23/01/2019
"Salvini attaque encore : je ne prends pas de leçon de l’Élysée."
Italie. Revue de presse.
France/Italie– Migrants : Unes - : « Coup de froid avec Paris, Alitalia et Fincantieri en danger » - ‘’Salvini attaque encore : je ne prends pas de leçon de l’Élysée’’ (La Repubblica), Conte en médiateur sur les frictions avec la France’’ (Il Messaggero).
COMMENTAIRE, F. Maselli « Pourquoi le gouvernement a intérêt à se placer comme l’opposant de Macron et de ce qu’il représente » : « Depuis que le gouvernement Conte a pris ses fonctions, l’étrange alliance entre la Ligue de Matteo Salvini et le M5S de Luigi Di Maio a montré qu’ils avaient intérêt à se présenter comme des opposants au Président français Emmanuel Macron et de ce qu’il représente. D’ailleurs, le bipolarisme souverainiste/européen est une clé de lecture rapide pour lire la réalité et une formule très facile à utiliser pour se placer à l’intérieur d’un cadre de valeurs défini. Il n’est pas étonnant, donc, qu’une partie du gouvernement soit structurée en contradiction à ce que Macron représente, à vrai dire aidée aussi par certaines attitudes du Président français. Le point le plus bas dans les relations bilatérales franco-italiennes a été atteint. Toutefois, l’attitude des deux partis n’est pas identique. Salvini incarne parfaitement l’un des deux partis qui s’affronteront aux prochaines élections européennes : souverainiste, nationaliste, politiquement incorrect, très dur à l’égard de l’immigration, allié de Marine Le Pen et donc prêt à chercher, comme elle, l’affrontement avec Macron. Le M5S, au contraire, a tenté de dialoguer avec Macron plusieurs fois, à partir de 2017. Di Maio avait souligné, dans une lettre envoyée au Président, que le Mouvement était une force démocratique positive. Mais, depuis quelques semaines, l’attitude a changé : d’abord le soutien aux gilets jaunes et ensuite les attaques de Di Maio et Di Battista au siège du Parlement européen de Strasbourg ainsi qu’à la « politique colonialiste française et au franc CFA ». Une attaque ciblée par semaine n’est pas aléatoire, il s’agit d’une stratégie précise qui vise un pays allié et le deuxième partenaire commercial de l’Italie. La France a convoqué l’ambassadrice italienne à Paris pour des éclaircissements et le ministère italien des Affaires Etrangères est en train de travailler en silence pour rétablir de bonnes relations. Mais le sentiment anti français existe et il est très profond en Italie. L’impression est que le M5S doit trouver un ennemi externe pour chercher de récupérer du terrain en vue des élections européennes. Et sur le marché, il n’y en a pas beaucoup d’ennemis extérieurs : Donald Trump est en ligne avec les positions du gouvernement italien, l’Allemagne de Merkel est en ce moment plus faible et accommodante à l’égard des politiques du budget italiennes, la Russie de Poutine est toujours un point de référence pour le Mouvemente et la Chine est considérée un partenaire commercial fondamental. Donc, par élimination, il ne reste que la France de Macron ».
COMMENTAIRE Corriere della Sera A. Cazzullo « La mauvaise idée de défier tout le monde » : « Di Maio et Salvini semblent avoir un problème personnel avec la France. Plus que Merkel, considérée à son crépuscule, la vraie bête noire est Macron. Salvini l’attaque tous les jours. Di Maio a même offert une alliance (par ailleurs rejetée) aux gilets jaunes. Bref, il s’agit d’une guerre virtuelle avec un pays dont l’histoire est entremêlée avec la nôtre comme aucun autre pays. Un pays vis-à-vis duquel il faut se faire respecter mais avec lequel il n’y a aucun intérêt à rompre les contacts. Certes, la France a ses responsabilités et tout peut être critiqué (le Franc CFA, le manque de solidarité sur les migrants, l’intervention en Libye, Fincantieri). Toutefois, il y a l’impression que le gouvernement italien ne veut pas aborder les questions de manière constructive mais préfère les liquider de manière méprisante et agressive pour le seul intérêt du consensus intérieur. Puisque les Italiens adorent mal parler des Français, le gouvernement s’adapte. Il ne s’agit pas d’aller à Canossa mais d’éviter de défier tous nos voisins, pour quelques « like » sur des pages Facebook ».
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « L’attaque contre l’UE et les ‘’macroniens’’ d’Italie » : « Apeuré par les sondages, Di Maio a haussé le ton contre Paris en allant trop loin. Il est clair que le jeune leader 5 Étoiles n’a pas l’envergure, mettant à mal son gouvernement. C’était en réalité un choix pour rassurer la base turbulente, et pour cultiver certains arguments en vue des élections européennes. Il s’agit toujours du même Di Maio qui avait évoqué la démission de Mattarella, pour ensuite le rencontrer le lendemain, souriant, après s’être excusé ».
ARTICLE Sole 24 Ore G. Pelosi « Conte joue les médiateurs, coup de froid sur plusieurs dossiers ouverts » : « Nous sommes amis des Français mais la dialectique est davantage vivace, il faudra s’y habituer en vue des élections européennes. Voici comment le Président du Conseil G. Conte et le chef de la Diplomatie E. Moavero (Indépendant) ont tenté de justifier la polémique sur le franc CFA déclenché par le vice-président du Conseil Di Maio. Toutefois, avec le nouvel accrochage, les lumières se sont allumées sur plusieurs dossiers impliquant les deux pays : l’affaire Fincantieri-Stx, l’hypothèse du rachat d’Alitalia par AirFrance-KLM et il y a aussi la haute tension entre Vivendi et la direction de Telecom Italia. Jusque-là, les Français ont été patients sur la ligne Lyon-Turin (Tav) : si l’Italie devait se défiler, c’est le bras-de-fer sur les remboursements des coûts soutenus qui se déclenchera ».
