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15/08/2010

Nouvelles d’Italie, du 3 au 15 août 2010 : Fini tient Berlusconi, mais subit des attaques.

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Futuro e Libertà per l’Italia (FLI) est un groupe parlementaire, au sein du Parlement italien, constitué autour de Gianfranco Fini. Il a été fondé le 30 juillet 2010 au sein de la Chambre et le 2 août 2010 au sein du Sénat.

 

Article de Le Point.fr : http://www.lepoint.fr/monde/italie-32-deputes-proches-de-gianfranco-fini-quittent-le-parti-de-berlusconi-30-07-2010-1220696_24.php

 

« Motion Caliendo, les finiens pour l’abstention » (Antonella Rampino, La Stampa) :
« A moins d’un revirement soudain, les finiens s’abstiendront, mercredi, lors du vote sur la motion de défiance contre Caliendo. L’alerte a sonné pour les berlusconiens lorsque Fini a reconnu le droit à l’opposition de présenter la motion. D’intenses pourparlers ont alors suivi, exhortant les ‘futuristes’ à retrouver le chemin d’un accord. Fini semble accepter, et propose à Berlusconi un ‘pacte de législature’, qui seul pourrait ‘sauver le gouvernement’. La déchirure totale semble évitée mais la décision finale sera prise ce soir par les 33 députés et les 10 sénateurs finiens de FLI, dont le groupe au Sénat s’est formé hier. Mais ce qui est politiquement relevant, c’est qu’au-delà des finiens, Casini et Rutelli devraient aussi s’abstenir, formant ainsi un ‘troisième pôle’ de 84 députés qui soulignerait la force de conditionnement de FLI. Mais bien qu’un axe Casini-Fini puisse irriter Berlusconi, le gouvernement ne tombera pas mercredi : la motion de censure sera votée par les 227 membres de l’opposition, mais le gouvernement peut compter sur le soutien de 297 députés. »

 

Entretien avec F. Frattini, ministre des Affaires étrangères, dans La Stampa - « ‘Hors du PDL, Fini n’a pas d’avenir’ » :
« Frattini demande à Fini de ‘revoir ses positions’, car hors du centre-droit, il n’a pas, selon lui, d’avenir politique. Le Ministre se montre confiant : ‘il n’y aura pas de rupture totale, à commencer par la motion de défiance contre Caliendo’. Il ne voit pas Fini comme le leader d’un pôle centriste et croit en un accord. Mais il confirme qu’en cas de conflit, Berlusconi n’hésitera pas à demander des élections anticipées. Il écarte donc l’hypothèse d’un gouvernement de transition : ‘je suis sûr que le chef de l’Etat ne s’y prêterait pas et qu’aucun membre du gouvernement ne se mettrait à la tête d’un gouvernement non élu’. L’option d’un gouvernement Tremonti, qui plaisait à une partie du PD, est donc à exclure. Tout aussi bien qu’une ouverture vers l’UdC, dont les positions sont trop divergentes de celles de la Ligue. Le gouvernement doit continuer à compter sur Fini, ‘une ressource importante’, mais, ‘qui n’est plus le leader naturel du centre-droit’. La solution est donc d’établir une relation avec le FLI, comme celle avec la Ligue. La requête des finiens d’établir un nouveau ‘pacte de législature’ reste peu claire pour Frattini. »

 

« Berlusconi, en septembre le règlement de comptes : relance, sinon élections » (Ugo Magri, La Stampa) :
« A moins d’un revirement soudain, Berlusconi adoptera la politique de l’autruche et ignorera la faiblesse numérique de sa majorité. Il a des choses plus urgentes auxquelles penser : rénover le parti, relancer le calendrier du gouvernement. Tandis qu’enfle la rumeur d’un Cavaliere furieux contre Fini, Berlusconi en fait aurait la tête ailleurs : vers les réformes et, surtout, vers l’avenir du parti. Berlusconi souhaiterait éloigner les dirigeants nationaux et redonner une nouvelle vie au parti, le rajeunir, instaurer une gestion plus collégiale, où les anciens d’Alliance nationale qui lui sont restés fidèles seraient bien représentés. Une manière de se protéger des attaques de Fini sur la question morale dont ce dernier s’est fait le porte-parole. Le Cavaliere veut éviter une crise, alors que le gouvernement est au pied du mur. Et des pourparlers entre Bersani et Boniauti en sont un signe : l’adversaire commun est au centre. »

