05/10/2018
"10 milliards pour le revenu citoyen, 7 pour la réforme des retraites."
Italie. Revue de presse.
Budget/gouvernement/UE : Unes - « Voici les chiffres du budget » - ‘’10 milliards pour le revenu citoyen, 7 pour la réforme des retraites. Bras-de-fer M5S-Ligue’’ (Corriere della Sera), « Les risques des comptes, Draghi au Quirinal » (La Repubblica), « Budget, Draghi voit Mattarella : ‘’le gouvernement sous-estime le danger’’ » (La Stampa), « Duel sur le budget, ensuite l’accord » (Sole 24 Ore), « Revenu citoyen, limite de 18 mois » (Il Messaggero, il Mattino).
ARTICLE, La Stampa M. Bresolin « La Commission européenne en alerte : ‘’l’Italie est trop grande pour être sauvée’’ » : « De Bruxelles à Francfort, en passant par le Luxembourg, l’affaire « Italie » fait trembler les institutions économiques et financières sur les possibles conséquences d’une crise à Rome. Comme l’explique l’ancien président de l’eurogroupe, J. Dijsselbloem, l’Italie est beaucoup trop grande pour être sauvée. Ces propos seraient confirmés par les déclarations anonymes prises par l’agence Reuters auprès de ‘’hauts fonctionnaires européens’’, ajoutant qu’il s’agit aussi d’un problème politique ‘’les gouvernements du Nord ne veulent pas utiliser le mécanisme de sauvetage pour l’Italie’’, ses gouvernants ‘’vivant sur la lune’’. La seule issue serait alors ‘’une très lourde restructuration de la dette’’ ».
ARTICLE, Sole 24 Ore L. Palmerini « Ces entretiens au Quirinal avec Draghi et Salvini » : « Il semblerait que Draghi ait exprimé à Mattarella ses préoccupations face à la grande « sous-estimation » du gouvernement italien sur le budget. Le Quantitative Easing, le parapluie de la BCE qui a protégé pendant deux ans et demi des tempêtes financières, se refermera bientôt. Les instruments dont dispose Draghi seront donc amoindris à partir de l’année prochaine. Le chef de l’Etat a rencontré ensuite Salvini. Il ne faut pas exclure que Mattarella ait fait part à ce dernier des préoccupations de Draghi et que cela ait renforcé la décision de tirer le frein sur les chiffres du déficit ».
ARTICLE Corriere della Sera E. Buzzi « Buffagni ‘’venge’’ Juncker avec les nuits blanches de Salvini » : « Parfois il arrive que le leader de la Ligue Salvini soit la victime à son tour de critiques fortes, venant du gouvernement. Il s’agit du secrétaire d’Etat S. Buffagni (M5S) qui prend la parole sur l’argent alloué pour la réforme de la loi des retraites et du revenu citoyen pour corriger le leader légiste : ‘’je crois que ce matin il était encore trop tôt et probablement Salvini se trompe car j’ai devant moi le tableau, décidée avec nos partenaires (Ligue), et nous avons 9 milliards plus 1 pour le revenu citoyen’’. Une pique lancée contre l’allié, donc. Les piques passent ainsi rapidement du plan politique au plan personnel, comme nous enseigne le cas de la querelle à distance Salvini-Juncker ».
ARTICLE, La Repubblica U. Rosso « Le Quirinal écrit au gouvernement ‘’sur les migrants il faut respecter la Constitution’’ » « Le président de la République S. Mattarella a signé le décret dit de ‘’sécurité’’ (dont la nouveauté principale serait la transformation rapide d’une demande d’asile en expulsion lorsqu’il y a une condamnation même de premier degré) mais prévient Conte : la Constitution prévoit des obligations en matière d’asile. C’est notamment l’article 10 de la Constitution qui dispose que ‘’le système juridique italien se conforme aux normes du droit international’’ ».
ARTICLE, La Repubblica, A. Greco : « Di Maio: ‘’ Banques, stop aux privilèges ‘’. Padoan : ‘’ Des mots scandaleux ‘’ » : « L’axe Ligue-M5S mise à nouveau sur les banques et est en train de préparer une loi pour la création d’un ‘’Fonds d’aide pour les épargnants spoliés‘’. Di Maio a déclaré sur Facebook : ‘’ Il est sacro-saint d’enlever quelque chose aux banquiers pour restituer quelques droits aux citoyens ‘’. Pier Carlo Padoan, ancien ministre de l’Economie, a réagi en affirmant que ce sont de mots absolument scandaleux et qu’il s’agit de mensonges plutôt que de démagogie ».
