio et Salvini risque vraiment d’aller en justice. Le 20 janvier, le Sénat pourrait se prononcer. Salvini assure que sa décision avait été concertée avec le gouvernement ‘’il y a des preuves, des mails, qui montrent une décision collégiale. Il y a eu différentes interlocutions entre l’Intérieur, le Palais Chigi, le ministre des Affaires Etrangères et les organismes communautaires’’. Ainsi, Salvini parle de ‘’utilisation politique de la magistrature’’, il attaque les juges qui ‘’au lieu de s’attaquer aux mafieux, aux dealeurs et aux violeurs, ils tentent de poursuivre et d’emprisonner Salvini’’. Mais Di Maio n’en démord pas, il explique qu’à l’époque ‘’la relocalisation existait déjà’’ et donc il n’y avait aucune motivation d’empêcher les débarquements. Di Maio attaque Salvini ‘’il fait la victime, je le vois un peu apeuré, alors qu’il disait qu’il n’avait pas peur du procès’’. Désormais, les rapports entre les deux sont inexistants. Salvini lui répond ‘’je regrette que Di Maio montre sa petitesse, cela est humainement sordide’’ ».

ANALYSE Sole 24 Ore L. Palmerini « Les dates décisives pour la durée du gouvernement » : « Sur l’affaire Gregoretti, le Mouvement 5 Etoiles a déjà pris sa position sans faire recours à la base. Cela est le signe que le M5S est en train de changer et de se rapprocher de l’idée de créer une alliance structurelle avec le PD, comme souhaité par Grillo. Ou du moins ils tentent de le faire. Ce choix contre Salvini rapproche les deux principaux alliés de la majorité et surtout, cela rassure Zingaretti car c’est au Sénat que les nostalgiques de l’ancienne alliance avec la Ligue sont plus nombreux. Le mois de janvier sera décisif pour comprendre combien durera la législature. Avant tout le référendum : d’ici le 12, les 600 signatures pour suspendre la coupe des parlementaires seront confirmées, ouvrant ainsi une fenêtre temporaire (d’avril à juin) utile pour aller voter sans le couperet. Le 15 janvier, la Cour Constitutionnelle se prononcera sur le recours de la Ligue au sujet du système uninominal : si cela devait être accueilli, ce sera la fibrillation immédiate des petits partis qui préfèreraient alors aller aux élections anticipées avec le mode de scrutin actuel, qui leur est plus favorable ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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