13/07/2018
Italie : le président oblige le Premier ministre à faire débarquer les migrants.
Italie. Revue de presse.
Question migratoire/navire ‘’Diciotti’’ : Unes : « Migrants, le Quirinal intervient » - ‘’Mattarella appelle Conte, qui débloque l’impasse. Salvini affiche sa ‘’stupeur’’ (Corriere della Sera), « Mattarella oblige Conte à faire débarquer les migrants » (La Stampa), « Migrants, tension Salvini-Quirinal » (Il Messaggero, Il Mattino), « Salvini perd son pari, le gouvernement vacille » (Il Giornale), « Mattarella et Conte libèrent 67 otages » (Avvenire).
ARTICLE Corriere della Sera « Migrants en mer, Mattarella appelle Conte. Les 67 du navire Diciotti débarquent à Trapani » : « Après le non de Salvini, le Quirinal prend sa décision. Il aura fallu l’intervention du Chef de l’Etat pour débloquer la situation. Mattarella a demandé à Conte de convaincre son adjoint, qui s’avère être aussi le ministre de l’Intérieur, à commencer à faire descendre les migrants donnant la priorité aux femmes et aux enfants. Le chaos s’explique par l’absence totale de communication entre l’Intérieur et la préfecture »
COMMENTAIRE Corriere della Sera, M. Franco « Ce rempart nécessaire » : « La décision du Palais Chigi de faire enfin débarquer ces désespérés et en parallèle celle du Parquet de ne pas procéder aux arrestations comme le demandait Salvini, n’est probablement pas un moyen de déjuger le titulaire de l’Intérieur, malgré la ‘’stupeur’’ de ce dernier. Paradoxalement, il s’agit d’une solution offerte non seulement à l’Italie mais aussi à Salvini, face à une stratégie qui était en train de porter le gouvernement et le pays vers une voie sans issue. Le conflit institutionnel était en train de se profiler de manière dangereuse ces derniers jours entre Salvini et ses autres collègues du gouvernement, avec la tendance du premier à dépasser les limites de sa compétence et les pouvoirs des autres. Le ‘’Oui’’ de Conte au débarquement n’exacerbe donc pas les tensions mais vise plutôt à les détendre, rappelant à chacun ses propres zones de compétence »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « La défaite du Viminal sur les migrants » : « Dans la guerre médiatique entre Ligue et M5S, on se souviendra de la journée d’hier. D’un côté, Di Maio a marqué un point par la décision qui élimine les retraites « dorées » à la Chambre des Députés et qui représente un message clair aux électeurs. De l’autre côté, pour le ministre de l’Intérieur Salvini il s’agit d’une première défaite. Cela arrive quand on exagère. Même à Innsbruck, le ministre de l’Intérieur a dû noter qu’il n’existe pas d’unité d’intention avec ses homologues allemand et autrichien. L’accord des nationalistes (ou souverainistes) est surtout politique et sur l’espoir d’un grand succès aux prochaines élections européennes de 2019. C’est l’objectif politique à atteindre pour ceux qui considèrent Merkel l’ennemie à battre et Macron comme son partenaire à affaiblir. Il n’en sort pas grand-chose et nous avons l’impression qu’il existe une syntonie privilégiée parmi les ‘’ souverainistes ‘’ de langue allemande (en ajoutant Hongrois et Polonais). Il est évident que la majorité, depuis hier, est composée par deux partis, ne communiquant pas beaucoup entre eux : une condition dans laquelle la division économique et sociale du pays se reflète ».
ARTICLE, La Repubblica, C. Lopapa : « Le vice- président du Conseil : ‘’ Qui a choisi à ma place en répondra ‘’ » : « Matteo Salvini est étonné, surpris regrettant vivement cette décision du Quirinal. Quand les 67 migrants ont enfin débarqué du Navire Diciotti à Trapani, le ministre de l’Intérieur a eu du mal à contenir son irritation et sa colère. Après le sommet européen à Innsbruck sur l’immigration, Salvini a affiché sa ‘’ stupeur ‘’ à l’égard du Quirinal qui, d’après lui, a choisi de débloquer le débarquement en Sicile, décision qui relevait uniquement de la compétence du ministère de l’Intérieur. Du sommet sur l’immigration, Salvini attendait quelque chose de plus et il a dit, avec un air presque content, qu’à la rencontre avec ses collègues allemand et autrichien Seehofer (CSU) et Kickl (FPÖ), il était le plus modéré. Il a ajouté qu’il sera à Moscou pour la finale de football, mais qu’il sera un supporteur de la Croatie et non de la France ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Roberto Fico (M5S) Président de la Chambre » : « Un rééquilibre social » : « ʺNous avons mis fin à une inégalité de traitement entre les citoyens et leurs représentantsʺ. Face à la critique de la mesure comme un stratagème pour valoriser le Mouvement 5 Etoiles, le Président de la Chambre qu’il ne s’agit pas de mesure symbolique, mais un geste qui fait du bien aux institutions et à la politique. Quant à l’extension de la mesure aux Sénateurs, il a indiqué qu’il était certain que le Sénat va également faire des évaluations et poursuivre un parcours de réduction des dépenses publique (de plus de 40 millions d’euros par an) et, au sens plus profond, un parcours culturel et visant l’équilibre social’’ ».