ARTICLE La Stampa R. Giovannini « Avec le système du quota 100 ; seuls 373 mille Italiens iront à la retraite à 62 ans » : « Arriver à 41 ans de contributions comme condition pour pouvoir accéder à la retraite, comme le souhaite Salvini, est une opération très coûteuse et il n’y a pas d’argent. On en reparlera, éventuellement, en 2020. Selon l’INPS, des 373 000 personnes intéressées par cette réforme, 40% seront des fonctionnaires ».
ARTICLE, A. Bassi, Messaggero, « Limite au revenu de citoyenneté : il vaudra 18 mois, un plan avec trois conditions » - « L’hypothèse : un an et demi pour trouver un emploi puis le ‘’revenu’’ sera révoqué. Pour l’avoir il faut être italien, présenter l’indicateur synthétique de la situation économique familiale et ne pas refuser les offres d’emploi ».
COMMENTAIRE Corriere della Sera A. Cazzullo « Les élections européennes et les vrais objectifs de l’axe populiste » « La campagne électorale pour les élections européennes a débuté et malheureusement elle se fera à nos dépends, nous les Italiens. La promesse du gouvernement Conte de réduire le déficit en 2020 et 2021 ne veut rien dire. Il est évident que l’horizon de la majorité de gouvernement actuel est le vote de mai 2019. Le M5S et plus encore Salvini veulent renverser l’Europe. Ils considèrent Merkel et Macron comme leurs ennemis principaux et Trump et Poutine comme des alliés fiables. Ils veulent faire sauter la coalition entre le PPE et les socialistes qui gouvernent l’Europe depuis longtemps pour la remplacer par un axe populiste. Dans cette perspective, le fait que le déficit soit destiné à augmenter ou diminuer en 2021 n’est pas important. La seule chose qui compte pour le gouvernement actuel est d’avoir le maximum de consensus possible : c’est ce à quoi sert l’actuel budget. Pas pour sauver les comptes publics, même pas pour la croissance de l’économie. Cela sert à acheter du consensus grâce au revenu de citoyenneté et la réforme des retraites. Si l’Europe rejette le budget, cela servira de combustible pour les élections. Il faut dire que la Commission européenne est en train de faire tout son possible pour renforcer les populistes italiens : les tons utilisés par Moscovici et Juncker sont inacceptables. Le gouvernement italien a été élu selon la Constitution et cela l’Europe ne peut pas le remettre en cause. Tout comme elle ne peut se permettre d’accuser l’Italie de ‘’xénophobie’’ qui gère un flux migratoire souvent hors de contrôle. Le Bilan de Juncker est décevant. Son budget prévoyant des investissements publics de plusieurs milliards a disparu. Quant à Salvini, il parle comme un chef de parti, comme un petit Trump oubliant toutefois que derrière lui il y a un pays en difficulté, qui peut avoir une dimension internationale uniquement s’il est inséré dans un pacte européen, qui n’a jamais autant été en difficulté depuis 1957. Merkel et Macron, malgré leurs soucis internes, ont des années de gouvernement devant eux et deux pays solides derrière eux. Si Di Maio et Salvini présentent un budget sans critères au seul but de se faire retoquer par l’Europe et renforcer ainsi leur soutien interne, ils paieront une facture salée à long terme. Et alors l’Europe ne sera pas tendre avec les vaincus ».
ENTRETIEN de Romano Prodi, ancien président du Conseil : « ‘’ L’Italie risque de devenir une démocratie totalitaire. Il faut tous s’allier, de Tsipras à Macron, pour battre les populistes ’’ » (Corriere della Sera) : « ‘‘ Le message du gouvernement concernant le déficit à 2,4 % m’a beaucoup surpris, il était très intelligent en termes de politique intérieure mais extrêmement négatif pour ses conséquences concrètes. Les chiffres ne sont pas sacrés et l’annonce de ce déficit m’a semblé une provocation inutile de la part du M5S et de la Ligue. Cette loi des finances aura des effets uniquement à court terme, surtout pour les prochaines élections européennes. Les électeurs sont encore dans une phase de ‘’ lune de miel ‘’ avec le gouvernement, mais la lune de miel se terminera quand il faudra retourner travailler. L’Italie risque de devenir une démocratie totalitaire, je pense aussi à la Pologne et à la Hongrie, des pays si proches au cœur de Salvini. Les prochaines élections européennes pourraient marquer un tournant contre une éventuelle victoire des populistes, il faudrait s’allier tous, de Tsipras à Macron, des socialistes aux Verts pour un programme sérieux de politique économique, de lutte contre les inégalités, de défense commune et pour une ligne partagée sur l’immigration, la sécurité, les jeunes et l’emploi ‘’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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