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24/05/2019

‘’1 Italien sur 10 ne sait pas pour qui voter’’

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Italie. Revue de presse.

« Ligue et M5S se disputent sur le faux en écritures comptables » (Corriere della Sera), « Berlusconi-Salvini, défi sur l’avenir du gouvernement » - ‘’1 Italien sur 10 ne sait pas pour qui voter’’ (La Stampa), « La Ligue sans programme » - ‘’harmonie PD-FI sur la BCE et les migrants, le M5S demande des coupes à la « caste européenne »’’ (Fatto Quotidiano), « Elections européennes, le Sud oublié » - ‘’Derniers meetings du Nord jusqu’à Rome. Dernier bras-de-fer Salvini-Di Maio sur le faux en écritures comptables’’ (Il Mattino)

Entretien de Matteo Salvini, chef de la Ligue, vice-président du Conseil et ministre de l’Intérieur « J’ai confiance en Conte mais je vais révolutionner l’UE avec Farage » (La Stampa) : « ‘’Di Maio dit n’importe quoi de moi, mais j’ai décidé de ne pas riposter. Je reconnais que les attaques font du mal. Ce serait normal si cela venait du PD ou de Berlusconi. Mais il est étrange de se sentir attaqué par son allié. J’ai imposé aux miens de ne pas répondre et de continuer à travailler. Di Maio fait l’éloge de la ligne de Gentiloni sur les migrants ? Ça c’est la meilleure. J’espère que personne n’a nostalgie du passé. Il est clair que sur les rapatriements le rôle de l’UE sera important. Je suis en mode zen. Giorgetti l’est un peu moins que moi, je le comprends. Non, le gouvernement ne tombera pas. Une chose est sure, nous nous remettons à travailler, à commencer par la TAV : les élections dans le Piémont sont un référendum sur cela. Si nous gagnons, la TAV sera réalisée, ainsi que l’autonomie et la Flat tax. Les alliés ne s’opposeront pas car cela est prévu dans le contrat de gouvernement. Nostalgie du centre droit ? Avec Forza Italia nous administrons très bien plusieurs villes mais sur le gouvernement j’ai donné ma parole. Il n’y aura aucune manœuvre derrière les coulisses. Farage premier parti en UE ? Je l’ai entendu. Nous sommes déjà en accord avec lui. Tout comme avec les Hollandais, les Français et les Allemands. Nous avons des vues en commun aussi avec les Hongrois et les Polonais. Je crois que nous pourrons vraiment faire la révolution en Europe. Après un an de travail, je suis fier de voir la Ligue grandir de cette manière, de savoir que nous sommes le premier parti en Italie et peut-être aussi en Europe. Celui qui arrive deuxième compte un peu moins. J’espère que ce sera le M5S et pas le Parti Démocrate. Les accusations de l’ONG Sea Watch ? Je ne peux pas accepter que l’on mette en discussion les capacités et la loyauté de la Marine Italienne et elle était à des milles du canot en question. Elle sait ce qui veut dire d’opérer dans la légalité, contrairement à cette ONG. Les migrants qui ont été remis dans les centres de détention en Libye ? C’est pour cela qu’il faut une nouvelle Europe. Ces élections n’ont jamais été aussi importantes’’ »

ENTRETIEN, Luigi Di Maio, vice-président du Conseil, Corriere della Sera « Matteo (Salvini) est comme Juncker. Je ne lui parle désormais que lors des Conseils des ministres » : « Nous avions une collaboration majeure et, au-delà des rapports personnels, tout a commencé avec l’affaire Siri, la tension s’est accrue. Nous ne nous positionnons ni avec cette gauche qui boit du champagne avec les banquiers ni avec les souverainistes à la Rolex qui mangent du caviar. Salvini et Juncker bientôt se donneront la main, ils ne sont pas incompatibles : Orban, Le Pen et Juncker disent la même chose sur l’immigration et sur l’austérité. Mattarella fait un travail fondamental d’impartialité pour que ce gouvernement continue. Non (je ne referai pas la photo avec les Gilets jaunes à Paris), c’était un hasard. J’étais là uniquement pour rencontrer un groupe qui avait l’intention de former une liste pour les élections européennes. Puis quand j’ai compris les intentions des Gilets jaunes, je les ai laissés tomber ».

