15/01/2013
Mario Monti tire à boulets rouges sur Silvio Berlusconi.
La presse écrite italienne est dominée par les propos critiques de Mario Monti à l’égard de Silvio Berlusconi (« vieux joueur de fifre ») et du très contesté redditometro (instrument de mesure des revenus réels mis en place par le gouvernement Monti, pour lutter contre l’évasion fiscale). Les « prises de bec » Monti-Berlusconi par médias interposés sont largement commentées en pages intérieures : « Monti découvre que le Cavaliere est une canaille » ironise L’Unità, qui publie un entretien de D’Alema, ancien président du Conseil, qui insiste sur le fait que « Le Professeur doit renoncer à l’antipolitique », estimant que « les rapports de force doivent être vus dans une optique européenne ». Pour le Messaggero, proche de Casini (UDC), « Monti change de tactique et se met en compétition avec la droite pour tenter de récupérer les votes des modérés » (ce serait, pour le quotidien, le résultat de sa rencontre samedi avec Casini et Gianfranco Fini). Tous les quotidiens reprennent la riposte de Berlusconi « Monti n’est qu’un bluff » et sa décision de « signer un nouveau ‘contrat avec les Italiens’ » étant donné que, selon lui, « 80% » de son précédent « contrat » a bien été respecté.
« Le Professore combatif » (Ugo Magri, La Stampa) : « Invité du programme télévisé de Bruno Vespa [ndr : sur la RAI, émission « Porta a Porta »], Monti a gagné sur le champ de bataille la médaille de l’ennemi le plus résolu, le plus implacable, le plus sarcastique et le plus féroce du Cavaliere. Jamais un candidat à la présidence du Conseil n’avait attaqué aussi énergétiquement l’image de Berlusconi. Ni Occhetto, ni Prodi, ni Rutelli ni Veltroni. Même Bersani, toujours chez Vespa, s’était contrôlé avec le ton d’un premier ministre in pectore, serein vers la victoire, sans se lancer contre le chef du centre droit. Monti dévoilé pendant deux heures un répertoire d’attaques contre Berlusconi faisant penser à une précise stratégie, politique et communicative. Silvio lui avait reproché de s’être comporté comme un ‘voyou’ pour avoir décidé de se présenter, un choix ‘moralement déplorable’. Des contestations si fortes que tout homme ayant de l’amour propre (y compris le Professore) aurait réagi du même ton. Monti a répondu avec sa classe habituelle, sans tomber dans le piège de la grossièreté. Force est de constater, cependant, un ‘surplus’ d’animosité. Calculée. Etudiée au préalable. Bref, basée plus sur la substance que sur le désir d’offenser. Selon les proches du Professeur, ce dernier a voulu inaugurer un anti-berlusconisme inédit qu’il faudra tester. Basé sur le partage de plusieurs thématiques chères à l’électorat du centre-droit avec des ouvertures (parfois inattendues) : possible réduction des impôts, de la TVA, refus de la taxe sur la richesse, rejet du système d’évaluation du revenu (redditometro), ouvertures sur la modification de l’IMU et de la réforme des retraites de Fornero. Que du bonheur pour les modérés, tout ce qu’un électeur du PdL souhaiterait entendre. Le tout accompagné par un rejet du personnage de Berlusconi, traité de joueur de fifre. Cela s’explique aussi par les derniers sondages qui donnent une avancée de la coalition PdL-Ligue (entre 25-30%). Si cela ne préoccupe pas Bersani qui garderait une marge de 10 points, cela pourrait miner les objectifs de l’entrée dans l’arène de Monti : destruction du bipolarisme ou du moins d’une des deux coalitions. Au pire, cette bataille attirera surtout les fiers opposants de Berlusconi, provoquant un paradoxe étrange : l’inédit Monti combattif de Porta a Porta pourrait récupérer plus de voix chez l’électorat du centre-gauche que de celui du centre droit. Nous le saurons uniquement le 25 février, une fois les urnes ouvertes. ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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