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22/05/2012

Débâcle pour le PdL et la Ligue – Grillo conquiert Parme.

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Italie. Quatre millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour des élections municipales partielles ce dimanche 20 mai et ce lundi 21 mai 2012. La Ligue du Nord encaisse une cuisante défaite. Elle a perdu les 7 ballottages où elle était présente en Piémont et en Vénétie, autrefois ses bastions. Le scrutin met un terme définitif à l'ère Bossi. La Ligue passe aux mains du rénovateur Roberto Maroni, qui devra la reconstruire. Le second grand perdant est le Peuple de la Liberté (PDL) : sur les 26 grandes mairies en jeu, le parti de Silvio Berlusconi en détenait 19. Il n'a été reconfirmé que dans six d'entre elles. Il avait totalisé 28 % des suffrages lors des précédentes élections administratives de 2010. Il n'en a obtenu que 13 % dimanche et lundi. Un résultat qui pose la question de la survie du PDL face au déclin de Silvio Berlusconi. Alors que le soutien au gouvernement de Mario Monti divise son état-major, nombre d'observateurs évoquent le risque d'une implosion du PDL. (source : Le Point).

« Débâcle pour le PdL – Grillo conquiert Parme » (La Repubblica) : « Réveillons-nous » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) : « Sur fond d’images des obsèques de la jeune Melissa (morte à Brindisi) et des ruines du séisme en Emilie, reflet d’une Italie fragile et troublée, ces municipales sont un tournant. Il s’agit d’autre chose que du renouvellement d’équipes municipales – sous ce seul angle, Bersani aurait raison de crier victoire, la gauche ayant conquis 92 ou 93 mairies. Par-delà ces chiffres, la dynamique du vote est claire : les Italiens se sont élevés, comme jamais, contre un système politique malade et réfractaire à toute réforme – ils l’ont fait en votant pour ‘5 Stelle’, le mouvement de Grillo (vainqueur à Parme) ou en s’abstenant pour marquer leurs distances (50% d’abstention au 2nd tour – 39% seulement à Parme). En additionnant abstention et votes protestataires divers, on a un système en partie délégitimé – avec des maires souvent élus avec moins de 50% (dont les ‘victoires’ selon Bersani). L’échec du PdL se confirme et la Ligue vit une déroute. ‘C’est une gifle pour les partis’, dit Orlando, élu à Palerme, sur un mode à la Grillo. Comment lui donner tort ? Les partis doivent voir que nul ne sort vraiment gagnant de ce vote, et qu’une nouvelle phase de notre histoire doit s’ouvrir. Sous le signe, d’abord, de choix gouvernementaux responsables, faute d’alternative à l’exécutif Monti tant que la menace grecque planera, et ensuite d’un élan réformateur sans trêve. Le sérieux dicte de se focaliser tout de suite sur des enjeux précis à traiter en 2-3 mois : loi anticorruption, assurément, réforme du mode de scrutin, réforme radicale et sincère du financement des partis et engagement devant l’opinion de réviser dans un second temps la Constitution. Y a-t-il des gens capables de saisir le signal fort qui arrive de Parme, de Palerme, de Gênes ? Pas sûr. L’offre politique doit être renouvelée à la base, dans ses idées et ses hommes, mais ce n’est possible que si on perçoit le tournant que marquent ces municipales. Le défi vaut pour tout le monde. Pour le PdL d’Alfano, c’est sûr, pour le centre de Casini, et même pour le PD de Bersani (gare aux illusions). Le cocktail inédit d’abstention, de frustration liée à la crise, de peur de l’avenir, de choix antisystème, tout cela représente une bombe prête à dynamiter un système vermoulu. Aucun schéma fondé sur de vieux paradigmes et des personnages usés jusqu’à la corde, sauf véritable unité nationale, n’est apte à relever ce défi. Il est temps de se réveiller – pour la société politique mais aussi la société civile. »

