29/10/2018
"Les Cinq Étoiles contre La Repubblica."
Italie. Revue de presse.
Loi de finances/gouvernement/UE : Unes - : « Banques, le plan anti-spread » - ‘’Hypothèse d’utiliser les fonds dormants’’ (Corriere della Sera), « Chantiers, chaos gouvernemental, Conte assume : le Tap sera réalisé » (La Repubblica), « Di Maio cherche le soutien de Salvini : ‘’arrêtons le chantier ou nous imploserons’’ » - ‘’La mairie de Turin s’exprime aujourd’hui sur la ligne Lyon-Turin’’ (La Stampa), « Pacte gouvernemental pour le plan de sauvetage des banques » - ‘’TAP, révolte de la base du M5S, Conte appelle au calme » (Il Messaggero), « Gouvernement, un pacte pour sauver les banques » (Il Mattino).
EDITORIAL, F. Fubini, Corriere, « Les torts de Rome (et les erreurs de Bruxelles) – Les litiges entre Rome et Bruxelles aident les faucons de Berlin à refuser toute concession » : « Il ne fait aucun doute que la loi de finances italienne viole toutes les règles. Il n’est pas nécessaire d’être Commissaire européen pour avoir des doutes sur ce budget. La méthode des critiques de Bruxelles soulève en revanche des questions sur l’environnement qui existe autour de cette crise italienne en Europe. La Commission européenne a choisi d’agir avec une agressivité qui oblige à se demander quel est la sortie imaginée par un homme aussi expert que Juncker. Il a défini comme étant ‘’sans précédent’’ la déviation italienne et c’est statistiquement sans doute vrai mais la France voyage depuis une décennie avec un déficit plus élevé tandis que Berlin et Paris, en 2003, firent sauter le pacte de stabilité. Bruxelles veut aussi accélérer les délais de procédure contre Rome les portant à novembre ou décembre mais elle sanctionnerait ainsi les comptes de 2017, permettant à Salvini et Di Maio de dire que la condamnation touche aussi les comptes du gouvernement PD. La menace de contravention à l’Italie est risible, après que la Commission ait (à juste titre) évité d’en appliquer à la France et l’Espagne. Le résultat des actions de Bruxelles pour le moment est uniquement d’offrir une caisse de résonnance à Salvini et Di Maio et affaiblir les pragmatiques qui, au sein du gouvernement, tentent de travailler à un compromis : de Conte aux secrétaires d’État Buffagni (M5S) ou Giorgetti (Ligue). Les lettres que la Commission à envoyer à la France et l’Espagne sont passées sous silence. Et surtout l’insurrection italienne a ôté la possibilité de toute concession. Tout est bloqué à cause de Di Maio et Salvini. Les attaques de Kurz peuvent tenter de faire oublier qu’il gouverne avec un parti crypto-nazi. Et rien de tel que quelques titres de la presse internationale sur Salvini pour faire oublier l’Autriche. La morale de l’histoire est que l’Italie aurait tout intérêt à jouer le jeu européen sans prétentions absurdes et sans complexe d’infériorité. Au centre et pas en marge. Mais cela aussi, ce sera pour une autre fois ».
ARTICLE La Repubblica V. Nigro « Conférence sur la Libye, le plan onusien prêt, Haftar se rend chez Conte » : « Haftar, chef de l’armée contrôlant la Cyrénaïque, est à Rome pour rencontrer le Président du Conseil G. Conte. Le Frère musulman Khaled al Mishri devrait arriver lui aussi aujourd’hui. Mercredi, ce sera la fois d’Agila Saleh, président du Parlement de Tobrouk, soumis à la volonté militaire d’Haftar mais formellement représentant d’une des institutions désignées par la géométrie des Nations-unies. Pour Rome, les craintes d’un échec de la réunion sicilienne ont diminué. Une source proche des négociations explique ‘’si l’ONU a déjà un plan de prêt, Palerme deviendra alors le lieu où on pourra soutenir avec force les propositions de Salamé’’. Lors de sa rencontre d’hier avec Conte, Haftar a manifesté à nouveau ses doutes sur l’utilité de sa présence à Palerme. Haftar a dit clairement à Conte ne pas avoir confiance en la réunion de Palerme. A Rome, on craint l’absence du général, malgré les pressions de la Russie de Poutine, demandées par Conte. Un fonctionnaire étranger suivant le dossier explique ‘’sans la présence d’au moins al-Sarraj, Haftar, Agila et Mishri, la table de négociation semblerait dégarnie et cela pourrait confirmer une faiblesse de l’Italie dans la gestion du dossier libyen’’ ».
