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22/10/2019

"Une usure rapide qui compromet l'horizon de 2022."

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Italie. Revue de presse.

La loi de finances fait encore les gros titres des médias transalpins. La presse relève « l’ouverture » du Président du Conseil G. Conte vis-à-vis du leader du M5S L. Di Maio sur la possibilité d’apporter des modifications sur la loi de finances (peines plus lourdes pour les fraudeurs du fisc et un report de la mise en place des mesures sur l’argent comptant).  Les médias notent également que la Commission Européenne a adressé une lettre à l’exécutif pour que les mesures prévues soient respectées : « Argent comptant et carte bleue, les mesures reportées »  - ‘’Prison pour les fraudeurs’’ (Corriere della Sera), « Il y a du courrier pour le gouvernement » - ‘’Bruxelles prévient Rome de ne pas modifier au Parlement les mesures déjà décidées’’ (La Repubblica), « Di Maio l’emporte sur les fraudeurs du fisc et sur l’argent comptant, trêve armée avec Conte » - ‘’La mesure mise en place en juillet’’ (La Stampa), « Budget, trêve armée au gouvernement » - ‘’Le nœud sur la flat tax demeure’’ (Sole 24 Ore), « fisc, Conte ouvre à Di Maio» - ‘’Entente, le tour de vis sur le comptant reporté en juillet’’ (Il Messaggero), « Fraude fiscale, le coup de frein de Conte »  - ‘’Les sanctions aux commerçants reportées en juillet (Il Mattino).

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo – A. Trocino « Le Président du Conseil à ses alliés : il faut plus de crédibilité. L’axe retrouvé avec le leader du M5S » : « Le coup de froid des derniers jours semble s’être atténué, et les fils d’une dialectique constructive semblent renoués. Certes, Conte a fait preuve d’une patience extrême, en se soumettant à 8 réunions d’affilée. Mais le fait politique le plus important est l’harmonie politique (apparente) retrouvée entre Di Maio et Conte. Le corollaire serait celui d’une entente qui se renforce aussi dans le but de stopper les ferveurs médiatiques et parlementaires de Matteo Renzi »

COULISSE, La Stampa, I. Lombardo « Conte : Luigi, je ne peux pas me méfier de toi aussi » : « Nous avons fait la paix ; faites-le savoir à tout le monde. Ainsi les communicants se sont mis à l’œuvre pour divulguer qu’entre Conte et Di Maio tout s’est conclu pour le mieux. L’axe, tant qu’il dure, s’est renforcé car, comme dit Conte au ministre des Affaires étrangères, le gouvernement subit déjà les humeurs de Matteo Renzi, si en plus il perd l’appui du M5S ‘’on va tous à la maison’’. Mais la blessure reste »

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore L. Palmerini « Une usure rapide qui compromet l'horizon de 2022 » : « Une usure aussi rapide n’avait pas été prévue par le Quirinal. A la Présidence de la République, on regarde avec inquiétude la première conséquence : l’impact de la loi de finances sur la crédibilité et la fiabilité auprès de l’Europe. L’épicentre de ce qui est en train de se passer se trouve chez le Mouvement 5 Etoiles, où la compétition entre son leader et le Président du Conseil a commencé dans un contexte de fortes divisions internes qui génèrent les premiers actes rebelles. Cela a été vu pour l’élection du chef de groupe du Sénat. La défaite du candidat proche de Di Maio et la marche arrière sur la TVA sont la démonstration que le leader 5 Etoiles ne contrôle plus ses parlementaires. Voilà pourquoi il hausse le ton, afin de garder son leadership. D’où la question qui commence à se poser parmi ses alliés : serait-il disposé à sacrifier le gouvernement pour garder la main sur son parti ? L’autre épine est représentée par Renzi. Lui aussi, comme Di Maio, a intérêt à user Conte, mais il n’a pas intérêt à provoquer d’élections anticipées : il a besoin de faire grandir son parti et à faire adopter un nouveau système électoral. Quant au PD, les représentants savent qu’il ne pourront jouer trop longtemps le rôle des responsables ».

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Majorité sans avenir » : « Ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement halète devant les obstacles de la loi de finances. Toutefois, c’est la première fois qu’un exécutif mis en place il y a moins de deux mois, s’avère être si dépourvu de tout ciment politique et de toute idée commune de l’avenir. Maintenant, la réalité s’impose : l’UE demande à connaître le sens et les couvertures financières d’un budget confus : la bienveillance européenne est en train de s’épuiser rapidement. Le psychodrame auquel nous assistons, est un mauvais film dont les protagonistes sont le PD et le M5S avec, d’un côté, l’extrême gauche et de l’autre le rusé Renzi qui, d’abord, a poussé Zingaretti et Di Maio vers l’accord sur Conte et ensuite leur a montré ses limites. Très facile à faire. Le sort de la loi de finances est obscur, sans un véritable sursaut capable de donner de l’espoir à un pays stagnant et décadent. Di Maio est dans une situation difficile d’anxiété croissante et, à ce stade, face à la désintégration des relations politiques et à l’épuisement du gouvernement. La véritable question qui concerne l’avenir est : quel est le sens de poursuivre une agonie qui pourrait s’accentuer dans une semaine après le vote en Ombrie ? Un éclaircissement au sein de la coalition de gouvernement était nécessaire, surtout après la sécession de Renzi, pour éviter d’exposer le centre gauche au danger d’une défaite encore plus grave. Le risque de nouvelles élections en 2020, comme alternative à l’épuisement, pourrait donner lieu à une bataille électorale ouverte à tous les résultats à condition, bien sûr, que l’on présente une équipe de haut niveau. L’autre possibilité est de laisser à Renzi le contrôle de la législature, y compris l’élection du Président de la République en 2022 ».