ENTRETIEN, Il Mattino, Antonio Tajani, président du Parlement Européen » : « Berlusconi se portera candidat à Naples pour les élections européennes » : « ʺLe Sud est une priorité pour Forza Italia, qui est le seul parti ayant une stratégie. En vue des élections européennes, Berlusconi se portera candidat, peut-être même à Naples, pour guider la renaissance du Sud. Enfin, sur le revenu de citoyenneté proposé par Di Maio: c’est une forme d’aumône qui ne suffira pas au Sud, il faut des stratégies. Forza Italia fera une opposition ferme mais constructive et j’espère que la Ligue du Nord considèrera nos propositionsʺ.»
ARTICLE La Stampa M. Bresolin « Un sommet à Rome avec les Américains : le plan de Conte sur la Libye pour freiner l’influence de Macron » : « Le président du Conseil vise à un rôle-clé dans le processus de stabilisation politique de la Libye. L’annonce a été faite hier par G. Conte à l’issue du sommet Otan de Bruxelles. L’objectif est sans doute ambitieux : réunir autour d’une table des acteurs plus importants que ceux réunis à Paris le 29 mai dernier par Macron. Car Rome vise à inviter également les Etats-Unis. ‘’Le processus de stabilisation ne peut pas concerner que l’Italie... ni la France de manière exclusive’’ a expliqué Conte. La réunion ne devrait pas se tenir à Rome mais plus au Sud : une manière de montrer la proximité aux Libyens. Cette réunion donnera ‘’une suite à la conférence de Paris’’ mais avec l’Italie comme acteur principal. Cela justement pour ne pas laisser à Macron l’exclusivité de l’action. Et la date des élections du 10 décembre pourrait être repoussée : c’est ce qui pourrait être l’un des conclusions de cette réunion. Quant à l’éloge de Trump à Conte en conférence de presse, cela s’expliquerait par le fait que la Maison Blanche voit en Rome un possible partenaire dans son projet d’affaiblir le front européen ».
ENTRETIEN, Il Mattino Franco Frattini, ancien-Ministre des affaires étrangères « Conte a obtenu des résultats ». « L’Italie en sort renforcée et obtient la pleine opérativité du hub Otan de Naples. Le sommet a confirmé un écart entre les membres européens de l’Otan et les États-Unis. Il a également montré une méfiance réciproque entre les Etats-Unis et la France, malgré l’idylle initiale entre Macron et Trump. L’attitude de la France avec l’Italie sur la question migratoire a sans doute joué un rôle important. Nous avons un excellent rapport avec les États-Unis. Trump a besoin de soutien. Un gouvernement qui est membre de l’Otan, fondateur UE, troisième puissance en son sein et qui agit comme Trump le ferait, notamment en matière migratoire, est un atout importantʺ ».
ARTICLE, La Repubblica, C. Lopapa : « Le pacte parmi les souverains est seulement par des mots » : « C’est le sommet des annonces et de bonnes résolutions, des souverainistes qui montrent leur pouvoir et menacent de fermer les portes d’Europe. Mais le sommet des 28 ministres de l’Intérieur sur l’immigration se termine, après une demi- journée de travail à Innsbruck sans résultats concrets. L’allemand Seehofer n’arrive pas à convaincre Salvini à récupérer en Italie les demandeurs d’asile déjà enregistrés dans notre pays ; Salvini n’arrive pas à trouver une solution sur la relocalisation des migrants débarqués sur nos côtes ; le Français Gérard Collomb ne cède pas aux pressions italiennes et maintient clos l’accès de Vintimille. Les résultats du sommet informel sont limités à l’engagement à revoir le système de protection des frontières Sud, à développer Frontex avec 10 000 agents européens, à faciliter les rapatriements avec les accords entre l’UE et les pays de départ. Allemagne, Autriche et Italie sont en train d’organiser une rencontre technique jeudi prochain à Vienne suivie d’une nouvelle rencontre Salvini-Seehofer d’ici la fin du mois à Milan ».
ARTICLE La Stampa M. Bresolin « Retour de l’incertitude, le PIB italien freine. Bras-de-fer entre Tria et Moscovici » : « Les prévisions de croissance pour l’Italie sont pires que prévues (1,3% contre les 1,5%) et même les plus basses d’Europe. Selon le ministre de l’Economie Tria, il n’y a pas à ce stade d’ajustements prévus pour le budget italien, car cela freinerait ultérieurement l’économie. Mais le commissaire européen Moscovici insiste ‘’les ajustements structurels sont indépendants de la croissance’’. Entretemps, la Cour des Comptes européennes critique la Commission pour la flexibilité accordée à certains pays membres. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
12:12 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.