21/11/2019
"Di Maio : "Le souverainisme est l’avenir", le plan post-élections pour s’allier avec Salvini."
Italie. Revue de presse.
Le sort de l’usine sidérurgique de Tarente et celui de la compagnie aérienne Alitalia font les gros titres des médias transalpins. La presse écrite évoque notamment l’avenir incertain de ces deux usines, jadis fleurons nationaux et désormais en déclin. L’éditorial du Corriere s’interroge sur l’utilité d’un sauvetage d’Etat ‘’couteux’’ et ‘’inutile’’ : « Alitalia sur une voie de garage » - ‘’FS (chemins de fer italien) se défile après l’abandon d’Atlantia’’ (La Repubblica), « Le sauvetage d’Alitalia compromis comme celui de l’Ilva » (La Stampa), « Les deux épines du gouvernement : Alitalia et Ilva » (Sole 24 Ore), « Affaire Ilva, le projet de l’accord » (Il Messaggero), « Ilva, le plan entre le Trésor et Mittal » (Il Mattino).
Sur Twitter, les hashtags #21Novembre et #Azione (en référence au nouveau parti annoncé par l’ex-membre du Parti Démocrate Carlo Calenda), dominent.
ARTICLE Sole 24 Ore « Une loi spéciale et des projets à hauteur d’un milliard en conseil des ministres » : « Le but est d’accélérer la réalisation de projets pour la reconversion économique de Tarente, financés à hauteur d’un milliard. Le dossier sera présenté aujourd’hui au Conseil des ministres par le titulaire du ministère du développement économique, S. Patuanelli (M5S), pour imprimer un coup d’accélérateur à l’affaire de l’ex-Ilva par le biais d’une loi spéciale pour Tarente, avec la nomination d’un commissaire spécial, à l’instar de celui nommé pour Gênes. L’objectif est de ‘’donner des réponses aux citoyens qui, depuis des années, attendent des retombées positives sur le territoire’’ ».
COMMENTAIRE, Repubblica, S. Folli : « Le psychodrame du MES » : « Personne ne pense que le gouvernement Conte puisse tomber sur le Mécanisme européen de stabilité (MES). Toutefois la disjonction de la classe politique est en train de rejoindre des pics inquiétants. La matière est sensible, incandescente, comme chaque fois qu’émerge la faiblesse politique de l’Italie par rapport au reste de l’Union et en particulier de l’Allemagne et de la France. Une faiblesse d’autant plus évidente quand l’objet de la discussion, comme dans le cas du MES, est notre dette publique. Comme il arrive trop souvent, nous sommes finis dans le psychodrame. Tous récitent leur rôle sur la scène romaine, mais peu le font avec loyauté. La réforme du Mes n’est pas un roman policier avec beaucoup d’innocents et un seul coupable : c’est le résultat d’un parcours dont tous ceux qui ont eu des responsabilités de gouvernement au cours des dernières années devraient être au courant. »
COULISSES, Il Messaggero, M. Conti « Le président du Conseil défend l’accord avec l’UE uniquement si l’aval à l’Union bancaire est donné » - « La majorité fait bloc, après la distance du M5S, pour rassurer Bruxelles » : « Hier la majorité, et non seulement, s’est compacté autour du gouvernement et à l’hypothèse d’entente sur la réforme du Mes rejointe en juin dernier par le gouvernement Ligue-M5S. L’objectif est de rassurer suite aux craintes croissantes sur l’éventualité que les pays européens devant faire appel au MES doivent nécessairement restructurer leur dette. Avec le risque de créer une méfiance sur les marchés par rapport aux titres italiens ».
ENTRETIEN de Pierre Moscovici, Commissaire européen pour les Affaires Economiques : « ‘’ Le Fonds européen de sauvetage est décisif. Sinon, les banques sont en danger ’’ » (Corriere della Sera) : « ‘‘ Il faut changer les règle du Pacte de stabilité qui doivent devenir plus simples pour pouvoir soutenir la croissance. La seule priorité, pour les comptes publics, est la réduction de la dette et l’Italie doit aussi améliorer sa productivité. Le MES est décisif, cette réforme est fondamentale et fait partie d’une ensemble de mesures nécessaires pour renforcer l’union monétaire en cas de choc et pour aider les banques en difficultés ‘’ ».
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « Le Mouvement tenté par le volte-face sur Bruxelles » : « L’affrontement sur l’Europe, entre le président du Conseil Giuseppe Conte et le leader de la Ligue Matteo Salvini, est en train de devenir écœurant. Même parce que l’aspect déconcertant de la polémique actuelle ne se base pas sur les tons de la Ligue, parti depuis toujours euro sceptique, comme toute la droite souverainiste, mais sur la nouveauté du retour à l’euroscepticisme du M5S. C’est justement le ministre des Affaires Etrangères, Luigi Di Maio, qui déclare au Corriere qu’il ne veut pas d’autres coups bas contre l’Italie de la part de Bruxelles, démentant ainsi Conte. Ce n’est pas un signal de peu d’importance, étant donné que Di Maio fait partie de la majorité de gouvernement. Le fait que le leader des Cinq Etoiles parle maintenant d’une réforme du MES visant à « asphyxier l’Italie » ouvre un front avec l’Union européenne mais aussi avec le Palais Chigi et le ministre de l’Economie Gualtieri. Cela fait craindre que, pour échapper aux tensions internes du M5S, Di Maio suive Salvini même contre l’UE ».
RETROSCENA La Stampa I. Lombardo « Di Maio : ‘’Le souverainisme est l’avenir’’, le plan post élections pour s’allier avec Salvini » : « Ce n’est pas Poutine à le dire ni l’un des prosélytes de Steve Bannon mais le ministre des Affaires étrangères d’un gouvernement considéré comme progressiste et pro-européen. Di Maio a rencontré pas mal de personnes ces jours-ci : ministres, secrétaires d’Etat, députés, sénateurs. C’est ce que les coulisses racontent et que l’équipe de Di Maio continue à démentir. Et maintenant le soupçon que le leader aurait un plan à lui commence à s’étoffer, un plan qui prévoit le retour à son bien-aimé Salvini. Certains pensent que Di Maio cherche un prétexte pour la crise, le casus belli pourrait alors être présenté par les élections en Emilie (où le M5S a décidé de ne pas décider si courir ou pas contre le PD et de s’en remettre à l’avis des militants par le biais de la plateforme Rousseau) ou par l’un des coups bas quotidiens qu’il inflige au gouvernement. Le M5S irait alors aux élections avec des ambitions numériques bien plus amoindries – mais avec une certitude : Di Maio serait encore le leader politique – et une stratégie qui s’adresse au Sud. Il l’a dit au siens ‘’j’aimerais terminer le programme commencé avec la Ligue’’. Il l’a répété lors d’une de ses rencontres ‘’j’ai compris que le seul modèle gagnant est celui souverainiste’’. Et puis, ces déclarations de ces derniers temps qui reprend les psaumes souverainistes ‘’Quota 100 ne doit pas être modifié’’ ou ‘’le décret sécurité reste’’. Il parle pratiquement comme Salvini. Ce sont des messages qui ne sont pas passés inaperçus auprès de la Ligue et du Mouvement ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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