 

Entretien avec R. Maroni, ministre de l’Intérieur, dans le Corriere della Sera – « La situation s’est détériorée, si nous chutons de nouvelles élections auront lieu en automne » :
« Il a passé la journée au Sénat et obtenu un vote unanime sur le plan antimafia, ‘un résultat historique’ pour le ministre de l’intérieur Roberto Maroni. Mais cette unanimité fait exception, en ces temps de troubles politiques. Maroni l’admet : ‘la décision de Fini de quitter le PdL nous oblige à vivoter’, et si le navire chavire, ‘on retourne aux urnes’. L’hypothèse d’un gouvernement technique est donc écartée, et en cas de crise politique, il ne serait possible d’obtenir une nouvelle majorité sans la Ligue, qui s’oppose à une alliance avec l’UdC. Quant à l’existence d’un troisième pôle, Maroni souligne la diversité des groupes en présence et dément cette appellation. Il souligne aussi sa difficulté à comprendre la stratégie politique de Fini, dont ‘la présence avec Berlusconi au sein du PdL aurait pu être fondamentale’. Maroni assure en tous cas le soutien de la Ligue au parti en cas de nouvelles élections. »

 

« L’erreur politique et les chiffres exacts » (Il Foglio) :
« Les chiffres du vote parlementaire sur la demande de démission de G. Caliendo sont incontestables [299 non, 75 abstentions, 229 oui] : la majorité à la Chambre, même si la différence de voix n’est pas énorme, aujourd’hui n’existe plus. Cela signifie que la décision de S. Berlusconi de chasser G. Fini du PdL, fondée sur une sous-estimation du suivi parlementaire dont il pouvait disposer (probablement amplifié par la façon dont cela s’est produit), a été une erreur. Une erreur qui pouvait, et donc devait, être évitée. Le problème est de comprendre s’il est ou non possible d’y remédier. Dans son intervention au nom des ‘futuristes’, B. Della Vedova a soutenu que ‘la majorité reste solide’, ce qui est faux à ce jour, mais qui pourrait le devenir si les protagonistes de cette affaire passaient le mois d’août à se regarder dans les yeux plutôt que d’examiner leur nombril. L’ambiance de match de foot, hier dans l’hémicycle, reflète cependant une attitude des leaders plus prompts à réitérer leurs idées qu’à rechercher des marges de cohabitation. Fini et Berlusconi ont promis à leurs électeurs la stabilité et ceux qui apparaîtront coupables de l’avoir sabotée, par calcul personnel ou mesures de rétorsion, seront retenus responsables non de la trahison mais de ne pas avoir honoré leur engagement auprès des Italiens. Si l’affrontement ne se calmait pas, l’erreur politique finira par conduire au résultat exact des chiffres et à la fin, c’est-à-dire bientôt, ce seront les électeurs qui décideront des rapports de force. »

 

« L’automne le plus difficile pour le Président du Conseil » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) :
« Comme prévu, Giacomo Caliendo reste secrétaire d’Etat, et Parlement et gouvernement partent en vacances. Mais le vote d’hier a démontré que le gouvernement ne rejoint pas le seuil des 316 voix, nécessaires pour la majorité absolue, restant par ailleurs en-dessous du seuil des 300 voix (299). Un maigre résultat qui annonce une saison difficile pour le gouvernement Berlusconi : en additionnant les abstentions et les ‘non’, on arrive à 304 voix, plus de la majorité actuelle. Le Cavaliere pour l’instant fera contre mauvaise fortune bon cœur, s’appropriant la thèse de Cicchitto d’une ‘défaite du ‘justicialisme’’ et reportant les problèmes à septembre. Mais l’atmosphère est lourde, surtout entre ex-An finiens et berlusconiens. Berlusconi n’a pas encore de plan alternatif aux élections mais, comme Bossi le rappelle, ‘maintenant il faut résister, et non voter’. Pour éviter la guerre de position, la majorité devra négocier avec les finiens à un coût bien plus élevé que par le passé, un élément qui confirme l’erreur de fond commise par Berlusconi au moment de l’éloignement des dissidents finiens. L’hypothèse des élections est plausible uniquement en cas de crise formelle du gouvernement. Mais c’est au chef de l’Etat d’en décider et il faudrait que cette crise ait lieu pour des raisons d’intérêt national. On ne peut exclure que la majorité entre en crise pour des questions mineures. Alors le chemin serait bien plus tortueux et Napolitano serait le seul à pouvoir décider de l’épilogue de la législature. »