ANALYSE Sole 24 Ore L. Palmerini « Salvini-Giorgetti, les deux thèses sur les élections » : « Nous sommes arrivés au dernier jour de campagne, le dernier jour pour une énième dispute. Les électeurs diront si cette lutte sans fin aura été bénéfique pour les deux partis ou si, au contraire, elle les aura pénalisés. Ils diront surtout qui des deux aura été le plus ‘’usé’’. Si les deux leaders Salvini et Di Maio, même en se lançant des piques, assurent que le gouvernement ira de l’avant, le Secrétaire d’Etat G. Giorgetti est la seule voix qui dit l’inverse. Voici sa thèse (sur laquelle il pousse Salvini à la crise) il n’y a pas d’amalgame entre les deux partis et cela portera à un enlisement surtout sur la loi de finances qui est déjà à hauteur de 30 milliards. Sans compter la possibilité de se voir adresser la lettre de rappel de la Commission européenne demandant des explications pour avoir empêché une réduction de la dette et qui pourrait déclencher une procédure d’infraction. D’où la stratégie de la fuite de Giorgetti, qui est le représentant le plus suivi par le monde des administrateurs léghistes du Nord et des entreprises qui, lors de l’assemblée de Confindustria, ont montré leur froideur à l’égard du gouvernement et des 5 Etoiles. Selon Giorgetti, la Ligue pourrait atteindre 30% des voix, soit son score le plus haut après lequel elle ne pourra que descendre. Autant passer à la caisse pour ensuite aller aux élections anticipées en septembre, non ? Voici le dilemme qui s’ouvre au Capitaine Salvini ».

ARTICLE, La Repubblica, S. Folli : « La règle de l’écart » : « Le résultat des élections européennes aura des conséquences sur deux fronts : à l’échelle européenne, à travers la composition du Parlement et de la majorité qui s’exprimera sur la future Commission, et à l’échelle nationale. En effet, dans de nombreux pays les résultats peuvent remettre en question les pouvoirs en place. C’est le cas en Grande-Bretagne, ou en Autriche. En France, même si Marine Le Pen arrive en tête, les institutions protègent le Président en place et son actuelle majorité législative. Cependant, la faiblesse actuelle d’Emmanuel Macron, si elle se confirme lors de ces élections, aura inévitablement des effets à moyen terme. Ce qui pourrait avoir des conséquences sur l’ensemble de la stabilité de l’Union, vu la centralité de Paris au sein des équilibres continentaux. Quant à l’Italie, il sera important de regarder l’écart entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles. Lors des dernières élections législatives en mars dernier, le M5S est parvenu à plus de 30%, lorsque Salvini arrivait à 17%. Aujourd’hui, la situation s’est inversée, et est en faveur du ‘’Capitaine’’, proche des 30% selon les derniers sondages. Lors des prochaines élections un écart d’une dizaine de points aurait de grandes chances de faire tomber le gouvernement actuel, au profit de la Ligue. Au contraire un écart moindre pousserait au statu quo, entre deux partenaires incapables de prendre l’avantage l’un sur l’autre. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera M. Franco « L’exorcisme du Mouvement pour éviter la crise » : « Le martèlement de Di Maio sur le risque d’une crise de gouvernement provoquée par une Ligue triomphant aux Européennes est une sorte d’exorcisme.  Il ne vise pas à révéler un plan de Salvini mais à en prévenir la tentation. Bien que Salvini réitère son souhait de continuer quatre ans encore avec ce gouvernement, et ne pas demander de sièges. La méfiance est désormais palpable. Et le malaise au sein de la Ligue, au nord surtout, alimente les craintes. Di Maio se raccroche à Conte comme à une sorte d’icône contractuelle à ne pas toucher. Par ailleurs, il craint que le PD de Zingaretti arrive - ou dépasse - à 20%, un seuil qu’il s’il n’est pas exaltant serait encombrant, et montrerait un parti démocrate aussi fort que le M5S. Pour délégitimer Salvini, Di Maio en arrive à louer l’action du gouvernement Gentiloni sur les immigrés, ‘’qui a fait mieux que notre gouvernement’’, dit-il, sur ‘’les rapatriements’’, ce à quoi le chef de la Ligue réplique, l’accusant d’avoir la ‘’nostalgie’’ des gouvernements PD. Mais il a déjà dû faire face à une défaite sur le décret sécurité-bis, aux contours constitutionnels ambigus. Selon le vote, ces polémiques prendront plus ou moins d’importance.  Mais l’inquiétude demeure que la majorité ne relègue l’Italie aux marges de l’UE, si M5S et Ligue, et leurs alliés anti-européens n’avaient pas le succès évoqué par l’exécutif Ligue-M5S. »

