21/02/2019
"TAV, la Ligue accepte le report après le vote qui a sauvé Salvini."
Italie. Revue de presse.
Presse écrite : L’éventualité d’une loi de finances rectificative afin d’éviter que le déficit n’empire et l’accord M5S-Ligue pour une motion visant à ‘’geler’’ les travaux sur la liaison ferroviaire Lyon-Turin (TAV) se partagent les gros titres des médias transalpins. La presse souligne notamment la distance entre le M5S et le ministre du Trésor, ce dernier n’excluant pas totalement l’hypothèse de devoir rectifier le budget en avril si la récession devait continuer : « Rectification du Budget, coup de froid entre Tria et le M5S » - ‘’Motion sur la TAV, la Ligue disposée à un pacte avec le M5S pour la reporter’’ (Corriere della Sera), « L’UE retoque le gouvernement Conte : le budget freine l’économie » (La Repubblica), « Rectification du Budget, duel M5S-Tria » - ‘’Selon les 5 Étoiles ce serait de la ‘’science-fiction’’ (Il Messaggero), « TAV, entente Ligue-M5S pour la reporter » (La Stampa), « Infrastructures, 44% des chantiers bloqués au Nord-Ouest » (Sole 24 Ore).
Réseaux sociaux : Ils traitent principalement de l’entente M5S-Ligue concernant la TAV qui devrait être rediscutée.
Journaux télévisés : Ils traitent principalement de l’avertissement de l’Union Européenne sur le budget italien, de la motion conjointe de la Ligue-M5S devant la Chambre des députés.
ARTICLE La Repubblica T. Ciriaco et C. Lopapa « Le gouvernement envisage un budget revu mais Salvini et Di Maio s’y opposent » : « Le Président du Conseil G. Conte et le ministre de l’Economie G. Tria pourraient devoir faire passer une loi de finances rectificative à hauteur de 8-9 milliards. Le niveau du spread pèse et l’attente d’un avis probablement négatif de la part de l’agence de notation Fitch (BBB-, soit juste une marche avant le gouffre). Les marchés risquent donc d’accélérer les temps. Or, M. Salvini (Ligue) et L. Di Maio (M5S), en pleine campagne électorale, nient l’évidence des données économiques. Ils continuent à écarter de manière catégorique l’hypothèse de resserrer l’étau sur les comptes : ce qui signifierait couper drastiquement les dépenses publiques, augmenter les impôts voire prendre en compte une taxe éventuelle sur la fortune. Leur espoir est celui de reporter l’opération après les élections européennes du 26 mai. L’anticiper signifierait pour eux un choix suicidaire ».
RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, F. Verderami : « Hypothèse de vote après les élections européennes si l’économie coince » : « Les prochains cent jours du gouvernement pourraient aussi être les derniers. Considérer le destin de la majorité uniquement à l’aune des résultats de prochaines élections européennes serait cependant une grave erreur. La réunion d’hier des économistes de la Ligue a montré de fortes préoccupations pour les données du PIB des deux prochains trimestres, la crainte d’atteindre - 0,5 % qui pourrait faire sauter les comptes italiens et entraîner la hausse du spread avec des conséquences ravageuses pour la dette publique italienne. Le problème de la coalition Ligue-M5S est celui-là : l’évolution de l’économie italienne et l’éventualité d’une loi de finances rectificative afin d’éviter que le déficit n’empire ainsi que la possibilité de ‘’geler’’ les travaux sur la liaison ferroviaire Lyon-Turin (TAV) et de bloquer toutes les autres mesures du gouvernement dans l’attente des résultats du vote européen de fin mai ».
ARTICLE, La Repubblica, A. D’argenio « L’Union Européenne rejette le revenu citoyen et la réforme des retraites : « des mesures qui réduisent la croissance » - « Voici le rapport sur l'Italie que la Commission européenne approuvera mercredi : les mesures symbolisant l'exécutif auront des effets négatifs. Et il y a des avertissements : risque de contamination pour la zone euro ».
