06/09/2019
" Conte-bis, l’Italie change de cap."
Italie. Revue de presse.
L’investiture du gouvernement M5S-PD, hier, au Quirinal fait les gros titres des médias transalpins. L’ensemble des quotidiens relève les intentions de G. Conte de revoir les relations de l’Italie avec l’UE. La candidature de P. Gentiloni comme Commissaire européen est aussi largement commentée. « Conte : ‘’un nouveau pacte avec l’UE » - ‘’Gentiloni commissaire, premier acte sur les migrants’’ (Corriere della Sera), « Un gouvernement pour faire la paix » - ‘’Stop aux conflictualités. Di Maio : loyaux avec l’Otan et l’UE’’ (La Repubblica), « Conte-bis, l’Italie change de cap » - ‘’Les ministres prêtent serment’’ (La Stampa), « Fisc, 5 dossiers pour le Gouvernement » (Sole 24 Ore), « Conte-bis : migrants et budget » - ‘’Le premier acte du gouvernement sur les migrants : une mesure du Frioul-Vénétie-Julienne contestée’’ (Il Messaggero).
COMMENTAIRE La Repubblica M. Giannini « La chose jaune-rouge » : « A l’instar du bourdon qui défie les lois de la physique, le nouveau gouvernement 5 Etoiles-PD défie celles de la politique. Il ne devrait même pas voler, et pourtant c’est ce qu’il fait, planant sur les détritus d’un pays mis à mal et sur un Salvini désespéré. Il s’agit d’un exécutif inhabituel qui n’est pas né en raison d’une convergence stratégique commune mais plutôt pour une pure convenance tactique : la fuite, partagée par rapport à des élections anticipées. Nous ne nous attendons pas des choses extraordinaires de lui, mais tout simplement une ‘’normalité démocratique’’, pouvant mettre le pays en sécurité de toute tentation d’aventure, qu’il purge le pays des venins et qu’il reconstruise les piliers de la vie civile sur la base d’un agenda limité à affronter les choses urgentes et indispensables ».
EDITORIAL Corriere della Sera A. Cazzullo « Une drôle d’euphorie » : « L’Europe est contre la bête blessée, contre Salvini. Autour de ce gouvernement Conte II, on respire une atmosphère de soulagement, dans laquelle on se félicite réciproquement. Des commentaires positifs viennent de Bruxelles et de Berlin, un ensemble d’institutions se sont félicités de l’ouverture de cette nouvelle ère. Mais le match doit encore être joué et pas seulement parce que les classes productives du Nord la suive avec scepticisme. Le terrain de jeu est l’Europe. La vraie rupture de l’ancienne alliance M5S-Ligue ne s’est pas consommée sur la Ligne grande vitesse Lyon-Turin mais sur la commission dirigée par Von der Leyen : les 5 Etoiles ont voté pour, la Ligue contre. Tandis que le M5S passait des gilets jaunes à Macron, la Ligue passait du côté des faux amis de Visegrad. Mais attention à la croyance que l’Europe est disposée à nous permettre un ultérieur endettement. Si le gouvernement n’arrive pas à remettre le pays en marche, les félicitations de l’Europe, les tweets de Trump ou même une nouvelle loi électorale ne suffiront pas à éviter la tempête ».
EDITORIAL Il Messaggero, C. Nordio, « Démonter la rigueur, un faux pas à éviter » : « Comme premier acte, le Conseil des ministres a décidé d’attaquer une loi régionale du Frioul Vénétie Julienne contenant des dispositions sur les migrants : le motif juridique serait que certaines normes excèdent les compétences statutaires de la Région. Deux considérations : 1. Cette loi n’a pas été faite hier, et le précédent gouvernement aurait découvert seulement maintenant qu’il y a excès d’attributions ? Il est normal d’en douter ; 2. Ces doutes tendent à insinuer qu’au-delà de l’aspect juridique, il s’agisse du premier pas du revirement voulu par le PD avec sa politique de rupture. Le gouvernement ne tient pas compte du fait que la politique migratoire précédente (même avec des erreurs) recueillait l’assentiment de la majorité des Italiens ».
ARTICLE, La Stampa, A. La Mattina « Les doutes du centre droit sur Salvini : ‘’il perdra des voix, une fois sorti du ministère de l’Intérieur’’ » - « Meloni et Forza Italia ne lui reconnaisse pas le leadership : ‘’il a des problèmes internes’’ » : « Berlusconi et Meloni pensent que le léghiste risque de perdre 30% en n’ayant plus la visibilité que lui donnait le ministère de l’Intérieur. La question interne par ailleurs serait déjà ouverte par Giorgetti, même si au sein de la Ligue on minimise.
ENTRETIEN de Nicola Zingaretti, secrétaire du Parti Démocrate, La Repubblica « Il n’est pas possible de gouverner entre ennemis » : « ‘’Ce gouvernement est une expérimentation qui a archivé une mauvaise période pour l’Italie : la saison de la haine, de la fibrillation continue du cadre politique et la recherche de boucs émissaires pour des raisons personnelles. C’est déjà un premier résultat qu’il faut préserver. L’expérience M5S-PD est la preuve qu’il n’est pas possible de gouverner en étant ennemis. Le programme partagé des deux partis est une bonne prémisse pour une confrontation qui ne sera pas de pouvoir mais de contenus. Je ne sais pas s’il s’agit d’un gouvernement de pacification mais sans doute un gouvernement du tournant. Cette naissance a permis déjà d’économiser 5 milliards d’intérêts sur la dette. Si cela continue, cela pourrait en faire 15 en 2020. Je n’ai pas suivi l’accord à tout prix avec le M5S. Nous y sommes arrivés avec nos droits, avec nos contenus. S’agit-il d’un pacte temporaire ou d’une alliance stable, je crois que les deux options sont ouvertes’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
11:40 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.