07/11/2019
" L’agonie d’une alliance sans âme."
Italie. Revue de presse.
La décision d’Arcelor-Mittal de résilier son offre d’achat pour l’usine sidérurgique Ilva de Tarente fait toujours la Une des médias transalpins et l’ouverture des journaux télévisés. La presse se focalise aujourd’hui sur les déclarations du Président du Conseil Italien qui juge « inacceptable » le plan d’Arcelor-Mittal qui prévoit la suppression de 5 000 emplois. Les commentateurs soulignent également les divisions au sein du gouvernement entre le PD et M. Renzi favorables à un compromis et le M5S enclin à une « ligne dure » : « Ilva, le ‘’stop’’ de Conte à Arcelor » - ‘’Le Président du Conseil juge inacceptable le plan prévoyant la suppression de 5 000 emplois proposé par la société’’ (Corriere della Sera), « Fumée noire pour l’Ilva et pour le gouvernement » - ‘’Le rachat par l’Etat n’est pas exclu’’ (La Repubblica), « Mittal demande 5 000 suppressions d’emplois » (La Stampa), « Ex-Ilva, le gouvernement et Arcelor négocient mais le M5S se met de travers » (Sole 24 Ore), « Ex-Ilva, le gouvernement se divise » - ‘’Le PD et Renzi pour l’immunité, le M5S pour la ligne dure’’ (Il Messaggero), « Ilva, Mittal va de l’avant et le gouvernement se divise » (Il Mattino), « Di Maio va contre les travailleurs » - ‘’Même Zingaretti s’énerve’’ (Il Giornale).
COULISSE, Il Messaggero, A. Gentili: « Conte se range avec le M5S. Pd : de cette façon l’entreprise meurt » : « Sur le destin de la plus grande aciérie d’Europe, le gouvernement jaune-rouge oscille. Et oscillera. Beaucoup. Au point d’imposer un renvoi de toutes les décisions, vu le manque de positions communes. Le gouvernement a oscillé si fort qu’il a alarmé Mattarella, déjà très préoccupé pour le destin de l’ex Ilva, sur le destin de la législature »
ENTRETIEN de Dario Franceschini, ministre de la Culture et chef de délégation PD pour le gouvernement Conte II « Un nouveau pacte avec Renzi et M5S, arrêtons les ruses, on décide ensemble » : « Franceschini ne cite jamais Di Maio ou Renzi, mais c’est bien à eux qu’il s’adresse quand il évoque des ‘’passages compliqués’’ qui attendent la majorité. ‘’L’examen de la loi de finances va bientôt être présentée au Parlement, c’est un rendez-vous qui est toujours épineux même quand les majorités sont homogènes et sont le fruit d’une alliance électorale. Il faut un pacte de méthode : les éventuelles modifications à la loi de stabilité et à d’autres décrets futurs, doivent être concordées au préalable au sein de la majorité. Sans ruses, de manière collégiale, abandonnant l’idée de vouloir battre le partenaire de gouvernement. Autrement, nous risquons de répéter le scénario du précédent gouvernement M5S-Ligue, qui a ensuite déraillé. Doit-on rester ensemble uniquement par peur de Salvini ? C’est la raison pour laquelle je propose un second pacte : laisser aux territoires la possibilité d’évaluer les conditions pour se présenter aux électeurs de manière unie et pas les uns contre les autres’’ »
COMMENTAIRE, La Stampa, G. Orsina « Un gouvernement plus rouge que jaune » : « On ne pouvait pas prévoir qu’une fois au gouvernement, les jaunes auraient fini par prévaloir sur les rouges. Au contraire, il aurait été normal d’imaginer que le PD, fort d’une habitude du pouvoir, aurait facilement apprivoisé les naïfs 5 étoiles. Le M5S n’est pas une force de gouvernement, ni de stabilité, c’est une force d’opposition, de rupture, de déstabilisation. Pour les démocrates, le discours est à l’inverse. Dans ce cas, la forme (responsabilité, stabilité, conservation du pouvoir) est plus importante que les contenus. Une fois qu’il est né, le gouvernement doit donc survivre, presque, à tout prix. Le PD a perdu sa base programmatique, suite à la crise globale de la gauche et après s’être transformé en une « force » de système. Il n’a plus son meilleur négociateur, Renzi, qui au contraire, est contre lui. Selon toutes probabilités, le phénomène populiste durera. Et s’il est destiné à durer, il doit être mis au service de la démocratie. Il n’y a pas d’alternatives à la « romanisation » des barbares mais il est illusoire de penser qu’elle pourra s’accomplir sous le contrôle diligent et sévère des partis de l’establishment. Ils sont trop faibles désormais. Les barbares peuvent être romanisés seulement par la réalité des faits »
EDITORIAL, La Repubblica, E. Mauro : « L’agonie d’une alliance sans âme » : « Une vieille question est en train de revenir à l’ordre du jour, avec la crise d’un gouvernement qui ne sait pas s’il veut survivre sans âme ou plutôt se confier au suicide assisté, en mettant fin à sa courte existence. Naturellement, les protagonistes de cette aventure sans nom voudraient continuer, parce qu’ils sont une minorité dans le pays, face à la vague de droite. Aucun d’entre eux n’a intérêt à se soumettre aux élections. Mais l’organisme politique qu’ils ont créé, c’est-à-dire le gouvernement et sa majorité, n’est pas vital, il végète. Après avoir bloqué la prétention des « pleins pouvoirs » de Salvini, le gouvernement n’a pas encore trouvé la signification politique de son pouvoir, de son sentiment républicain, de son esprit qu’il pourrait indiquer à l’opinion publique. De même, il n’a pas trouvé de raison d’exister pour répondre aux besoins et aux attentes. Il a décidé de continuer ensemble, même sans avoir quelque chose en commun, même sans une dénomination commune, comme s’il ignorait sa mission et sa nature politique. Le résultat est une fragilité permanente, face à laquelle la politique est faible et ne suit pas une identité sûre, avec laquelle choisir et décider une ligne politique précise, mais plutôt une existence au jour le jour, basée sur une alliance qui semble être un sac vide ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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