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05/06/2012

Italie : recherche de "neuf-à-tout-prix".

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« Les partis, désorientés, tentés par les listes citoyennes » (Lina Palmerini, Il Sole 24 Ore) : « Les partis traditionnels tentent de s’adapter au climat actuel et à l’humeur populaire. Mais jusqu’ici les listes citoyennes projetées n’ont pas produit l’effet désiré et Grillo poursuit son ascension vers la 3e place dans les intentions de vote. Les derniers sondages le donnent à 18%, chiffre réaliste vu le bon résultat de son ‘Mouvement 5 étoiles’ aux municipales, tandis que les listes Montezemolo, Saviano ou encore FIOM n’ont valeur que d’hypothèses à tester sans existence effective à ce jour. La prolifération des listes de la société civile correspond à la tentative un peu désespérée de revêtir l’habit le plus adapté au climat qui règne en Italie. Fabbrini (politologue et enseignant à la Luiss) ébauche dans son analyse le profil des acteurs en vogue : ‘le vote Doria à Gênes, Pizzarotti à Parme et, avant eux, Pisapia à Milan, démontre un changement dans l’idée de représentation : on choisit des gens sans liens avec les partis et en mesure de s’occuper de la collectivité avec plus de liberté d’action’. Cela sera-t-il encore le cas en 2013, quand l’enjeu sera législatif et non municipal ? Oui, semblent répondre les partis. Leurs dirigeants semblent croire à cette analyse à tel point qu’ils envisagent la diversion des listes citoyennes : le parti traditionnel étant perçu comme trop ‘partisan’, l’idée est de créer un ‘lieu’ politique ad hoc censé représenter les attentes plus transversales de la société : légalité, équité, sortie de crise, lutte contre les gaspillages et les impôts. Or aucune des listes existantes n’est crédible, d’où des sondages qui favorisent Grillo par rapport à des partis dont le jeu est, à l’évidence, de miser sur le blocage du système : s’ils n’ont réformé ni le mode de scrutin ni les institutions, c’est pour garantir leur survie par le statu quo. Sans voir que les citoyens, eux, misent sur le virus Grillo pour tout faire sauter – et les listes citoyennes étant le piètre masque d’un système statique. L’opération est trop patente pour marcher : ces listes seraient d’ailleurs forcées de s’apparenter aux partis pour éviter le couperet des seuils. Grillo, lui, ne court plus ce risque. ‘Ses’ candidats ‘grillistes’ pourront garder les mains libres et être les seuls à offrir un vrai visage antisystème – le plus transversal et proche de l’humeur populaire actuelle. »

« Le parti imaginaire » (Ilvo Diamanti, la Repubblica) : « C’est un pays suspendu qui ressort du sondage de Demos. Un pays dépaysé, à la recherche de perspectives politiques encore incertaines. Et pour l’heure, insatisfaisantes. Le gouvernement regagne la confiance des électeurs et satisfait 45% d’entre eux (chiffre remarquable si l’on pense à la crise et aux politiques impopulaires comme l’Imu). Monti lui-même est perçu comme l’homme politique le plus fiable, tandis que la popularité de Bossi et Berlusconi atteint des planchers historiques, de pair avec l’effondrement du centre droit. Les récentes municipales reflètent ce sentiment de ‘dépaysement’, de flottement : recul du PdL, liquidation de la Ligue, maintien de l’IdV et renforcement du PD, succès inattendu du M5S de Beppe Grillo qui a polarisé l’insatisfaction générale vis-à-vis du système politique. 40% des électeurs expliquent ainsi son succès par ‘le ras-le-bol’ des partis. Demeure toutefois une inconnue : la capacité du mouvement à ‘tenir’ la scène politique au-delà de l’échelon local : 7 Italiens sur 10 le pensent incapable de gouverner au niveau national. D’où l’impression d’un pays suspendu, en attente d’un changement qui ne vient pas. Grillo a su capter le mécontentement diffus et élargir ses bases électorales, mais il n’a rien résolu. La demande de changement politique reste très forte, surtout chez les électeurs venus des partis qui naguère avaient le monopole du ‘neuf’ (Ligue, IDV, SEL). On est dans une phase fluide. Le marché électoral est instable, en quête d’une offre politique adéquate. Or pour près de 7 électeurs sur 10, le ‘neuf’ est souvent du ‘vieux’ revisité. L’envie de neuf se traduit donc surtout par une demande de rénovation des partis. D’autre part, le succès du M5S est largement dû à l’image de ses candidats : jeunes, détachés des lobbys, au fait des réalités locales, sans slogan ni rhétorique. Pas besoin, donc, de bouleversements, politiques ou ‘anti’, pour répondre au ras-le-bol général. Il suffirait que les partis soient en mesure de renoncer aux logiques oligarchiques et centralisatrices auxquelles ils obéissent, qu’ils fassent plus de place aux jeunes proches du terrain. Il suffirait. Mais ils n’en sont pas capables. Du coup on voit monter la demande de ‘neuf-à-tout-prix’ – mythe plus que revendication, mais qui emporte tout en rendant ‘provisoire’ notre démocratie et décalés nos partis et notre classe politique. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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