Liaison ferroviaire Lyon-Turin. ARTICLE La Stampa C. Bertini et M. Tropeano « TAV, les 5 Étoiles se rapprochent de la victoire. Tout sera rediscuté, sans dates prévues » : « La motion présentée hier par les chefs de groupe à la Chambre du M5S et de la Ligue marque le retour au contrat de gouvernement (‘’rediscuter intégralement le projet de l’application de l’accord entre l’Italie et la France’’) et réhabilite l’analyse coûts-bénéfices, fortement ternie par les polémiques. Cela confirme le report après les élections européennes de toute sorte de choix sur l’avenir de la liaison Turin-Lyon. Ce ‘’gel’’ se traduit en une perte probable des 300 millions d’euros de contributions européennes. Avec cette motion, les 5 Étoiles remportent une victoire politique : ils pourront faire leur campagne électorale en disant que la ligne TAV ne se fera pas. La réaction de l’opposition, Forza Italia et Parti Démocrate, n’a pas tardé, tout comme celle des comités favorables à la ligne qui ont organisé pour demain une manifestation devant la Chambre. La Ligue risque de payer un coût élevé, notamment dans le Piémont où la protestation est en train de monter ».
ARTICLE, La Repubblica, P. Griseri « TAV, la Ligue accepte le report après le vote qui a sauvé Salvini » : « La motion est délibérément ambiguë et générale. Mais c'est la promesse évidente faite par la Ligue au M5S pour le sauvetage de Salvini (ndr : dans l’affaire Diciotti et le vote en ligne sur la plateforme du M5S). Le document déclenche la réaction de l'opposition mais aussi de la société civile du Nord qui en a assez de reporter indéfiniment la réalisation des travaux. L'opposition, Forza Italia et le Parti démocrate, avaient proposé des motions à la Chambre des députés pour demander la libération des contrats du Lyon-Turin. Après diverses tentatives de report, hier il est devenu évident que le gouvernement n’aurait pas pu éviter l’humiliation. Et pour ne pas être divisés par les motions de l'opposition, M5S et Ligue ont présenté le texte d'une motion générale sur laquelle les parlementaires de la majorité ont pu s'entendre. Le texte se termine par la même formule que le contrat de juin, dans lequel le gouvernement s'engage « à rediscuter pleinement du projet dans l'application de l'accord entre l'Italie et la France ».
ARTICLE La Stampa F. Sforza « Il y a un rôle aussi pour Salvini dans le fait de renouer les relations avec Paris » : « Le tissage patient de la trame italo-française a commencé. La tâche la plus délicate retombe sur Salvini, qui sera appelé à réparer les divergences ouvertes avec la France par ses alliés de gouvernement, à l’occasion de sa rencontre avec son homologue Castaner en vue de la préparation du G7. La feuille de route est tracée et le retour de l’ambassadeur Christian Masset n’est pas une simple réintégration mais, dans la perspective de Paris, une véritable relance des relations bilatérales. Le schéma de la diplomatie 4.0 ne prévoit pas le fait que le rappel d’un diplomate soit le signal d’une rupture mais plutôt une sorte de ‘’pit-stop’’ : constatant une difficulté, il y a la nécessité de s’arrêter, de mettre au point une stratégie, de modifier, le cas échéant, ce qu’il faut modifier, et enfin redémarrer au plus vite. La rencontre entre les deux ministres de l’Intérieur sera préparée – afin d’éviter des malentendus – par d’autres rencontres bilatérales, d’abord celle entre les ministres de la Culture Alberto Bonisoli et son homologue français. Ensuite celui entre les ministres de l’Economie Giovanni Tria et Bruno Le Maire, pour confronter les agendas économiques. Le moteur franco-allemand a redémarré, l’Italie a intérêt à ne pas prendre le chemin de l’isolement. Un agenda riche, où le dossier TAV est tenu à ce stade en arrière-plan. Il faut le résoudre, cela est évident, mais à ce stade il pourrait ne pas contribuer à une ‘’reconfiguration’’ effective des relations. Rappelons que l’après-midi avant le rappel de l’ambassadeur à Paris, le ministre Toninelli avait remis une note au sujet de l’analyse coûts-bénéfices qui n’avait pas vraiment réchauffé le cœur des Français (ni celui de Salvini, qui n’avait pas été informé). La marche arrière des 5 Etoiles sur le soutien des gilets jaunes a été appréciée à Paris : c’était la condition nécessaire pour que la machine des relations bilatérales se remette en marche. C’est le Président Mattarella qui a été le garant de cette ‘’reconfiguration’’ effective des relations Italie-France ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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