30/11/2011
Italie : le vent tourne pour la "caste".
« Le vent tourne pour la ‘caste’ » (Marcello Sorgi, La Stampa) : « Disons-le, il faut du courage pour réduire la retraite des parlementaires à la veille d’une réforme des retraites que devront voter députés et sénateurs. Mais il n’y avait pas d’autre issue : impossible de toucher aux retraites des salariés ordinaires en préservant les privilèges des parlementaires, surtout par ces temps de polémiques quotidiennes contre la ‘caste’ jusque sous les murs de la Chambre. Elsa Fornero, ministre des Affaires sociales, n’a guère eu à insister pour convaincre les présidents des Chambres. Et donc ce qui aurait été impensable il y a quelques mois a eu lieu, dans le plus parfait style Monti et de façon inéluctable, signes distinctifs de la nouvelle ère de l’exécutif technique. Certes, il y aura quelques murmures chez 250 parlementaires et plus qui n’ont qu’une législature au compteur (comme Irene Pivetti, ex-présidente de la Chambre) et devront attendre leurs 65 ans pour empocher la prestation. Mais c’est décidé : le système par cotisation va s’appliquer tout de suite aux parlementaires aussi. Et il y a d’autres nouveautés. Après la nomination des secrétaires d’Etat, l’accélération sur les retraites marque le début du travail à plein régime de l’exécutif – que l’on avait accusé d’agir avec une lenteur excessive. D’autres mesures anti-crise suivront dès le 5 décembre, plus dures sans doute qu’annoncé. Le commissaire Rehn, ministre de l’Economie de facto de l’UE, a insisté de nouveau, au-delà des retraites, sur la nécessité de stimuler la croissance, mise à mal par les prévisions de récession en Italie en 2012, par un droit du licenciement assoupli et la différenciation régionale des salaires (les ’cages salariales’) – idées de nature à faire vivement réagir les syndicats et une partie de la gauche. Même Berlusconi, en réitérant son appui à l’exécutif, dont il salue les premières actions, a souhaité rappeler à Monti que l’engagement du centre droit à ses côtés ne prévoit ni ISF ni réforme du mode de scrutin, thèmes étrangers au programme concerté. Bref, même affaiblie, la résistance des partis continue. Face à elle Monti, s’il ne veut pas s’affaiblir, n’a qu’une possibilité : avancer tout droit sur sa route. »
« La Ligue se sert du gouvernement pour prendre ses distances par rapport au centre droit ancienne manière » (Massimo Franco, Corriere della Sera) : « Cela apparaît de façon de plus en plus nette : la Ligue n’a pas rompu avec Berlusconi parce que l’ancien président du Conseil appuie le gouvernement Monti des techniciens mais au contraire elle a pris prétexte du nouvel exécutif pour couper les ponts avec un allié jugé encombrant voire dangereux pour le destin électoral déjà incertain de la Ligue. Berlusconi continue de jurer que Bossi l’appelle tous les jours et qu’ils se verront vendredi. Mais Maroni déclare : ‘L’alliance est finie. Et je ne le dis pas dans un esprit de propagande vu qu’on votera en 2013’. Pas d’ ’effet domino’ sur les municipalités du Nord cogérées par les deux partis, mais à en croire les léghistes l’alliance n’est pas acquise en vue des prochains scrutins locaux. La mise en garde du Cavaliere selon laquelle la division est le meilleur moyen de faire arriver la gauche au pouvoir ne suffit pas. En vérité, la Ligue attend avec impatience d’avoir les mains libres pour pouvoir s’allier selon ses seuls intérêts. D’où la recherche de nouvelles convergences et la diabolisation de Monti, présenté comme un technocrate sans appui populaire – et le pari sur l’écroulement de l’euro. La sommation faite à Monti de venir tout de suite au Parlement et l’accusation de ne pas avoir fait baisser le spread entrent dans cette stratégie. En attendant, la Ligue recherche un nouvel ‘axe du Nord’ et, en Lombardie, l’attention se porte sur le gouverneur Formigoni. Après le