ARTICLE, Il Foglio M. Flammini « Macron a trouvé une brèche au sein de Visegrad où il y a un peu d’européisme » : « Au sein du bloc de Visegrad, il y a des nuances et le Président Macron l’a compris. Il y a l’urgence d’établir des relations. Nous ne pouvons pas nous fâcher avec toute l’Europe orientale avait expliqué un ami de Macron dans la presse française. Le moment est venu pour se montrer plus ouvert au dialogue et laisser les divergences augmenter sein de Visegrad. La République Tchèque et la Slovaquie ont des gouvernements de coalition et surtout, elles ont des positions moins conservatrices. La Slovaquie fait déjà parti de la zone euro et la République Tchèque souhaiterait y adhérer au plus vite. Contrairement à la Hongrie d’Orban, elles sont disponibles à renforcer le dispositif de contrôle des frontières externes avec l’agence européenne Frontex. Macron veut ainsi reconquérir l’Est, pas tout, mais uniquement sa partie moins radicale. Si Orban veut diviser l’Europe, l’intuition de Macron est de briser Visegrad et l’idée n’est pas mauvaise du tout ».
ARTICLE Il Messaggero A. Campi « Le séisme à Berlin modifiera l’Europe » : « Avec Merkel de plus en plus amoindrie et à un pas de son crépuscule politique et un président français face à une crise de popularité croissante, on se demande quel avenir aura le projet ambitieux de réformes de l’UE. Les deux leaders, qui en étaient les créateurs, devraient en être les garants face aux autres pays européens mais aussi les réalisateurs. Le résultat des élections en Hesse rend plus urgentes ces questions, pour l’Allemagne mais aussi pour l’Europe ».
ARTICLE, L. Ferrua-I. Lombardo, Stampa, « Torino devient anti ligne à haute vitesse Lyon-Turin, révolte anti-M5S » : « Tap (gazoduc trans-adriatique) oui. Terzo valico(réseau ferroviaire haute vitesse liant Gênes avec Milan, Turin ) oui. Tav (Lyon-Turin) plutôt non. La révision globale des grands chantiers, qui demeure une question fondamentale pour la base du M5S, est au centre d’un bras de fer de moins en moins amical avec la Ligue et vit aujourd’hui une journée importante. Si tout se passe comme prévu, Turin devrait se défiler et votera un ordre du jour pour demander au gouvernement de destiner l’argent de la ligne Turin-Lyon à la viabilité du territoire. La maire de Turin (M5S) a toujours été anti-Tav mais le probable choix du conseil municipal divisera la ville, même si les retombées de seraient pas concrètes mais politiques. Di Maio par ailleurs a répété ces dernières semaines : ‘’Nous trouverons un moyen, mais à la fin la Tav ne se fera pas’’. Tout semble en suspens et la fameuse analyse coûts-bénéfices décidera. Et même Salvini, pour gagner du temps avec les siens, qui insistent eux pour réaliser la TAV, est en train de chercher une formule pour un compromis ».
ARTICLE, Il Messaggero O. Giannino « La LGV Lyon-Turin à nouveau dans le collimateur : le PIB de l’Italie en danger » : « Le ‘’oui’’ au gazoduc TAP après l’impossibilité de fermer l’usine de l’acier Ilva coûte cher au 5 Etoiles. Ils avaient promis à leurs électeurs de l’arrêter. Maintenant, que va-t-il se passer pour les autres grands chantiers nationaux ? Il n’y a pas de mystère sur le fait que ce dossier marque des divergences réelles et profondes entre les deux partis de majorité, la Ligue et le M5S. Que va-t-il se passer si Salvini, en échange, devait céder à son tour sur quelque chose ? Disons-le clairement : le premier candidat à passer au couperet serait la Ligne grande vitesse Lyon-Turin. L’Italie a déjà dépensé 400 millions, qui risqueraient alors d’être brûlés en cas de stop. Outre les 800 millions de fonds européens que l’Italie perdrait. Par ailleurs, Paris et Bruxelles pourraient demander des dédommagements, tout comme les entreprises travaillant en Italie dans ce chantier. La somme s’élèverait alors à 2 milliards. Outre le fait que l’on ne comprend pas comment le PIB italien puisse augmenter dans un pays sans grands chantiers. La Ligne Lyon-Turin pourrait pourtant jouer le rôle de bouc émissaire, la Ligue ayant à cœur d’autres chantiers : ceux des autoroutes semi-montagneuses lombarde et de la région de Vénétie, mais aussi la LGV vers le Nord-Est ».
