18/04/2019
"Le gouvernement vers des augmentations sélectives."
Italie. Revue de presse.
Les questions économiques font les gros titres des médias transalpins : « Querelle sur la hausse de la TVA » - ‘’Tria (Indépendant) : nécessaire en absence d’autres mesures’’ (Corriere della Sera), « Ligue et M5S contre Tria : nous empêcherons la hausse de la TVA » (La Repubblica), « L’augmentation de la TVA secoue le gouvernement » (Sole 24 Ore), « Augmentation de la TVA, défi au sein du gouvernement » (Il Messaggero), « Tria confirme l’augmentation de la TVA, révolte au sein du gouvernement » (Avvenire).
Journaux télévisés : Ils ouvrent sur la Libye et sur la probable hausse de la TVA.
Réseaux sociaux : Ils traitent principalement de l’enquête pour corruption visant le secrétaire d’Etat aux Transports A. Siri (Ligue).
ARTICLE Corriere della Sera F. Fubini « Pour le Trésor il ne s’agit que de campagne électorale, les décisions seront prises après les élections européennes » : « Dans le document économique et financier (Def), à la page 104, on peut lire les évaluations des conséquences d’une augmentation des impôts indirects, soit la TVA et les accises. C’est comme si le ministre de l’Economie avait illuminé l’horizon, alors que la politique est dominée par les polémiques au jour le jour et par la perspective des élections européennes qui se tiendront dans un mois. Dans le Def, il y a l’hypothèse d’un déplafonnement de la dette, en absence de hausse de la TVA, à des niveaux insoutenables. En coulisses, le ministre n’hésite pas à reconnaitre que, pendant tout ce mois, une discussion réelle sur le prochain budget sera impossible ‘’on ne pourra en parler qu’après les élections européennes’’, observe-t-il avec un calme apparent ».
RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, A. Barbera : « Le gouvernement vers des augmentations sélectives. La crainte du ministère de l’Economie pour la notation des agences » : « L’hypothèse d’une possible hausse de la TVA a été évoquée par le ministre de l’Economie Giovanni Tria afin d’éviter un endettement public trop élevé et une procédure d’infraction de la part de la Commission européenne. Aujourd’hui, le DEF sera présenté à la Chambre et ce document soulignera le défi au sein du gouvernement qui, d’un côté, voudrait ne pas adopter cette augmentation mais, de l’autre, il devra considérer les comptes publics et, en l’absence d’autres mesures, la confirmer comme nécessaire ».
ANALYSE Il Messaggero P. Balduzzi « Voie obligée, ils font juste semblant de se disputer » : « C’était la stratégie de Quinto Fabio Massimo : temporiser, attendre que l’ennemi s’use. Salvini et Di Maio l’ont compris, mais au lieu de prendre un ennemi extérieur commun, ils se cherchent mutuellement, bloquant la propagande de l’allié par des vétos. Evidemment, c’est le pays qui est la victime de cette attente infinie. Dernier exemple : sur la TVA, qui devrait augmenter, à moins que, dit Tria, on ne trouve une alternative. Laquelle ? Et l’on voit à quel point l’indécision de ceux qui temporisent bloque le pays : où en sont les décrets ‘’croissance’’ et ceux sensés débloquer les chantiers ? La lutte contre l’évasion fiscale serait importante mais cela signifie remettre en cause des intérêts importants, au Nord et au Sud. Une stratégie qui demande force et décision, impossible pour ceux qui temporisent en attendant de nouvelles élections ou des boucs émissaires sur qui rejeter ses propres échecs ».