ANALYSE, Corriere della Sera, F. Verderami, « Le scénario des élections après l’été (pour ne pas tomber sur l’économie) » : « Si Giorgetti encourage Salvini à mettre ‘’immédiatement fin’’ au rapport avec les 5 étoiles, c’est parce que la ‘’grêle’’ va tomber – comme il l’a dit à Marco Cremonesi hier au Corriere. Son raisonnement est le suivant : mieux vaut un gouvernement qui tombe à cause d’une crise politique plutôt que pour une crise économique. Un parti peut gérer la crise dans le premier cas, dans le second il est à terre. Et comme les nuages sur les comptes publics font bien penser à une tempête de grêle proche, Giorgetti veut sécuriser le parti. Il estime, et son réseau de relations le lui permet, que le Quirinal [siège du président de la République[  ‘’face à une crise de gouvernement dissoudrait les Chambres’’. »

ARTICLE, La Repubblica, L. Rivara : « L’abstentionnisme et les inconnus indécis du vote. Les experts ne s’attendent pas à une baisse de l’affluence, les élections administratives pourraient favoriser les élections européennes. » : « Ces dernières années le taux de participation diminue dans l’ensemble des pays européens pour les élections européennes : 49.5% en 1999, 45.5% en 2004, 42.9% en 2009, 42.6% en 2014. En Italie, les moyennes sont plus élevées mais la baisse est la même : 65% en 2009, 57.2% en 2014. Selon Euromedia Research, 30% des italiens arrêtent leur choix dans les deux dernières semaines qui précèdent le vote. Le chercheur Ilvo Diamanti explique que le vote idéologique a fortement diminué au profit d’une plus grande indécision, qui peut se prolonger jusqu’au jour même du vote pour 10 à 15% des votants. Par ailleurs, la concomitance entre les élections européennes et les élections administratives (communales, et régionales au Piémont), joueront un rôle positif sur le taux de participation. Lors des élections législatives italiennes de l’an dernier, le taux de participation a baissé de 2 points pour arriver à 72.9%, mais il a augmenté dans beaucoup de régions du sud. Si l’affluence est importante, cela pourrait jouer en faveur des partis populistes, de plus la focalisation médiatique de ces dernières semaines sur la personne de Matteo Salvini pourrait pousser les Italiens à aller voter : pour ou contre lui, ce qui pourrait jouer en défaveur du Mouvement 5 étoiles, son allié au gouvernement. Enfin, un retour de l’abstentionnisme dans le sud pourrait gravement pénaliser les 5 étoiles. Pour la Ligue, elle devra dépasser les 30% pour gouverner seule. Les 5 à 7 millions d’indécis pourraient décider du futur de l’Italie. »

ARTICLE, La Repubblica, C. Lopapa : « Dispute sur l’abolition de l’abus de pouvoir » : « Matteo Salvini souhaite abolir le délit d’abus de pouvoir, en grande partie pour protéger ses troupes. En effet, de nombreux membres de la Ligue sont enquêtés pour corruption, comme le sous-secrétaire Edoardo Rixi. Salvini promeut cette mesure en pointant du doigt les blocages et les lenteurs administratives italiennes, et explique que cette mesure permet de « parier sur la bonne foi des italiens ». Luigi Di Maio s’insurge et parle « d’une marche en arrière. »

UNE/ARTICLE, Il Mattino, M. Ajello, « Elections européennes, le Sud oublié » - « Les leaders snobent le Mezzogiorno » : « Ce n’est absolument pas un hasard, étant donné la suppression du thème du Sud dans l’action du gouvernement et dans la campagne pour les Européennes : aucun leader ne finira sa campagne dans une ville du Sud. Salvini sera aujourd’hui à Piacenza mais saute les autres étapes prévues en Emilie à cause des risques de contestation. Zingaretti et Bonino finissent à Milan et Meloni à Turin et Bergame, et pour Berlusconi marathon télévisé ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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