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03/12/2019

"L’agenda du gouvernement est décidé par les oppositions de Salvini et de Meloni."

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Italie. Revue de presse.

Le Mécanisme européen de stabilité (MES) fait toujours les gros titres des médias transalpins. La presse revient aujourd’hui sur l’audition hier du Président du Conseil G. Conte devant les Chambres. Les analystes soulignent le « gel » entre G. Conte et L. Di Maio, le premier ayant répété que les anciens ministres étaient tous « au courant » des négociations avec Bruxelles alors que le leader du M5S maintient ses distances, s’alignant de fait avec les partis de l’opposition, provoquant des turbulences au sein de la majorité  : « Conte attaque, coup de froid avec Di Maio » (Corriere della Sera), « Il n’en restera qu’un » - ‘’Conte attaque Salvini et Di Maio : ‘’tous les ministres étaient au courant’’ ‘’ (La Repubblica), « Di Maio-Conte, le grand froid » (La Stampa), « Fonds de sauvetage, bras-de-fer aux Chambres, l’UE orienté vers le report de la réforme » (Sole 24 Ore), « Conte-Di Maio, le gouvernement vacille » (ll Messaggero), « Conte, gel avec Di Maio : ‘’Les ministres savaient’’ » (Il Mattino), « Conte déménage et va vers le PD » (Il Giornale).

EDITORIAL, La Repubblica, E. Mauro : « Le fantôme du grand complot » : « A qui parlait hier le président du Conseil Conte, lors de son audition devant les Chambres sur le MES ? Tout d’abord, il parlait au pays, à travers le Parlement qui le représente, pour garantir qu’aucune négociation n’avait été entamée secrètement, qu’aucun traité n’avait été signé. Puis, il parlait à l’Europe et aux marchés qui voient un système politique bloqué non seulement par une dette énorme mais aussi par le risque que cette dette n’éclate, tandis que le FMI et la Commission européenne la considèrent, au contraire, soutenable. Ensuite, Conte parlait à la Ligue et à FDI qui, précisément sur le MES, sont en train de l’attaquer, portant des accusations très graves de haute trahison et de faux témoignage. Mais, sans jamais ni le citer ni le regarder, assis à ses côtés, pendant qu’il s’adressait à l’opposition de droite, Conte parlait aussi à son ministre des Affaires Etrangères, Luigi Di Maio, immobile et qui n’applaudissait pas Conte, parce que, même si le dernier affrontement direct est avec Salvini, l’attaque contre son ancien vice-président du Conseil était une attaque aussi contre Di Maio. En fait, la polémique du leader du M5S sur le MES retentit comme un écho de la campagne de la Ligue mais, en plus, tient le gouvernement en échec, paralyse sa majorité, voire évoque la crise et la fin de l’alliance entre le M5S et le PD ».

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco : « MES, Conte attaque Salvini (et Di Maio) : ‘’ L’accord était déjà connu par le gouvernement précédent ‘’ » : « L’audition d’hier du Président du Conseil Giuseppe Conte devant les Chambres sur le MES a, encore une fois, relevé la grande tension au sein de la majorité et, surtout, a souligné le « gel » entre Conte et Di Maio, le premier ayant répété que les anciens ministres étaient tous « au courant » des négociations avec Bruxelles alors que le leader du M5S maintient ses distances, s’alignant de fait avec les partis de l’opposition, Ligue et FDI, et provoquant de graves turbulences au sein de l’alliance Cinq Etoiles-PD. Conte a défendu la réforme du MES et a attaqué Salvini, et il s’est adressé à l’opposition de droite en demandant d’avoir le sens des responsabilités en ce moment très délicat ».

ARTICLE, La Repubblica, A. Cuzzocrea : « Le leader du M5S et le président du Conseil ne se saluent même pas. Maintenant, la crise est un véritable danger » : « L’audition sur le MES du président du Conseil Giuseppe Conte devant le Chambres a été la preuve concrète d’un grand « gel » entre Conte et Di Maio, qui ne se sont même pas salués. Luigi Di Maio n’a jamais applaudi le président du Conseil lors de son discours d’explication sur les négociations de la réforme du MES. En fait, Conte a répété plusieurs fois que les anciens ministres étaient tous « au courant » des négociations avec Bruxelles, alors que le leader du M5S a maintenu ses distances, s’alignant de fait avec les partis de l’opposition et finissant par adhérer aux positions des interrogations soulevées par Salvini (Ligue) et Meloni (FdI). La vérité est que les groupes parlementaires sont désormais à la dérive et que l’alliance entre le M5S et le PD est en équilibre précaire ».

COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « Salvini dicte l’agenda du Conte II » : « Après la discussion hier au Parlement, une chose est ressortie clairement : l’agenda du gouvernement est décidé par les oppositions de Salvini et de Meloni. La thématique du MES n’aurait jamais été au centre du débat politique si le chef léguiste n’avait pas soulevé la polémique. Par ailleurs, le « Capitaine » a repris les tons agressifs et eurosceptiques pour se protéger à droite, où Fratelli d’Italia commence à prendre un peu de son électorat. La majorité a été incapable de mettre sur la table son point de vue sur les prochaines étapes en Europe. C’est la solution de la fuite et du report des décisions qui a été privilégiée. Cela veut dire accepter les arguments des opposants, avec les 5 Etoiles qui se montrent subalternes aux mots d’ordre de Salvini. Zingaretti e Gualtieri ont pu ainsi constater que les sirènes de Salvini continuent à conditionner l’attitude et le comportement des 5 Etoiles et surtout de son leader. Ce serait un paradoxe si ce gouvernement, né avec le placet des Chancelleries européennes, devait reporter le risque-Italie sur la scène financière. Une majorité sur la carte européiste pour combattre les souverainismes italiens mais qui continue à les subir ».

EDITORIAL Il Messaggero A. Campi « L’équivoque persistant de l’allié adversaire » : « D’une part, il y a Di Maio, le chef politique du M5S, qui mène une opposition quotidienne contre le gouvernement dont il fait partie mais auquel il n’a jamais cru, contrairement à Grillo. De l’autre nous avons les « Sardines » qui manifestent non pas contre un gouvernement mais contre l’opposition. La polémique sur le MES ne promet rien de bon. Il faut éviter le choix de vivoter ou de reporter. Ce qui mènerait au paradoxe de notre politique : avoir confié l’Italie à un non-gouvernement dirigé par une majorité parlementaire improbable. Combattre l’amateurisme populiste avec l’ignorance démocratique lié au transformisme parlementaire a été une piètre recette ».

ARTICLE Sole 24 Ore R. D’Alimonte « La Ligue et FdI en compétition pour les mêmes électeurs, aucune alternative pour ceux qui votent le M5S » : « Il existe un autre instrument pour comprendre les tendances électorales, c’est l’acronyme anglais de PTV, ou « penchement, tendance au vote », soit la probabilité qu’un électeur continue à voter pour un parti à l’avenir, sur une échelle allant de 0 à 10. Cela permet d’étudier combien les différents partis peuvent se superposer sur un électorat. Cela est déjà en train d’arriver : Fratelli d’Italia est en train de grandir, depuis des mois. C’est une croissance lente mais constante. Il est passé de 4,3% aux élections politiques de 2018 à 6,4% pour celles européennes jusqu’à arriver à 10,4% aux élections en Ombrie. La côte de popularité de Giorgia Meloni a même dépassé celle de Salvini. Bref, le chef de la Ligue a une concurrente redoutable. Et les électeurs disposés à voter l’un ou l’autre sont pratiquement les mêmes. Par ailleurs, la dichotomie droite et gauche a encore un sens en Italie : cela a encore un sens pour des millions d’Italiens. Et les électeurs de la Ligue et de FdI se perçoivent comme électeurs de droite, voire d’extrême droite. L’axe politique italien a donc bougé. Jusque-là, c’est Salvini qui en a bénéficié le plus mais il n’est pas dit que cette tendance continue. Meloni est aux aguets. Les deux occupent la même espace politique. L’Italie a trouvé sa Marine Le Pen en Giorgia Meloni. A gauche la situation est bien différente, le diagramme de Venn saisit bien la différence. Si à droite il y a un bloc compact, à gauche ce n’est pas le cas. Les électeurs sont plus distanciés. Ce qui frappe, c’est l’isolement du M5S. Son bassin électoral s’est rétréci mais c’est comme si les électeurs qui sont restés ne sont disposés qu’à voter pour le M5S ou à s’abstenir. Cela est confirmé par le fait que l’objectif plus réel pour Renzi est davantage l’électorat du PD que celui de Forza Italia de Berlusconi (dont les électeurs se situent automatiquement à droite). Bref, l’électorat potentiel de la gauche n’est pas seulement plus limité, mais le bloc n’a pas la même homogénéité qu’à droite ».

ARTICLE, Corriere, E. Buzzi, « Di Maio, Grillo et Casaleggio : réunion sur la nouvelle équipe » : « Les questions internes continuent d’occuper le M5S. Les parlementaires sont divisés par ailleurs sur les Régionales, et une hypothèse qui revient régulièrement (pour l’instant) est que le Mouvement n’y prendrait pas part. En parallèle, la nouvelle organisation : aujourd’hui sera lancé l’appel d’offres pour ‘’l’équipe du futur’’. Hier, de nouveaux contacts ont eu lieu entre Grillo, Casaleggio e Di Maio pour décider des six composantes de la cabine de direction. Le défi pour choisir les douze ‘’facilitateurs’’ entre maintenant en jeu ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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