« Dernier avertissement » (Massimo Franco, Corriere) : « Toute analyse du résultat des municipales risque d’apparaître statique, et donc infidèle, surtout si on la fait au prisme du passé. Le PdL et la Ligue sont à terre. Le report massif de voix sur le Mouvement 5 étoiles du comique Grillo montre que la Ligue du Nord n’était pas crédible, pas même comme parti de protestation contre l’exécutif Monti. C’en est fini, semble-t-il, des rentes de situation, et pour tout le monde : l’électorat a choisi un nouveau terrain de jeu. Cela explique l’ambiguïté de l’UdC quand le parti de Casini refuse de choisir entre les deux camps. Casini, convaincu que les deux camps de 2008 se sont effrités, fait de nécessité vertu, faute d’arriver à les remodeler à son gré. A gauche, le rappel par Di Pietro de la ‘photo de Vasto’ (l’union triomphale PD-IdV-SeL) doit être regardé au microscope des nouveaux paradigmes. Les pro-Grillo puisent aussi dans l’électorat de Di Pietro et sont à couteaux tirés avec la gauche. Et à Parme, avec leur nouveau maire, ils vont devoir démontrer leur aptitude à gouverner, au-delà du confort inhérent au discours antipolitique. Même le triomphe de Leoluca Orlando à Palerme, dont il était déjà maire il y a 25 ans, a valeur de refus des vieilles logiques : sa victoire résulte de la révolte contre le candidat imposé aux primaires par la direction nationale du PD – phénomène trop fréquent pour ne pas induire une remise en cause de celle-ci. Bersani, secrétaire du parti, revendique, non sans raison, que de tous les partis traditionnels le PD est celui qui sort du scrutin le moins amoché. Et pourtant le PD sait qu’il doit s’affranchir de ‘cartels électoraux’ dépassés. Les urnes ont broyé les déchets d’une Seconde République à l’agonie, mais ces détritus risquent de servir de fondations aux équilibres à venir, à moins que les partis ne soient en mesure de sentir les dynamiques d’une Italie qui a lancé un dernier avis avant expulsion. »

« Qui représente le mal du Nord » (Ilvo Diamanti, La Repubblica) : « Les résultats de ces élections signent, de façon définitive, la fin de la IIe République et de son système de partis. Ils marquent, en particulier, la fin du ‘bloc nordiste’, l’axe PdL-Ligue fondé sur l’affinité, y compris électorale, Bossi-Berlusconi. A en juger par le bilan des principales villes où l’on a voté, le rapport de force gauche-droite paraît s’être inversé en faveur de la gauche. Ligue et PdL sortent nettement battus, par le PD et la gauche, mais aussi par le malaise et le désir de changement, auquel le Mouvement 5 Etoiles de Grillo a donné une grande visibilité. C’est la fin de la ‘question septentrionale’ à l’origine de la Seconde République, mais en même temps ce vote la relance, en reflétant une demande de représentation politique largement insatisfaite. 1/ La Ligue en sort amoindrie. Parmi les villes de plus de 15 000 hab., avant ce scrutin elle comptait 12 maires. Elle n’en conserve que deux, dont Vérone, conquise dès le 1er tour, plus par Flavio Tosi que par la Ligue elle-même. Dans les grandes villes du Nord, ce qu’on appelle la ‘Padanie’ (au nord du Pô), au 1er tour, ses listes ont fait 7%, soit 12 points de moins qu’aux régionales de 2010 et moins de la moitié du score des législatives de 2008. 2/ La situation du PdL, ultime version du parti personnel de Berlusconi, est pire encore : dans les grandes villes du Centre-Nord, on passe d’un rapport 49-20 en faveur de la droite à 44-12 pour la gauche ; le PdL fait 12-13% dans le Nord et le Centre-Nord, contre 28% aux régionales de 2010 et 33% aux législatives de 2008. 3/ Au Nord et au Centre-Nord, le cadre est largement redessiné : PdL et Ligue ne gèrent plus aucun chef-lieu de région. Les acteurs politiques qui ont ‘inventé’ la ‘question septentrionale’ y sont aujourd’hui minoritaires – quasi périphériques. 4/ On voit en parallèle monter la gauche, autour du PD : il est aujourd’hui le premier parti, tant dans le Nord ‘padan’ qu’a fortiori au Centre-Nord. Mais ses succès dépendent surtout de sa capacité à créer des coalitions (le PD, en réalité, a perdu de son poids électoral par rapport aux législatives et aux régionales). Le triangle industriel Milan-Turin-Gênes est aujourd’hui géré à gauche, mais par des hommes souvent ‘extérieurs’ au PD. 5/ A Parme, Mira ou Comacchio, le Mouvement 5 Etoiles l’emporte : le score du parti de Grillo est particulièrement fort au Nord – comme s’il exprimait le ‘mal du Nord’, de territoires frappés par la crise et en quête de représentation politique. La IIe République a vécu, mais la IIIe n’a pas encore commencé. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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