Piémont et la Vénétie, elle a en vue la Lombardie et paraît prête à appuyer en échange les ambitions de Formigoni pour le Palais Chigi, même si Berlusconi mise encore sur Alfano. En filigrane, on devine les violentes secousses que la transition provoque au sein du PdL – et au-delà. La Ligue la suit depuis la position confortable du parti de lutte qui resserre son périmètre géographique et culturel pour masquer son usure – l’abandon du vieil équilibre marque plus la fin d’une époque que le début d’une nouvelle. Par ailleurs, l’urgence financière impose de faire en un an des lois esquivées dix ans durant et les partis appuyant l’exécutif approuvent. Quant à la Ligue, hier la Une de La Padania était consacrée à la rencontre avec la Fédération Autriche Future, théoricienne d’un euro vertueux ‘du Nord’ et d’un autre ‘du Sud’. Bien sûr, la ‘nation padane’ se voit adhérer au premier. Rêve rétrograde fondé sur on ne sait trop quoi. »
« La récession éloigne les élections anticipées » (Lina Palmerini, Il Sole 24 Ore) : « Hier, le rideau est tombé sur les élections anticipées : il est désormais clair pour tout le monde que la législature ira jusqu’à son terme naturel. La récession en 2012 écarte l’hypothèse d’une campagne en pleine austérité, sans parler du sauvetage de l’euro et de la reconstruction de la gouvernance européenne. Seul Berlusconi, qui a dit hier ‘donnons à Monti le temps de faire ce qu’il faut’, pourrait avoir la force de demander des élections mais même lui ne l’a pas : ni face à la croissance négative, ni face au risque d’effondrement de l’euro, ni sans la ‘protection’ internationale dont jouit Monti – et lui non. Maroni se prépare à une opposition longue : ‘Bien sûr qu’on ira jusqu’en 2013. Si vraiment c’était un gouvernement d’urgence il démissionnerait une fois adopté le plan de rigueur or il me semble que cette option n’est pas sur la table. L’exécutif Monti va durer jusqu’en 2013 car c’est un gouvernement qui a un projet politique outre l’assainissement budgétaire : démanteler le bipolarisme et le refonder sur la base de trois pôles. Nous, à la Ligue, nous lutterons pour ne pas nous laisser marginaliser par ce projet. Bien sûr nous aurions tout à gagner à un vote en avril, mais PdL et PD doivent attendre qu’on commence à voir les premiers fruits de leur ‘choix de responsabilité’’. Et la Ligue n’est pas la seule à espérer un bénéfice immédiat. Selon P. Castagnetti (PD) : ‘Les sondages nous donnent gagnants, plus encore depuis qu’on a choisi d’appuyer Monti. Or cette stratégie nous rend prisonniers de la législature : le slogan ‘l’Italie d’abord’ nous lie les mains.’ Il observe : ‘Qui en Italie jouit de la même protection internationale que Monti ? Comment affronter pareille crise sans appui en Europe et à Washington ?’ Ces questions lient les mains à tout le monde, au PD et au PdL. Même si tout le monde, y compris à l’UDC, sait comme il est dangereux de laisser travailler Monti, candidat possible au Quirinal, et Passera, bon profil pour le palais Chigi. ‘Avec eux, ils ne toucheront plus la balle’, glisse un parlementaire. Voici le vrai piège pour la classe politique : qu’on passe de la crise économique à celle de la représentation. »
« Monti présente à l’UE 25 Md€ de mesures » (Alessandro Barbera, La Stampa) : « Pour expliquer ce qui nous attend lundi, Monti recourt à l’euphémisme : ‘Nous sommes en train d’élaborer une politique économico-sociale complexe’, seule issue d’une ’situation très difficile’. Hier, les taux de nos titres d’Etat à trois ans ont atteint 7,89% et la Banque japonaise Nomura a annoncé vouloir vendre 83% de ses titres italiens. L’attente des marchés devient nerveuse et les indiscrétions sur une intervention concertée du FMI et de la BCE pour soutenir Rome et Madrid pèsent...
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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