30/10/2012
Le PdL perd la Sicile.
Italie. Lors des élections régionales en Sicile, de ce dimanche 28 octobre 2012, l’abstention a atteint 52,6 %.
Election du président de la région
Le candidat du centre-gauche Rosario Crocetta obtient 30,5% des voix, devant Nello Musumeci, candidat du Peuple de la liberté (PdL) de Silvio Berlusconi, qui reçoit 25,7% des voix. Giancarlo Cancelleri du M5S de Grillo obtient 18,2%.
Le fait le plus surprenant est que les résultats obtenus par Crocetta et Musumeci sont la somme, dans les deux cas, des votes obtenus par quatre listes soutenant chaque candidat, tandis que Cancelleri a réalisé son score avec le seul M5S, ce qui en fait le premier parti en Sicile.
(Voir les résultats pour l'élection du gouverneur :
http://www.corriere.it/Speciali/Politica/2012/elezioni12/...)
Election du Parlement de la région
On votait séparément pour des listes de conseillers régionaux et en faveur du président de la région. Le Peuple de la Liberté obtient 12 sièges sur 90 au sein du Parlement de Sicile.
Réaction de la presse
« Sicile, tremblement de terre dans les urnes » (La Repubblica)
« Grillo réussit son test, 18% en Sicile » (La Stampa)
« L’image d’un système en déroute » (Federico Geremicca, La Stampa) :« Que personne ne recommence à parler de ‘laboratoire sicilien’ ou ne ressorte la métaphore, habituelle et consolatoire, de ‘sonnette d’alarme’. Le verdict des urnes, hier en Sicile, est au-delà de ce que l’on aurait pu définir ‘la dernière alarme’. Le vote sicilien ressemble plutôt, en effet, à la première véritable photographie d’un système politique définitivement en déroute. Pas une donnée des élections siciliennes ne peut être définie comme étant normale. L’abstention d’abord : les cinquante pour cent ont été dépassés. L’état de santé des partis ensuite : pas un, parmi les partis ‘historiques’, n’arrive à 15%, soulignant une situation de grande faiblesse et de fragmentation totale. Et encore, le boom de Grillo : personne n’aurait imaginé, malgré les craintes, que le Mouvement 5 étoiles puisse devenir le premier parti à Palerme, et sans doute dans toute la Sicile. Les effets de ce tsunami sont naturellement multiples. Pour rester en Sicile, le succès de Rosario Crocetta (soutenu par le PD et l’UdC), nouveau Président de la Région, a été si faible qu’il ne peut même pas lui assurer la majorité au sein de la nouvelle Assemblée régionale (si l’on se réfère aux dernières données). Si on se déplace à Rome – en laissant de côté l’émouvant optimisme d’Alfano qui a défini le résultat du PdL ‘extraordinairement positif’ – l’inquiétude, voire le sentiment de panique, est palpable. La demande à laquelle devront maintenant répondre les partis est identique à celle que la crise posait il y a un an : comment calmer la vague d’antipolitique et récupérer crédibilité et confiance des citoyens ? La grande peur est liée à ce qui pourrait se produire aux législatives du printemps : partis encore en baisse, abstention maximum, Grillo qui continue de monter… Il est encore possible de tenter de calmer le jeu à travers la réforme du mode de scrutin, même si les délais sont courts. A ce sujet, la leçon du vote sicilien est claire : avec une loi proportionnelle, impossible de gouverner. Le Porcellum peut difficilement être mis de côté – même si c’est ce qu’on nous a assuré des mois durant. Quelque modification marginale sera sans doute apportée pour finir par blinder la structure de la loi et défendre ainsi système et partis tels quels. Mais le Porcellum ne devait-il pas être changé ? Pas grave. Et ne risque-t-on pas de nouveau un Sénat ingouvernable ? C’est ainsi. Un autre tour sur le même manège, puis on verra bien, en annonçant sans doute, pendant la campagne électorale, que la prochaine législature sera une ‘législature constituante’… Ce n’est pas une recette excellente, c’est vrai, mais il n’y en a pas d’autre à ce stade. »
« Un dépassement en marche arrière » (Marco Travaglio, Il Fatto Quotidiano) : « Est-ce que cette fois-ci Giorgio Napolitano, changeant d’appareil acoustique, a bien entendu le boom du mouvement M5S de Grillo en Sicile ? Le PD et le PdL l’auront sans doute entendu, car ils ont été ensevelis par Grillo avec une traversée en nage et deux semaines de meetings. Seul un sympathique fanfaron comme Crocetta ou un pauvre naïf comme Bersani peut utiliser l’adjectif ‘historique’ et ‘révolutionnaire’ pour définir le résultat électoral du duo PD-UdC. Il s’agit en fait du classique dépassement en marche arrière : contre un PdL en panne, il suffisait d’un escargot pour le dépasser. En 2008, le centre droit s’était emparé de la Sicile avec 65% des voix. Aujourd’hui Crocetta devient gouverneur avec 31% des voix. D’ ’historique’ il n’y a que la débâcle des partis, tous les partis : soit les responsables du désastre de la Sicile, gouvernée ces 20 dernières années par le centre droit puis par l’entente Micciché-PD-FLi-UdC. Maintenant les responsables du désastre incalculable de l’île reviendront au pouvoir derrière le visage propre et antimafia de l’anticonformiste Crocetta qui jadis n’avait pas hésité à s’allier avec les amis de Cuffaro et qui, maintenant, devra demander le soutien de Micciché (ami de Dell’Utri et de Lombardo) ou de Musumeci (le très facho ami de Berlusconi), puisque le M5S ne soutiendra personne, ni ouvertement ni de manière cachée. Voici donc une réédition revue et corrigée de la combine de la région Lombardie. Puisque la Sicile a toujours tendance à anticiper ce qui se passera dans le reste du pays, voici le hors-d’œuvre de ce qui se prépare à Rome. Si le PD pense pouvoir gagner aux prochaines élections avec l’alliance ‘progressistes-modérés’, il se fait des illusions. A Rome, comme à Palerme, pour survivre les partis devront s’allier tous ensemble, avec une réédition du fourre-tout qui soutient actuellement Monti. Mettant ainsi à l’opposition Grillo et Di Pietro (IdV) mais aussi, par conséquent, la majorité des Italiens. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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