 

« Berlusconi furieux : ‘élections en novembre’ » (Ugo Magri, La Stampa) :
« Juste après le vote, S. Berlusconi est furieux. ‘Nous étions le gouvernement le plus fort et le plus stable du continent, une référence à l’étranger que tous enviaient et voilà : regardez la dévastation produite par Fini, avec un facteur aggravant : on ne comprend pas ses motivations !’. Berlusconi s’était voulu rassurant mais le vote balaie toutes les fausses illusions. Le président des Sénateurs PdL, M. Gasparri, a fait un discours exemplaire à cet égard : ‘quelles sont les alternatives au vote anticipé ? Je n’en vois pas. En septembre nous nous retrouverons dans les mêmes conditions que maintenant, voire pire. Nous devrons tout négocier avec Fini, dont l’objectif stratégique est notre démantèlement à travers une nouvelle loi électorale ou un gouvernement institutionnel…’. Personne ne consulte le calendrier mais il est clair que la mi-novembre (le 19 peut-être) serait la date idéale pour appeler les Italiens à voter. »

 

« Avant de penser aux élections, le président du Conseil devrait s’efforcer de gouverner » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) :
« Aucun des protagonistes de la confusion politique actuelle n’a les idées claires sur l’avenir. Sans doute la crise du gouvernement nous a-t-elle tous surpris. Il faut faire la distinction entre les effets d’annonce et la réalité. Nous arriverons sans doute à des élections anticipées mais, à ce stade, personne n’est prêt pour ce défi, et pas même Berlusconi – malgré la rhétorique avec laquelle il alimente son mythe de ‘d’homme d’action’ qui ne veut pas se faire avoir par le ‘théâtre des salons romains’. En reportant tout à l’automne, il a montré qu’il lui fallait gagner du temps pour s’éclaircir les idées. Il ne faut pas oublier que le Quirinal est le principal décideur, et peut-être Berlusconi n’est-il pas si certain de l’issue du vote. La majorité est toujours sienne même si elle est affaiblie et le groupe FLI a réitéré sa loyauté au gouvernement – jusqu’à preuve contraire, il n’y a pas de raison d’en douter. Se résigner à des élections au printemps 2011 signifierait condamner le pays à des mois de mauvais gouvernement. En septembre, le président du Conseil devra donc présenter, avec un PdL à la structure rénovée, une initiative de gouvernement crédible. »

 

« Appartement à Montecarlo. Les magistrats : ‘aucun motif d’entendre Fini’ » (Francesco Grignetti, La Stampa) :
« Affaire Montecarlo : la première commission rogatoire internationale est partie. Le Parquet de Rome a envoyé à la Principauté de Monaco la commission rogatoire des magistrats enquêtant sur la vente de l’appartement de Montecarlo d’AN à une société mystérieuse dont le siège se trouve aux Antilles. Il est cependant exclu que le président de la Chambre soit entendu : ‘aucun motif pour ça’ dit-on. Pour le moment d’ailleurs, aucune convocation de témoin n’est prévue. Sur la table du magistrat Laviani se trouvent les actes récupérés au siège d’AN il y a quelques jours : l’acte de vente, le testament signé par AM Colleoni, remontant à 1997, qui laisse une partie de son patrimoine à Alliance Nationale pour que le parti continue la ‘bonne bataille’. Mais en a-t-il été ainsi ? L’appartement a-t-il été vendu à un prix correspondant à sa valeur sur le marché ? L’hypothèse du délit est celle d’escroquerie. Il faudra mieux étudier l’estimation de l’appartement pour bien comprendre les choses. »

 