ARTICLE, A. Gentili, Messaggero, « Paris, Conte veut renouer mais les vice-Présidents du Conseil insistent » : « G. Conte tente de renouer et parle dans une note d’amitié forte et solide avec la France, tandis que Moavero dit ‘’nous demeurons des pays amis et alliés’’. Mais même si Conte se montre plus attentif aux conseils du Président Mattarella, il ne freine ni Salvini ni Di Maio, déterminés à faire de Paris l’ennemi en vue des élections européennes du 26 mai. Juste le jour où Berlin abandonne la mission Sophia, et Merkel et Macron signent le traité d’Aix-la-Chapelle et de fait, mettent hors-jeu Rome du groupe qui mène l’UE, Moavero assure : ‘’pas de risque d’isolement pour l’Italie’’. La tentative de renouer de Conte et Moavero ne fait pas cesser cependant Di Maioi, ni Salvini qui continuent dans le même registre ».
ARTICLE, La Repubblica A. Ginori « L’accrochage entre l’Italie et la France : Alitalia et Fincantieri pourraient être les premières victimes » : « Le dossier Alitalia est en main au ministre pour le Développement économique L. Di Maio (M5S), qui devrait négocier avec Paris mais qui ne perd pas l’occasion d’attaquer le Président Macron et susciter un sentiment anti-français. C’est l’un des nombreux exemples sur lesquels les souverainistes au pouvoir risquent de nuire aux intérêts nationaux. Sur Fincantieri-STX, malgré les démentis de l’Elysée sur une ‘’rétorsion politique’’, il est clair qu’il n’existe plus de relation de confiance entre Rome et Paris ».
ARTICLE, Messaggero M. Conti « Gouvernement divisé, le parti pro-UE en position de faiblesse, le Quirinal et la Farnesina craignent l’isolement » : « Nous sommes et avons été après la guerre en compétition sur de nombreux thèmes mais jamais adversaires. Selon un sondage, 60% des français auraient estimé opportune la convocation de l’ambassadrice italienne en France. Dans le bouillon électoral, les accords commerciaux, partenariats industriels (Fincantieri) et même des mois de travail en Afrique de Conte et Moavero, risquent de s’arrêter. Conte a privilégié le continent africain, en en visitant de nombreux pays, où la présence française est importante. La présence française a été importante aussi à la conférence de Palerme. Conte et Moavero semblent avoir du mal à être perçus comme des éléments de stabilisation. Un isolement progressif de l’Italie est craint par le Quirinal (présidence de la République), la Farnesina (ministère des Affaires étrangères) et le palais Chigi (siège du Premier minitre) mais aussi à l’intérieur de la Ligue. »
Allemagne/Italie– Migrants : Unes - : « Migrants, les accusations de Berlin » - ‘’Merkel refuse de donner d’autres navires pour la mission ‘’Sophia’’. Salvini : ce n’est pas un problème’’ (Corriere della Sera), « Migrants, l’Allemagne se défile » - ‘’Berlin sort de la mission ‘’Sophia’’ en polémique avec ‘’la ligne dure de l’Italie’’. (Il Messaggero), « France, Conte joue les médiateurs. Berlin sort de ‘’Sophia’’ » (Avvenire), « Migrants, Merkel se défile » - ‘’L’UE : il faut aider l’Italie’’ (Il Mattino).
ENTRETIEN, D. Avramopoulos, Commissaire européen pour les migrations, Messaggero, « Plus de rapatriements pour les personnes en situation irrégulière, les États doivent agir – le poids ne peut retomber toujours sur les mêmes – Avec Rome, des priorités communes, il faut renforcer les frontières extérieures » : « Avramopoulos définit comme ‘’très constructives’’ ses rencontres à Rome avec G. Conte et M. Salvini, rappelant que la communication avec le gouvernement italien est directe et constante. Face aux tragédies des morts en mer, il est impossible que les États se contentent de regarder et que ce soit toujours les mêmes qui fournissent des réponses. Il nous faut des solutions européennes structurelles et réellement partagées, c’est pour cette raison que je m’engage à continuer à travailler pour une réforme du Système européen d’accueil, Dublin inclus. Mais tant que cela n’est pas fait, nous sommes prêts à travailler avec les Etats-membres pour des accords temporaires. »
Traité d’Aix-la-Chapelle Unes « Accord Allemagne-France pour la nouvelle Europe : ‘’nous arrêterons les populistes’’ » (La Stampa), « Défense, axe renforcé entre la France et l’Allemagne » (Sole 24 Ore).
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « La signature du Traité d’Aix-la-Chapelle » : « Le hasard a voulu que les attaques des 5 Étoiles contre la France ont eu lieu pendant que le Président Macron et la Chancelière allemande signaient un pacte stratégique avec l’ambition de changer l’Union. Les partis de l’opposition ont beau dénoncer l’isolement de l’Italie ‘’nationale-populiste’’. Les ‘’souverainistes’’ peuvent toujours rétorquer : c’est l’arrogance des Français et des Allemands. Le pacte franco-allemand a été conçu pour relancer rapidement l’image des deux leaders dans la perspective des élections de mai ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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