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17/06/2019

"Salvini aux Etats-Unis entre sourires et frictions."

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Italie. Revue de presse.

Les négociations entre Rome et Bruxelles sur la procédure d’infraction pour dette excessive font toujours les gros titres des médias transalpins. La presse souligne la volonté du Président du Conseil et du ministre de l’Economie de rassurer la Commission Européenne en promettant de réduire la dette pour 2020 et d’autre part la ligne ‘’dure’’ des partis de majorité, pour ne pas remettre en question les principales réformes adoptées (retraites anticipées et revenu de citoyenneté) : « Offensive de la Ligue sur les impôts, le revenu citoyen et les CDD » (Corriere della Sera), « Retraites anticipées et revenu citoyen, le stop à Tria » - ‘’Salvini et Di Maio n’acceptent pas les économies proposées par le Trésor pour 2020’’ (Il Messaggero).

La polémique touchant certains juges du Conseil Supérieur de la Magistrature dont l’impartialité politique est remise en cause après la diffusion d’écoutes téléphoniques sur la nomination du procureur de Rome est également reprise : « La révolte des magistrats ‘’trahis’’ par le CSM » - ‘’Une question morale s’impose’’ (La Stampa), « Le ministre de la Justice Bonafede : ‘’pas de limites aux écoutes téléphoniques’’ » (Fatto Quotidiano).

EDITORIAL du directeur, Il Foglio, C. Cerasa « Le duel au gouvernement entre la Ligue et le M5S a fini par rapprocher la Ligue du PD » : « L’article que vous êtes en train de lire veut raconter un fait qui peut paraitre paradoxal mais qui est devenu l’un des plus gros ‘’non-dits’’ de la phase politique que nous sommes en train de vivre. Jeudi dernier, la Ligue décidait de voter un amendement du PD pour sauver Radio Radicale, qui pourra bénéficier d’un financement jusqu’à la fin de l’année. Ces derniers mois, il a été possible de remarquer que les trajectoires de la Ligue et du PD, de manière absolument involontaire, se sont rencontrées. Tout d’abord sur la liaison Lyon-Turin (TAV), les positions de la Ligue de Salvini se rapprochent plus de celles du PD de Zingaretti que de celles du M5S de Di Maio. En général, sur les infrastructures les positions de la Ligue sont semblables à celles du PD. Sur l’autonomie régionale, les idées de la Ligue se rapprochent de celles de plusieurs présidents régionaux démocrates, bien plus que de celles des ministres 5 Etoiles. En politique étrangère, l’attitude envers la crise vénézuélienne rapproche la Ligue et le PD. Quand on parle du décret dignité, la Ligue souhaiterait le modifier à l’instar du PD sur ces normes qui, au lieu d’aider les entreprises à créer des emplois, finissent par les pousser à ne pas en créer. Il y a un fait évident : ce que la Ligue n’arrive pas à encaisser aujourd’hui elle pourrait l’avoir plus facilement en dialoguant avec le Parti Démocrate. Attention, cela ne signifie pas qu’un gouvernement improbable Ligue-PD puisse naitre mais plutôt que l’actuel gouvernement n’existe plus. Il serait utile, pour tous, d’en prendre acte ».

ENTRETIEN de Claudio Durigon (Ligue), Secrétaire d’Etat au ministère du travail « Nous modifierons les contrats et baisserons le cout du travail » (Corriere della Sera) : « ‘’Non, il n’existe pas de phase 2 du gouvernement. Nous continuerons d’aller de l’avant avec les alliés du M5S. Notre proposition sur les contrats à durée déterminée est un projet de loi, ce qui veut dire qu’il y aura une synthèse au Parlement. Il ne s’agit pas d’un pas en arrière mais d’intervenir sur ces zones d’ombres qui se sont manifestées cette année. Le salaire minimum est intéressant pour soutenir le revenu des travailleurs mais il est clair qu’il ne peut pas représenter un coût supplémentaire pour les entreprises, qui ont déjà du mal à faire face à la concurrence. Le salaire minimum doit avancer conjointement à la coupe du coin fiscal, c’est-à-dire les coûts pour les entreprises. Non, il n’y aura aucune correction du ‘’quota 100’’ (réforme des retraites anticipées). Je suis assez tranquille sur le fait qu’à la fin il n’y aura aucune procédure d’infraction. Une chose est sûre, il n’y aura pas de loi de finances rectificative car cela ne servira à rien. Ce que nous avons déjà fait et que nous sommes en train de faire suffira pour convaincre Bruxelles’’ ». 