ANALYSE, Il Foglio, C. Cerasa : « Comprendre la grande décomposition » : « Ce qui suit n’est pas une note politique traditionnelle qui essaierait de faire le point sur les relations compliquées entre les partis de la majorité. C’est une tentative un peu folle d’entrer dans la tête de principaux leaders italiens et tenter d’expliquer l’avenir de la législature avec un peu de psychologie politique. Nous ne pouvons pas comprendre ce qui nous attend ces prochains mois si nous ne cherchons pas à comprendre les rêves et les cauchemars des protagonistes actuels. Il est peut-être utile d’identifier un nouveau et surprenant bipolarisme constitué par deux fronts formés par trois entités théoriquement séparées les unes des autres : dans le premier front, il y a Nicola Zingaretti, Giuseppe Conte et Beppe Grillo.  Dans le deuxième, Matteo Salvini, Luigi Di Maio et Matteo Renzi. D’un côté, donc, ceux qui défendent le gouvernement dont ils font partie, de l’autre ceux qui ont choisi, avec des nuances différentes, d’être dans l’opposition et, au sein de ces deux fronts, on trouve beaucoup d’histoires drôles qui s’entrelacent l’une à l’autre : Zingaretti avec Conte, Grillo contre Di Maio, Renzi avec Di Maio (et Salvini) contre Conte et Berlusconi contre le gouvernement mais pas contre Conte. Salvini contre les extrémistes mais aussi avec les extrémistes. Bref, tout le monde donne l’impression d’être pressé de faire des choses folles mais, en vérité, le nouveau bipolarisme suggère quelque chose de différent : pour une majorité faible avoir un président du Conseil faible est la meilleure façon pour avoir un gouvernement stable ».

EDITORIAL Il Messaggero A. Campi. « Centre droit, la phase adulte qui nécessite une perspective » : « A part les polémiques qui ont anticipé (avec la présence des extrémistes de Casapound) et suivi (le nombre de participants) la manifestation organisée à Rome par la Ligue et la droite, samedi dernier, il faut en comprendre la signification politique. La première constatation, c’est que le « centre droit » est une formule qui est encore valable. Berlusconi a ouvertement reconnu le leadership salvinien et se propose de porter son allié sur des positions moins intransigeantes et moins extrémistes. D’autant plus que la tendance semblerait aller vers un bipolarisme. Si le PD et le M5S s’unissent, il est encore plus naturel que le centre droit le fasse lui aussi. Pendant le rassemblement de samedi, Salvini a montré un visage plus ouvert, il n’a plus intérêt à garder sa posture d’homme méchant, galvanisant la peur. Cela l’a fait grandir, mais en continuant ainsi il risque de s’amoindrir. Quand tu as 30% de consensus, tu dois commencer à réfléchir sur le positionnement international. Il faut réfléchir à une lente modification de vitesse, stop à l’a priori anti-européen et aux relations ambiguës avec Poutine. Et surtout, il faut éviter certaines fréquentations, comme les mouvements extrémistes tels Casapound ». 

ARTICLE Il Fatto Quotidiano « Malofeev : ‘’oui, Savoini négociait pour du pétrole’’ » : « Le reportage d’hier soir sur Rai Tre a éclairci les relations entre la Ligue, la Russie et l’extrême droite (et pas seulement italienne). La partie la plus intéressante était un entretien de l’oligarque russe Konstantin Malofeev, qui a précisé sur la rencontre au Metropol, confirmant un petit déjeuner d’affaire pour ‘’commencer à parler de pétrole’’ avec Savoini. C’est-à-dire la négociation entre une société russe et l’ENI (qui dément). Malofeev représente aussi le grand financier des mouvements souverainistes d’Europe : il aurait financé des associations d’extrême droite pour ‘’faire imploser l’Union Européenne’’. Le reportage parle aussi de Maurizio Murelli (déjà impliqué dans la mort d’un brigadier en 1973), lié à Savoini et fondateur d’Orion, une association d’extrême droite dont certains inscrits étaient des adhérents à la Ligue. Extrême droite et mouvements ultra-catholiques étaient les directives dès l’arrivée de Salvini à la présidence de la Ligue. Ce même Murelli présentera à Salvini Alexandre Dugin, le philosophe russe qui a été plusieurs fois cité au Metropol ».

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Les accusations en trop » : « Il ne faut pas sous-estimer la demande de l’UE ‘’d’explications supplémentaires’’ sur la manœuvre budgétaire. De plus qu’elle arrive pendant des journées de tension et de confusion. L’injonction au président du Conseil Conte de la part du ministre des Affaires étrangères Di Maio et du chef d’Italia Viva, Matteo Renzi, de faire une réunion, ne semble pas être un signal constructif. Le résultat c’est qu’un mois seulement après sa formation, le gouvernement apparaît déjà froissé. Une victoire de la droite est considérée probable en Ombrie dimanche. L’hypothèse que le gouvernement national ne soit pas effleuré par les effets collatéraux du vote est improbable. Di Maio devrait comprendre qu’en délégitimant Conte comme garant de la majorité il ne sauverait pas son rôle. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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