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09/08/2019

"Gouvernement en crise, Salvini veut aller voter."

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Italie. Revue de presse.

La crise du gouvernement italien fait la Une des l’ensemble de presse italienne, l’ouverture des journaux télévisés et tourne en boucle sur les chaines d’information continue. Les commentateurs reviennent sur les détails de la journée d’hier : ils indiquent que le chef de la Ligue aurait initialement demandé à G. Conte de démissionner. Face au refus de celui-ci, qui a indiqué qu’il ne se démettrait qu’après une motion de défiance du Parlement, M. Salvini a demandé l’organisation d’élections au plus tôt. Les commentateurs s’interrogent sur la date possible des élections en indiquant qu’elles pourraient avoir en octobre-novembre, soit en pleine séquence budgétaire : « Salvini lance sa motion de censure sur Conte : maintenant il faut voter » (Corriere della Sera), « Salvini, ça suffit comme ça » (La Repubblica), « Salvini vire Conte : ‘’ Votons ! ’’ » (La Stampa), « Salvini : ‘’ Tu dois démissionner ‘’. Conte : ‘’ Non, tu dois lancer une motion de défiance ‘’ » (Il Fatto Quotidiano), « Salvini débranche : le vote est plus près » (Il Messaggero),  « Gouvernement en crise, Salvini veut aller voter » (Sole 24 Ore).

Journaux télévisés : La crise du gouvernement fait l’ouverture des JT et fait l’objet d’un suivi très attentif sur les chaines d’information continue.

ARTICLE, Sole 24 Ore, E. Patta : « La crainte de Mattarella pour un vote en pleine séquence budgétaire » : « La crise, vue par le Quirinal, s’est déroulée jusqu’ici toute seule. Sergio Mattarella en a pris acte, en attendant d’exercer son rôle d’arbitre seulement quand la crise sera officielle (« avant les consultations, le Président ne parlera pas »). En fait, avant que Mattarella ne puisse entamer les consultations et éventuellement dissoudre les Chambres, une des deux choses doit arriver : ou la démission du président du Conseil Conte ou la « parlementarisation » de la crise par une motion de défiance au Parlement (Sénat). Même les Présidents des Chambres (Roberto Fico s’est rendu au Quirinal, tandis qu’Elisabetta Casellati a été contactée téléphoniquement) sont d’accord sur la « parlementarisation » et devront convoquer les parlementaires en congé. Mais il est clair que le choix de « parlementariser » la crise allonge un peu le calendrier : pour voter le 13 ou le 20 octobre, comme la Ligue l’imagine, et si une majorité alternative ne se forme pas, ce qui pour le moment et fort improbable, les Chambres devront être dissoutes d’ici le 20 août. C’est très difficile, parce tous les parlementaires sont déjà en congé : il faut convoquer les chefs des groupes, ensuite définir les temps  du vote à la Chambre, ensuite convoquer les parlementaires, puis discuter la motion et la voter. A ce moment-là, Mattarella devra prendre quelques jours pour des consultations. Considérant qu’entre la dissolution des Chambres et la date des élections il faut au moins 60 jours, on arrive au mois de novembre, peut-être le 10 ou le 17. Soit, en pleine séquence budgétaire, ce qui préoccupe évidemment le Quirinal, à cause du danger d’une loi de finances provisoire et avec l’augmentation conséquente de la TVA. Bien sûr, s’il n’y a pas de majorité alternative, on votera même en novembre, situation absolument inédite dans l’histoire. Les oppositions sont trop divisées en ce moment et la position très nette du secrétaire du PD Zingaretti en faveur du vote, ferme toute possibilité d’une possible alliance PD-M5S. Pour le moment, donc, il n’y a pas de tentative de former un « gouvernement technique » ou de « responsabilité ». Mais des sources parlementaires parlent d’un probable « gouvernement de transition », même de minorité, créé uniquement pour gérer la crise, organiser les élections et préparer une loi de finances légère, dans le but d’éviter les clauses de sauvegarde et l’exercice provisoire. Tout cela dépendra de l’évolution de la crise parce que, si les Cinq Etoiles demandent un autre gouvernement, pour ne pas laisser à Salvini la gestion des élections, Le Président de la République devrait en tenir compte. Et Conte pourrait ainsi rester pour gérer les affaires courantes ».