COULISSES, M. Conti, Messaggero, « Procès et écoutes téléphoniques : réforme en stand- by, le M5S ne cède pas et le fossé avec la Ligue se creuse » : « Les trois avocats présents au sein du gouvernement, Conte, Bonafede et Bongiorno (le Président du Conseil et 2 ministres) se verront mercredi soir au palais Chigi, même s’ils pourraient ne pas être seuls, vu que Salvini a gardé ce créneau libre dans son agenda et pourrait ‘’obliger’’ Di Maio à y participer aussi. La réforme de la justice sera sur la table. L’affrontement entre le M5S et la Ligue sur l’utilisation des écoutes téléphoniques et sur la durée des enquêtes préliminaires, révèle une conception de la justice diamétralement opposée entre les deux partis. »

ARTICLE, La Repubblica, I. Diamanti : « Ni droite ni gauche, l’Italie qui reste dehors croît » : « Nous vivons des temps incertains et l’incertitude s’étend et envahit la société dans tous les domaines. Aujourd’hui, il est difficile de trouver des points de repère auxquels s’appuyer et sur lesquels avoir confiance. Surtout sur le plan politique, parce que les bases mêmes de l’identité politique se sont affaiblies, pour ne pas dire dissoutes. D’abord et avant tout l’axe Droite-Gauche, une définition historique dans laquelle un tiers des Italiens, presque 31 %, ne se reconnaissent plus. A partir de 2013, où des élections définies comme constitutives d’un « tournant » avaient marqué l’ouverture d’un cycle d’instabilité, qui n’est toujours pas résolu. Alors, ce n’est pas un hasard, si un ‘’ parti qui se déclarait être un « non parti » s’était imposé : le M5S, qui ne respectait pas la division traditionnelle entre Droite et Gauche. Et 27 % des électeurs, selon les sondages Demos, avait déclaré de ne pas se reconnaître dans cette différenciation. Au cours de la dernière décennie, l’orientation politique des Italiens a changé de ‘’ profil ‘’ et, entretemps, les positions se sont polarisées, surtout de la Gauche vers la Droite, où c’est la Ligue de Salvini qui compte davantage. Mais, dans l’ensemble, la zone de l’espace politique la plus développée est la plus ‘’extérieure ‘’, dans laquelle ceux qui se considèrent comme étant dehors convergent, une « non-position » partagée contre la Droite et contre la Gauche ».

COMMENTAIRE, La Repubblica, F. Rampini : « Salvini aux Etats-Unis entre sourires et frictions » : « Les âmes sœurs des souverainismes italo-américains se rencontrent aujourd’hui à Washington : Matteo Salvini, le vice-président Mike Pence et le secrétaire d’Etat Mike Pompeo. Ses interlocuteurs ont compris que c’est lui l’homme fort du gouvernement italien, même si les penchants idéologiques ne se traduisent pas en synergies concrètes. Les dossiers qui séparent l’Italie et les Etats-Unis sont nombreux et en hausse, des sourires et des tapes dans le dos ne suffisent pas à annuler les différences. Les Etats-Unis ont durement critiqué la signature du Mémorandum d’entente entre l’Italie et la Chine, puis il y a eu la déchirure sur le Venezuela et, surtout, le problème de la sympathie de Salvini pour Poutine. Toutes ces différences peuvent expliquer l’affront américain sur la Libye, quand Trump s’est aligné sur Macron pour soutenir le général Haftar, isolant ainsi l’Italie. En outre, Trump veut frapper les voitures allemandes mais cela endommagerait les composants fabriqués en Italie. Salvini ferait bien de se rappeler le paradoxe du nationalisme : plus chaque pays défend ses intérêts nationaux avec cohérence plus il risque de nuire au souverainiste d’à côté. ‘‘ American First ‘’ est le souverainisme avec les stéroïdes, il ne fait de cadeaux à personne ».

ARTICLE, Anna Guaita, Messaggero, « Salvini cherche le soutien de Trump, les Etats-Unis cherchent des alliés au sein de l’UE » : « Lors de sa mission aux Etats-Unis aujourd’hui, Matteo Salvini, prévoit de parler avec Pompeo et Pence, de terrorisme, d’immigration, de rapports avec l’Iran, la Libye et le Venezuela, et de poser les bases pour créer un nouveau partenariat, plus fort. Il n’est pas censé voir Trump mais ils pourraient se croiser pour se serrer la main, car comme le soulignent les médias américains, Salvini est le leader européen qui ‘’ressemble le plus’’ au président américain, même s’ils soulignent aussi les ‘’différences’’ surtout sur le récent accord de l’Italie avec la Chine. »

ARTICLE, La Stampa, Alessandro Barbera et Amedeo La Mattina : « Vers un report des nominations de l’UE. Maintenant l’accord sur le déficit est plus difficile. » : « Une mésentente sur les nominations aux sommets des institutions européennes pourrait fragiliser davantage le gouvernement jaune-vert. Pour Conte, ces nominations devraient s’imbriquer dans les négociations pour éviter la procédure pour excès de déficit. Selon les informations qui circulent, Macron fait pression sur Merkel pour qu’elle accepte le poste de Président du Conseil européen, ou de la Commission. Mais celle-ci, du fait de la déroute de son allié au gouvernement aux dernières élections, le SPD, redoute une crise gouvernementale et la fin de sa grande coalition en cas de démission. Cette mésentente allonge la durée de vie de l’actuelle Commission, et pourrait repousser l’entrée en fonction de la nouvelle à février 2020. Ceci provoque un argument répété par Matteo Salvini : « Nous ne pouvons pas nous faire conditionner par une Commission sortante. » Les trois têtes de l’exécutif italien devraient se rencontrer dans la semaine, Salvini devrait alors proposer le projet de réforme fiscale, avec les couvertures demandées par Conte et Tria. L’attention de Bruxelles se tourne surtout actuellement sur la capacité d’unité du gouvernement italien. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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