ENTRETIEN de Paolo Foietta, président de l’Observatoire de la Ligne à grande vitesse Lyon-Turin : « ‘’ Toninelli ? Jamais vu. Il coûtera davantage d’argent de s’arrêter que de terminer les travaux ’’ » (La Repubblica) : « ‘‘ Je crois que le gouvernement a peur des choses que je pourrais raconter. Ils sont si pleins de préjugés qu’ils n’arrivent même pas à écouter nos raisons, qui provoquent, au sein du gouvernement, une terrible préoccupation. Je fais uniquement ce que ma mission prévoit, j’ai été nommé directement par le Président de la République et je ne reçois plus de réponses de la part du ministère des Infrastructures depuis des mois. Le ministre Toninelli répond par twitter, mais moi, je ne me laisse pas intimider par ces messages qui ont un air des abus de pouvoir. La ligne Lyon – Turin coûtera au pays 2,9 milliards à la place de 4 milliards qu’il faudrait payer en arrêtant les travaux. Si l’on signe des accords et l’on reçoit des subventions liées à une destination précise, il faut les rendre si l’on change d’avis ‘’ ».
ARTICLE, Affari&Finanza de Repubblica A. Ginori « Fincantieri, la paix armée avec Paris » : “Avec le coup d’envoi d’une nouvelle joint-venture entre Fincantieri et Naval Group, nous sommes aux débuts d’une tentative de trêve entre Rome et Paris. Les relations bilatérales, en ce moment, sont difficiles, chargées de soupçons et d’accusations. Macron a voulu tendre la main au gouvernement 5 Etoiles avec le pari risqué d’inviter G. Conte avant même son intronisation au Palais Chigi. C’est ensuite le vice-président Salvini qui a lancé les hostilités. Le dossier chaud est celui des migrants, puis d’autres se sont ajoutés. Le fait que Di Maio se soit mis derrière Salvini contre Macron, a effacé toute illusion de trouver un interlocuteur raisonnable à Rome. L’effet le plus évident des tensions se mesure sur le dossier concernant Fincantieri et Naval Group. Du projet pour le fameux ‘’airbus des mers’’ franco-italien ne reste que la partie la plus consensuelle. Le mariage entre les deux a été reporté à des temps meilleurs. Par ailleurs, le gouvernement Conte n’a pas encore envoyé l’invitation pour le sommet bilatéral traditionnel qui devrait se tenir d’ici la fin de l’année ».
ARTICLE, La Repubblica, R. Cappelli : « Rome, les Cinq Étoiles contre La Repubblica. La FNSI, (Federazione Nazionale Stampa Italiana) : ‘’ La liberté de presse a été agressée ‘’ » : « Le blog du M5S a informé hier tous ses followers que continuer à acheter le quotidien La Repubblica était équivalent à financer le PD. Selon les Cinq Étoiles, La Repubblica aurait ‘’ décidé de dissiper tout doute sur leur partialité et ainsi sponsoriser, de manière éclatante, une manifestation organisée par un PD nostalgique comme l’est aussi la rédaction du quotidien. Le Mouvement a ajouté que si La Repubblica faisait moins de la politique, elle vendrait surement plus de copies. Enrico Mentana, directeur du JT de la 7, a défini cette attaque ‘’ scandaleuse ‘’, encore plus parce qu’elle est signée par le groupe parlementaire le plus important d’Italie. Le quotidien reçoit le soutien aussi de la Fédération nationale de la presse italienne ainsi que celui de l’Ordre des journalistes ».
ARTICLE, La Repubblica, M. Berlinguer : « RAI, feu vert au partage Ligue-M5S, qui se disputent la répartition de derniers postes-clés » : « L’accord sur les dirigeants de la RAI est attendu pour aujourd’hui, mais Salvini et Di Maio sont en train de se disputer sur les derniers postes-clés de la télévision publique italienne. Ce sont des heures décisives mais, pour la première fois, il y a de l’optimisme au sein de la majorité pour le choix des directeurs des chaînes publiques et des directeurs des journaux télévisés ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
14:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.