RETROSCENA (Coulisses), Il Messaggero, A. Gentili : « ‘’ C’est à toi de lancer la motion de défiance ‘’. Défi de Conte au leader de la Ligue » : « Les détails de la journée d’hier sont évidents : Salvini, l’homme fort du gouvernement italien, a réclamé des élections anticipées et a fait éclater la coalition populiste. Il aurait initialement demandé à Giuseppe Conte de démissionner et, face au refus de celui-ci, qui a indiqué qu’il ne se démettrait qu’après une motion de défiance du Parlement, il a déclenché la crise, furieux, en déclarant qu’il est inutile d’aller de l’avant seulement avec des ‘’ non ‘’ et des disputes et que les Italiens ont besoin des certitudes. Le Président de la République n’a aucune intention de former un gouvernement technique pour gérer la crise mais il a soutenu Conte qui, très déterminé,  a décidé de « parlementariser » officiellement cette situation. Conte a aussi déclaré, en sortant de son silence, lors de sa conférence de presse d’hier soir au palais Chigi, que ce n’est pas Matteo Salvini qui doit décider le moment de la crise et qu’il devra justifier devant les Italiens les raisons de son action. Il a ajouté que la relation entre le gouvernement et le Parlement n’est pas du tout un simple ornement mais la base de la vie démocratique d’un pays ».

ANALYSE, La Repubblica, C. Tito : « Le jeu de l’allumette » : « L’échec souverainiste est en train de prendre formeUn gouvernement fini, une majorité en morceaux est en train de faire subir au pays une toute dernière humiliation : celle de déterminer celui qui devra assumer la responsabilité de la crise de gouvernement. C’est le jeu de l’allumette, comme si tout cela avait un sens et comme si le désastre de ces derniers 14 mois pouvait retomber uniquement sur l’un des deux membres de la coalition. Ils peuvent continuer de se rejeter mutuellement la culpabilité mais rien, même pas les insultes réciproques, ne pourront occulter le bilan décevant de cet exécutif. La nature de la coalition jaune-verte, qui a dévoilé tous les contours tragiques du populisme, a laissé des décombres plutôt que des constructions et, en outre, la classe dirigeante qui l’a animée a confirmé de ne pas être à la hauteur. Mais la politique ne peut pas se réduire seulement à la poursuite des instincts viscéraux du pays, le projet d’un exécutif ne peut pas se renfermer dans les termes d’un « contrat ». Salvini a amené les Cinq Etoiles là où il voulait, sur « son » lieu de la politique, il les a rendus inutiles et il leur a assené quelques coups. Mais il en a asséné beaucoup plus à la qualité de notre démocratie ».

