30/03/2010
Bossi ouvre la voie à Berlusconi. Bossi passe à la caisse : ‘le fédéralisme, tout de suite’.
« Le centre droit parvient à conquérir 6 régions » (Ugo Magri, La Stampa) :
« Sept à six pour le centre gauche, certes, mais la victoire revient au centre droit. L’abstention a été très forte : la participation perd 8 points par rapport à 2005 et 16 par rapport aux législatives de 2008. Le ministre de l’Intérieur donne l’alerte, parlant d’‘un signal de désaffection’. En 5 ans, le Latium a perdu 12 points, la Toscane 10. Berlusconi, c’est un fait inexplicable à l’étranger, continue de bénéficier d’un solide soutien chez les gens et sa force ne semble pas entamée par des mois de bombardement politique et judiciaire – cette technique pour se débarrasser de lui ne paraît pas fonctionner. Le centre gauche montre des signes de réveil avec notamment la victoire facile de Vendola, souriant et concret, dans les Pouilles. Pour l’heure, Berlusconi se tait, attendant les chiffres définitifs et s’apprêtant à déclarer que le centre droit administre désormais la majorité des Italiens. Bersani attend aussi, en conclave avec les dirigeants du PD. L’humeur fluctue – ce n’est pas celle des meilleurs jours. Seul Bossi peut s’exposer sans crainte : il se proclame vainqueur et surtout ‘arbitre’ de la période politique qui s’ouvre. »
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« Berlusconi crie victoire : ‘ils n’ont pas réussi à me jeter dehors’ » (Francesco Bei, La Repubblica) :
« La crainte d’un ‘effet Sarkozy’ en Italie a été vite oubliée. Si Berlusconi était surtout intéressé par le ‘référendum’ sur sa personne et par l’assurance de ‘3 ans tranquilles pour mener à bien toutes les réformes en chantier’, le PdL souffre – ‘on doit voir calmement ce qu’il faut changer’ a dit Berlusconi à ses proches. Certains parlementaires du Peuple de la liberté font déjà les comptes de la débâcle : dans les Pouilles, le PdL perd 1 voix sur 2 par rapport aux législatives, par exemple. Dans les 12 régions en jeu (sans compter le Latium, en l’absence de liste à Rome), le PdL récolte péniblement 5,4 millions de voix, contre 8 aux européennes de 2009 et presque 10 aux législatives 2008. Les données d’ensemble ont beau être positives pour Berlusconi, le PdL a quelques problèmes de solidité et G. Fini demandera lui aussi des comptes. Le président de la Chambre s’inquiète, en effet, de la fragilité du PdL ‘trop dépendant de Bossi, y compris culturellement – ce résultat le démontre’. »
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« Le référendum du Cavaliere » (Massimo Giannini, La Repubblica) :
« Malgré ses scandales privés, ses problèmes judiciaires, et deux ans de non gouvernement, S. Berlusconi a réussi à gagner les régionales en descendant dans l’arène. Son parti a perdu des centaines de milliers de voix et frise les 27%, mais le Cavaliere a gagné son référendum, grâce à la Ligue qui s’est adjugé le Nord. Malgré des problèmes au Sud, il a arraché la Campanie et la Calabre, et le Latium au centre, où Polverini, candidate au profil bas, a battu une figure nationale. On peut expliquer ce scrutin de diverses façons, mais l’Italie est gouvernée par le centre droit, même au niveau territorial. Berlusconi, comme le centre gauche, a perdu des milliers de voix du fait de l’abstention, clair signal d’insatisfaction dont aucun camp n’a tiré bénéfice. C’est le triomphe de la Ligue. Hier, la Padanie a vu le jour, fruit d’une classe politique engagée sur le territoire. Cela aura un impact au sein de la majorité, mais aussi sur tout le système politique. Il suffit d’écouter Zaia : ‘avec ces résultats, le bipolarisme est fini’. Pour la gauche, pas de catastrophe nationale, mais le parti réformiste de masse peine à toucher le cœur des électeurs rétifs au berlusconisme. Bersani va devoir revoir en profondeur la stratégie de son parti et ses alliances. Il est angoissant