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « La tentation des élections anticipées » : « Théoriquement, ils ont raison : ils pourraient trouver ces 23 milliards sans augmenter la TVA par le biais de mesures alternatives, soit l’augmentation du déficit. Puis, si l’on introduit aussi le thème de la ‘’flat tax’’, le déficit s’envolera à des niveaux incompatibles avec n’importe quelle règle européenne. Du coup, si l’Europe reste celle d’aujourd’hui, avec les mêmes équilibres, il n’y a pas moyen de concilier le réalisme (dont Tria est le représentant) avec la rhétorique électorale de Salvini et Di Maio. Si par le passé, les deux ont toujours trouvé une façon de se réconcilier sur des points qui les divisaient, cette fois-ci c’est différent. Salvini est de plus en plus intransigeant sur la question des ports fermés et Di Maio n’a aucun intérêt à apparaître faible. Et la querelle entre Salvini et la ministre de la Défense Trenta est réelle et révèle une fracture croissance avec les 5 Etoiles, notamment sur la gestion des réfugiés. Certes, l’Europe peut changer après le 26 mai, mais il est fortement improbable que cela se fasse en harmonie avec les souhaits de Salvini. Même s’il remporte un bon score aux élections du 26 mai, il ne sera toujours pas influent. En revanche, il devra transférer les voix électorales du Parlement européen au Parlement national. Pour sortir de cette situation, il n’y a que deux solutions : d’un côté un remaniement gouvernemental d’envergure. De l’autre, plus logiquement, les élections anticipées ».
COULISSES Il Messaggero M. Conti « Majorité en crise, Conte irrité avec Salvini » - « Salvini déserte la réunion sur la justice. Conte essaie de renouer » - « Les deux partis se disputent de plus en plus. Le décret croissance risque de nouveau d’être incapable de produire dans les délais requis les décrets promis et de faire une réunion sur la justice au palais Chigi : la majorité M5S et Ligue n’existe simplement plus. Mort présumée en attendant le 26 mai. La tension monte pour le manque de mesures sur le tourisme demandées par la Ligue. En effet, hier Salvini a déserté la réunion sur la justice et a été ‘’remercié’’ par le stop subi par le ministre Centinaio sur un paquet de mesures liées au tourisme. »
ARTICLE Il Messaggero C. Mangani « Haftar bombarde Tripoli. Conte à Trump : ‘’interviens’’ » : « L’entretien entre Conte et Trump pourrait aussi représenter un test de fidélité envers notre gouvernement, un peu en froid avec Washington à cause des accords avec la Chine. La possibilité serait qu’en échange d’une aide en Libye, l’Italie envoie des soldats en Syrie, pour remplacer les 2.000 (environ) hommes américains. En attendant que les ‘’puissants’’ ne trouvent un accord, à Tripoli et dans ses environs, les morts s’accumulent : le nombre est monté à environ 200 victimes et 816 blessés ».
ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo, F. Paci : « Libye, Conte demande de l’aide à Trump. ‘’ Mais l’Italie doit reconnaître Guaidò » : « Le président du Conseil Giuseppe Conte a appelé le président américain pour demander de l’aide sur la question de la crise libyenne et Trump a répondu en le rassurant mais en demandant à l’Italie de reconnaître la légitimité de Guaidò. En effet, la Maison Blanche n’avait pas du tout apprécié la position du gouvernement Ligue-M5S, qui n’avait pas accepté, contrairement à l’UE et à l’OTAN, de soutenir Guaidò et elle a donc saisi l’occasion de souligner à Conte que le fait d’être ‘’ alliés ‘’ sur la Libye impliquait aussi des choix consensuels sur le Venezuela. Voilà l’accord potentiel entre le Palais Chigi et la Maison Blanche, par une triangulation singulière entre Rome, Tripoli et Washington, un échange dans lequel un fort soutien américain dans le bras de fer libyen entre les gouvernements italien et français pourrait être le résultat d’un détachement décisif italien de Maduro. L’équipe de Conte a raconté une conversation sincère dans laquelle l’ami américain aurait affirmé que la ligne italienne est la ligne américaine et qu’il aurait étudié l’initiative italienne dans le but d’une rencontre, dans une semaine, pour établir une feuille de route commune. En réalité, même maintenant, le fait que Washington n’est pas revenu sur sa décision de retirer ses troupes, évoque l’intention de Trump de garder ses distances d’un problème qu’il considère comme uniquement européen ».
COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « La querelle Salvini-Trenta et l’attention du Quirinal » : « Mattarella serait en train de suivre attentivement l’affaire entre Salvini et l’Etat-major de la Défense. Il aura sans doute été averti de la note et de son contenu. C’est la partie ‘’les forces armées sont un instrument technique opérationnel au service du pays et dont toute activité est par conséquent accomplie en suivant les indications politiques et selon la ligne hiérarchique prévue’’ qui est en cause. Surtout parce que cette note donne des ‘’ordres’’ sur le cas spécifique du navire ONG « Mare Jonio », ce qui suppose un rapport hiérarchique qui n’est pas avec l’Intérieur. Par ailleurs la ministre de la Défense Trenta (M5S) a démenti tout éclaircissement avec Salvini. Les attaques de ce dernier contre la ville de Rome et la maire V. Raggi sont perçues comme des signaux d’intolérance qui ne sont pas liés uniquement à la campagne électorale européenne. Les tensions au sein de la droite, notamment de Forza Italia apportent un énième indice du comte au rebours sur le gouvernement. »
ARTICLE, La Repubblica C. Vecchio « Salvini, blitz à Pérouse entre selfies et protestations » : « Face à quelques 500 personnes, Matteo Salvini présente sa candidate, la sénatrice Donatella Tesei. Après 24h de la démission de la présidente de la région C. Marini à la suite de l’enquête sur les faux concours régionaux pour la Santé publique en Ombrie, le leader de la Ligue suit son instinct de prédateur. Pourtant, on dirait qu’il n’a pas faim. La scène durera dix minutes, les photos avec le public quarante. Ensuite, des jeunes d’un centre social l’appellent ‘’Salvini, on t’attend au tribunal’’. Les partisans de la ligue s’énervent et attaquent à leur tour ‘’communistes bâtards’’. Les jeunes chantent alors ‘’nous sommes tous des clandestins’’. Salvini rétorque à chaque accusation ‘’toi, tu mérites le service militaire obligatoire. Si tu aimes les immigrés, tu les paies de ta poche. Vous avez le portefeuille plein, si les partisans étaient encore en vie ils vous hueraient’’. Les gens semblent un peu déçus par le climat qu’est en train de prendre le comice. Les contestateurs n’en démordent pas. Salvini perd sa patience ‘’Vous m’avez agacé, je resterai ici tant que je n’ai pas fini les dernières photos’’. Il finira le meeting hué ».
ARTICLE, Il fatto quotidiano, L. De Carolis et P. Zanca « Virginia Raggi : « Salvini et les pouvoirs des préfets ? C’est seulement écrit en principe » : « La dernière rencontre entre la maire de Rome et le ministre de l’Intérieur fait avancer les choses et a le goût d’une télénovela. Hier, Batman et Wonder Woman se sont rencontrés sur le thème de la sécurité urbaine en discutant le fait que les préfets pourraient se substituer aux « maires distraits ». La maire répond aussi à nos questions sur notre forum. Lorsqu’on lui demande pourquoi Salvini s’attaque à Rome à longueur de journée, Raggi répond que depuis toujours, lors des campagnes électorales, Rome devient le terrain d’affrontement mais pour elle, « transformer sa ville en un champ de bataille est une perspective peu intéressante ». Lorsqu’on lui demande son avis sur le fait de donner plus de pouvoir aux préfets, elle affirme qu’elle-même « s’est beaucoup appuyée sur le préfet, Basilone et a beaucoup travaillé avec lui, comme si cela était un modèle de gestion. » Elle n’est pas inquiète mais confiante quant à la venue d’un nouveau préfet, puis qu’elle « croit au dialogue et à la collaboration ». D’après Raggi, « les préfets pouvaient déjà agir et intervenir dans certaines situations face au maire ». Ainsi, pour elle, pour améliorer la sécurité urbaine, il faut avant tout « financer davantage » les infrastructures de sécurité et « ouvrir de nouveaux commissariats ». Elle rappelle que les Romains préfèrent avoir « plus d’agents de police présent que de la paperasse en plus. » Si on demande à Raggi s’il ne faut pas plus écouter les romains directement et les faire parler plus, elle répond que sur Facebook, les autorités municipales racontent simplement, directement et franchement leurs actions. Lors de cet entretien, les liens entre Atac et la commune ont été mentionnés, ainsi que les problèmes bloquant actuellement plusieurs arrêts du centre historique. La maire de Rome a également évoqué ses rapports avec les Cinq Etoiles, à l’échelle nationale, dans le cadre des élections européennes. En effet, en vue des élections européennes, le parti a viré à gauche, après s’être fait écraser par la Ligue au sujet de l’immigration. Raggi rappelle que le mouvement peut évoluer, en fonction de l’actualité et n’a pas d’avis figé. De plus, l’immigration « monopolisait l’actualité à ce moment ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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