ARTICLE, Corriere della Sera, Massimo Franco : « La voie inévitable et le temps perdu » : « La Ligue a décidé d’amener le pays aux élections anticipées. Mais la Ligue n’aura pas comme adversaire l’homologue de Matteo Salvini dans le Mouvement 5 Etoiles, Luigi Di Maio. Ainsi, le leader du Carroccio devra discuter avec Giuseppe Conte, qui est déterminé de se rendre en Parlement en vue de faire émerger avec clarté les responsabilités de la crise. En effet, entre le représentant de la Ligue et Giuseppe Conte se profile une guerre. Si le deuxième objectif était les urnes, le mystère est de comprendre pourquoi il n’ait pas été explicité il y a un mois. La manière avec laquelle la Ligue interrompt la législature donne l’impression qu’elle veut encaisse concrètement le butin virtuel des sondages. La perspective est le passage d’un gouvernement composé de populistes et souverainistes déclarés à un gouvernement de droite eurosceptique ; avec une Italie condamnée à faire face à la Commission sur une trajectoire de collision. Mouvement 5 Etoiles et Ligue auront le devoir d’expliquer au pays comment la machine de guerre populiste, qui aurait dû durer pendant une législature, s’est écrasée. Le gouvernement devra rendre public son candidat à la Commission européenne. Le choix apparaissait déjà compliqué à cause des désaccords entre Ligue et Mouvement 5 Etoiles. Maintenant avec une majorité brisée, la force et la crédibilité italiennes pour obtenir un poste important sont réduites à un peu plus que zéro. Mais la sensation est que tout cela importe peu pour ceux qui devraient conduire le Pays. En outre, celui qui gagnera aux élections, en ce moment Salvini est le favori, devra après mettre en place une manœuvre financière ; et la concorder avec la Commission européenne. Et cela, sauf si on ne veut pas insister sur une stratégie de la provocation, ne fera qu’accroitre la possibilité d’un isolement de l’Italie. Ce n’est pas qu’un avertissement pour la Ligue et le Mouvement 5 Etoiles mais aussi pour les oppositions, qui sont incapables jusqu’à ce moment-là d’offrir une alternative raisonnable ».

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Breda : « Parmi les hypothèses, un gouvernement de « garantie électorale » : « Après la rupture de la majorité en Senat sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin, les vraies intentions de Matteo Salvini deviennent explicites : convaincre Giuseppe Conte de démissionner au plus vite. Cela dit, le chef d’Etat Sergio Mattarella avait souhaité un possible règlement du conflit avec les « alliés » du gouvernement jaune-vert. Ainsi, le risque est que les élections puissent décaler jusqu’à en novembre, avec des temps excessivement stricts pour la rédaction de la loi de sur laquelle l’UE nous attend ».

ARTICLE, Il Fatto Quotidiano, L. De Carolis : « Le dernier coup de Di Maio : la diminution des parlementaires pour arrêter la Ligue » : « Luigi Di Maio tente un dernier coup pour éloigner la date des élections. Le représentant du Mouvement 5 Etoiles a intérêt à faire voter à la Chambre la diminution de 245 parlementaires, avant de le vote au Senat sur la confiance au Président du Conseil. En effet, tout cela exige des semaines de travail et représente un moyen pour éloigner le vote aux urnes que Salvini veut en octobre. Cependant, le leader du Mouvement 5 Etoiles Luigi Di Maio devra clarifier plein de questions : de son rôle au sein du Mouvement à celui de Conte et Di Battista ».

ARTICLE, La Stampa, G.Orsina : « Le Capitaine à l’épreuve la plus difficile » : « Les partis sont tellement déstructurés, les institutions si faibles, et les électeurs si inconstants, que celui qui gagne est qui réussit à rester tout le temps au centre de l’attention avec une initiative après l’autre.  En ouvrant la crise de gouvernement Salvini essaye de mettre en place les conditions pour que sa révolution puisse continuer. Le terrain principal d’action de Salvini est en train de se restreindre depuis de mois. En effet, suite à la question migratoire l’économie reste le nouveau défi du représentant de la Ligue. Pour l’instant il est possible de parvenir à deux conclusions. Concernant l’immigration, le leader de la Ligue a eu un terrain à lui favorable. En effet, la majorité du travail avait déjà été faite par son prédécesseur Marco Minniti. Toutefois, le volet économique est beaucoup plus compliqué. Et pour pouvoir arriver à bien gérer cet affaire, il faudra discuter avec l’Europe et notamment les marchés financiers. Si Matteo Salvini arrive à gagner aux élections, il devra faire preuve de changer de direction. De révolutionnaire, il devra se transformer en administrateur. Ça ne vas pas être facile ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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