24/02/2011
Italie. La majorité "aidée" par la situation en Libye : Bossi dit ce que les autres pensent.
« La majorité ‘aidée’ par la situation en Libye : Bossi dit ce que les autres pensent » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) : « Umberto Bossi dit tout haut ce que les autres pensent tout bas : ‘le risque immigration aide Berlusconi et nous aide’, a-t-il affirmé au moment où la ligne officielle du gouvernement consiste à mettre en exergue le danger, réel du reste, de l’arrivée de clandestins en provenance de Libye. Bossi sait à quel point le thème inquiète l’électorat léghiste, il n’a pas perdu de temps pour exploiter le filon, ni Berlusconi. Le président du Conseil a exprimé clairement une crainte commune à bien des pays occidentaux – qui ne le disent pas de façon aussi explicite – en évoquant le risque intégriste pour l’après-Kadhafi. Beaucoup préfèrent se taire, en effet, pour éviter de paraître offrir un quelconque soutien à un régime qui est en train de mener une répression féroce. Sur un autre point, bien des gens doutent que l’Italie, pendant toutes ces années, ait su bâtir une relation avec des figures libyennes en dehors de la famille Kadhafi. Au sein de la communauté internationale, on tentera sans doute d’imputer à l’Italie sa longue proximité avec Kadhafi : ce sera un test capital pour la politique étrangère italienne et comme tel, il faudrait pour y faire face un élan de cohésion nationale. Cela vaut pour le moyen terme. A court terme, il y a le malaise croissant au sein de la Ligue qui a du mal à se positionner, entre sa loyauté envers Berlusconi et la nervosité de sa base. Voilà pourquoi Bossi voit dans le drame libyen une diversion utile. Presque un ‘reconstituant’ politique. Et le vieux chef de la Ligue l’admet, sans l’hypocrisie qui est de mise en pareil cas. »
« Le printemps de guerre du président du Conseil sur la justice » (Marcello Sorgi, La Stampa) : « Un printemps de feu se prépare sur le thème de la justice. Non seulement Berlusconi va se trouver, en cinq semaines, au centre de 5 procès, mais en outre, dans cette même période, les affrontements vont reprendre entre gouvernement et opposition, entre juges et gouvernement, et sans doute, entre Palais Chigi et Quirinal – dans la mesure où le Président de la République est aussi le chef de la magistrature, selon la Constitution. Après deux semaines d’intense agitation et de débats très vifs, à la suite du renvoi en jugement du Cavaliere dans l’affaire Ruby, la montagne berlusconienne a accouché de la souris du procès court : le projet de loi, adopté au Sénat, a ensuite été abandonné à la Chambre pour éviter trop de polémiques, le Cavaliere se contentant alors de l’empêchement légitime pour se protéger de ses problèmes judiciaires. Maintenant, au contraire, étant donnés l’atteinte portée par la Cour constitutionnelle à cette protection et la pression procédurale accrue venant des juges, Berlusconi a décidé d’aller à la guerre comme à la guerre ! La réforme mise à l’ordre du jour pour le 28 mars devrait lui assurer la prescription de tous les procès en cours, sauf celui du 6 avril sur le Rubygate (mais, même là, il ne serait pas étonnant que Berlusconi décide de revenir à la charge sur les écoutes, pilier de l’enquête). Ce coup d’accélérateur de Berlusconi, sûr d’avoir une majorité suffisante pour aller au combat, anéantit tout espoir résiduel d’accord avec tel ou tel secteur de l’opposition à propos de justice. Toute tentative d’élargir les marges politiques de dialogue et de négociation a été balayée par la décision de Berlusconi de repartir à l’attaque. »
« Berlusconi : un président du Conseil sans pouvoir, impossible de gouverner ainsi » (Carmelo Lopapa, La Repubblica) : « Berlusconi le redit : ‘je continue, les élections n’ont pas d’utilité, rien ne changerait’. Ce mercredi, il déclare : ‘notre système institutionnel ne donne au gouvernement que l’image du pouvoir : Le gouvernement ne peut pas adopter de décrets sans la signature du chef de l’Etat. Tout décret sortant du conseil des ministres comme un pur-sang se change ensuite en hippopotame.’ C’est encore pire pour les lois, où il faut ‘l’aval du président, puis celui des deux chambres, avec des délais très longs et plein d’amendements. Comme chef d’entreprise j’avais un vrai pouvoir ! Si on ne réforme pas les institutions, il n’y a aucun espoir’ – fédéralisme en tête. Bossi, lui, souligne que les élections sont peu probables, le risque ‘immigration’ tendant à ‘aider Berlusconi et la Ligue’. Après le coup d’arrêt donné par le Quirinal au texte du décret milleproroghe (visant à faire passer les décrets 2010 en retard) à cause de ses graves irrégularités, le conseil des ministres a décidé de demander la confiance à la Chambre et au Sénat sur le texte dûment modifié. Hier, Tremonti a expliqué les changements à Napolitano, puis aux chefs des groupes majoritaires à la Chambre. Cependant, la trêve entre Tremonti et Berlusconi serait déjà finie : Berlusconi désigne à nouveau le super-ministre comme le ‘vrai responsable du cafouillage’ sur ce texte. En effet, les corrections sont assorties de nouvelles coupes, lourdes, qui mécontentent divers parlementaires de la majorité et inspirent des soupçons à Berlusconi : ‘Giulio rame à contre-courant’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome).
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