Entretien avec B. Della Vedova, numéro 2 des députés de FLI, dans La Repubblica – « ‘Assaut digne des stalinistes, la demande de démission est pour nous irrecevable’ » :
« ‘Capezzone demande improprement les démissions de Fini’, dont ‘les explications quant à l’appartement monégasque sont exhaustives’, considère Benedetto Della Vedova. Mais il n’en demeure pas moins que l’affaire Montecarlo aura terni l’image du président de la Chambre : ‘à force de calomnier, quelque chose reste’. Della Vedova critique donc la campagne du PdL contre Fini : ‘ils utilisent l’autorité du pouvoir, l’autorité médiatique dont ils disposent, mais je crois qu’à la fin c’est la donnée politique d’un leader qui veut construire une droite libérale, modérée et européenne, qui prévaudra’. Della Vedova est cependant optimiste : ‘je continue à espérer que le front berlusconien fasse preuve de bon sens’.

 

« Le président du Conseil pense à diviser et à récupérer les finiens bien plus qu’à des élections » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) :
« Certains évoquent un gouvernement de transition mais cette éventualité semble caduque. Deux objections à ce sujet : 1. La discorde au Parlement ne permettrait pas de travailler sur la réforme du mode de scrutin, tous voudraient changer la loi, chacun ayant un avis ben arrêté (centre gauche, UdC, IdV, FLI) et, du reste, faire une loi électorale contre deux partis (PdL et Ligue) représentant une majorité relative très large n’est pas aisé ; 2. Cet éventuel gouvernement serait trop fragile, sans horizon ni programme, et il serait exposé de manière permanente à l’ire de Berlusconi et Bossi qui cireraient à la trahison pour récupérer des voix, et y réussiraient probablement. Cette perspective n’est donc pas crédible et son principal obstacle est que Berlusconi lui-même préfère explorer d’autres voies, sachant que les élections représentent toujours une inconnue. La Ligue pourrait en effet récupérer des électeurs berlusconiens (les élections régionales avaient déjà indiqué cette tendance) et Berlusconi est affaibli au Sud où finiens et UdC sont plutôt forts et où le cas Sicile est ouvert. Avant de céder à Bossi, le président du Conseil insiste, il veut récupérer une partie consistante des finiens. Il a fait l’éloge, hier soir, d’un document ‘constructif’ des sénateurs adhérant à FLI. A la Chambre, le problème reste entier et Berlusconi met la pression : éloges et ouverture aux dissidents dans le doute, attaques dévastatrices contre le président de la Chambre, pour parvenir à le faire tomber. Un psychodrame qui révèle cependant l’intention de Berlusconi, s’il peut, d’aller de l’avant et non de voter. »

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« FLI ouvre au dialogue : ‘il faut une confrontation sérieuse’ » (Monica Guerzoni, Corriere della Sera) :
« La lettre des sénateurs de FLI laisse entrevoir la possibilité d’une trêve et révèle les deux âmes de la créature finienne. D’un côté les ‘responsables’, qui cherchent à calmer le jeu, de l’autre les ‘pasdarans’, anti-berlusconiens. ‘En septembre, la chemin principal doit être une confrontation en terme de calendrier gouvernemental. L’intérêt de l’Italie doit être central et il faut en affronter les priorités : fisc, fédéralisme, Mezzogiorno, réformes, justice’. Une initiative qui tente de rapprocher FLI et PdL et qui souligne les différentes ‘humeurs’ au sein du groupe – dont celle de la majorité, lasse des tons belliqueux de Bocchino, Briguglio et Granata, qui a déclaré ‘les petits jeux de Berlusconi ne nous diviseront pas, nous sommes un groupe solidaire’. La note des sénateurs et les louanges de Berlusconi arrivent à la fin d’une journée où la rumeur d’un groupe de finiens prêt à revenir auprès du Cavaliere circule. Quelques-uns ont déjà exprimé leur mécontentement face aux ‘semeurs de zizanie’. Un autre communiqué, signé Bocchino, Viespoli et Moffa, arrive dans la journée : ‘nous espérons retrouver un climat de respect mutuel entre les institutions, qui doivent être respectées, et non dévalorisées par des requêtes inacceptables’. Une manière de montrer que le groupe est uni pour repousser les attaques contre Fini. Moffa souligne : ‘parmi nous, c’est vrai, il existe des sensibilités différentes, mais il serait faux de compter sur une faible résistance du groupe’. »

 

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Gianfranco Fini

 

(Traductions : ambassade de France à Rome).

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