10/01/2012
"Opération conscience propre."
« Le PdL et le risque de ‘faire cadeau’ de Monti au centre gauche » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) : « Quelle sera l’issue de la négociation sur la réforme du travail ? En apparence, le climat n’est pas si mauvais. La CGIL a craint l’isolement mais le gouvernement a rassuré le syndicat et, hier, Susanna Camusso a même fait l’éloge du président du Conseil. Comme le dit Bonanni (CISL), le débat porte à ce stade ‘sur ce qui unit, non sur ce qui divise’. Mais il va falloir redescendre du ciel des principes au terrain des choix concrets, donner un sens à ce nouveau ‘pacte’ dont parle tout le monde sans songer à la même chose. L’obstacle immédiat n’est d’ailleurs pas l’emploi, mais les libéralisations. En l’espèce, combattre les corporatismes signifie affronter leurs référents politiques. Monti et Passera l’ont compris, il n’y a qu’une voie : avancer et briser les blocages à tous les niveaux, en veillant à élargir l’éventail, pour ne pas sembler vouloir brimer telle ou telle catégorie. Au plan politique, la rupture d’hier entre Ligue et PdL pourrait aider Monti. La décision du parti de Bossi de voter l’arrestation de Cosentino, n°1 du PdL en Campanie, marque un point de non retour et l’intention de la Ligue de clore l’ère de l’entente personnelle et politique avec Berlusconi. Le PdL, logiquement, devrait être poussé à soutenir plus résolument l’exécutif ‘technique’. Berlusconi et Alfano ne peuvent plus rester au milieu du gué, mais doivent au contraire s’associer à Casini et Bersani pour peser sur les choix gouvernementaux – exigence commune évoquée hier par Bersani. Pour le PdL, il est vital de ne pas se laisser entraîner dans une dérive dangereuse, la Ligue faisant désormais cavalier seul, sans retour possible à court terme. R. Buttiglione l’a dit hier : ‘le PdL doit se garder de faire cadeau de Monti à la gauche’. S’opposer aux libéralisations peut avoir un effet boomerang, comme d’intimer à Monti, qui est dans son droit, de ne pas toucher à la RAI. Si le PdL lui met des bâtons dans les roues, il commet une autre erreur politique et pousse à modifier l’équilibre fragile qui soutient l’exécutif – un quasi suicide. »
« Pierre tombale sur l’‘axe du Nord’ » (Massimo Franco, Corriere) : « On pourrait parler d’une ‘opération conscience propre’ [allusion à ‘Mains propres’ en 1992]. Mais la décision de la Ligue de voter l’arrestation de Cosentino, défendu à l’époque du gouvernement Berlusconi, doit être vue à un double prisme : celui de l’éloignement progressif entre Ligue et PdL et celui des dissensions internes à la Ligue, entre le ‘cercle magique’ de Bossi et Maroni, ex ministre de l’Intérieur. Hier encore, on ne saisissait pas si la décision avait été prise dans le cadre d’une stratégie nationale ou pour conjurer des failles internes. Un indice : c’est Maroni, à qui l’on attribue la ligne dure, qui a annoncé la décision. Second indice : les deux députés léghistes du comité des autorisations procédurales étaient plutôt enclins à ne pas faire arrêter Cosentino : c’était la ligne Bossi. Un vote s’écartant de celui annoncé officialiserait la fracture. Après la tentative de Bossi de coopter Tremonti (Maroni, qui s’y opposait, a gagné) la guérilla interne continue. Dans ce type d’affaires, la Ligue a fluctué, disant oui à l’arrestation du député Papa mais refusant celle de Milanese, ex bras droit de Tremonti. Elle n’est pas à une contradiction près, mais si l’idée est celle du ‘retour à la Padanie’, il faut impérativement faire table rase du passé. Certes, Bossi ne peut effacer 3 ans ½ d’alliance avec Berlusconi, justice incluse, mais il peut y mettre fin. Et l’affaire Cosentino lui donne l’occasion de dire à sa base : rassurez-vous, nous sommes redevenus ce que nous avons toujours été. Opération osée mais compréhensible. Et qui, au-delà du fond, vaut pierre tombale posée sur l’‘axe du Nord’ qui a dirigé l’Italie de 2001 à 2006, et de 2008 à novembre 2011. Des signaux avaient été lancés : offensive anti-européenne, reproche fait à Berlusconi d’une démission par peur des marchés et du Quirinal, vote contre le gouvernement Monti – autant d’indices d’un lâchage du vieil allié et de la lutte internes pour l’après-Bossi. Mais ces choix tactiques n’interdisaient pas un revirement. Or si la Ligue vote comme l’a annoncé Maroni, pour l’arrestation de Cosentino, un retour en arrière sera improbable : l’opération ‘conscience propre’ ouvre de nouveaux scénarii. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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