de penser que le pays va être gouverné trois ans encore comme depuis deux ans. Espérons que la victoire de la Ligue apporte de la nouveauté. Bossi l’a déjà annoncé : après les élections, il faudrait reprendre la voie du dialogue entre les pôles et il se ferait l’arbitre des réformes. L’Italie est entre les mains de cet homme qui, il y a quelques années encore, prêchait la sécession, urinait sur le drapeau et dénonçait ‘Rome voleuse’, mais représente aujourd’hui le ‘facteur de stabilité’ de ce centre droit secoué par les foucades du Cavaliere. Paradoxe extrême et autre signe du lent déclin du leadership berlusconien. »
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« Le Senatùr Bossi passe à la caisse : ‘le fédéralisme, tout de suite’ » (Michele Brambilla, La Stampa) :
« Au siège milanais de la Ligue, les fidèles sont là, pour un jour qui fera date. La Vénétie est gagnée, devant le PdL et le Piémont conquis ; en Lombardie, pas de ‘dépassement’, mais l’écart a fondu. Dans le Nord, le rapport PdL-Ligue est d’un pour un. Bossi rassure son allié : ‘la bataille n’était pas entre PdL et Ligue mais avec la gauche, qui a disparu ; nous sommes pour les réformes ; les gens ont compris que la Ligue veut changer le pays ; notre premier objectif est le fédéralisme, et tout de suite ; si les ouvriers du Nord ont abandonné la gauche, il y a une raison.’ Le siège de la Ligue ressemble au PCI d’autrefois. Un vrai parti, bien organisé. Bossi a changé depuis ses débuts ; de temps en temps, on voit qu’il est ému, surtout lorsqu’il parle de son fils, élu conseiller régional en Lombardie. Cette région qui, selon Bossi, avait ‘compris bien avant les autres que seule la Ligue pouvait changer le pays ; et si ce pays ne change pas, il coule à pic.’ Il annonce que le Piémont et la Lombardie seront les premières régions à mettre en place le fédéralisme fiscal. Pour lui, les électeurs ne sont pas déçus par la politique : ils ont préféré le soleil et la Ligue a eu de la chance. »
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« Trois ans sans alibi » (Massimo Franco, Corriere) :
« La dyarchie Berlusconi-Bossi sort consacrée des régionales. La crainte de l’abstention s’est en partie avérée : les 7 électeurs sur 100 perdus par rapport aux régionales de 2005 sont un avertissement à ne pas sous-estimer. Mais l’‘impartialité’ avec laquelle le phénomène a frappé majorité et opposition montre qu’il s’agit d’une déception envers les deux formations. Les résultats sont un succès pour le gouvernement et un vrai triomphe pour la Ligue. La victoire en Campanie et, surtout, dans le Latium et au Piémont, où l’incertitude était totale, renverse les équilibres. Le gouvernement émerge donc indemne d’une période qu’il a lui-même contribué à rendre confuse. Il est peut-être exagéré de parler du ‘plein mandat’ demandé par Berlusconi, mais la majorité a sans nul doute acquis une nouvelle légitimité, loin du désaveu que ses adversaires espéraient sortir des scandales et des enquêtes judiciaires. Le triomphe de la Ligue au Nord et sa pénétration dans les régions ‘rouges’ est contrebalancée par celle du PdL au Sud. L’axe Bossi-Berlusconi stabilise l’alliance et limite, somme toute, la marge de manœuvre des opposants internes, à commencer par Gianfranco Fini. Les trois ans que le gouvernement a devant lui ne lui offrent plus l’alibi de s’arc-bouter sur l’incapacité de réformer ou de prendre des décisions. Le centre droit doit gouverner pour de bon. Paradoxalement, l’opposition aura à gérer une période difficile, malgré son score de 7 à 6. Le PD n’a pas encore trouvé l’équilibre entre UdC et IDV et semble contraint d’aller vers une gauche extrême, telle celle de Grillo. L’opposition dont rêve Berlusconi et qu’il a contribué à modeler, avec l’aide involontaire de ses adversaires. »
(Traduction : ambassade de France à Rome.)
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